jeudi 26 août 2010

Ah ! J'oubliais

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J'ai oublié, dans mon précédent billet, de signaler à mon aimable, si pertinent et si gracieux contradicteur, que le dernier magazine que j'ai lu est Le Nouvel Observateur, numéro 02228 - fort bien fait - et que l'une de mes dernières lectures est celle des oeuvres choisies de JAURES. On voit par là que je ne puise pas forcément mes remarques et idées dans les follicules du FN, mais que je m'efforce d'ouvrir mon esprit à des idées ou des oeuvres que l'on pourrait qualifier (bêtement) de gauche et qui ne sont point toutes inintéressantes !
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J'ai également oublié de signaler que je m'absente quelques jours. Je reprendrai mes billets vers le 3 septembre.
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Rectification des noms (bis)

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J'invite mes lecteurs occasionnels à prendre connaissance du commentaire qu'un contradicteur a fait de mon billet intitulé "rectification des noms". Je vais répondre d'une manière générale à ces remarques qui ressemblent beaucoup à des injures et très peu à des arguments. Qu'on me comprenne bien : ce n'est pas une tentative de justification, mais une analyse de la manière dont fonctionnent les esprits tout entier pris dans l'idéologie. Et vous allez voir aussi que ce contradicteur a bien besoin de "rectifier les noms" pour son propre compte. Comme il m'a fait l'honneur de déclarer qu'il était inutile de lui répondre et que de toute façon il ne me lirait plus, ce n'est pas à lui que je m'adresse, mais à tous ceux qui désirent penser et penser en rectitude et avec probité (je n'aurais pas la cruauté de commenter le patronyme de mon contradicteur, tant il me semble ne pas y correspondre ; mais il a eu le courage de se nommer, et je l'en félicite.)
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Premièrement, je n'ai jamais dit que j'avais été à La COURNEUVE. Je n'ai jamais eu l'occasion de m'y rendre. J'ai simplement dit que je voyais très régulièrement un ami qui y était né, y avait vécu, et avait eu une vie, disons "agitée", avant de changer radicalement. Je dis, prétends et maintiens que ce témoignage vaut bien celui de tous les hommes politiques qui regardent dans leur tête avant de regarder le monde. Et je leur suggérais de se rendre à La COURNEUVE. Mon contradicteur n'indique pas y avoir été.
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Deuxièmement, je n'ai jamais prétendu être cultivé. Mais je m'efforce de lire un maximum d'ouvrage et d'aller aux sources. Je m'efforce de les citer. Bref, j'en sais autant que tout le monde, mais peut-être en ignorè-je plus. Et tant pis si je cite encore mon cher CONFUCIUS : "Pour ce qui est de la culture, je ne pense pas être plus médiocre qu'un autre ; pour ce qui est d'agir en homme de bien, j'en suis encore loin" (Lunyu, VII, 32).
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Troisièmement, il est intéressant de noter que mon contradicteur appelle "populiste" des opinions qui naissent dans cette partie du peuple qui ne pense pas comme lui. Il serait tout près d'appeler "populaire", l'opinion de cette autre partie qui l'approuve. C'est cela très exactement le dérèglement des noms. Mais on voit percer le bout de son oreille. Il affirme que le but du politique est l'harmonie sociale - c'est très exactement ce que prône l'actuel pouvoir communiste en Chine : la société d'harmonie. Or si cette fin est souhaitable, elle est irréalisable. Et le but du politique est justement de trouver les voies et moyens de régler dans l'espace public les conflits d'intérêts, sans susciter la violence. Je renvois mon contradicteur au très bon livre de mon fils adoptif : La Société Intégrale (Cédric LAGANDRE). Il y est démontré que tous les pouvoirs totalitaires, sans exception, prétendaient introduire l'harmonie dans la société qu'ils contrôlaient. C'est du reste le point faible, faiblissime même de l'actuelle majorité, que de penser que l'harmonie sociale est réalisable "comme ça", à coup de lois, de décrets, de règlements. Il y faut bien autre chose.
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On voit dans quelle estime mon contradicteur tient les ouvriers, les fonctionnaires, les retraités qui, dans leur quartier, fréquentent les bistrots pour y siroter, qui un blanc cassis, qui un express, et, le cas échéant faire une partie de cartes. Les propos qu'ils tiennent dans ces lieux conviviaux sont donc des propos de bistrot. Mais, quoi qu'en pense mon contradicteur, ils y sont tenus, et à ce titre, méritent d'être pris en compte tout autant que les savantes et fumeuses analystes des penseurs du socialisme ou du libéralisme.
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Enfin je n'ai jamais prétendu que les moyens utilisés actuellement pour contenir la violence et combattre les trafics dans les banlieues sont adaptés au but qu'ils sont censés servir. C'est un autre débat. Et il y a sans doute bien des solutions alternatives à celles des contrôles d'identité plus ou moins arbitraires qui tombent sur des gens paisibles tandis que les grossiums de la drogue et du recel se la coulent douce, sans être le moins du monde inquiétés. Je repose donc la question : le rôle de l'Etat est-il, oui ou non, d'assurer aux citoyens la sécurité de leurs biens et de leurs personnes ? On peut discuter des moyens, j'en conviens, mais je doute que l'on puisse nier la légitimité de la fin.
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mardi 24 août 2010

Rectification des noms

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Le premier devoir d'un État est d'assurer aux citoyens la sécurité de leur personne et de leurs biens. A cette fin, il dispose de plusieurs moyens, et notamment : (a) la loi (qu'il ne faut pas confondre avec la réglementation, laquelle est souvent tatillonne et tyrannique) ; (b) la police ; (c) la justice. Comme la si bien dit René GIRARD, le rôle de la loi est d'empêcher le déferlement de la violence dans les communautés humaines.
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Nous sommes en train de nous faire piéger par les mots, et l'un des plus mensongers est celui de "sécuritaire". Il fait se dresser les cheveux sur la tête de nombre des bien pensants et des politiquement corrects. Et pourtant, ainsi que je viens de le dire, nous vivons dans un univers encadré par des dispositifs qui n'ont d'autres buts que d'assurer cette sécurité : les feux rouges, les barrière de sécurité, les mesures destinés à lutter contre l'alcoolisme ou le tabagisme, les réglementations (voir mon premier paragraphe) qui hélas s'appuient trop souvent sur le principe dit de précaution, la vidéosurveillance.
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Il apparaît à "l'opinion publique" (pour dire vrai, aux médias) que les mesures de sécurité, rangées dans la catégorie de la politique "sécuritaire", sont liberticides. Toutes ces belles âmes, bien entendu, n'ont jamais mis les pieds à La Courneuve, vers 21 heures. Il se trouve que je compte dans les personnes pour qui je nourris une grande affection un homme qui est né et a vécu à La Courneuve, a braqué une banque, a trafiqué de la drogue, a fait de la prison, et, prenant la mesure de ses erreurs, a fait retour sur lui-même. Il m'a donné son témoignage. Ce que racontent les journaux écrits, radiodiffusés ou télévisées sont bien en deçà de la vérité, me dit-il : violences, viols, vols, défonces, dégradations dus à quelques bandes, sont le lot quotidien des habitants de ces quartiers qui n'en peuvent plus. Les pouvoirs publics le savent. Ils sont impuissants, faute de prendre les moyens qui ne pourraient être que musclés.
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Cela, c'est la réalité. Je maintiens que le devoir de l'État est d'assurer aux citoyens paisibles la sécurité. C'est là un de leurs biens naturels inaliénables. Et plutôt que de pérorer en tailleur Chanel à la Fête de la Rose, ou de tracer des plans sur la comète en dînant chez Edgar et en pleurant sur les idéaux trahis de la République, monsieur de VILLEPIN, madame ROYAL, madame AUBRY, feraient bien de se renseigner sur le tas. J'y ajoute monsieur HORTEFEUX qui pourrait prendre une mesure plus juste de la détresse de ces quartiers abandonnés, en s'y rendant plus souvent et sans grand apparat.
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Il y a un abîme d'abîme entre ce que disent les journaux et ce que pense le peuple. Et il y aura des retours de bâtons que nous ne pouvons même pas envisager, tant le décalage est grand entre les grandes envolées lyriques des ténors politiques et la réalité quotidienne de tant de Français. Que la politique s'inspire de nobles idéaux, je trouve que c'est juste ; qu'elle les transforme en idéologie, c'est dramatique. Elle doit aussi s'intéresser au réel. La vérité pratique, celle qui doit inspirer les décisions des responsables est sans aucun tendue entre le souhaitable sur le plan des principes et le possible sur le plan de l'action.
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Disqualifier toutes les mesures de sécurité, qu'elles soient préventives ou répressives, en les assimilant à "une politique sécuritaire" est une imposture. Mais notre siècle a l'habitude de trahir les mots : un pauvre est appelé un "économiquement faible", un sourd, un "malendant", un aveugle "un malvoyant", un paralysé ou un handicapé physique, "une personne à mobilité réduite", et j'en passe.
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Alors je vais, pour terminer, vous citer CONFUCIUS, mon cher CONFUCIUS : "Si les mots ne sont pas corrects, les discours ne sont pas conformes à la réalité. Si les discours ne sont pas conformes à la réalité, les affaires ne peuvent pas être menées à bien. Si les affaires ne peuvent être menées à bien, les rites et la musique [note du transcripteur : comprenons ici : les formes de politesse et les sains loisirs] ne se peuvent épanouir. Si les rites et la musique ne se peuvent épanouir, [et, selon moi, voilà la pointe de la citation], les peines et les châtiments ne connaissent pas le milieu juste. Alors le peuple ne sait plus quoi faire. L'homme de qualité doit pouvoir énoncer clairement ce qu'il conçoit, et agir en accord avec ses paroles." (Entretiens [Lunyu en chinois], XIII, 3]. C'est ce qu'il appelle la "rectification des noms".
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A bon entendeur, salut !

dimanche 22 août 2010

Ségolène n'est pas dentellière

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On le savait depuis longtemps. Mais elle confirme son inaptitude totale à faire de la dentelle. Ni au Puy, ni à Alençon, ni à Calais, elle n'aurait la moindre chance de s'exercer à cet art si délicat qui fit la réputation de la France, du temps où elle s'intéressait à ses racines et à ses artisans.
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Or donc, je cite, d'après Ségolène, Monsieur SARKOZY est un nul et "sème la pagaille". Il faut dire que Ségolène, par son agitation verbale, n'est pas pour peu dans l'organisation du désordre. Mais elle manque quelque peu de culture. Déjà, en Chine, avec l'invention ridicule de la "bravitude", et la grave offense qu'elle fit aux convenances et aux rites, en se promenant en tailleur-pantalon blanc (couleur du deuil dans l'Empire du milieu) sur la Grande Muraille, elle montrait qu'elle ne se prenait pas pour son logarithme. Mais sa valeur réelle est très inférieure au millième du logarithme prétendu. Alors puisqu'elle aime la Chine (dit-elle), je vais lui résumer l'anecdote que relate HAN FEI ZI, dans l'ouvrage qui porte son le nom, le Han Fei zi, chapitre XXXII.
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Or donc, ZICHAN fut appelé, dit l'ouvrage, par les Ducs JIAN puis DING de ZHENG, comme Premier Ministre. A peine promu par le Duc JIAN, ZICHAN entreprit de nombreuses réformes dont l'ampleur et la rudesse le rendirent fort impopulaire. Des couplets satiriques commencèrent à circuler sur ce personnage qui croyait pouvoir tout réformer. Il fallut attendre trois ans pour voir fleurir les fruits de ces initiatives. Et après avoir servi le Duc JIAN pendant 5 ans, non seulement plus personne n'eut songé à persifler et à moquer le Premier Ministre, mais et je cite le Han Fei zi : "Les voleurs avaient disparu ; on ne ramassait pas les objets oubliés sur les routes ; on ne cherchait pas à cueillir les fruits des pêchers et des jujubiers dont les branches dépassaient les clôtures ; on pouvait retrouver trois jours plus tard un couteau ou un poinçon abandonné sur le bord du chemin. Même au bout de trois années consécutives de calamités naturelles, le peuple n'aurait pas été menacé par la disette." (Traduction de J. LEVI.)
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Le Président de la République, lui, a dû prendre connaissance de ce texte. Dans l'entretien qu'il a accordé à la chaîne de télévision américaine CBS, le 12 avril (ça ne date pas d'aujourd'hui donc), il dit ceci : "Quand il y a crise, il y a du mécontentement, parce qu'il y a de la souffrance. Mais nous avons été élu pour faire les réformes nécessaires, pour sortir notre pays de la crise. Dans le métier de chef de l'Etat, vous avez à faire des choses qui sont justes sans être populaires. Tout ne se réduit pas à la popularité ou à l'impopularité. Le devoir du chef de l'Etat, c'est de prendre des décisions qui ne sont pas populaires mais qui préparent l'avenir."
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Mais Ségolène, à l'image du peuple français, l'un des plus conservateurs du monde, soutient les magistrats qui ne veulent pas de la réforme de la carte judiciaire, les opposants aux réformes des retraites qui ne veulent rien céder sur les "avantages acquis", les chauffeurs de taxi qui ne veulent pas partager le gâteau alors qu'il est de notoriété internationale que ce service, à Paris, est parfaitement indigent, les enseignants qui ne veulent pas que l'on touche à quoi que ce soit dans les programmes (avec parfois, il est vrai des argments recevables) ou dans les postes (30.000 enseignants sans élèves en France, tout de même), les syndicats qui sont opposés au service minimum, les contrôleurs aériens (6.656 euros de salaire mensuel net, 155 jours de travail par an, moins d'un jour sur deux par conséquent) qui ne veulent pas que l'on rationnalise la gestion des vols, etc., etc. Bien entendu, on sait ce que coûte cette gabegie, Ségolène le sait. Mais elle n'a qu'une idée en tête : critiquer, mentir à l'occasion, injurier, bref dire n'importe quoi, pour qu'on parle d'elle. En voilà une deuxième dont je souhaite ardemment qu'elle ne parvienne jamais à la magistrature suprême. Je la vois assez bien à la tête du service chargé de faire raccompagner chez les elle les policiers du beau sexe par un mâle collègue... C'était là une promesse de campagne. Elle disait bravitude. J'ose lui suggérer un deuxième néologisme qui caractérise à la perfection sa principale qualité : ridiculitude. Il est temps qu'elle fasse des contre-propositions de façon qu'on puisse en examiner la pertinence.
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Amen.

vendredi 20 août 2010

Il y a plus d'un siècle, une iranienne courageuse

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Il s'en est fallu de peu pour que l'Iran ne renie l'islam pour une religion nouvelle, le bâbysme. L'histoire de ce mouvement, persécuté et finalement anéanti par le régime des mollahs (qui faisaient déjà la loi), est remarquablement racontée par Arthur de GOBINEAU, dans son essai sur Les religions et les philosophies dans l'Asie centrale. La chose vaut la peine d'être résumée, car elle préfigure la résistance que certaines femmes iraniennes opposent au tyrannique régime qui terrorise de si nombreux iraniens.
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Donc, vers 1843, il y avait à CHIRAZ une jeune homme de 19 ans environ, MIRZA-ALY-MOHAMMED, qui deviendra plus tard le Bâb. Très doué, très pieux, "il se [jette] avec passion dans la poursuite et l'examen des nouveautés. Tout porte à croire que son esprit était dès le début ouvert et hardi. Il lut certainement les évangiles dans les traductions des missionnaires protestants, il conféra souvent avec les juifs de CHIRAZ, rechercha la connaissance des doctrines guèbres, et s'occupa avec une prédilection marquée de ces livres singuliers, un peu suspects, fort honorés, redoutés même, qui traitent des sciences occultes et de la théorie philosophique des nombres" dit GOBINEAU de celui qui va fonder une nouvelle religion. Son succès est foudroyant. Il entraîne dans son sillage, au Sud, au Nord, à l'Ouest de la Perse, d'innombrables fidèles, des mollahs notamment. Il combat singulièrement l'Islam, et dans nombre de villes, des religieux chiites se convertissent au Bâbysme car MIRZA-ALY-MOHAMMED affirme qu'il est le Bâb, la Porte "par laquelle seule on pouvait parvenir à la connaissance de Dieu". Les mollahs, on le conçoit aisément, ne furent point trop heureux du succès que rencontrait le jeune homme.
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Parmi ses fidèles, il y eut une femme ardente, ZERRYN-TADJ ("la Couronne d'Or"), surnommée GOURRET-OUL-AIN ("la Consolation des Yeux"). D'une intelligence hors pair, d'un courage qui force encore aujourd'hui notre admiration, la jeune femme embrasse la cause du Bâb. Bâbystes comme Musulmans s'accordaient sur la beauté de cette prophétesse. Elle professa en public la foi du Bâb, avec qui elle était entré en correspondance. "Elle s'éleva en public contre la polygamie, contre le port du voile, et se montra à visage découvert sur les places publiques, au grand scandale des siens et de tous les musulmans sincères, mais aux applaudissements des personnes déjà nombreuses qui partageaient son enthousiasme et dont ses prédications publiques augmentèrent beaucoup le cercle" ajoute GOBINEAU.
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Le papa de la jeune femme, HADJY MOULLA SALEH, était un jurisconsulte musulman réputé. Il appartenait à une famille sacerdotale. On imagine sa stupéfaction. Sans compter celle du mari de notre jeune femme, lui aussi homme très instruit. Rien n'y fit. La Consolation des yeux poursuivit son apostolat. Le Bâbysme finit par être écrasé dans le sang.
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Si je vous raconte l'histoire de cette femme dont personne ne mettait en cause la vertu du temps de GOBINEAU, musulmans inclus, c'est pour vous indiquer que la femme iranienne est fière, libre, et courageuse, et que la Consolation des Yeux a engendré par son seul exemple des milliers de soeurs qui agissent dans l'ombre ou à visage découvert pour libérer les iraniens, les femmes en particulier - on l'a vu récemment avec la condamnation à mort par lapidation d'une femme réputée adultère - et que le flambeau depuis ne s'est jamais éteint. Allez, faites connaître cette histoire pour redonner du courage à nos amis iraniens qui ploient la nuque sous un régime obscurantiste, tyrannique et sanglant. L'Iran est un très grand pays, un pays aimable, un pays frère.
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jeudi 19 août 2010

Science et religion enfin réconciliée

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Je viens de recevoir un extrait du très intéressant mensuel dirigé par Frédéric LENOIR, Le Monde des Religions. Il s'agit d'un exemplaire destiné à promouvoir les abonnements à la revue. En page 14, figure un article intitulé Une révolution philosophique qui rend compte d'un débat entre André COMTE-SPONVILLE et Jean STAUNE. On ne présente pas le premier des deux, assez bien connu en France. Jean STAUNE est chargé de cours à l'École polytechnique fédérale de LAUSANNE. L'un et l'autre, dans ce dialogue sans concession, font preuve de courtoisie et d'une grande solidité d'argumentation (surtout le second d'ailleurs), laquelle, pour le premier n'est pas toujours entièrement philosophique.
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Pour Jean STAUNE, les progrès fulgurants des sciences de la vie, des sciences de la matière, des sciences de l'univers et des sciences cognitives, introduisent une véritable révolution copernicienne dans les rapports entre la science et la religion. Il en tire trois conclusions : (a) il est clair que le monde n'est pas ontologiquement suffisant, qu'il ne s'explique pas entièrement par lui-même ; (b) la question de la finalité retrouve un sens dans les sciences fondamentales, et non plus seulement en métaphysique (cette conclusion est tirée de la découverte des réglages très fins qui régissent le cours de l'univers) ; (c) on sait aujourd'hui très bien pourquoi on ne saura jamais certaines choses (nous ne connaîtrons jamais la position et la vitesse d'une particule physique au même moment ; ce sera soit l'une soit l'autre, jamais les deux à la fois : c'est une impossibilité). Personnellement, j'ajouterai une autre considération : le comportements des particules atomiques et subatomiques est parfaitement aléatoire, et les phénomènes que nous observons dans la nature ne sont jamais que dans l'état de leur plus haute probabilité. Je m'explique. Nous chauffons de l'eau et nous observons qu'elle bout à 100° C. Nous pouvons recommencer des milliards de fois l'opération et nous observerons le même comportement apparent. Mais il est théoriquement possible que l'eau se mette à geler quand on la chauffe. Il suffit pour cela qu'elle prenne un état hautement improbable, par exemple que tous les atomes qui la composent et avec eux les particules subatomiques cessent de se mouvoir tous en même temps. Cela nous paraît impossible parce que très hautement improbable, mais la probabilité n'est pas nulle. Si tel est le cas, alors certains miracles s'expliquent et ils sont signes. Ils réalisent seulement un état très hautement improbable de la matière dans lequel on peut voir l'intervention divine sans violation des lois de la nature. Ce point de vue est connu mais assez peu expliqué.
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André COMTE-SPONVILLE constate avec beaucoup de probité que le scientisme est mort. Il admet que la science ne peut tout expliquer et qu'elle ne peut tenir lieu de métaphysique. Il n'en résulte pas, cependant, que le mouvements des sciences aille vers la religion. Il observe (argument très faible) que le nombre de scientifiques croyants diminue à la même vitesse que celui des croyants en général. Mais ce n'est pas argument philosophique. Ces savants peuvent se tromper, et il en est, au contraire, surtout chez les physiciens, qui découvrent la justesse des questions religieuses et retournent à la foi. COMTE-SPONVILLE, du reste, indique que nombre de savants ont trop conscience des limites de la science pour en faire un absolu, et que celle-ci ne peut être invoquée ni en faveur de l'existence de Dieu, ni en sa défaveur ; elles ne se prononcent pas sur la question de Dieu. Pour moi, ce n'est pas argument philosophique ; c'est un constat qui ne répond pas à la question évoquée par STAUNE : la science ouvre-t-elle de nouveau, par ses découvertes, la question de Dieu ? COMTE-SPONVILLE remarque aussi que, depuis LEIBNIZ, on sait que le monde n'est pas ontologiquement suffisant. Il demeure impossible de répondre à la question : "Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ?" L'être est un mystère, on ne peut pas expliquer l'être, puisque toute explication le suppose. Là encore, je trouve la réponse assez faible. COMTE-SPONVILLE accepte l'idée de l'être, il en a l'intuition. Alors pourquoi ne pas aller plus loin, comme l'ont fait les philosophes spéculatifs du Moyen-Âge ? Certains, dit-il, donne le nom de Dieu à ce mystère. Lui préfère ne pas le nommer. J'aime cette position ouverte. Je ne discuterai pas ses arguments sur le sens téléologique (le monde a une fin et cette fin a un sens et un nom) ou téléonomique (le monde a bien une fin, mais n'est fin n'est que direction ; elle est dépourvue de signification ; entendons qu'à la découvrir, nous ne pouvons trouver de réponse aux questions que nous nous posons sur le sens [direction et signification] de la vie). La science, par conséquent, est incapable de répondre à la question du sens, même - et je trouve cette conclusion très honnête -si elle la laisse ouverte. Elle démolit définitivement l'arrogante prétention du scientisme, et si elle risque de conduire au scepticisme, elle peut aussi, plus positivement, conduire au bord de la foi. C'est à ce point que, selon moi, il nous faut interroger l'histoire. Notre philosophe conclut un peu abruptement : "Vous avez le droit de croire en Dieu, mais pas d'enrôler les sciences dans votre chapelle..." Je ne crois pas que STAUNE ait voulu dire cela. Et il me semble que croire à l'existence de Dieu, comme affirmer son inexistence relève de la croyance. Mais il est plus difficile de prouver une inexistence qu'une existence !
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En tout cas, voilà deux très beaux esprits qui nous permettent de réfléchir, et de poursuivre notre quête. Merci à eux.
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mercredi 18 août 2010

Dommage qu'on ne l'ait pas écouté

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Je relis rapidement quelques discours de JAURES à la Chambre des Députés. J'ai déjà dit combien je trouvais l'homme intègre, quand bien même, à l'étudier de plus près, il me paraît être tout entier la proie de l'idéologie. Il y a en lui un mélange d'internationalisme prolétarien et de patriotisme populaire dont on se demande comment ils peuvent cohabiter. Mais ils l'on fait.
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Or donc, le 2 décembre 1888, on peut lire dans le Journal Officiel la totalité d'un discours du tribun, prononcé à l'occasion d'un débat sur l'école communale. Il y expose sa doctrine sur ce que doit être cette école. Après avoir constaté que l'école ne continue pas la vie de famille mais qu'elle prépare et inaugure la vie des sociétés, ce qui est une évidence que bien des pédagogues devraient se remettre en mémoire, JAURES poursuit :
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"Est-ce à dire que les familles, qui sont, après tout, cette partie de la société qui a l'intérêt le plus direct dans l'éducation des enfants, ne doivent pas être entendues ? Est-ce à dire qu'il n'est pas utile, même au point de vue social, de tourner au profit de tous leur sollicitude passionnée pour quelques uns ? Oui, à condition que dans ce métier d'éducateur, où la tendresse ne suffit pas, elles fassent leur apprentissage et leurs preuves. Or, à l'avenir les programmes seront discutés bien loin des familles, tout contrôle leur échappera, et même jusqu'à la pensée d'en exercer un. Le peuple sera obligé de subir passivement pour ses fils un enseignement qu'il n'aura pas préparé, comme la bourgeoisie a subi depuis un siècle un enseignement qui avait été réglé sans elle. Laissez, au contraire, à quelques municipalités la gestion de quelques écoles indépendantes, et les municipalités mettront tous les jours les familles en face des problèmes d'éducation."
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Et, un peuplus tard, ceci : "Je développe simplement cette pensée, que le jour où les programmes seraient contrôlés par l'expérience même des enfants du peuple, que le jour où les travailleurs pourraient dire ce qui les a le plus soutenus dans les combats de la vie, ce jour-là, nous aurions des programmes mieux adaptés aux exigences, aux nécessités de la vie quotidienne."
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Moyennant quoi, les programmes scolaires continuent d'être concoctés par des Trissotin de la pédagogie dans les bureaux du Ministère (ah ! le "référentiel bondissant" qui désigne le ballon dans les sports collectifs décrits par les circulaires techniques !) ; on oblige des jeunes gens et des jeunes filles à aller à l'école jusqu'à 16 ans, alors qu'ils réclament tout autre chose pour leur vie mais savent à peine lire, ce qui est désastreux, et que les familles se tournent de plus en plus vers l'enseignement privé, plus libre dans ses méthodes, et mieux disposé à écouter les parents. JAURES retirera l'amendement qui tendait à laisser beaucoup d'indépendance et de liberté pédagogique aux Ecoles communales, et il aura ces mots tristes : "C'est avec confiance que je remets [au Ministre de l'Instruction publique] le soin de corriger l'excès de la centralisation scolaire."
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Une chanson, une jolie chanson, dit dans son refrain : "Pourquoi ont-ils tué Jaurès ?". J'aurais envie d'ajouter : "Pourquoi ne l'ont-ils pas écouté ?".

mardi 17 août 2010

De tout un peu

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L'actualité me suggère quelques réflexions qui portent sur des sujets très divers. Je vais vous les livrer en vrac.
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Il se trouve que l'une de mes soeurs, mariée à un roumain et parlant couramment la langue roumaine a pu me donner quelques renseignements sur les communautés roms. En vérité, elles-mêmes se donnent le nom de Rroms (deux r, le premier majuscule). Ce sont des tziganes. On en retrouve aussi en Bulgarie et en Hongrie. J'ignore si elles s'y donnent aussi ce nom . Ma soeur, qui avait eu le plus grand mal à faire sortir son mari de Roumanie, du temps de CEAUCESCU, me disait son étonnement de constater à l'époque la présence d'un grand nombre de Rroms dans les gares, notamment la gare Saint-Lazare, alors qu'il lui avait fallu des mois pour arracher l'accord du régime impitoyable du "génie des Carpathes" et que son époux puisse la rejoindre à PARIS. Ces fils de l'air lui semblaient avoir un génie tout particulier pour franchir les frontières, toutes les frontières, qui, à leurs yeux, n'existaient pas, n'avaient aucune raison d'exister. Selon elle, ces communautés sont parfaitement inassimilables, tant elles sont enracinées dans le nomadisme. Il me semble que l'opinion est exagérée, car trop générale. Néanmoins, je crois qu'il ne faut pas trop s'illusionner sur l'efficacité de l'expulsion. Ma soeur m'a confirmé l'existence des belles villas qu'elle a vues de ses yeux dans certains quartiers de BUCAREST.
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Nous pouvons être fiers de nos athlètes et de nos nageurs. Eux, au moins, à la différence des joueurs de foot-ball, stipendiés et pourris par l'argent, ils n'ont pas honte de s'envelopper dans le drapeau tricolore après la victoire, et de chanter la Marseillaise quand en retentit la musique. Un bémol, une anicroche toutefois. Pourquoi faut-il que l'un des membres de la famille de Myriam SOUMARE, venue accueillir l'héroïne à l'aéroport - c'était une femme drapée dans un superbe boubou -, eût brandi le drapeau mauritanien (croissant d'or, à l'horizontale surmonté d'une étoile d'or sur fond vert) ? Se rend-elle compte qu'elle offense le d'accueil qu'a choisi Myriam comme nouvelle patrie ? Myriam SOUMARE, notre championne, est française. Elle a porté bien haut notre drapeau. Point. Et point de drapeau mauritanien pour célébrer cette victoire française.
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Avec l'élégance habituelle qui caractérise ses propos, monsieur Daniel COHN-BENDIT prétend, je cite, que "Nicolas SARKOZY prend les Français pour des cons" (sic). J'ai cherché vainement pourquoi dans son "argumentation". Il me semble moi que le plus c... de tous est celui qui tient ses propos. Monsieur de TALLEYRAND-PERIGORD disait : "Tout ce qui est excessif est nul". Et dans la bouche de Dany, ce qui est nul car excessif est en vérité nullissime. C'est dommage pour un homme qui semble avoir une certaine intelligence. Mais un de mes collègues mathématiciens de STRASBOURG me disait, "il n'y a aucune corrélation entre l'intelligence et la connerie" (que l'on me pardonne cette citation intégrale). Dans le cas qui nous préoccupe, c'est bien vrai.
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Un journal titre (je crois bien que c'est Marianne) : "Sécurité : 70 % des Français lâchent SARKOZY". Il faut décoder ce titre porteur de mensonge. En voici l'historique : il y a deux semaines, Le Figaro publie un sondage montrant qu'une très grande majorité de Français (de 80 % à 55 % selon les questions, la première ayant trait à la déchéance de la nationalité pesant sur les délinquants d'origine étrangère étant justement approuvée à 80 %, la dernière, relative, pour autant qu'il m'en souvienne, à l'interruption du paiement des allocations familiales aux parents de mineurs délinquants, l'étant à 55 % seulement) approuve le discours de GRENOBLE et les mesures annoncées. Peu de temps après, un autre sondage nous apprend - pour faire contrepoids au premier ? - que 60 % des Français jugent la politique sécuritaire du Président inefficace. N'importe quel esprit droit comprend ce que ce sondage signifie. Si ces mesures sont inefficaces, c'est que la sécurité n'est pas assurée, et qu'il est nécessaire de trouver d'autres solutions ; on peut inférer que la majorité des Français aimerait des mesures plus drastiques et non pas le contraire. Il faut cependant admettre que dans les 60 %, il y a des citoyens qui sont hostiles à toutes mesures bridant les "libertés individuelles", dont certains sensibles aux questions de sécurité qu'ils traiteraient par la prévention et non par la répression. Plutôt que de mettre des affichettes vengeresses dans les lieux publics soumis à vidéo-surveillance : "Souriez. Vous êtes filmés", il serait préférable de mettre : "Souriez. Vous êtes agressés." Non ?
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Voilà les quelques réflexions qui me viennent à l'esprit en ce jour gris. Je désirais vous en faire part.
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lundi 16 août 2010

Qu'est-ce que la pitié ?

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Je dois l'avouer. L'expression de dégoût pour les sentiments de pitié que je suis censé avoir éprouvés pour certaines des communautés roms et qu'a exprimé à mon endroit le lecteur surnommé Christophe, m'a profondément choqué, voire ébranlé. Je me suis demandé ce quelle voulais dire.
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Première hypothèse. Christophe n'a aucune pitié pour des gens qui s'incrustent, s'installent sans droit et profitent des largesses de notre patrie. Et il trouve par conséquent que je défends l'indéfendable. Pourtant je l'invite à relire mon billet en lui faisant remarquer (a) que je faisais référence à deux séquences du Journal télévisé de France 3 et de France 2 montrant les scènes d'expulsion hors de campements sauvages de quelques familles ; jusqu'alors elles vivaient dans des conditions épouvantables, sous des bâches en plastique, dans des conditions d'hygiène déplorables et (b) que je me gardais bien de généraliser la situation en signalant l'existence de mafia organisées de mendiants professionnels d'origine rom, qui se font construire de superbes résidences en Roumanie. Ainsi Christophe, dans ce cas, aurait fait preuve d'un esprit de système évident lequel consiste à généraliser et à ignorer les faits et les témoignages pour ne s'en tenir qu'à sa croyance.
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Deuxième hypothèse. La pitié est un sentiment qui révulse Christophe. Il faut donc se demander ce qu'elle représente pour lui. Il est vrai : dans l'esprit de la majorité de nos frères humains, la pitié est un sentiment humiliant pour ceux qui en font l'objet. Elle les placerait dans une situation dégradante de dépendance et de servitude par rapport à celui qui l'éprouve pour eux. Si c'est ainsi que le pense Christophe, et si c'est l'impression que je lui ai donné, alors oui je peux le comprendre. Mais ce n'est pas ainsi qu'il faut, selon moi, comprendre la pitié et ce n'est pas ainsi que j'ai exprimé les choses. Pour que la pitié soit un sentiment acceptable, il lui faut revêtir certaines qualités : (a) la première, essentielle, consiste à ne pas se placer dans une relation de dissymétrie avec ceux qui excitent en nous ce saisissement intérieur ; (b) la seconde exige d'éviter les effets de la sensiblerie lesquels consistent à se projeter soi-même dans la situation de l'être pitoyable ; immanquablement, cette façon de faire conduit à croire qu'il suffit d'éprouver pour régler la question ; (c) la troisième consiste à reconnaître à l'autre la vulnérabilité que nous connaissons pour nous-même, condition de l'acceptation de l'altérité et de la différence ; ce n'est pas nous-même que nous prenons en considération, c'est l'autre qui, comme nous est vulnérable et nous invite à faire pour lui ce que nous voudrions qu'il fasse pour nous si nous étions dans sa situation ; (d) la dernière qualité (mais la liste des qualités n'est pas exhaustive) est que la pitié est active et s'ingénie à trouver des solutions aux difficultés rencontrées par l'autre qui souffre (A cet égard, je signale à Christophe que j'ai proposé des solutions. Les unes ne dépendent pas de moi, les autres oui : je trouverai normal que ma commune équipe des aires de stationnement pour les nomades ou réhabilitent des logements sociaux - hors ghetto - pour ceux d'entre eux qui accepteraient d'être sédentarisés.) En ce sens, la pitié est proche de la compassion. Et il me semble que Christophe n'a su ou pu ou voulu la dire. Tant pis pour lui.
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AVIS A MES LECTEURS : Mon Blog s'intitule POLITIS-PHILIPPE et non point POLITIS. Je ne suis pas responsable du fait que la mention exclusive POLITIS apparaisse en tête de mes billets. Je vais, du reste, demander aux rédacteurs de Politis si cela les gêne.

dimanche 15 août 2010

A un lecteur occasionnel et agressif

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Monsieur qui vous cachez sous le nom de Christophe,

J'ai eu l'occasion de répondre à votre commentaire. Mais je reviens sur votre accusation qui est très grave : Je me rendrais donc coupable d'un délit car j'utilise le titre de Politis associé à mon prénom Philippe pour mon Blog.
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De deux choses l'une : ou bien vous êtes un rédacteur de Politis (tout court) et vous lancez une accusation gratuite sans pouvoir attaquer l'usage que je persiste à considérer légal, et dans ce cas vous vous rendez, vous, coupable d'une diffamation ; ou bien vous êtes un lecteur de cet hebdomadaire et vous enragez (on se demande pourquoi) de voir qu'il pourrait y avoir de la concurrence. Si c'était le cas, j'en serais très honoré. Car cette livraison est de très bonne qualité (pour autant que j'ai pu en juger après avoir constaté que je ne pouvais utiliser le titre "Politis" tout court, car il existait une revue portant ce nom). Je suis moi-même très étonné de voir que le seul titre qui apparaît en haut de chaque billet est Politis. Mais l'adresse est bien Politis-Philippe. Le but de ce Blog est de lutter contre le politiquement correct. Je me demande si finalement ce n'est pas cette mouche-là qui vous a piqué.
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J'ai donc un sentiment de pitié pour les Roms, un sentiment qui vous dégoûte. J'aurais aimé savoir quel est le vôtre sur cette question. Mais hormis un jugement péremptoire et non argumenté, j'ignore ce que vous en pensez. C'est bien dommage. Car il m'est impossible de savoir comment répondre à des mots qui tournent dans le vide et qui peuvent avoir de multiples significations, tant ils sont ambigus.
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Je n'ai pas l'intention de poursuivre cette polémique. Elle est stérile et ne contribue en rien à trouver une solution à la situation tragique dans laquelle vivent certaines communautés roms. Mais peut-être en avez-vous une de solution. Dans ce cas, faites-là connaître, ici même. Pourquoi pas ?
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Avec mes sentiments distingués.

samedi 14 août 2010

De la difficulté d'informer

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Comment ne pas être ému devant la misère de ces roms installés, illégalement, dans des campements de fortune ? Ils vivent dans des conditions indignes ; il est inutile de le nier. Mais les médias, France 3 et France 2 en tête, présentent la situation d'une manière qui m'exaspère. Le but de leur reportage n'est pas de venir en aide à ces pauvres gens. Il est de susciter dans l'esprit des téléspectateurs une réaction de rejet des mesures prises par le Président de la République pour enrayer cette immigration incontrôlée.
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Il y a bien des questions à se poser, en effet. D'abord, il convient de se demander si tous les roms vivent dans une situation de misère ? J'ai vu de mes yeux des campements de gens du voyage venus de Roumanie, qui vivent dans de luxueuses caravanes et possèdent des voitures puissantes (immatriculées en France ou en Allemagne) que ni vous ni moi n'aurions les moyens de nous payer. Tous les roms ne sont donc pas miséreux. Ensuite, il serait intéressant d'interroger les SDF et tous ceux qui font la manche dans les rues de Paris. J'ai, personnellement, rencontré rue du Bac, rue du Four, et à la station Sèvres-Babylone, des personnes qui m'ont dit qu'il était très difficile de s'installer sur le trottoir pour quêter quand le quartier était quadrillé par des roms dont le métier est de vivre de mendicité. Je pense à une certaine Jacqueline qui, ayant reçu d'un généreux donateur un billet de 10 euros s'est vue déloger sans ménagement par un rom qui ne voulait pas la voir empiéter sur son territoire. Jacqueline fait donc la manche, non point assise, mais en déambulant et en interpellant les passants qui lui semblent avoir une bonne tête. Autre question : comme ces pauvres gens ont-ils pu arriver chez nous depuis la Roumanie ? Qui les amène ici ? Des filières clandestines ? Faut-il qu'ils payent pour gagner l'Eldorado ?
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Les médias exhibent avec complaisance des images qui nous ébranlent et suscitent notre pitié ; ils interrogent les responsables des associations qui défendent "les droits de l'homme", interviewent telle femme qui, avec naïveté, indique qu'elle n'a pas envie de retourner en Roumanie, alors qu'elle peut scolariser en France ses enfants et qu'elle bénéficie de Sécurité Sociale, bien qu'elle n'ait pas de travail. Mais je n'ai jamais vu que l'on interroge les habitants sédentaires qui vivent près de ces camps de fortune. Comment vivent-ils cette proximité ? Y a-t-il des incidents ? Je connais une village alsacien dont les habitants, révoltés de voir leur stade de foot-ball encore envahi illégalement par des caravanes, ont bloqué le terrain jusqu'à ce que la police expulse les intrus. Je ne dis pas que c'est bien. Je dis que ça existe et qu'à force de présenter unilatéralement les événements, on obtient exactement le contraire de ce que l'on cherche à obtenir.
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La Roumanie fait partie de l'Union Européenne. Elle possède une importante communauté rom. Elle en persécute la partie la plus misérable, mais elle accueille avec reconnaissance celle qui s'enrichissant dans la partie occidentale de ladite Union, se fait construire des villas dont nous ne pouvons imaginer ni la taille ni le luxe. Il conviendrait peut-être de s'interroger sur l'origine de cette richesse. Là encore, je ne cherche pas à faire de procès. Je pose des questions, et elles me semblent légitimes. Je me souviens très bien, lors d'une enquête faite à Sélestat - je ne donnerai pas d'autres précisions - avoir entendu une enseignante, en tout point remarquable, me raconter l'histoire de ce jeune de 15 ans, membre d'une communauté gitane sédentarisée depuis des décennie et peut-être même des siècles, la communauté dite "des vanniers", qui lui déclarait tout fier : "Dans ma race, on ne travaille pas". Je garantis l'authenticité de l'anecdote. Il s'agissait d'un jeune gitan et non d'un rom. Mais la remarque me semble intéressante.
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En somme, si nous acceptons chez nous ces pauvres gens, il faut (a) les loger décemment ce qui implique qu'ils acceptent d'être sédentarisés ; (b) demander à la Roumanie de contribuer financièrement à l'installation de communautés qu'elles ne veut ou ne peut accepter sur son sol ; (c) définir une politique vigoureuse d'assimilation (et non point d'intégration) : cours de langue française, formation professionnelle, soutien (éclairé et discerné) aux associations qui s'occupent de ces communautés ; (d) accepter de voir nos impôts locaux augmenter pour équiper des aires de stationnement (prévus par la loi), destinées à accueillir ceux des roms qui ne peuvent ou ne veulent pas abandonner leur mode de vie nomade. Tout le reste est de la littérature, une littérature de bas étage, indigne de notre pays. Personnellement, je ne défendrai jamais des associations ou des mouvements politiques, qui au nom du "coeur", acceptent de voir la loi constamment et sciemment violée par des gens qui la connaissent mieux qu'eux, et ne cessent de la détourner à leur profit.
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Je persiste donc et signe. Je croirai à la bonne fois des journalistes le jour où ils accepteront sur le terrain de leur maison de campagne dix ou vingt caravanes et qu'ils fourniront gracieusement à leurs occupants l'eau et l'électricité. Sinon, je maintiendrai qu'ils désinforment.

dimanche 1 août 2010

L'homme concret

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Deux séries d'événements viennent à nouveau de mettre la question de la sécurité au premier plan de l'actualité : les violences de GRENOBLE, consécutives à la mort d'un caïd de cité, d'origine maghrébine, et les mises à sac par des "gens du voyage" (pudique appellation pour désigner des nomades venus de ROUMANIE) de plusieurs bâtiments publics dans le CHER après qu'un des leurs eut été tué par un gendarme alors qu'il forçait un barrage. Il me semble nécessaire de réfléchir sur ces événements en essayant de se départir autant qu'il est possible de positions idéologiques.
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La première des précautions à prendre consiste à ne pas généraliser, à ne pas englober dans la même réprobation tous les membres d'une communauté en raison de leur origine. La seconde consiste à partir des faits tels qu'on peut les connaître à travers ce qu'en disent les médias. J'ai puisé ici mes informations dans le magazine Le Point.
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Karim BOUDOUDA a été tué à GRENOBLE par un gendarme qui ripostait au tir de trois malfaiteurs lesquels venaient de braquer un casino ; Karim était de leur nombre. Les violences ont commencé après que 50 jeunes se sont rassemblés dans une mosquée autour d'un imam. Cinquante à 60 voitures ont été brûlés, une salle de musculation incendiée ainsi que d'autres bâtiments, des abribus, du mobilier urbain. Une sacoche contenant plusieurs dizaines de milliers d'euros (entre 20.000 et 40.000) dérobés par violence au Casino a été retrouvée sur les lieux des échanges de tirs.
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La première question qui vient à l'esprit est simple. Comment des jeunes gens peuvent-ils défendre un braqueurs du calibre de Karim BOUDOUDA ? Par quelle déformation de l'esprit jugent-ils anormal qu'un gendarme riposte à des tirs destinés à le blesser sinon à le tuer ? Je ne vois que deux réponses possibles à cette question. La première consiste à dire que la cité où s'est produit le drame est au main d'une mafia qui arrose les jeunes d'argent sale et leur demande de faire le guet ou de transporter les produits de leur trafic. C'est ainsi que les choses se passent dans les cités Nord de MARSEILLE aux dires d'un témoin que je connais personnellement. La seconde, plus inquiétante, consiste à supposer que la réaction est celle de jeunes gens se reconnaissant dans un groupe ethnique et réagissant à l'ordre légal français comme s'ils le jugeaient tyrannique ou inacceptable. Les deux raisons peuvent être conjuguées. Dans aucun des deux cas, la chose est tolérable. Et si ces jeunes ne veulent pas comprendre qu'ils déraisonnent et qu'ils nous accablent de leur haine et de leur ressentiment, il n'y a pas beaucoup de solutions, autres que musclées. La déchéance de la nationalité me semble être tout à fait justifiée.
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Deuxième série de violences. Un membre d'une communauté de Roms refusent de s'arrêter à un barrage. Il se fait menaçant. Il est tué par un gendarme. Le chauffeur fuit. En réaction à ce drame, plusieurs dizaines de Roms se rendent dans des villages (trois ?) de la région où ils sont stationnés (SAINT-AIGNANT) et mettent à sac plusieurs bâtiments publics.
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Le Président de la République a prononcé un discours qualifié de musclé à GRENOBLE. Il propose de déchoir de leur nationalité des délinquants nés en France de parents étrangers. Il ne parle pas de TOUS les Maghrébins, de tous les Africains, de tous les Asiatiques, de tous les Roumains, Ukrainiens, Kosovars, Bulgares, etc. Non. Il cerne bien la cible : les délinquants. Par ailleurs, il demande que les campements et squats illégaux installés par les Roms soient démantelés. Il se trouve que j'ai vécu très longtemps en Alsace et que j'ai vu des dizaines de fois des campements de Roms sur le parking de ma propre faculté, sur celui de l'Ecole Nationale Supérieure des Ingénieurs physiciens, sur les pelouses nombreuses du Parc d'Innovation d'Illkirch, sur celles qui jouxtent le supermarché d'Illkirch. Dans tous les cas, l'eau étaient prélevées dans les lavabos des bâtiments publics ou privés avoisinants, l'électricité prise aux lampadaires publics, et les alentours du campement souvent (pas toujours) souillés de papier et surtout d'excréments. Or, il y a près du golf d'Illkirch un très beau terrain d'accueil pour les gens du voyage : eau, toilettes, électricité. Ce terrain est bien rempli, par des nomades courtois et bien élevés qui acceptent de payer la très modeste contribution qui leur est demandée pour assurer l'entretien du site.
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Madame AUBRY, qui refuse d'installer à LILLE des caméras de surveillance sur la voie publique, accepte la cuisine hallal dans les cantines, ouvrent les piscines municipales aux femmes maghrébines en des jours précis, et est mariée à Me BROCHEN (ou vit avec), avocat réputé pour sa défense des extrémistes musulmans, parle d'atteinte aux principes républicains. Elle oublie, comme tous les idéologues, les propriétaires des voitures brûlées à GRENOBLE, les clients des supermarchés ou les étudiants contraints de slalomer entre des roulottes et des poubelles débordantes. Qu'importe les gens qui souffrent de ces dysfonctionnements, petit ou grands. Il faut que les idées soient sauves. Je vais simplement lui dire qu'il est impossible d'exiger l'obéissance à la loi quand on défend ceux qui constamment la violent, et qu'on les défend au motif qu'ils sont étrangers et crachent sur notre pays. Tous ne le font pas fort heureusement. C'est une minorité. Et elle feint de croire que le Président englobe dans une même réprobation les délinquants et les paisibles étrangers. Elle continue de mentir, de se mentir et de fermer les yeux devant la détresse de ceux qui, français souche ou étrangers, ont à subir les agressions de ces furieux. Dieu nous garde de l'avoir jamais comme Président, comme ministre ou comme quoi que ce soit. Elle est trop loin du réel.
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