mercredi 29 septembre 2010

Une nouvelle maladie contagieuse, la cacostomase...

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Une nouvelle maladie contagieuse est en train de se répandre dans les espaces médiatiques et politiques, la cacostomase (du grec kako, mauvais [cf. cacophonie, cacochyme en français et stoma, bouche [cf. stomatite en français]). Elle est due à une mouche, la Cacostoma, genre qui comprend de très nombreuses espèces.
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Tout a commencé avec la Cacostoma pictavorum. Comme son nom l'indique, c'est une espèce endémique qui vit dans le pays des Pictaves, aujourd'hui le Poitou. Elle est particulièrement virulente, et a pour caractéristique de s'attaquer non seulement à des mouches appartenant à d'autres espèces, mais aussi à d'autres Cacostoma, pourtant réputées très proches d'elle par les moeurs et les habitudes comportementales. Ainsi, C. pictavorum n'hésite pas à piquer Cacostoma aubryi ou Cacostoma peilloni. La première de ces dernières espèces sévit dans le Nord de la France. En apparence moins virulente que C. pictavorum, elle est tout aussi dangereuse et semble prendre une grande importance dans la niche écologique qu'elle a commencé d'occuper dans la région de REIMS, repoussant à l'occasion C. pictavorum dans son Poitou originel. Cacostoma xyloglossa sévit en Bourgogne ; elle fait beaucoup de bruit, elle est de bel aspect, elle adore fréquenter les Cacostoma mieux armées et plus puissantes qu'elle, mais celles-ci la repoussent avec assez de vigueur.
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Cacostoma marianni (var. joanus-franciscus kahnus) s'est répandue dans les journaux. Elle y creuse des galeries souterraines fort nauséabondes. Il faudrait aussi citer Cacostoma villepini. Cette mouche-là, piquée par une autre espèce de mouche, aime les eaux troubles ; elle vit dans les marais de Clearstream (clair courant, en français), et ce n'est pas le moindre des paradoxes que de constater l'écart entre le nom de l'habitat et son aspect putride. Cette mouche fait beaucoup de bruit avec ses ailes, mais en réalité, elle se reproduit difficilement, et ses colonies sont assez peu peuplées. Cacostoma lefebvri cumule le bruit assourdissant d'ailes rognées à la curieuse manie d'activer les coches, un peu comme celle qu'a célébré notre bon La FONTAINE. On la dit très proche d'un autre genre de mouche, la Sarkozya.
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Bref, les entomologistes peuvent s'en donner à coeur joie. Mais il n'en demeure pas moins que tous ces insectes polluent notre environnement par leur bruit, leurs attaques incessantes, leurs papillonnements superficiels d'un objet à l'autre. Il est assez étonnant de constater que la Sarkozya, après avoir beaucoup occupé l'espace reste en retrait. Je l'imagine prête à prendre son envol à la première occasion, malgré les nombreux coups dont elle a fait l'objet.
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Bonne journée.

