jeudi 2 décembre 2010

Joindre les deux bouts ou l'argent trompeur

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A-t-on jamais si bien polémiqué contre une certaine conception de la richesse et de la possession que Léon BLOY ? Le hasard, que dis-je, la Providence m'a fait tomber pas plus tard qu'hier sur un vieux bouquin d'occasion qui présente les pages les plus flambantes, les plus terribles, les plus prophétiques de ce catholique intransigeant et pur. Oh ! certes, on peut ici et là critiquer l'outrance des propos tenus. Mais ces pages ont été choisies par Raïssa MARITAIN et présentées par Jacques, son époux. Ce n'est pas rien. (Je signale au passage que l'un et l'autre ont vécu plusieurs années dans un village alsacien, et que les meilleurs spécialistes de la correspondance qu'ils ont échangée des années durant, quand Jacques s'absentait, continuent de dépouiller et archiver cette masse de documents, souvent inédits et habitent à STRASBOURG. J'ai l'honneur de les connaître).
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Voici un petit exemple de ce que Léon BLOY dit de l'argent :
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"[...]
On possède une fortune quelconque, cent mille francs ou cent millions, si vous le préférez . Le Capital ne devant jamais être entamé, il s'agit d'aller d'un bout de l'année à l'autre avec le seul revenu auquel on suppose une suffisante élasticité. C'est un véritable tour de force dont très peu d'hommes sont capables. Proposez-le à un imaginatif, à un rêveur, à un magnifique, à un charitable. Les plus hardis vous répondront qu'ils ne répondent de rien. Quelques uns que le blasphème n'épouvante pas iront jusqu'à vous dire que la richesse doit être répandue comme du fumier et que l'intangibilité du Capital produisant toujours, comme Dieu, et ne s'épuisant jamais, est une abomination.
Si le Bourgeois suffisamment occupé à filer la quenouille d'argent de son année, avait du temps à perdre, il répliquerait fort tranquillement que ce Dieu qu'on a l'audace d'opposer au Capital est un pauvre Dieu s'il inspire à ses adorateurs de tels sentiments ; que lui, bourgeois honorable et capitaliste, ne craint pas de mettre au défit ce prétendu Tout-Puissant de savoir par quel bout le prendre... [sous-entendu : lui le bourgeois ; notre du transcripteur].
Et tout de suite, inexplicablement devenu vociférateur furieux et écumant, il gueulera : - je joins les deux bouts, je tiens les deux bouts, ma queue d'argent est dans ma gueule d'argent et votre Bon Dieu est crucifié par mon Capital. Je suis un honnête homme et je me fous de la religion.
Vous penserez alors au cimetière situé au bout de cette belle avenue de sapins qui commence au cabanon."
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Bien entendu, j'imagine que les anticapitalistes de toutes origines, plumes et poils pourraient se saisir de ce texte pour dire : "Vous voyez, le Capital, le capitalisme, même les chrétiens convaincus le condamne". J'en conviens et ça ne me gêne pas. Car ce que démolit Léon BLOY c'est un système qui utilise la cupidité humaine pour y trouver la justification de son existence, un système qui n'a pas compris que les biens de la terre ont une destination universelle. Reprenez tous les billets que j'ai consacrés à la richesse, vous ne trouverez aucune opinion qui aille à l'encontre de celle de ce maître incomparable que fut Léon BLOY. L'argent fut, est et demeurera trompeur jusqu'à l'accomplissement des temps. Il est temps d'entendre la parole de Jésus : "Faites-vous des amis avec l'argent trompeur". Et si je ne crois pas à l'économie planifiée qui a tué des millions d'hommes en organisant la famine, je ne crois pas davantage aux MADOFF, MESSIER et autres grossiums qui n'entendent pas la clameur des pauvres.
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3 commentaires:

tippel a dit…

Qui se trouve derrière le Drômois de 39ans, chômeur, condamné pour avoir envoyé des mails graveleux à la députée européenne Rachida Dati . Le prévenu a expliqué avoir été motivé dans ses envois de mails par le lapsus de la députée européenne, qui avait fin septembre sur un plateau de télévision confondu "inflation" et "fellation". Le prévenu a expliqué "que s'était pas très malin de sa part, mais je suis passé à autre chose, je l'ai fait d'instinct pour m'amuser " a-t-il expliqué lors de cette journée de procès. Rachida Dati n'a pas demandé de dommages et intérêts, et aucun avocat ne représentait Mme Dati. Il a été condamné aujourd’hui à cent euros d'amende avec sursis. Bien que cette peine soit à mon sens faible, le chômeur qui vit seul a fait appel. Curieusement il prétend "j’irais s’il le faut jusqu’en cour Européenne" il faut dire qu’il a ni plus ni moins, que.... sept avocats. Alors qui tire les ficelles et dans quel but d’une affaire aussi banale, la gôôôche, ou l'autre gauche?

Philippe POINDRON a dit…

Hélas... L'autre bonne question me semble-t-il est de se demander qui paye les sept avocats de ce monsieur ?
La France est devenue un immense champ de confusion, de foire d'empoigne, de mensonges et de coups fourrés. Elle ne tient que par le travail d'un petit nombre de gens qui se font de la droiture et de la vie une autre conception que celle des médias, des partis politiques et des groupes de pression. Sans doute ceux-ci sont-ils utiles à leur échelle. Ils deviennent dangereux quand ils prétendent rendre absolu leur point de vue. C'est là une partie du problème.

tippel a dit…

Oui hélas cher Monsieur, le pouvoir pour avoir l'argent. Nos policars véreux restent en place grâce au vote de Français qui croient que demain sera un autre espoir. Amicalement