lundi 29 novembre 2010

Témoignages poignants

-
Ce que j'ai à vous raconter aujourd'hui est bien minuscule et peut paraître dérisoire. Mais l'événement dont je vais vous parler m'a ému. Le voici. Plusieurs sections d'Anciens Combattants du XVIe arrondissement avaient demandé qu'on célèbre une messe à la mémoire de ceux de leurs camarades qui étaient morts au combat, en l'Eglise Sainte-Jeanne de Chantal. Ils étaient huit porte-drapeaux ; on les avait mis à l'honneur en les faisant siéger dans le choeur. La plupart étaient des vieillards chenus, certains étaient cassés par l'âge, tous étaient bardés de décorations. A la sortie ils étaient là au garde-à-vous et regardaient passer les fidèles qui rentraient chez eux, leur faisant une haie d'honneur.
-
J'ai avisé un de ces porte-drapeau, un vieil homme. Je n'en jurerai pas, mais il m'a semblé voir une larme perler au coin de ses yeux. Il visitait les moments de sa jeunesse où il combattit pour la liberté. Nous avons échangé quelques paroles amicales, et je l'ai remercié d'avoir bien voulu transmettre par sa présence quelque chose de l'amour de la patrie.
-
Et moi aussi je revisitais ma jeunesse. Je pensais à ces vacances que j'avais passé en Auvergne ; je me ressouvenais de ce petit village de JOB, le bien nommé. Je ne suis pas certain que le bourg fasse 100 habitants. Comme tous les villages de France, il a son monument aux morts de la guerre de 14-18 : près de 80 noms ! Oui, je les avais comptés. Quelle effroyable saignée, quelle tuerie inutile ! Combien de nos meilleurs hommes ont perdu la vie dans cette folie ? Combien de familles se sont éteintes à jamais ? Nul ne le saura jamais avec précision.
-
Il est heureux que le combat pour la liberté et l'écrasement du nazisme nous aient réconciliés avec notre voisin allemand. Nous devons toujours avoir à l'esprit que la folie d'un homme peut conduire au cataclysme d'une troisième guerre mondiale, tout comme le nationalisme exacerbé du début du XXe siècle a conduit à la tuerie de la première guerre, et au déclin, que je souhaite provisoire, d'un Ancien Monde qui fut un puissant moteur de (vrai) progrès et de connaissances.
-
Nous ne pouvons revenir au passé. Mais nous pouvons revenir à un amour authentique de notre patrie, en pratiquant ce qui fit sa force et son rayonnement : le soin de la terre, le goût de la mesure, le bon sens et le réalisme.
-
Il me revient ces vers de du BELLAY, et je les redis mélancoliquement :
France, mère des arts, des armes et des lois,
Tu m'as nourri longtemps du lait de ta mamelle.
Or comme un agneau qui sa nourrice appelle,
Je remplis de ton nom les antres et les bois.
-

Aucun commentaire: