mercredi 31 mars 2010

Science, raison et religion

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Glanées, çà et là, dans le numéro 226 de la revue Christus consacré à la Recherche Scientifique, ces petites perles :
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"Un contemporain déclarait, non sans justice, qu'à notre époque installée dans le matérialisme se reconnaissent, dans les savants scrupuleusement honnêtes, les seuls esprits profondément religieux." (Albert EINSTEIN. Comment je vois le monde. Flammarion, PAris, 1979).
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"Vois, [mon Dieu,] j'ai achevé l'oeuvre à laquelle je me suis senti appelé, j'ai fait valoir le talent que tu m'as donné, j'ai annoncé aux hommes la splendeur de tes oeuvres : dans la mesure où mon esprit limité a pu les comprendre, les hommes en liront ici les preuves. "(Johannes KEPLER. Harmonie cosmique.)
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"Ce qui est incompréhensible, c'est que le monde soit compréhensible... [...]. C'est ici que se trouve le point faible des positivistes et des athées professionnels qui se sentent heureux parce qu'ils ont conscience non seulement d'avoir, avec un plein succès, privé le monde des dieux, mais aussi de l'avoir dépouillé des "miracles". Le curieux c'est que nous devons nous contenter de reconnaître le "miracle", sans qu'il y ait une voie légitime pour aller au-delà. Je me crois forcé d'ajouter cela expressément, afin que vous ne croyez pas que - affaibli par l'âge - je suis devenu une proie des curés." (Albert EINSEIN. Lettres à Maurice Solovine. Gauthiers-Villars, Paris, 1956.)
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"Je demande la tempérance, la persévérance
Je suis rivé au temps
Pris, épris
Je suis amoureux de ce monde
Je marche à tâtons en moi-même égaré
Je demande la constance, le détachement
Ouvrir les yeux [...].
Je demande que toujours tu m'accompagnes
Raison de l'homme.
(Octavio PAZ.)
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Tempérance, raison, ouverture sur le mystère, humilité devant les faits... Ces hommes ont traqué la nature et le langage pour en connaître à grand peine les secrets. Ils méritent notre respect et notre admiration.
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Jounaux et journalisme

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Monsieur MELANCHON a déclaré à un jeune étudiant en journalisme, qui insistait pour qu'il réponde à une question sur la réouverture des maisons closes : "Le journalisme ? Un métier pourri, une corporation voyeuriste". Arrêtez-moi si je me trompe. Entendîtes-vous sur les petites lucarnes, dans les gazettes, magazines, revues, quotidiens, hebdomadaires et autres médias, le moindre avant-projet de proposition de brouillon de protestation contre ces propos ? La vérité serait-elle sortie toute nue du puits où la confinait honteusement la droite honnie par ces messieurs ? (Divers médias ; vidéo sur metrofrance.com/melenchon.)
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L'UMP qui détenait deux régions avant les élections régionales et en dirige aujourd'hui trois a, de l'avis des journalistes, "subi un cinglant revers". Monsieur BERLUSCONI qui gagne quatre régions sur la gauche, selon les mêmes journalistes "résiste à celle-ci". Cherchez l'erreur. (France Info.)
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La maison d'arrêt de NANTERRE héberge 900 détenus, pour 500 places. L'administration pénitentiaire indique que 80 % d'entre eux sont de "sensibilité musulmane", euphémisme charmant pour indiquer leur origine sans le dire tout en le disant. (Un imam visite régulièrement ces prisonniers. Et ces visites sont fructueuses, et bonnes ; elles ont pour effet de limiter les cas de récidive à la sortie de prison.) Je ne tire aucune conclusion de ce constat. Il se peut en effet que les services de police concentrent leurs efforts de répression sur les populations émigrées ou d'origine étrangère. Tout de même, avant de condamner monsieur ZEMMOUR, il serait bon de se renseigner sur la véracité de ses assertions. (20 minutes du 30 mars 2010, page 3.)
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Le jeune homme qui a volontairement renversé un policier à EPERNAY, me fait savoir un ami, a 26 ans ; il est d'origine algérienne, a déjà un lourd passé judiciaire, et n'a qu'un permis de séjour temporaire. J'ai vainement cherché cette information dans les médias. Si elle est exacte, ce que je crois, on peut se demander pourquoi ce délinquant qui ne jouit que d'un permis de séjour temporaire n'a pas été renvoyé en Algérie.
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Il apparaît donc qu'une interdiction générale de la burka serait contraire à la loi. Il nous faut donc accepter de voir ces pauvres fantômes habillés de noir traverser en hâte les rues de nos villes. Tel est en tout cas la volonté affichée des islamistes, qu'il ne faut pas confondre avec les musulmans. C'est en entretenant dangereusement cette confusion que nous créons de toute pièce des antagonismes imaginaires, gros de violences et d'incompréhension. Non à la burka, oui aux hommes religieux qui mettent la transcendance au-dessus des contingences humaines. J'ai eu des élèves musulmans dont la piété était sincère, et qui avaient une vie intérieure que nombre d'entre nous pourraient envier. Ils étaient mes amis, et ils le sont restés. Que Dieu les bénisse !
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Hier, dans la navette mise gracieusement à la disposition des habitants de ma ville, monte un vieux monsieur très digne, et de noble allure. Il a du mal à marcher. Bien qu'un siège, à côté, soit occupé par un jeune garçon dont la maman est restée debout, personne ne bronche. Le bus est bondé. Je me lève et cède à ce monsieur ma place, un kabyle manifestement. Il me remercie chaleureusement car il a mal à la jambe et me dit : "C'est un grand pays, la France. J'y habite depuis 60 ans. La France est bénie par Dieu". J'aurais embrassé volontiers ce vieillard si digne, qui sans renier ses racine, a adopté sa nouvelle patrie, et lui est reconnaissant. Mais de ces hommes-là, les médias ne parlent jamais. Ils mettent en exergue la réussite de tel ou tel ingénieur, homme politique, homme d'affaire, scientifique d'origine maghrébine ou africaine. Mais ils passent sous silence ces milliers d'hommes et de femmes qui travaillent, élèvent leurs enfants avec amour, ne passent pas leur temps à récriminer, et jouissent paisiblement de leurs droits dont ils sont les légitimes détenteurs. En somme, la démocratie ce n'est pas le communautarisme, c'est l'égalité légitime des conditions, égalité inhérente à la nature humaine.
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lundi 29 mars 2010

Selon que vous serez...

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Un proche qui m'est très cher et qui n'a pas voulu commenter directement sur le Blog le billet que j'ai consacré à Stéphane GUILLON et à KANT (l'homme mélancolique) me fait quelques reproches gentils auxquels je me fais un devoir de répondre ici.
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Il me dit notamment ne pas voir le rapport entre Stéphane GUILLON et la description que KANT donne de cet homme-là. Je lui ai déjà répondu, mais je le redis ici pour tout le monde. Si, il l'a vu, mais ne s'est pas formulé clairement le rapport. Je vais l'expliciter : Stéphane GUILLON est un pervers médiocre, au sens ou Cynthia FLEURY définit cette catégorie de citoyen (voir le billet portant ce titre) ; KANT est un homme qui pense, qui doute et qui respecte autrui. Stéphane GUILLON se complaît dans la bassesse, KANT dans le sublime. Stéphane GUILLON racole gratuitement la clientèle pour son spectacle au Théâtre DEJAZET, KANT sait qu'il passera pour un fantasque et un songe creux, mais persistera dans l'exigence qu'il a envers lui-même. On ne finirait pas de faire le parallèle entre l'histrion et le philosophe. Moi, je préfère le philosophe.
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Il me dit encore que je n'ai pas à parler de ce que je n'ai pas entendu. Mais j'ai lu les propos ignobles de "l'humoriste" sur le visage de fouine, le menton fuyant, et que sais-je encore de monsieur BESSON. Les journaux ont abondamment repris ces propos. Et quand je les compare à ceux que monsieur BESSON a tenu en réaction, je ne puis m'empêcher de penser qu'il a eu une attitude autrement plus digne que Stéphane GUILLON.
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Il me dit que la démocratie doit s'accommoder de la critique. J'en conviens bien sûr. Et je ris à entendre Anne ROUMANOFF qui n'est pas tendre avec le pouvoir. Elle en croque avec esprit les travers et les petites limites. Rien de cela chez monsieur GUILLON qui n'a que l'injure, l'invective, la fausse caricature, la méchanceté à la bouche. Je n'empêche personne de l'aimer. Mais on ne peut m'obliger à le faire. Mais bien sûr, il fait de l'audience. C'est bon pour la carrière des journalistes.
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J'ai vigoureusement condamné les propos de monsieur FRÊCHE sur la "tronche pas très catholique de Laurent FABIUS". Les socialistes et leurs relais médiatiques, Libération en tête, ont de leur côté dit tout le mal qu'ils pensaient de ces paroles indignes. Mais le même Libération se fend de trois pages d'apologie de monsieur GUILLON et accuse monsieur BESSON d'être mauvais joueur et de ne pas supporter la raillerie. On doit donc accepter de se voir traiter d'homme à visage de fouine, mais on ne peut accepter de se voir taxé de posséder une "tronche pas très catholique" ? Qui ne voit là la contradiction insupportable de ces moralistes à géométrie variable, dont les avis fluctuent au gré de leurs intérêts.
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J'accuse donc formellement les médias et certains politiciens de gauche de détruire l'esprit civique par de telles pratiques. Et je maintiens que je suis infiniment plus démocrate que ces tyrans de la pensée dominante, ces faux-prophètes de lendemains qui chantent, ces dialecticiens de pacotille. Je me sens le droit de les juger sévèrement, à due proportion de l'amour qu'ils prétendent avoir pour la démocratie. Ils devraient savoir que celle-ci exige de la tempérance et de la vertu, au premier rang de laquelle il faut placer le respect d'autrui.
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Je conclus en disant que la seule parole sensée que j'ai entendu cette semaine sort de la bouche de Pierre ARDITI. Il ne fait pas mystère de ses opinions. Mais il est, lui, dans le réel. Je l'ai entendu hier dire ceci qui me paraît d'une grande justesse : "il y a trente ans, le travail permettait de se loger, de se nourrir, de se vêtir, d'élever ses enfants. Cela n'est plus possible aujourd'hui. Il faut trouver là une solution à cette intolérable situation". Monseigneur Di FALCO qui était l'invité de l'émission Vivement dimanche a approuvé ce constat. Je l'approuve aussi. Et je reviendrai sur quelques solutions concrètes qui ne sont ni de gauche ni de droite, mais de bon sens.
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Bonne journée.

dimanche 28 mars 2010

Sagesse des nations

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Fabuleux Musée du Louvre. J'y vais très régulièrement et je copie minitieusement les notes et notices de tous les objets qui jalonnent la remarquable section consacrée à l'Egypte pharaonique, dans son aspect thématique.
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J'y suis encore allé vendredi soir, "en nocturne", comme l'on dit pour désigner les vendredis où le musée est ouvert jusqu'à 22 heures. Après la visite, un passage obligé à la librairie du Musée, absolument unique dans le domaine des arts couverts par le Louvre, me permet de prendre connaissance des nouveautés. Il m'arrive (souvent) de me laisser tenter par des petits livres. Et justement, vendredi, j'en ai trouvé un que je trouve bien instructif : Sagesses de Mésopotamie. Il y a dans cet opuscule plusieurs sections consacrées aux Proverbes que les Sumériens, les Babyloniens, les Assyriens et même... les Egyptiens (ce qui nous éloigne de la Mésopotamie) ont ciselé au long de leur longue histoire. A les lire, on se rend compte que l'homme n'a guère changé depuis ces temps anciens. Echantillon de ces Proverbes dont on dit qu'ils sont la sagesse des nations.
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Collection sumérienne I.
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8. "Que mon bien demeure intact ; c'est ton bien que je veux consommer !"
Voilà qui fera estimer quelqu'un dans la maison de son camarade !
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11. Tu ne me dis pas ce que tu as trouvé.
Tu me dis seulement ce que tu as perdu.
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55. La pauvre n'a qu'à mourir ; qu'il ne reste pas en vie !
Quand il a du pain, il n'a pas de sel ;
Quand il a du gazi (il s'agit d'une sorte d'aromate ; note du transcripteur), il n'a pas de viande ;
Quand il a de la viande, il n'a pas de gazi. [Ce proverbe vise tous les contemporains du sage qui se plaignent de n'en avoir jamais assez.]
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86. Celui qui fait voile avec le vent dans la loyauté,
le dieu [du soleil et de la justice] UTU cherche toujours pour lui un havre sûr.
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87. Celui qui fait voile avec le vent à des fins de méchanceté,
toujours, loin des côtes, il le mène au naufrage.
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L'enseignement de SHURUPPAK.
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Le calomniateur embrouille les yeux comme avec un fuseau ;
ne le regarde pas devant les yeux :
Il entame toujours le jugement du coeur.
Celui qui toujours profère des injures,
martèle seulement la peau, mais il tue [...].
Proférer des injures ramène toujours les délibérations sur une mauvaise cause ;
l'esbroufe est comme un abcès, comme une herbe qui donne mal au ventre. [Entrez, Stéphane GUILLON, on parlait de vous justement.]
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Celui qui cesse le travail laisse la maison aller à la ruine. [Bonjour les syndicats, on parlait de vous justement.]
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Je vous quitte en vous laissant deviner lequel de nos contemporains pourrait être la cible de ces proverbes. Je me suis amusé à en dévoiler deux... Mais cherchez bien, vous en trouverez d'autres.
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Bon dimanche.

samedi 27 mars 2010

Big mother

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Décidément, le livre de Cynthia FLEURY dont je suis en train d'achever la lecture, est une mine d'analyses, de références, et de constats roboratifs.
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En bas de la page 170 de cet ouvrage, publié au Livre de poche (Biblio Essais, N° 31544), figure une note qui se réfère à l'ouvrage de Michel SCHNEIDER, Big mother. Psychopathologie de la vie politique (Odile Jacob, Paris, 2002). Je ne puis m'empêcher de vous la rapporter, tant elle décrit bien les caractéristiques essentielles des pouvoirs dont nous subissons le joug depuis plus de trente ans. Je me délecte rien qu'à l'idée de vous faire connaître ce passage :
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Or donc, Michel SCHNEIDER dit ceci : "HOBBES montrait déjà que la destruction du paternalisme était nécessaire à la construction des rapports sociaux modernes et à la subordination de toutes les relations sociales aux lois du marché. [...] Mais d'être moins paternaliste et masculin, le pouvoir ne se féminise pas pour autant. Il se maternalise. [...] quant au fond de l'action menée par le gouvernement de la gauche plurielle, toutes les mesures significatives pourraient s'inscrire dans une vision maternelle de l'Etat : trente-cinq heures, assurance maladie universelle, emplois-jeunes, négociations avec les indépendantistes corses, parité, pacs, proposition de loi sur le patronyme et l'homoparentalité, abandon de la conscription militaire, loi sur la présomption d'innocence. [...] Big Mother, la mère-Etat, s'élargit jusqu'à effacer le père, et seule fait face à une société d'enfants."
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Je n'entends pas approuver tous les regrets que semble manifester SCHNEIDER : l'assurance maladie universelle me semble être une juste mesure, sans doute la seule qui soit fondée sur la fraternité universelle laquelle lie tous les hommes de par leur nature d'homme. Pour le reste, je suis en accord total avec lui.
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Qu'est-il en train de passer : nous laissons le pouvoir souverain se concentrer dans les mains d'un petit nombre de professionnels de la politique qui prétend s'occuper de notre bonheur en réglementant tous les aspects de la vie sociale et privée. Nous y laissons notre liberté, et nous justifions l'ivresse du pouvoir qui s'emparent d'eux quant ils accèdent aux plus hautes charges ; courte ivresse du reste, puisque les élections peuvent défaire ce qu'elles ont fait. Mais l'énorme machine de l'état, l'administration demeure et fait anonymement peser sur nous et de manière irresponsable, des contraintes qui me paraissent insupportables, et qui n'ont rien à voir avec la loi. Il s'agit de réglementations, de publication de normes toutes plus pointilleuses les unes que les autres, d'interprétations tendancieuses des lois, toujours au bénéfice de l'administration (ah ! la doctrine fiscale !). Au lieu d'être à notre service, ils sont à celui de leur corps. D'un côté Big Mother - les responsables politiques - de l'autre Léviathan. C'est justement le titre du chapitre dans lequel Cynthia FLEURY cite en note Michel SCHNEIDER.
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N'oubliez pas que nous passons à l'heure d'été...
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A demain.

vendredi 26 mars 2010

Le pervers médiocre

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Madame Cynthia FLEURY a publié un livre dont j'ai récemment évoqué le titre et l'existence : je veux parler des Pathologies de la Démocratie. Je ferai dans quelque temps un billet sur l'ensemble du livre. Mais pour aujourd'hui, dans le contexte politique qui est le nôtre, il me paraît intéressant de vous parler de l'une des pathologies de notre démocratie française contemporaine : les perversions médiocres.
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Je note tout d'abord la prudence de l'auteur. Le chapitre porte un titre abstrait. Mais il n'y a pas de perversions sans pervers, et l'on aurait attendu qu'elle utilisât le terme de pervers médiocre. Elle ne le fait pas, et utilise par prudence, sauf une fois, le terme de "pervers quelconque" quand elle parle de celui qui est atteint de cette maladie civique. Cette précaution étant prise, elle parle de ce pervers en des termes d'une vigueur et d'une pénétration incroyables.
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"[...] si le "pervers quelconque" transgresse les règlements, cela ne doit pas le mettre en danger mais seulement lui profiter" [Et de citer un texte d'Eugène ENRIQUEZ, publié dans un article intitulé L'idéal-type de l'individu hypermoderne : l'individu pervers ? lui même inclus dans un plus vaste ouvrage collectif, L'individu hypermoderne édité et dirigé par Nicole AUBERT.] "La loi structurante de la société, il peut s'en accommoder ou en faire fi, sans trop se poser de questions. Pour lui, rien n'est sacré sauf sa jouissance immédiate. Il n'est donc pas contre la loi, mais contre les lois particulières qui le brident." Cynthia FLEURY à ce point reprend sa plume. "En ce sens, le pervers médiocre plébiscite la loi tout autant qu'il la vilipende et manifeste la plus grande des complaisances face à cette schizophrénie. Il veut pouvoir tout faire, sans que ce tout lui coûte quoi que ce soit : [citation d'Eugène ENRIQUEZ] 'Il veut devenir riche sans travailler, éliminer les autres en risquant le minimum, avoir des filles faciles ou les torturer et les tuer pour exprimer sa puissance ou son dégoût, se complaire aux drogues dures, car elles lui permettent de ne pas ressentir son impuissance, fuir dans un monde irréel ou encore calmer sa propre angoisse existentielle' [fin de la citation d'ENRIQUEZ]. Le hiatus, poursuit Cynthia FLEURY, entre le désir et le prix à payer de ce désir est si grand que le risque de dérapage est inévitable. Si tout est évalué à l'aune du désir personnel et non à celui des valeurs communes, alors il n'y a plus de garde-fou, tout peu s'emballer et la perversion quelconque conduire à la banalisation du meurtre. [...] Mais si le grand pervers était capable de sublimer - et sublimer, on le sait, est une compétence politique -, le pervers médiocre en est incapable l'anti-sublimation, tel est aussi l'autre nom du matérialisme honnête que nous serons conduits à dénoncer plus loin."
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Un peu plus haut, Cynthia FLEURY avait indiqué ceci qui politiquement est de la plus haute importance : "Le pervers quelconque n'est jamais prêt à payer quoi que ce soit : tout doit être gratuit. Le culte de la gratuité, telle est d'ailleurs l'une des pathologies de la démocratie moderne, sur laquelle nous reviendrons".
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Ceci explique qu'un chauffard sous l'emprise de l'alcool puisse faucher et tuer un adolescent de 13 ans qui attend paisiblement son bus, que des supporters en furie tabassent un autre supporter qui ne soutient pas leur club, et lui ôtent la vie, ceci explique que monsieur ZEMMOUR, appuyé dans ses dires par monsieur BILGER (ce qui ne laisse pas de m'étonner), soit traîné dans la boue quand il dit que les trafiquants de drogues sont pour la plupart des arabes et des noirs, mais que l'ignoble monsieur GUILLON soit défendu par Nicolas DEMORAND, un journaliste d'une de nos chaînes publiques, quand il moque les yeux et le menton de monsieur BESSON. Cela explique aussi la revendication idiote de la gratuité des transports par les élus socialistes de la région Île-de-France. Tout ceci est bien l'expression d'un comportement pervers qui tue la démocratie, laquelle exige des citoyens un minimum de tempérance.
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Je reviendrai donc sur ce livre qui, à mon avis présente des lacunes, mais expose avec une clarté impitoyable les maladies de notre démocratie contemporaine, dont l'idéologie dominante, mercantile, libertine, politiquement correcte, est largement responsable.
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A plus tard.

jeudi 25 mars 2010

Au fil des jours ou l'homme mélancolique

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J'avais prévu de commettre un billet sur divers petits événements qui ont marqué, ces derniers jours, l'espace public. Mais consacrer à Stéphane GUILLON un billet, c'est perdre son temps. Cet homme a un humour d'éléphant ; mal rasé, d'aspect malpropre sur lui, les yeux plein de ruse et le menton pointu, il se pourrait bien qu'il fût, avec cette mine, un espion chargé par AL QAIDA d'infiltrer l'audiovisuel public pour instaurer avec la complicité de BEN LADEN une république islamique... Mektoub ! Inch Allah ! Donc rien sur Stéphane GUILLON. Il faut laisser les choses basses mourir de leur propre poison.
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Je préfère vous donner ici la description qu'Emmanuel KANT fait de l'homme mélancolique. Plût au Ciel que la France fût peuplée de tels hommes !
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Donc, selon KANT, l'homme au tempérament mélancolique "se soucie peu du jugement des autres, de ce qu'ils tiennent pour bon ou pour vrai. [...] Il considère la véracité comme sublime et ne hait rien tant que la dissimulation et le mensonge. Il nourrit un sentiment élevé de la dignité de la nature humaine, s'estime soi-même et tient tout homme pour digne de respect. Toute basse sujétion lui répugne, son noble coeur respire la liberté. Il ne souffre ni les chaînes dorées qu'on porte à la cour, ni les fers pesants des galériens. Il se juge sévèrement, comme il juge autrui. Il lui arrive d'être fatigué de lui-même et du monde. [...] Il risque de devenir un fantasque ou un songe creux". (In Observations sur le sentiment du beau et du sublime.)
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J'ai rencontré KANT à KOENIGSBERG alors qu'il y dispensait ses cours de Géographie. Humour décalé ou déjanté, bien sûr. Remarque d'un fantasque et d'un songe creux.
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mercredi 24 mars 2010

Précisions

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Certaines de mes opinions pourraient donner à penser, paraît-il, que je pare l'ancien régime de très imaginaires vertus. Il n'en est rien. C'est le nouveau régime dont je dénonce les tares et les dérives, les mensonges et les insolubles contradictions. Surtout les mensonges et les contradictions.
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Les mensonges ? Ils ont commencé avec l'instauration de l'école soit-disant laïque (je ne dis pas prétendue !). Le portrait que celle-ci donne d'un régime détruit dans le sang et les violences (largement passées sous silence) pour le faire détester des Français et instaurer une République au goût furieusement antichrétien, colonialiste, bourgeoise et "capitaliste", est faux, et il faut qu'il le soit pour maintenir la fiction de l'égalité, de la liberté et de la fraternité. En somme, les historiens français n'ont jamais su faire un examen critique du régime que certains de nos aïeux ont détruit. Plusieurs fois, j'ai eu l'occasion de dire que le propre de l'idéologie est de rester insensible au sort de l'homme concret. Les milliers de morts de la Révolution laissent de marbre l'enseignement officiel qui ne cesse en revanche de pleurer sur le sort "des plus démunis" au sein d'une société dont les valeurs et les lois sont l'imparable produit des "valeurs" qui fondent l'actuelle République. Je dis que la solidarité active, le partage, et par-dessus tout le lien social existaient bien avant la Révolution, sous une forme qui mettait en oeuvre les corps intermédiaires et les structures ecclésiales, et que l'Etat dévoreur a repris à son compte ces fonctions sans pouvoir les assumer avec la même qualité.
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Fallait-il modifier en profondeur cette société effectivement injustement inégalitaire ? Mais bien sûr, il le fallait ! Je n'ai aucune hésitation sur ce point. Je voudrais du reste reprendre ici à mon compte ce que mon cher BERNANOS dit de la Révolution dans La France contre les robots :
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"Notre Révolution de 89, ou plutôt ce que nous devrions continuer d'appeler le Grand Mouvement de 89, car c'est le nom que lui donnèrent les contemporains - et cette Révolution de 89 était bien, en effet, un mouvement - la Révolution n'est venue qu'après pour lui barrer la route, la Révolution réaliste et nationaliste qui, par-dessus l'idéalisme à la ROUSSEAU de la Déclaration des Droits, renoue avec l'absolutisme d'Etat des légistes italiens ou espagnols, la tradition centralisatrice et unitaire, pour aboutir logiquement au régime napoléonien, aux premières grandes guerres économiques - le blocus continental - à l'égalité absolue, c'est-à-dire à l'impuissance absolue des citoyens devant la Loi - la loi de l'Etat - rendant ainsi possible l'avènement des systèmes totalitaires."
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Et le fulminant prophète de poursuivre :
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"Pour comprendre quelque chose à ce grand Mouvement de 89, qui fut surtout un grand mouvement prématuré d'espérance, et comme une illumination prophétique, il faut tâcher de comprendre l'homme de ce temps-là. L'homme du XVIIIe siècle a vécu dans un pays tout hérissé de libertés. Les étrangers ne s'y trompaient pas. L'Anglais DALLINGTON définit la France de 1772 : une vaste démocratie. 'Toute ville chez nous, disait amèrement, deux cents ans plus tôt, RICHELIEU, non moins centralisateur que ROBESPIERRE, est une capitale. Chaque communauté française, en effet, ressemble à une famille qui se gouverne elle-même, le moindre village élit ses syndics, ses collecteurs, son maître d'école, décide de la construction des ponts, l'ouverture des chemins, plaide contre le Seigneur, contre le curé, contre un village voisin."
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J'aimerais pouvoir élire mon percepteur, décider avec mes concitoyens de l'utilité de la construction de tel ou tel bâtiment d'intérêt public, choisir mes professeurs, car il me semble que je suis mieux placé que les députés, le Recteur d'académie, ou la Direction Départementale de l'équipement, pour savoir ce qui est bon pour moi, pour ma famille, pour ma ville, ou pour mon pays. Bref, si je reconnais les vertus de la démocratie, j'aimerais qu'elle fût appliquée à tous les niveaux, j'aimerais ne pas être réduit à l'état d'esclave de lois faites par des gens qui ne connaissent de la réalité que les éléments utiles à leur carrière.
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Voilà ce que je voulais dire, pour aujourd'hui, à cette amie très chère qui me reprenait avec amitié hier soir. Elle se reconnaîtra.
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Je continuerai demain en reprenant des éléments factuels, historiques, montrant que nos libertés publiques ont été, au nom de l'égalité, considérablement rognées voire supprimer, pour perpétuer le culte de ROUSSEAU et de ROBESPIERRE.
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A demain.

mardi 23 mars 2010

Le songe de Carazan (suite)

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Je viens juste de rentrer de ma promenade quotidienne (et toujours matutinale). Je réfléchissais en marchant aux raisons profondes de ce qu'il faut bien appeler la déroute électorale de l'UMP, dans des conditions où, selon les sondages (à prendre par conséquent avec précaution), 60 % des Français souhaitent le maintien de François FILLON comme Premier Ministre, et près de 75 % que l'on continue les Réformes (le sondage porte sur le mot, pas sur le contenu de ces dernières).
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Il se peut que je me trompe. Mais je me hasarde à avancer que les Français ne seraient pas hostiles au changement dont ils perçoivent la nécessité, mais qu'ils rejettent le style et la méthode du Président. Certes, les médias ont beaucoup fait pour donner de la personne de Nicolas SARKOZY une image fabriquée, destinée uniquement à salir l'homme, à défaut de lui opposer des arguments rationnels. Mais il me semble que cela ne suffit pas à expliquer l'ampleur du rejet marqué essentiellement par l'abstention de nombreux sympathisants "de droite", et par la mobilisation des sympathisants "de gauche".
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Je vois deux raisons essentielles et peut-être aussi trois à ce désaveu cinglant.
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(a) Le première tient au caractère sacral que les Français, sans le savoir, attribue à la fonction présidentielle, assimilée peut-être dans l'inconscient collectif à celle d'un monarque. Ils n'ont pas apprécié, et à mon avis à juste titre, les écarts de langage, les grossièretés, et certaines libertés de ton du Président, incompatibles avec la dignité de la fonction souveraine.
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(b) La deuxième, sans doute plus puissante encore, est qu'en période de crise, les Français ont du mal à comprendre que les efforts ne soient demandés qu'à ceux dont les revenus sont faibles, limités ou moyens. Ils n'ont pas vu que certaines dispositions fiscales avantageaient effectivement ces derniers. Ils ont vu simplement qu'on diminuait les impôts des "riches". A tort ou à raison, ils auraient aimé que les plus grosses fortunes prennent leur part du fardeau imposée par la crise, dont sont responsables justement certains de leurs détenteurs (banquiers, assureurs, par exemple). D'un point de vue strictement économique, passer de 60 % à 50 % le taux d'imposition est sans doute dépourvu de signification. Mais sur le plan symbolique, il en va autrement. C'est que l'homme ne vit pas seulement de pain, mais aussi de sens. C'est une erreur politiquement impardonnable dans un pays où les citoyens ne reçoivent aucun enseignement économique et sont formatés par l'école dite de la "République", alors qu'elle est l'école des idéologues les plus bornés des théoriciens socialistes du XIXe siècle.
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(c) Il y en a une troisième. L'absence d'une communication claire et pédagogique de la part du gouvernement et de la majorité. Il est urgent de se débarrasser du porte-parole de l'UMP, monsieur Frédéric LEFEVRE, dont chaque apparition médiatique fait perdre à la majorité des dizaines de voix. Car s'il est des iédologues de gauche, il en aussi de droite, qui sont le symétrique optique des premiers. C'est ici le cas.
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J'ajoute que les arguments avancés par les socialistes qui réclament pour leurs clients un plus grand pouvoir d'achat ou toujours plus d'avantages matériels, reviennent très exactement à dire : "pourquoi eux et pas nous ?" En d'autres termes, c'est toujours par rapport à des exigences matérielles et économiques, qu'ils se définissent. Ils utilisent les mêmes armes que leurs adversaires politiques. A ce jeu là, il est normal que le plus fort gagne.
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D'où la profonde leçon de vérité que nous donne le songe de CARAZAN.

Le songe de Carazan

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Cité par Hannah ARENDT dans son petit livre remarquable, intitulé "Juger. Sur la philosophie politique de Kant, ce passage fameux de la Critique de la faculté de juger, ouvrage publié en 1790 par le philosophe allemand, devrait être lu par tous ceux de nos concitoyens qu'interrogent la chose politique. Le voici :
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"Ce riche avare, à mesure qu'il voyait grossir sa fortune, fermait son coeur à la pitié et à l'amour du prochain. Mais, tandis que s'éteignait en lui l'amour des hommes, la ferveur de ses prières et de ses dévotions ne cessaient d'augmenter. Ayant fait cet aveu, CARAZAN poursuit [sous-entendu : pour son interlocuteur] en ces termes : 'Un soir que, à la lumière de ma lampe, je faisais mes comptes et supputais mes bénéfices, je m'assoupis. Et je vis l'ange de la mort s'abattre sur moi comme un tourbillon et me frapper d'un coup terrible avant que je pusse crier grâce. Mon sang se figea lorsque je m'aperçus que les dés étaient jetés pour l'éternité et que je pouvais ajouter au bien ni rien retrancher du mal que j'avais fait. L'on me conduisit devant le trône de celui qui habite le troisième ciel. Astre flamboyant, il m'adressa ce discours : CARAZAN, Dieu rejette le culte que tu lui as rendu. Tu as fermé ton coeur à l'amour des hommes et d'une main de fer tu as retenu tes trésors. N'ayant vécu que pour toi, tu vivras seul éternellement, privé de tout commerce avec le reste de la création. A ce moment, je fus emporté par une puissance invisible à travers le radieux édifice de la création. J'eus bientôt laissé derrière moi des mondes innombrables. Comme je me rapprochais de l'extrémité de la nature, je remarquai que les ombres du vide illimité tombaient devant moi dans l'abîme. Un royaume effrayant de silence, de solitude et de nuit éternels ! Je fus pris d'un indicible effroi. Je perdais de vue insensiblement les dernières étoiles et me trouvais enfin plongé dans une obscurité extrême. Les affres mortelles du désespoir augmentaient d'instant en instant, à mesure que je m'éloignais du dernier monde habité. Et je songeais, plein d'une insupportable angoisse, que, transporté pendant dix mille fois dix mille ans au-delà des frontières du créé, je continuerais, sans aide ni espoir de retour, de m'enfoncer dans cette nuit infinie... Dans mon étourdissement, je tendis les mains vers quelque objet de la réalité si vivement que je me réveillai. Ainsi ai-je appris à estimer les hommes ; car le plus humble de ceux que, dans l'arrogance d mon bonheur, j'avais repoussé de ma porte, je l'eusse préféré dans ce désert à tous les trésors de GOLCONDE."
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Voilà un texte remarquable qui a un goût de parabole. On devrait l'afficher dans les salles des marchés boursiers, dans celles où se réunissent les membres des Conseil d'administration de grands groupes industriels, mais aussi dans les salons et dans les salles-à-manger, dans les cuisines et les boutiques de tous ceux que l'accumulation de l'argent obsède au point qu'ils en oublient leur semblables. Et il n'est sans doute pas nécessaire de posséder des millions pour tomber dans cet affreux et diabolique travers.
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Je n'ai cessé depuis l'ouverture de ce Blog de dire que l'homme est un sujet social, et qu'il ne peut trouver le bonheur (c'est-à-dire le sens) s'il omet d'assumer l'une de ces deux dimensions. KANT fait une distinction entre la morale et le jugement. Je n'ai pas encore lu cette partie de l'ouvrage d'ARENDT où elle analyse cette distinction. Et il se peut que je fasse fausse route en revendiquant constamment la nécessité d'un agir moral dans l'espace public. (Je vous en reparlerai donc quand j'aurai achevé cette lecture.) Mais je n'en suis pas certain.
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A tout à l'heure.

lundi 22 mars 2010

Ils ont fait don de leur personne...

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La France a voté, et les électeurs ont exprimé clairement leur soutien à l'idéologie socialiste. Je ne dis pas "propositions", car hormis les très démagogiques gratuité des transports de monsieur HUCHON (laquelle est déjà largement assurée par les tricheurs de toutes origines), et le chèque contraception libéralement distribué par madame ROYAL aux lycéennes du Poitou, je ne vois rien de concret dans les idées ou les programmes des responsables socialistes.
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En 1940, un vieux Maréchal, couvert de gloire, faisait don de sa personne à la France. Une écrasante majorité de parlementaires (surtout de gauche, il convient de le rappeler), lui votait les pleins pouvoirs. Le nouveau chef de l'Etat français promettait à ses compatriotes de les protéger contre le malheur des temps. Il nous conduisait sur la route du déshonneur. En France, un homme presque seul, lui, ne se résignait pas. Il appelait à la lutte contre l'ennemi, à l'effort sur soi, sûr de la victoire. A Londres, CHURCHIL ne promettait rien d'autre à ses compatriotes que du sang et des larmes. Quelle différence de ton entre les mous, les aveugles, les partisans du lâche soulagement, et ceux qui ne baissaient pas les bras.
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Ainsi, les responsables socialistes font don de leurs personnes à la France. Loin d'appeler à l'effort et au dépassement de soi, ils ne cessent d'accabler leurs adversaires de critiques, au motif que les Français n'en peuvent plus de la politique conduite par leur gouvernement. Et de fait, les Français n'en peuvent plus de faire la queue devant les cinémas, d'attendre des heures dans les bouchons sur les routes qui conduisent à la neige, ou de ne pouvoir trouver de place dans les restaurants de leur choix. Car les socialistes défendent la classe moyenne, celle qui a déjà et réclame davantage. Loin de moi de mépriser les Français dits moyens (on se demande bien pourquoi) alors qu'ils pourraient être appelés à des grandes choses, et qualifiés de"grands". Si, au lieu de leur faire croire qu'il suffit de taxer "les riches" pour sortir de la crise, liée non seulement à une finance en folie, mais aux évolutions techniques, technologiques et sociétales, ils les jugeaient dignes d'aller au faîte de leurs capacités, les choses iraient sans doute mieux. Mais ils ne veulent pas cela. Ils veulent perpétuer un système de clientèle, faite de personnes aux ambitions modestes, à la volonté molle, au désir de bien-être exacerbé. Ils se font des hommes une bien piètre idée : une masse faite pour être gouvernée comme des moutons.
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Ils ont fait don de leur personne à la France. Ils vont nous conduire sur la route de la décadence, de l'égoïsme et du chacun pour soi, sur un fond d'individualisme anarchique.
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Mais les urnes ont parlé. Je souhaite, personnellement, que les socialistes prennent le pouvoir et achèvent par leur incompétence politique, sociale et économique, de nous conduire à la décadence. Alors peut-être, après voir touché le fond, pourrons-nous rebondir. Je vous laisse, car le vieux réac que je suis part dans quelques instants à Tibériade pour accueillir ses amis séropositifs. Parmi les bénévoles de cette association, je vois peu de militants progressistes, et je n'en vois même aucun. Je vois beaucoup de gens discrets ; les uns font la cuisine, les autres collectent des denrées pour confectionner les repas, d'autres accueillent et écoutent, d'autres s'occupent des comptes. Aucun ne se glorifie de ce qu'il considère être son devoir. Voilà la vraie solidarité, la vraie fraternité, la vraie charité en acte. Tout le reste est littérature. Monsieur HAMON, que j'entendais hier soir, me semble être du genre "Armons-nous et partez..."
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dimanche 21 mars 2010

Suggestion

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Savez-vous qu'au début des années 1930, Huey LONG, sénateur américain de la Louisiane, déposa une proposition de loi qui tendait à rendre illégal le fait de gagner plus d'un million de dollars par an, et d'hériter d'un patrimoine supérieur à 5 millions de dollars ? Je viens de l'apprendre en lisant un petit livre fort instructif de Walter Ben MICHAELS, La diversité contre l'égalité.

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Il est intéressant de noter que cette initiative est née aux États Unis. Elle n'a pas eu de suite. Mais enfin un homme politique a eu le courage de poser sur la table la question des écarts de revenus injustifiés par le service rendu à la société ou à la patrie. Bien entendu, ces revenus étaient considérables, mais enfin la loi tendait à les limiter.

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J'ai déjà eu l'occasion de dire que je trouvais absolument scandaleux que des banquiers, ou des grands capitaines d'industrie pussent avoir des revenus mensuels qui atteignissent 1.000 fois le SMIC. Et je m'étonne que des gens supposés dotés d'intelligence ne se rendent pas compte de l'indécence d'une telle situation. Il y a là une immoralité, jointe à une inconscience, qui ne laisse pas d'interroger.

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Il est donc tout à fait possible de régler par la loi, en s'appuyant sur l'article 1 de la déclaration des Droits de l'Homme, la question de la disproportion des revenus. Il ne s'agit pas ici d'introduire une stricte égalité de ceux-ci entre tous les citoyens ; elle serait impossible, injuste et de surcroît économiquement inefficace. Mais si l'on peut admettre qu'il est légitime d'avoir des différence de revenus de 1 à 20 ou même 50, il ne l'est plus du tout dans le cas de différence de 1 à 1.000. On pourrait au moins commencer par interdire les bonus et les stocks options. Nombre de dirigeants partiraient sous d'autres cieux ? Qu'ils y aillent. Je ne crois pas qu'un pays qui se cherchent aient besoin de dirigeants soit-disants compétents mais affligés d'une telle cécité.

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Je croirai donc à l'honnêteté des propositions de la gauche, le jour où elle expliquera clairement qu'il n'est pas anormal d'avoir des différences de revenus et de salaire, mais que ces différences doivent avoir des limites imposés par la décence, par la morale et par le service rendu à la société et à la patrie.

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Alors la question du bouclier fiscal ne se poserait plus. Pour ce qui est de la limitation des successions, la chose est plus difficile à mettre en oeuvre surtout dans le cas de transmission d'entreprises familiales. Mais avec un peu d'imagination, on peut trouver des solutions humainement justes et économiquement efficaces. J'ajoute que je vomis de ma bouche l'idéologie socialiste qui repose sur la jalousie et le ressentiment, et non point sur une réflexion fondamentalement morale. Ils devraient relire la doctrine sociale de l'Église catholique... Mais tout ce qui vient des curés, n'est-ce pas ... ?

vendredi 19 mars 2010

Chant pour Emilie

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Vendredi dernier, vers 19 heures, je rentre chez moi en Métro. En haut de l'escalier qui descend au quai, je vois, acagnardée contre le mûr, une jeune fille. Elle est littéralement prostrée. Un bonnet de laine marron orangé enfoncé sur la tête, elle ne lève pas les yeux. Entre ses genoux, une sébile, ou plus exactement un gobelet en carton de chez McDo. Elle ne dit rien, ne réclame rien, ne regarde rien.
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Je suis saisi de compassion, après, je dois le dire, un moment d'hésitation : nous sommes tellement sollicités. Je fourrage dans ma poche intérieure, en extirpe mon porte-monnaie, et met quelques pièces dans le gobelet. Tout de même, je m'interroge. Et je l'interroge.
-Comment vous appelez-vous ?
-Emilie.
Et elle lève un peu le visage ; je vois deux yeux verts, envahis de tristesse.
-Que faites-vous là ? Où dormez-vous ce soir ?
-Je ne sais pas. J'ai commencé tard, cet après-midi. Je suis là depuis peu de temps, une heure.
- ???
-Oui, avant ce sont les gitans qui font la manche.
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Je comprends alors que les escaliers, les trottoirs, les porches et tous lieux où l'on peut apitoyer le passant sont colonisés dès le matin par les gitans qui se partagent entre eux les territoires et entendent bien se les garder pour eux. Emilie ne peut donc mendier que quand ils ont fait place nette.
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Emilie a 24 ans. Je ne connais pas les raisons pour lesquelles une jeune fille de son âge se trouve réduite à cette extrémité. J'ai le coeur serré en y pensant. Bien entendu, j'ai rallongé un peu mon obole. Je regrette de ne pas avoir donné plus.
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Si vous passez par la station Sèvres-Babylone, ligne 10, direction Pont de Saint-Cloud, et que vous voyiez une jeune fille aux yeux verts, c'est Emilie. Je vous en supplie, soyez plus généreux que moi. que de telles situations puissent exister me révolte. Mais que faire ?
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Un autre billet tout à l'heure.

jeudi 18 mars 2010

La laïcité est une croyance...

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Il y a quelques jours, je faisais allusion à un ouvrage fort intéressant de Cynthia FLEURY, intitulé Les pathologies de la démocratie. Elle tient sur la laïcité des propos qui me paraissent devoir être relevés et critiqués. Les voici :
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"Valeur de l'âge adulte, la laïcité l'est, de par notamment ce goût de la grandeur qui n'est pas celui du grandiose, mais qui demeure celui d'une certaine dignité et noblesse de l'esprit. Une culture de l'autonomie. En ce sens, pour les Français, lui préférer une laïcité dite ouverte, ce serait presque choisir de régresser en se maintenant dans un infantilisme déguisé qui consiste à préférer l'équivalence des idéologies à leur mise à nu (hautement plus déroutante) et à privilégier l'attachement avec (sic) la famille ou avec la communauté. Pour ceux qui sont issus de la tradition française, la laïcité à l'anglaise, appliquée soudainement en France, ressemblerait davantage à une règle de gestion des communautarismes, voire le choix de l'affect et de l'émotion contre celui de la raison. Ce refus de l'affranchissement idéologique pourrait alors masquer celui de grandir. C'est comme si toute une société se donnait un blanc-seing pour ne pas sortir de l'infantilisme. Grandir c'est d'abord se détacher, des siens et des autres, etc."
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Quelques lignes plus loin, l'auteur reprend en citant Michel FOUCAULT (L'herméneutique du sujet) : "L'enseignement est toujours 'Une critique du milieu familial, non pas simplement dans ses effets éducatifs mais [...] par l'ensemble des valeurs qu'il transmet et impose, c'est-à-dire, une critique de ce que nous appellerions dans notre vocabulaire l'idéologie familiale'."
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Il apparaît que la philosophe, dans ce texte, justifie l'entreprise totalitaire de l'Etat visant à détacher les personnes de leur milieu naturel, celui de la famille, par le moyen de l'enseignement prétendument laïc.
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Mais revenons au texte. En quoi la laïcité serait-elle une valeur de l'âge adulte (sous-entendu, il faut le dire par honnêteté, de la démocratie moderne et de l'homme adulte, mais exprimé dans un contexte tel que cela revient à sous-entendre l'infantilisme de toute croyance) ? A voir le nombre croissant d'adultes qui se convertissent, souvent, mais non exclusivement, au christianisme, on peut supposer qu'empêcher les jeunes élèves de trouver du sens à leur vie autrement qu'en analysant l'idéologie républicaine, aboutit à atomiser encore davantage la personne, réduite alors à la dimension de l'individu, et que, l'homme étant ce qu'il est, et cherchant du sens à sa vie, il est amené un jour à se poser les questions essentielles que l'enseignement refuse de poser à son bénéfice. Il serait juste, et scientifiquement fondé, d'étudier les effets de cette soi-disant et prétendue supériorité de la laïcité à la française sur les comportements civiques, sociaux et moraux.
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Continuons. Où Cynthia FLEURY voit-elle un goût de la grandeur dans la laïcité ? Une certaine dignité et noblesse de l'esprit, comme si une autre croyance n'embrassait pas ces perspectives ? La laïcité peut avoir de la grandeur, en effet, si elle s'appuie sur le stoïcisme. Il n'y a rien de tel dans les propos que je critique, même si on peut par sympathie pour l'auteur, imaginer qu'elle le sous-entend. Et en quoi les croyances seraient-elles des idéologies qu'il conviendrait d'opposer à la laïcité qui n'en serait pas une, et auxquelles il conviendrait de faire échapper les élèves ? Est-ce pour leur bonheur ? Mais pourquoi l'Etat se mêlerait-il du bonheur spirituel et intellectuel des citoyens, si ce n'est dans un but de contrôle social ? Et en quoi l'affect et l'émotion, composantes essentielles du psychisme humain, devraient-ils être évacués de l'enseignement (tout à fait théoriquement, seulement dans les mots ; il faut entendre l'émotion qui connote le discours du tenant de la laïcité à la française) ? Et si c'était là une des clés de l'échec scolaire que ce froid rationalisme ? "Le coeur a ses raisons que la raison ne connaît pas", ne l'oublions pas.
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Mais les propos les plus dangereux sont ceux qui portent sur la famille. L'Etat contrôle la manière dont les parents s'occupent de la vie matérielle et de la santé de leurs enfants : PMI, vaccination, enquêtes sociales, lois et règlements, etc. Il sait condamner les parents qui ne traitent pas bien leurs enfants. Il reconnaît donc que ceux-ci ont une obligation à l'endroit de leur progéniture. Mais l'Etat, par l'enseignement viserait à ôter à ceux-ci le droit parfaitement naturel de leur transmettre des valeurs qu'ils jugent bonnes pour leur bonheur ? En quoi l'Etat serait-il mieux placé que les parents pour remplir cette tâche ? Et en quoi cette transmission serait-elle une idéologie familiale ? Ce serait vrai si cette transmission était érigée en système général dans lequel on ferait rentrer l'enfant.
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Si la laïcité ne voulait point prendre cette position surplombante et qu'elle s'examinât au même titre que les autres croyances, je croirais en l'honnêteté de son objectif. Jamais il n'y a eu sur la laïcité d'enseignement critique voulu par l'Etat. La valeur est imposée, sanctifiée, mythifiée. La laïcité est une croyance comme une autre. A ce titre elle mérite d'être interrogée comme toute religion. Au combat de la comparaison avec l'enseignement de Jésus, je doute fort qu'elle gagne.

mercredi 17 mars 2010

Je connais un pays, ou réponse à Fourmi

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Je connais un pays où il est possible de devoir justifier à tout moment son identité à la demande d'un agent de la force publique ou d'un contrôleur de la SNCF.
Je connais un pays où les douaniers peuvent perquisitionner de jour comme de nuit les domiciles des particuliers, sans mandat judiciaire.
Je connais un pays ou des radars, la vidéosurveillance, la police et les gendarmes surveillent constamment les allers et venues des citoyens.
Je connais un pays ou un contrôleur des impôts peut infliger au contribuable un redressement par une procédure accusatoire, et où, dans cette situation, il revient au contribuable de justifier sa bonne foi.
Je connais un pays où il est impossible qu'un particulier puisse transmettre à ses enfants une partie de son patrimoine, de son vivant, si elle dépasse une certaine somme.
Je connais un pays où il appartient au vendeur d'un appartement de démontrer qu'il n'y a ni termites, ni plomb, ni amiante, ni cafards.
Je connais un pays ou un gendarme peut infliger au conducteur une amende s'il ne possède pas un gilet jaune fluorescent (approuvé par la puissance publique), une triangle de signalisation, s'il manque une boîte d'ampoules de rechange dans sa boîte-à-gants, si la profondeur des sillons de ses pneus est inférieur à x mm.
Je connais un pays ou des inspecteurs du travail, de la répression de fraudes, des enseignants, et j'en passe, ont reçu du pouvoir souverain le droit de noter, de sanctionner, de faire fermer un établissement.
Je connais un pays ou un magistrat unique peut mettre en prison pendant des mois, voire des années, plusieurs dizaines de citoyens innocents, sur son simple sentiment.
Je connais un pays où, au nom de l'intérêt général apprécié par un fonctionnaire, il est possible d'exproprier des citoyens en leur versant des contreparties dérisoires pour le bien qu'on leur aliène.
Je connais un pays où les parents qui désireraient mettre leur enfant dans un établissement correspondant aux valeurs qu'ils veulent leur transmettre, ont infiniment de mal à le faire, empêchés qu'ils sont par la fameuse "laïcité".
Je craindrais de donner une liste trop longue, et je m'arrête donc.
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Ce pays c'est la France. Et nous acceptons ces incursions au nom de l'égalité. TOCQUEVILLE a raison. Et quand je parle d'un agglomérat d'esclaves, je me range dans leur nombre. Jamais les libertés individuelles n'ont été aussi réprimées, contrôlées, limées, au nom de cet utopique principe qu'est le principe d'égalité. Au nom de notre bien-être personnel et de notre liberté individuelle, nous avons accepté que la morale sociale déserte l'espace public et l'enseignement. Et nous sommes devenus les serfs de la puissance souveraine. Comme les responsables politiques changent au gré des élections, la puissance souveraine est entre les mains des agents de l'Etat, irresponsable devant le corps électoral. Nous n'avons donc que ce que nous méritons, puisque nous acceptons ce système. Ce cher TOCQUEVILLE l'a bien vu : "On se passe fort aisément de ce que les autres n'ont pas".
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J'espère, chère Fourmi, que vous comprenez qu'il n'y a aucun mépris dans les propos que vous avez relevés dans un de vos commentaires. Il y a un simple constat. Je le trouve attristant. Et dire que le peuple français a passé un moment pour le plus spirituel du monde...

mardi 16 mars 2010

Tocqueville toujours

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Aucune réaction aux propos de TOCQUEVILLE que je vous rapportais hier. Je vais donc enfoncer le clou en rapportant ici quelques uns des constats qu'il fait dans la dernière partie de son ouvrage capital De la démocratie en Amérique.
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Après avoir constaté que le fondement des démocraties est l'égalité et non point la liberté, TOCQUEVILLE poursuit :
L'égalité produit [...] deux tendances : l'une mène directement les hommes à l'indépendance et peut les pousser tout à coup jusqu'à l'anarchie ; l'autre les conduit par un chemin plus long, plus secret mais plus sûr, vers la servitude. Pour être honnête, il convient ici de souligner que TOCQUEVILLE loue l'indocilité qu'inspire l'égalité qui dépose au fond de l'esprit et du coeur de l'homme ce "penchant instinctif de l'indépendance politique, préparant ainsi le remède au mal qu'elle fait naître".
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Après avoir constaté que le goût de l'égalité conduisait à accroître indéfiniment la puissance du pouvoir central, l'auteur ajoute dans une petite note: A mesure que les attributions du pouvoir central augmentent, le nombre des fonctionnaires qui le représentent s'accroît. Ils forment une nation dans chaque nation, et, comme le gouvernement leur prête sa stabilité, ils remplacent de plus en plus chez chacune d'elle l'aristocratie. Presque partout, en Europe, le souverain domine de deux manières il mène une partie des citoyens par la crainte qu'ils éprouvent de ses agents, et l'autre par l'espérance qu'ils conçoivent de devenir ses agents.
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Nous avons là très exactement la description de ce qui se passe en France, et qui ne pourra que s'amplifier avec l'accession au pouvoir des fanatiques de l'égalité. Je n'en dirai pas plus pour l'instant. Demain ou tout à l'heure, je vous montrerai comment l'école dite républicaine vise à atomiser le corps social, à empêcher la transmission, et comment la laïcité à la française est une croyance.

lundi 15 mars 2010

Elections régionales

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Rarement un peuple aura eu un goût aussi prononcé pour le suicide que le peuple français. Les Français viennent à une très grosse majorité de signifier qu'ils abandonnent leur destin à des partis qui ont ruiné leur patrie, et qu'ils leur laissent parachever leur oeuvre de ruine économique, politique et morale.
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A la vue des résultats, je ne puis m'empêcher de penser à TOCQUEVILLE. Comme l'indique François L'YVONNET dans la roborative préface qu'il consacre à la dernière partie de l'oeuvre capitale de TOCQUEVILLE, De la démocratie en Amérique, ce magistrat intègre, lucide et prophétique a bien vu que "c'est l'égalité et non la liberté qui constitue le caractère distinctif des démocraties, et que la tendance à l'égalisation des conditions (à la fois formelle et réelle) comporte un risque pour la liberté". Et L'YVONNET cite ceci, qui est terrible et commente à merveille les résultats d'hier soir :
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Je vois une foule immense d'hommes semblables et égaux qui tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs dont ils remplissent leur âme.
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Le préfacier poursuit l'analyse de l'ouvrage. "L'égalité des conditions provoque l'atomisation du corps social, le repli sur eux-même des individus, gagnés par la passion du bien-être et la multiplication des fortunes médiocres... Une tendance à la moyennisation de la société qui finit par engendrer le conformisme des moeurs et des opinions. S'installe alors une sorte de servitude douce, la tyrannie d'une majorité - nécessairement oppressive à l'égard de la minorité - qui s'en remet à l'Etat tout puissant, à charge pour lui d'étendre l'égalité des conditions et de veiller à la vie paisible de chacun." Et L'YVONNET cite de nouveau TOCQUEVILLE :
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Au-dessus de ceux-là s'élève un pouvoir immense et tutélaire, qui se charge seul d'assurer leur jouissance et de veiller sur leur sort. Il est absolu, détaillé, régulier, prévoyant et doux.
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Voilà où nous en sommes. Après la destruction systématique des corps intermédiaires par la Révolution, il n'y a plus rien entre l'Etat tout puissant, et le citoyen. On pourrait multiplier les cas de ceux de nos compatriotes qui ont été broyés par cette machine gigantesque, inhumaine et froide comme un serpent. Il est urgent de récréer ces corps intermédiaires, et de donner au principe de subsidiarité politique une vigueur épuisée par les chimères de l'idéologie soi-disant (je ne dis pas prétendue) démocratique. Car à la différence de l'Amérique de TOCQUEVILLE, la France n'est qu'un immense agglomérats d'esclaves qui se vautrent dans la servitude volontaire, s'y complaisent et en réclament encore. Mais je reviendrai sur ce point en commentant justement Le despotisme démocratique, dernière partie de De la démocratie en Amérique. J'y ajouterai quelques éléments d'un livre fort intéressant, dont je conteste toutefois certaines analyses, qui s'appelle Les Pathologies de la démocratie, et que l'on doit à Cynthia FLEURY.
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Trafic de drogue

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Les propos d'Eric ZEMMOUR sur l'origine des trafiquants de drogue en France sont, paraît-il, soigneusement examinés par le CSA, qui doit déterminer s'il s'agit de propos racistes. Monsieur ZEMMOUR a dit, je cite de mémoire, que les trafiquants de drogue étaient, en France, d'origine maghrébine ou africaine. J'ignore s'il a dit "tous les trafiquants", "la plupart des trafiquants", "beaucoup de trafiquants" ou "les trafiquants". La généralisation me paraîtrait bien hâtive si généralisation il y a eu.
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Cependant, avant de juger que ces propos sont racistes, il conviendrait de savoir d'où monsieur ZEMMOUR tient ces informations, et il importerait pour tout citoyen doté de sens critique, de se poser quelques questions. Car de deux chose l'une : ou bien ces données statistiques sont vérifiées et vérifiables, et l'énoncé d'un fait ne me semble pas devoir tomber sous le coup du blâme "droitdel'hommiste", antiraciste, antifasciste et autre anti, ou bien elles sont fausses, et monsieur ZEMMOUR a commis une mauvaise action, émis un jugement téméraire, et doit être immédiatement contredit. Il doit en outre présenter des excuses sur la chaîne où il tenu ces propos afin d'en réparer les effets.
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A supposer que ces données soient exactes, il faudrait aller plus loin dans la réflexion. Deux et peut-être trois causes peuvent être invoquées qui expliqueraient, sans pour autant justifier, les pratiques des trafiquants : (a) la première est qu'il est plus facile de gagner beaucoup d'argent par le trafic que par le travail ; (b) la seconde est qu'il difficile - il faut le reconnaître - aux populations d'origine étrangère de trouver chez nous du travail, et qu'il leur faut bien gagner leur vie ; (c) la troisième, et à mon avis la plus déterminante des causes, est la désinvolture et même la complicité des médias, des hommes politiques et du monde de la culture, pour la consommation de drogues : on commence par la douce et l'on finit par la dure.
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Une anecdote tout de même : il y a deux ou trois jours, contrôle des voyageurs à la station Iéna. Une équipe volante examinent les tickets, les passes Navigo, les cartes de réduction. Trois voyageurs sont pris en flagrant délit de fraude. Les trois sont d'origine africaine. Cela n'a rien à voir avec la race, mais avec la représentation imaginaire que ces personnes se font de la France, dans leur idée pleine aux as, et qui aurait exploité honteusement leur pays lors de la colonisation. Pour eux, il s'agit de récupération et non de fraude. Que ne restent-ils pas dans leur pays pour mettre leur talent au service de leur patrie, pour lutter contre la corruption de leurs dirigeants, pour développer de très anciennes pratiques culturales qui ont fait leur preuve et permettre ainsi de mieux nourrir leur peuple ? Que n'exaltent-ils pas leur culture, souvent orale, mais riche de légendes et d'histoires magnifiques, pour trouver dans cette voie originale dignité et rang noble parmi les nations ? Ils préfèrent singer l'Occident tout en le détestant. Comment trouveraient-ils là un quelconque équilibre intérieur ?
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samedi 13 mars 2010

Le despotisme de la démocratie à la socialiste

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Monsieur Benoît HAMON semble avoir avalé un manche à balai. Il se dit pourtant effondré après les propos de monsieur LONGUET. C'est qu'un manche à balai n'est pas une colonne vertébrale ; et ça fait toute la différence.
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Qu'a dit monsieur LONGUET qui fait s'effondrer le porte-parole du PS ? Il a dit que placer monsieur Malik BOUTIH (orthographe non garantie) à tête de la Haute-Autorité de Lutte contre la Discrimination et l'Exclusion, n'était pas un choix judicieux, et qu'il eût été préférable d'y mettre un Français issu des couches traditionnelles de la Nation. Je trouve ces propos mesurés et justes. Maladroitement formulés ? Je n'en suis pas certain. On ne peut reprocher à monsieur BOUTIH d'être socialiste et d'avoir eu (pour autant qu'il me souvienne) de grandes responsabilités dans les associations antiracistes. Cela me paraît clair et je le redis clairement. Mais on peut mettre très fortement en cause son impartialité, et légitimement supposer que ses opinions politiques et idéologiques, et ses origines (qu'il ne s'agit aucunement ici de critiquer ou de vilipender, simplement de constater) ne le prédisposent pas à prendre le recul nécessaire pour juger sereinement les causes qui seront soumises à son institution. Monsieur BOUTIH est français, c'est donc un compatriote, et je suppose qu'il aime son pays, puisqu'il s'est engagé en politique. Je regrette simplement qu'il n'ait pas cru bon d'ajouter à son prénom Malik (Roi en langue arabe), un prénom français. Il en avait le droit, mais hélas, depuis monsieur MITTERRAND, il n'y était pas obligé !
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Imaginons maintenant la scène suivante. Un pied-noir n'a pas quitté l'Algérie après les événements de 1962. Il a pris la nationalité algérienne. Il vit là-bas depuis plus de 60 ans. Il est témoin des vexations et des critiques dont son pays d'origine est l'objet dans sa nouvelle patrie. Imaginez-vous que monsieur BOUTEFLIKA lui demanderait de prendre la Présidence d'une très hypothétique Haute Autorité chargée de juger des discriminations exercées à l'encontre des algériens d'origine française ? Je croirai à la bonne foi des socialistes et des angélistes de l'antiracisme le jour où ils exigeront de ces pays la réciproque de ce qu'ils trouvent excellent, excellentissime même, pour leur propre patrie. Car de deux choses l'une : ou bien ils croient (et c'est ce qu'ils disent) que leurs valeurs sont universelles et ils luttent pour les diffuser ; ou bien ils ne croient pas à cette universalité, et alors il n'y a aucune raison rationnelle, si je puis m'exprimer ainsi, pour accepter d'importer dans notre patrie des valeurs, des moeurs et des pratiques sociales qui n'ont rien à y faire tant elles lui sont étrangères.
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Je proposerai donc à monsieur HAMON de consulter un orthopédiste (pour la colonne vertébrale) et un professeur de philosophie (pour l'exercice de la raison critique).

vendredi 12 mars 2010

La maladie de ma patrie

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Depuis plusieurs jours, je réfléchis à la maladie qui frappe ma patrie depuis des décennies, une maladie de langueur, de méfiance et de désespoir. Comment se fait-il que la France ait été le pays le plus puissant et le plus peuplé d'Europe, que sa langue ait été parlé par les élites intellectuelles et politiques de l'Europe entière, qu'il eût été impensable pour elles de ne pas écrire un français non seulement correct mais aussi élégant, qui avait la marine la plus puissante d'Europe, (cette marine dont un voyageur anglais disait pendant les heures sombres de la Révolution que ce que la Grande-Bretagne n'avait pu faire depuis des années, surpasser notre marine, la Révolution l'avait fait en deux ans qui l'avait anéantie), des écrivains, des voyageurs, des savants admirés et connus de tout le monde occidental et même en Chine, comment se fait-il qu'elle soit tombée si bas ?
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Avant de voir les causes, il convient peut-être d'examiner les faits. Avant la Révolution, en France en tout cas, un aristocrate ne pouvait se livrer au commerce ou à l'industrie sans déroger, c'est-à-dire sans perdre sa qualité de noble. Il se devait tout entier à la mise en valeur de ses terres, et nombre d'aristocrates de province l'ont fait avec compétence, humanité et au prix d'un travail acharné. Il suffit, par exemple, de se référer aux délibérations des Etats du Languedoc et aux actes officiels du gouverneur de cette province pour s'en assurer. Cela n'empéchait pas que les pouvoirs publics investissent dans de gigantesques travaux publics (gigantesques pour l'époque) : le canal du midi en est un exemple marquant, mais avant lui, les salines d'Arc-et-Senans par exemple encore. Bien entendu, il y avait une noblesse de cours, faite de courtisans parfois incapables, souvent paresseux, mais cependant toujours courageux à la guerre. Je possède un livre qui recueille toutes les lettres de démission de l'armée d'officiers nobles, qui ne pouvaient accepter de voir Louis XVI traité avec tant de mépris. Ces lettres sont toutes plus superbes les unes que les autres : dignes, respectueuses, et souvent désespérées.
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Vient la Révolution. Faite par les bourgeois qui excitent le petit peuple, elle bénéficie à ses instigateurs. Les spéculateurs accaparent les biens nationaux et édifient sur leurs débris des fortunes gigantesques. Chevaliers d'industrie, esprits souvent réalistes et entreprenants, dépourvus de tous scrupules sociaux, moraux ou religieux, ils se lancent dans les affaires : ce sont eux qui avec le développement industriel, créent le prolétariat. A cet égard, il est intéressant de noter que les ouvriers/artisans anglais s'étaient révoltés, bien avant la Révolution lorsque certains de leurs concitoyens avaient introduit dans leur petite entreprise les métiers à tisser pour augmenter la productivité et diminuer le nombre de leurs employés. Il est intéressant de noter aussi que c'est l'armée de la bourgeoisie "libertine" qui a écrasé la révolte des canuts de Lyon. Et savez-vous ce qu'ils réclamaient, les canuts de Lyon ? Le retour au Tarif Minimum de l'Ancien Régime qui leur garantissait un revenu minimum. La loi Le Chapelier était passée par là ; il n'y avait plus de syndicats, plus de corporations, l'employé était devenu ouvrier, livré au bon vouloir de son patron. On peut dire objectivement que la Révolution Française, tellement exaltée par nos beaux esprits, a créé les conditions objectives de l'exploitation de l'homme par l'homme, en détruisant les fondements sociaux, moraux et religieux d'une société essentiellement agricole.
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Réaction tout à fait normale, naissance du marxisme et du concept de la Lutte des Classes. Dans une perspective anhistorique, on approuve et on comprend ; dans la perspective marxiste du sens de l'histoire et de l'engendrement strictement déterminé d'une société par la société existante, cela se comprend aussi. Mais ces deux perspectives sont fausses. La première manque de profondeur. La seconde de liberté : elle revient à dire que, hormis la révolution violente, ultime avatar du développement historique, l'homme ne peut rien modifier à sa situation.
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Bien entendu, un moyen d'échapper à ce dilemme, c'est l'illusion démocratique dans laquelle nous vivons aujourd'hui, illusion qui nous fait tant de mal. Attention, la démocratie est le seul régime politique qui convienne à la société contemporaine, en son état actuel. Là-dessus, je ne ferai aucune concession. Encore faut-il que ce soit une vraie démocratie. L'illusion démocratique consiste à faire croire au peuple que la majorité des opinions est la seule qui puisse conduire la vie politique, alors que le beau, le bon, le vrai, sont les seuls éléments qui doivent être pris en compte dans la conduite des affaires [modification de cette phrase à la suite des remarques d'un lecteur]. L'illusion démocratique consiste à faire croire au Français qu'ils peuvent vivre mieux, avoir plus de pouvoir d'achat en travaillant moins, avoir des conduites personnelles irresponsables dont la société prendra en charge les conséquences néfastes. Elle consiste aussi à faire croire qu'il est normal que des banquiers gagnent des fortunes alors qu'ils ont par leur spéculation et leurs folies conduit l'économie mondiale au bord du gouffre, qu'il est normal que les industriels distribuent la quasi totalité des profits de l'entreprise aux seuls actionnaires, alors que la valeur capitalisée est largement tributaire du travail des salariés, etc.
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MONTESQUIEU disait que le régime monarchique est fondé sur l'honneur, le régime despotique sur la crainte, et le régime républicain sur la vertu. L'opposition accuse le Président d'être un monarque sans couronne ; mais que faut-il dire des Présidents socialistes de Région, madame ROYAL en tête (qui porte bien son nom), véritables seigneur de leur terre ? Que faut-il dire de ces hommes politiques sans honneur qui changent d'opinion ou de camp au gré de leurs intérêts, et qui condamnent les opinions de leurs adversaires avec mépris et sans autres arguments que celui de la bassesse ? Beaucoup n'hésite pas à dire que nous vivons sous un régime despotique ; mais je ne vois guère la crainte régner parmi les supporters du PSG qui attaquent les CRS ou la police, parmi les escrocs du métro, parmi les fonctionnaires de l'Education Nationale qui refusent de se soumettre à la loi, ou les agents de la SNCF qui font illégalement la grève. Parlons de la vertu, censée gouverner la République ; je la cherche, tel DIOGENE, avec une lanterne. Où que je me tourne, je ne vois que mensonge, manipulations, égotisme exacerbé, recherche de son profit personnel (pas forcément financier, du reste). Nous cumulons le déshonneur, l'irrespect du pouvoir et le mépris de la vertu. Ce régime là porte un nom : anarchie. Je précise que je parle ici de la partie visible de la société, c'est-à-dire tout ce qui est popularisé par les médias qui se repaissent de ces excréments.
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L'Ancien Régime avait bien des travers. Mais l'on n'accusait pas le Roi d'être responsable des effets de la canicule : on s'occupait des anciens, avec rudesse, sans doute, mais on s'en occupait. La solidarité vécue au sein des corps intermédiaires était solide, durable, constante. Et l'on aimait la vertu, au moins comme un idéal de vie, vertu que l'on enseignait dans les "petites écoles" (sorte d'écoles primaires de l'Ancien Régime : il y en avait 18.000 à la veille de la Révolution), dans les "Collèges" (nos actuels Lycées), et dans les Universités. Les choses ont commencé à basculer pendant les Lumières, avec VOLTAIRE, DIDEROT, et tant d'autres, qui pour se faire bien voir des puissants on flatté leurs vices ; ces vices ne demandaient qu'à s'exprimer du jour où l'on a considéré que l'homme était la mesure de l'homme, et que par conséquent tout partait de son nombril. DESCARTES a faut beaucoup de tort à la vertu. Le poisson pourrit toujours par la tête. Et c'est bien ce que nous voyons pour ceux des poissons visibles.
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Heureusement, et je mets là mon espoir, des milliers de Français continuent silencieusement à s'occuper des pauvres, à partager leur temps et leurs biens avec eux, à oeuvrer avec discrétion à l'avènement du véritablement humain dans l'homme. Je ne désespère pas de ces Français là. C'est à eux que nous devons à notre patrie de survivre tant bien que mal.
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Demain, je parlerai de Gérard LONGUET et Malik BOUTIH.

mardi 9 mars 2010

Scènes de la vie ordinaire

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Hier matin, petite scène minuscule de la vie quotidienne. Je vois dans la rue un jeune garçon, d'une dizaine d'année, marcher allègrement à côté d'une jeune fille, ou d'une jeune femme. Comme je ne les vois que de dos, j'imagine d'abord que c'est la grande soeur et suppose qu'ils vont, l'un à l'école, l'autre au lycée, puisque les cours reprennent après les vacances d'hiver. Un détail m'intrigue : le gamin n'a pas de cartable ; la jeune fille porte un cartable sac-à-dos, manifestement celui d'un enfant. Pressant le pas, je double le duo ; la jeune femme en question est la maman et c'est elle qui porte le sac de son fils, lequel n'est ni bancal, ni aveugle, ni handicapé, ni bossu... Je vous laisse conclure ; quant à moi, j'en reste pantois et rêveur. L'enfant est roi, l'adolescent a tous les droits, et les adultes tous les devoirs, dont certains me semblent très imaginaires, comme celui de porter le cartable de son fils !
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Passage devant les panneaux électoraux. Monsieur BESANCENOT, hilare, affiche son portrait adorné d'un slogan "Partageons les richesses !". Il faut décrypter ; je vais le faire pour vous : "Tout ce qui est à moi est à moi ; tout ce qui est à toi est à moi". C'est la manifestation la plus raffinée du "ressentiment des médiocres" au sens que lui donne NIETZSCHE. Certains, dans la société, ont pour fonction de créer des richesses, de par leur travail, leur opiniâtreté, leur prise de risque. Il convient de les punir en les obligeant à partager de manière confiscatoire le fruit de leur travail et de leurs peines, avec la multitude de ceux qui n'ont qu'une idée en tête, travailler moins et gagner plus. Et il y a des gens assez aveuglés pour ne pas comprendre que des biens qui n'ont pas été produits ne peuvent pas être distribués. Bien entendu, je n'entends pas faire l'impasse sur la solidarité, la fraternité, le partage et je maintiens que les biens terrestres ont une destination universelle. Mais je récuse l'idée selon laquelle les riches sont tous des salauds, des exploiteurs, des ignobles à qui il faut faire rendre gorge. Pas de riches ? Pas d'impôts, pas de redistribution des richesses. On peut même imaginer un système strictement égalitaire où aucun des citoyens n'atteindrait le plancher de revenus imposables. Où prendrait-on l'argent ? Quand monsieur PROGLIO gagne 2 millions d'euros, il en rend 1 à l'Etat. S'il n'en gagne que 500.000, il n'en restitue que 250.000. Où est le bénéfice pour la communauté nationale ? Bien sûr, on pourrait lui en prendre plus. Mais dans une entreprise employant des milliers d'employés, quelle somme ces derniers retireraient-ils de l'argent soustrait à leur patron, à supposer que la soustraction soit égalitairement répartie ? Qui de nous, en outre, accepterait de se voir amputer de 60 % de ses revenus en étant accablé de responsabilités et de travail ?
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Entendu hier soir, un peu car elle me tape sur le système, madame DUFLOT, la grande prêtresse de l'écologie en Île-de-France. Interrogée par Laurence FERRARI, elle fustige - sensibilité de gauche oblige - la fermeture de la raffinerie de DUNKERQUE. Très habilement, du reste, elle mélange les questions de fond et de forme, en inventant purement ces dernières, en invoquant les grands principes, la dignité prétendument bafouée des employés. Elle glose sur le développement durable. Elle ne voit que son idéologie est en partie responsable de ce qui se passe là-bas. La crise aidant, et le politiquement correct aussi, le pseudo-réchauffement climatique appelé en renfort, la consommation de carburant a baissé de 7 % l'an dernier. Ce qui est considérable. Bien entendu, on pourrait renationaliser Total, maintenir ouverte une raffinerie déficitaire, faire payer le déficit au contribuable, et engloutir dans une réanimation artificielle, des milliards d'euros qui viendraient à manquer à l'investissement. Savez-vous que monsieur BEAUPIN, un ancien adjoint du Maire de Paris, et qui siège toujours en son Conseil Municipal, a préconisé la fermeture des Parkings pour limiter l'usage de la voiture. Voilà qui va arranger les affaires de la raffinerie. A moins que l'on oblige les riches à utiliser leurs Mercédès ? Toute cette argumentation fondée sur l'envie, et non sur la responsabilité, sans parler de l'espérance (voir hier), de l'épargne et du travail, toute cette argumentation peut convaincre un moment ; mais le réel a ceci de bon, c'est qu'il nous résiste et qu'il lui arrive de se venger !
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lundi 8 mars 2010

L'espérance

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En sa page 40, le journal gratuit Vingt minutes consacre, aujourd'hui, une demi page fort bien faite à cinq poètes français, et il cite un admirable poème d'Andrée CHEDID, la mère de Louis et la grand-mère de Matthieu. D'abord, je rends hommage à un journal qui ne craint pas de parler de poésie à des lecteurs pressés, et ensuite je n'hésite pas à vous livrer deux quatrains de ce poème intitulé "Espérance" :
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[...]
Face aux ténèbres
J'ai dressé des clartés
Planté des flambeaux
A la lisière des nuits
[...]
J'enracine l'espérance
Dans le terreau du coeur
J'adopte toute l'espérance
En son esprit frondeur
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In Une salve d'avenir. L'espoir, anthologie poétique. Gallimard, Paris, 2004.
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Hasard ou providence, voilà que je retombe sur ce délicieux recueil de contes soufis, Le Mesnevi de DJALÂL AL-DÎN RÛMÎ. un poète mort en Iran en 1273 ap. J.-C. Un petit conte, intitulé La mèche vient compléter et éclairer le poème d'André CHEDID. J'expliquerai pourquoi, une fois que je l'aurais transcrit :
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"Une nuit, un homme entendit que quelqu'un marchait dans sa maison. Il se leva, et pour faire de la lumière, il battit son briquet. mais le voleur qui était cause du bruit vint se placer devant lui, et chaque fois qu'une étincelle touchait la mèche, il l'éteignait discrètement du doigt. Et l'homme, croyant que sa mèche était mouillé, ne vit pas le voleur.
Dans ton coeur également, il y a quelqu'un qui éteint le feu mais tu ne le vois pas."
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Eh bien, le voleur qui éteint le feu, c'est le désespoir qui s'abat sur nous, quand, devant une difficulté ou une douleur, alors que nous essayons de trouver une issue, il vient éteindre toute énergie et toute résolution. Certes, je n'aurai pas la naïveté de croire qu'il suffit de vouloir pour pouvoir. C'est une de ces lieux communs qui conduisent au volontarisme, antichambre de l'entêtement, dont nous voyons les effets délétères dans nos vie, comme dans l'histoire. Mais j'affirme que le désespoir est le plus épouvantable éteignoir de vie qui se puisse imaginer.
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Alors je terminerai par cette belle sentence de TAGORE : "A l'homme qui espère, toute chose se révèle, pourvu qu'il ne renie pas dans les ténèbres ce qu'il a vu dans la lumière".
Et je réalise qu'Eugénie a eu raison de trouver un jour que mes propos, souvent, étaient d'un trop noir pessimisme.
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C'est donc en invitant à l'espérance que je conclurai le deuxième billet de ce jour.
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Histoire de la hache

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Voici un petit apologue chinois qui ne cesse de m'interpeller. Je vous souhaite autant de plaisir à le lire que j'en ai eu à le découvrir.
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"Un homme ayant perdu sa hache soupçonna le fils de son voisin de la lui avoir dérobée. Plus il y pensa, plus il le crut. A force d'y penser, la démarche, la mine, les paroles, tous les faits et gestes de ce garçon, lui parurent ceux d'un voleur. Or, ayant vidé sa fosse à fumier, il y trouva sa hache. Le lendemain, quand il revit le fils de son voisin, il lui trouva l'air du plus honnête garçon qui fût." (Liezi, III ; traduction du RP L. WIEGER.)
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Voilà ce me semble un conte qui offre matière à réflexion, et tout spécialement dans le champ politique. Celui qui a tort, qui exploite, qui vole, est toujours l'autre, à qui nous prêtons des sentiments tordus, des manoeuvres honteuses et souterraines, que nous accusons de nous spolier, jusqu'au jour où, retroussant nos manches, et fouillant dans notre vie, nous découvrons que nous avons une petite part de responsabilité dans ce qui nous advient. Bien entendu, l'effort sur nous-même n'efface pas la réalité des conflits surgissant de la divergence des analyses, mais il permet ce réduire celles-ci aux dimensions du réel, et non de l'étendre à l'imaginaire.
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J'attends avec impatience vos réactions.
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dimanche 7 mars 2010

Petit matin dans la ville

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Est-il plus agréable promenade que celle du petit matin dans les rues de ma ville, presque désertes ? Déjà l'orient s'empourpre de lumière. Un petit vent frisquet venu de l'est fait voleter des tracts électoraux abandonnés cette nuit par des militants pressés de regagner leur logis. Les enseignes au néon peu à peu animent les bars et les cafés. Au comptoir, là, un homme en casquette sirote un petit noir, tandis que le garçon fait semblant d'essuyer des tasses, sèches sans doute depuis longtemps. Et ici, deux ouvriers en bleu de chauffe attendent l'ouverture du chantier voisin, un immeuble en réparation. Un garçon, dans un autre, remet en place les chaises.
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Le parc n'est encore peuplé que d'arbres dépouillés de leur ramure. Mais j'entends des merles chanter le printemps qui vient. Lointaine rumeur des voitures sur le boulevard périphérique ! Pétarade d'une moto qui démarre au quart de tour lorsque le feu de signalisation passe au vert ! L'homme qui la dompte doit être en retard. La salle de sport du stade municipal est violemment éclairée ; des agents de service commencent à en nettoyer le sol, tandis que quelques sportifs matutinaux attendent sur ses marges que leur territoire se libère. Vie qui se déploie ! Hymne à la vie qui monte ! Lent développement.
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Voilà maintenant le bord de Seine. Les friselis de l'eau font sautiller le fleuve aux rayons rasants du soleil qui daigne faire son apparition. Bruits du métro, bus qui viennent de quitter le dépôt où ils ont passé la nuit. Certains "ne prennent pas de voyageurs". Pour moi, c'est un mystère que de les voir circuler à vide. Il doit y avoir des raisons. Elles m'échappent ! Bien que le froid soit assez vif ce matin, je suis en sueur à force d'aligner les pas à un rythme rapide. Bientôt, je rentrerai chez moi. Je sentirai sur le palier l'odeur du café et du pain grillé. J'ai trouvé une boulangerie ouverte, et le boulanger, blanc de fatigue et de farine, m'a cédé une baguette pas trop cuite et des croissants que je destine à la maisonnée. Choses simples de la vie, et qui ont tant de prix pour moi. Heureux les simples d'esprit...

samedi 6 mars 2010

Art contemporain à l'Ecole Nationale Supérieure des Beaux Arts

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Admirable exposition à l'Ecole Nationale Supérieure des Beaux Arts ; elle est consacrée artistes flamands de l'époque baroque. Logée au Cabinet des dessins Jean BONNA, elle offre à nos regards émerveillés des dessins de Van DYCK, de RUBENS ou de JORDAENS, entre autres. Puisés dans le fond des quelques 500.000 dessins, gravures et photos de l'école, ils ont été choisis avec soin ; ils ne sont pas nombreux, une trentaine au plus, et l'on peut ainsi admirer à loisir des dessins préparatoires à des tableaux monumentaux, le portrait d'un archiduc d'Autriche de toute beauté ou des études de mains, des paysages, des scènes mythologiques ou religieuses. On ne sait ce qu'il faut admirer le plus, la vigueur du dessin et de la touche dans les esquisse préparatoires, les jeux d'ombre et de lumière qui font chatoyer le soyeux d'une soie ou la douceur d'un velours, l'harmonie des compositions, dans les dessins achevés. Bref une splendeur.
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Ragaillardi par cette visite, on peut se promener sous la grande verrière du palais des Études, fort bien restaurée, se perdre dans le cloître adjacent à la cour Bonaparte ou rêver sur le perron qui monte au Palais des Études.
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Patatrac ! On a la curiosité de prendre le programme culturel proposé par l'École pour le mois de mars. C'est là que les choses se gâtent. On apprend, par exemple, que le 9 mars à 17 heures, il y aura une projection-rencontre autour des films L'impossible - Pages arrachées, 3e partie ou La lutte de l'homme pour sa survie. Jusque-là, rien à dire. Mais il faut aller au commentaire. Le premier des films est ainsi commenté : Paris. manifestations du 19 mars 2009. Fonctionnaires, étudiants, précaires, immigrés sans papiers, chômeurs, retraités... battent le pavé. Jusqu'à ce que celui-ci brûle, entre rage et colère, et que des voix se délivrent en s'inscrivant dans le temps. Jusqu'à ce que l'Etat réprime avec violence et arbitraire, et que soient condamnés des corps-nègres, innocents. Le second film, 12ème épisode de La lutte de l'homme pour sa survie, malgré tout encore plus loin traite, je cite, des révoltes étudiantes dans les années soixante-dix de par le monde.
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Alors on s'interroge, et l'on devine comment est manipulée l'opinion par les agents culturels de l'Etat. On commence par mettre sur le même plan les étudiants, les précaires, les immigrés sans-papiers, etc. qui n'ont en commun que leur rancoeur contre un régime qui n'en fait pas assez, selon eux, pour leur permettre de réaliser leurs désirs personnels. On passe ensuite à la condamnation de la violence de l'Etat, de son arbitraire, de sa répression aveugle, et l'on transforme le tout en une lutte légitime des prolétaires (que l'on ne nomme pas) contre les bourgeois (assimilés à l'Etat). Moi j'aurais aimé que l'on projette aussi, par esprit de justice, un film sur le monde paysan ; les suicides de désespoir y sont dix fois plus nombreux que dans la population générale. Ou encore que l'on nous montre la lutte des artisans et des petits entrepreneurs pour leur survie en cette période de crise. Mais ils ne sont pas salariés, et ne doivent qu'à leur travail la possibilité de vivre. Il n'entre pas dans la catégorie des exploités. Un fonctionnaire pourtant aura toujours sa retraite ; un paysan ou un artisan, ou un entrepreneur, qui y contribuent par leurs impôts, ne sont pas assurés de toucher la leur. Un tel programme dans une institution financée par nos impôts me dégoûte.
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Mais poursuivons la lecture du programme. On est tout à fait intéressé de voir comment des seaux de pompiers sont mis à contribution pour interférer avec des ondes ultrasonores. Le cite : En même temps que [Lucinda Childs] balance les seaux à l'intérieur des faisceaux des ultrasons, les signaux réfléchis des seaux sont mixés au signal original de 70 khz, et la fréquence résultante du son, tombe dans la gamme audible. Ces sons sont transmis aux douze hauts-parleurs situés autour de l'Armory. La chose est filmée, mais je suppose que l'on veut faire aussi de la musique aléatoire.
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Il se peut que l'artiste ait une intention artistique. Mais celle-ci me paraît tellement alambiquée, elle est si peu accessible au commun des mortels, elle est tellement artificielle, qu'elle perd ce qui est un élément constitutif de l'oeuvre d'art : la volonté de transmettre une émotion, certes, mais dans un contexte de simplicité et d'intelligibilité. S'il faut sortir d'une grande école d'acoustique pour comprendre ce travail, alors ce n'est plus de l'art, c'est de l'ingénierie.
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Je ne puis que rappeler ce que Marcel De CORTE dit dans un ouvrage que j'ai déjà évoqué dans d'anciens billets, L'intelligence en péril de mort :
"Avec ses faux airs sublimes, son pharisaïsme, sa béate élévation de pensée et de coeur, sa tartuferie dont la profondeur est telle qu'elle s'ignore elle-même, l'idéalisme dont meurt l'intelligence moderne est sans doute le plus grand péché de l'esprit.
Sa gravité est d'autant plus nocive qu'elle est contagieuse. On n'a pas assez remarqué que l'idéalisme - et ses suites - s'apprend, tandis que le réalisme et sa réceptivité active à toutes les voix du réel ne s'apprend pas. L'idéalisme s'apprend parce qu'il est un mécanisme d'idées fabriquées par l'esprit et qu'il est toujours possible d'enseigner tel un art manufacturier, un recueil de procédés et de recettes. L'idéalisme est une technique qui vise à emprisonner la réalité dans des formes préconçues, et le propre de toute technique est d'être communicable."
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C'est pourquoi l'Ecole des Beaux Arts a formé tant de rapins et si peu de génies... Réfléchissez, je vous en prie, au texte de De CORTE, et voyez comment il s'ajuste comme un gant au programme culturel de cette prestigieuse institution.
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jeudi 4 mars 2010

Quand l'avenir devient présent

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Les élections régionales approchent à grands pas, et l'opposition place de grands espoirs en elles. Il semble bien que ses espoirs ne seront pas déçus. Néanmoins, je me permets de rappeler à ses chefs, comme du reste à ceux de la majorité, ce constat que j'emprunte à ma chère Simone WEIL, pour qui je nourris une grande vénération :
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"Quand on est déçu par un plaisir qu'on attendait et qui vient, la cause de la déception, c'est qu'on attendait de l'avenir. Et une fois qu'il est là, c'est du présent. Il faudrait que l'avenir fût là sans cesser d'être l'avenir. Absurdité dont seule l'éternité guérit." (La pesanteur et la grâce. Librairie Plon, Les petits fils de Plon et Nourrit, Imprimeurs-Editeurs, Paris, 1948. Page 23, §2.)
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Voilà de quoi réfléchir à la fois à l'importance et à la vanité de toute action politique. Bien que sur ce point, celui du temps, je ne partage pas entièrement les vues de Simone WEIL - pour elle, il est nécessaire de s'en abstraire pour rencontrer Dieu - je crois que les hommes politiques d'où qu'ils viennent et quels qu'ils soient, élaborent un programme qui n'est jamais qu'une accumulation et de projets et de promesses, sans réaliser qu'ils ne sont pas maîtres du futur, et que quand le futur devient présent, il correspond rarement à l'idée qu'ils s'en faisaient. C'est pourquoi à cette remarque de notre philosophe, j'en ajouterai une autre :
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"L'imagination combleuse de vides est essentiellement menteuse. Elle exclut la troisième dimension, car ce sont seulement les objets réels qui sont dans les trois dimensions. Elle exclut les rapports multiples."
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Alors là, je partage entièrement cette analyse. Et c'est le reproche que je fais à tous les hommes politiques. Ils critiquent ou ils proposent, mais oublient très souvent les rapports multiples. Pour ne les point négliger, il faut avoir une vue précise de ce qu'est l'homme, l'exposer, et la développer par une action continue, inscrite et dans le présent et dans la durée. Or par définition, une société laïciste s'interdit de poser dans l'espace politique et public la question du sens, et le renvoie dans l'espace privé. Il ne faut pas s'étonner alors de voir tant de comportements individualistes. Et qu'on ne me parle pas de projets collectifs. Ils tombent sous le coup de la première critique de Simone WEIL sur l'avenir qui devient présent. Il y faut plus de souffle, plus d'esprit et plus de transcendance, que le simple exposé de résultats techniques, souvent chiffrés, mais dépourvus de sens ou de valeurs.
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mercredi 3 mars 2010

Qu'est-ce que la naïveté ?

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Je me permets de revenir aujourd'hui sur la naïveté dont certains de mes lecteurs ont bien voulu me gratifier. Le dictionnaire Robert définit ainsi cette propriété : (1) Dans une acception vieillie, simplicité et franchise naturelle dans l'expression. Dans une acception moderne, (2) simplicité, grâce naturelle empreinte de confiance et de sincérité ; (3) excès de confiance, de crédulité, résultant souvent de l'ignorance, de l'inexpérience ou de l'irréflexion ; marque de cet état d'esprit.
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Je serais le plus heureux des hommes si mes lecteurs définissaient ma prétendue naïveté comme le faisaient les anciens auteurs, ou encore, s'ils voulaient bien trouver à ma plume cette simplicité et cette grâce naturelle empreinte de confiance et de sincérité. Et je vais vous le dire, je me reconnais assez bien dans ces deux vertus. Il me semble en effet qu'il est impossible d'établir de vraies relations entre les hommes sans ce minimum des deux qualités qu'on attribue à la naïveté. Je crois que notre vie politique est empoisonnée par la méfiance, les jugements téméraires, et les procès d'intention que l'opposition fait à la majorité et que la majorité fait à l'opposition. Il me semblerait plus sage et plus efficace de faire aux propos des uns et des autres le crédit de la bonne foi, sans lequel il n'est pas possible d'argumenter sainement, contradictoirement, et de manière constructive. Mais quand il s'agit de prendre le pouvoir, les hommes perdent leurs repères, et divaguent dans les marais des accusations tordues.
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Excès de confiance et de crédulité, ignorance, irréflexion, inexpérience ? On ne fait jamais assez confiance, et même si cette dernière est trahie, la trahison elle-même "accumule des braises ardentes sur la tête" de ceux l'ont abusée (le verbe est utilisé ici transitivement, et signifie donc violée). Il est difficile de taxer de crédulité un homme qui a passé une grande partie de sa vie professionnelle à établir des faits, à exercer sur eux son esprit critique, dans l'exercice de son métier de chercheur. Et franchement, je ne crois pas avoir fait preuve d'irréflexion dans la production de mes billets. Il reste donc, et je l'admets volontiers, que je fais sans doute preuve d'un excès d'optimisme. Mais il me semble qu'il n'est pas possible de désespérer de l'homme, qui toujours passe infiniment l'homme. C'est pourquoi, au moment où commence la campagne pour les élections régionales, il me paraît plus que jamais nécessaire de prendre au pied de la lettre les programme des candidats ; au moment opportun, il sera toujours possible de leur faire savoir qu'ils ont menti. La chose est impossible si on ne les prend pas au sérieux, car il n'y a plus de repère dans la tête de celui qui critique.
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Il s'agit là tout simplement de l'application pratique des règles de la communication moralement fondée, telles que les a définines HABERMAS. Et ce que certains lecteurs appellent ma naïveté n'est que la mise en pratique de ces règles.