mardi 28 septembre 2010

Referendum en Turquie

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Un de mes lecteurs me presse de donner un avis sur les résultats du référendum qui a eu lieu en TURQUIE le 13 septembre de cette année. Pour dire les choses comme je les sens, je n'ai pas de compétences particulières pour donner un avis motivé. Mais je me suis quand même renseigné.
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Le référendum a été soumis au suffrage des 50 millions de votants que compte la TURQUIE. Il a été proposé par le Premier Ministre Recip Tayyik ERDOGAN, leader du parti islamo-conservateur au pouvoir. Il visait à permettre le jugement de militaires, auteurs de coups d'Etat ou de tentative de coups d'Etat, devant des juridictions ordinaires, d'une part, et à changer le mode de désignation des juges à la Cour Constitutionnelle, de l'autre. Il a été approuvé par 58 % des votants. Ainsi se trouve modifiée la constitution de 1980, promulguée après un coup d'état militaire qui a fait de très nombreuses victimes. Le parti kurde avait appelé à l'abstention. Ce résultat est un grave échec pour monsieur Kemal KILICDAROGLU, le leader du parti kémaliste, parti attaché à la laïcité telle qu'elle a été instaurée par Kemal ATATÜRK après la première mondiale.
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Les défenseurs traditionnels de la laïcité turque sont les militaires et les juges, et l'opposition kémalistes voit dans l'initiative de monsieur ERDOGAN une tentative de ré-islamiser le régime. D'après ce que j'ai lu, il semble que les modifications proposées n'aient aucun caractère confessionnel. Elles ont été saluées (inconsidérément selon moi) par plusieurs membres de la Commission Européenne qui, à la remorque des Etats-Unis, désirent voir la TURQUIE adhérer à l'Union, (malgré les réticences de madame MERCKEL et le refus affiché du Président SARKOZY), et voient dans ces modifications un pas important vers la démocratie.
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Il ne faut pas accepter la rentrée de la TURQUIE dans l'Union Européenne. La TURQUIE est une grande puissance asiatique, peuplée de quelque 70 à 75 millions d'habitants. Et la possession d'un confetti territorial sur la rive européenne du BOSPHORE ne saurait effacer ces deux réalités, l'une géographique, l'autre démographique. La TURQUIE jouxte l'IRAN, l'IRAK et la SYRIE. Il lui est impossible de surveiller les frontières qui la séparent de ces pays. La faire rentrer dans l'Union augmenterait encore la perméabilité de ces fragiles barrières et donneraient licence à de nombreux esprits malintentionnés pour rentrer en Europe afin d'y exercer leur trafics (drogues, notamment) ou leurs attentats. Par ailleurs, le poids démographique de la TURQUIE lui donnerait dans les instances exécutives de l'Union, une influence sans aucun rapport avec son importance économique et politique. Enfin, intégrer dans l'Europe une population musulmane de cette importance reviendrait à bouleverser un équilibre culturel et religieux déjà bien fragile.
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De plus, il faut savoir que l'on parle des langues turques, relativement intercompréhensibles, de la Mer EGEE à l'Océan Pacifique. Rien ne dit qu'un homme politique intelligent et ambitieux ne parvienne à fédérer ces nations turcophones d'Asie centrale et extrême-orientale, et à les incorporer dans une Union Européenne dont la TURQUIE serait devenue membre.
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Le projet intégrationniste est d'une rare folie et je doute que les Grecs, chassés de l'antique IONIE par les Turcs, ou les Arméniens, massacrés en 1915, goûtent une telle intégration.
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Voilà, cher POTOMAC, ce que je peux dire, mais encore une fois sans aucune compétence particulière, seulement une intuition.

mercredi 22 septembre 2010

Relâche

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Je m'absente jusqu'à dimanche soir et reprendrai mes billets lundi.
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Bonne fin de semaine à tous ceux qui ont la faiblesse de me lire.
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Si je devais être exilé sur une île déserte

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Si je devais être exilé sur une île déserte et que l'on m'autorisât à partir avec trois livres, j'emporterais avec moi, outre le Nouveau Testament et les Pensées de Pascal, ce livre inoubliable, publié par le Père PERRIN après la mort de celle qui en avait été l'auteur. L'attente de Dieu est un chef d'oeuvre de profondeur, de justesse ; c'est même un livre bouleversant à toutes sortes d'égard. Simone WEIL avait rencontré le Père PERRIN à MARSEILLE. Elle entretenait avec lui une correspondance suivie : des lettres longues, denses, ardentes. [Je ne puis m'empêcher de faire le rapprochement de cette femme extraordinaire avec les moines de TIBHIRINE dont un film récent - j'en ai parlé dans un billet - retrace la vie simple, fraternelle et donnée.] Elle avait laissé au Père PERRIN la liberté d'utiliser ces lettre comme il lui semblerait bon. Il l'a fait, et heureusement qu'il l'a fait. Le Père PERRIN a ajouté à cette correspondance quelques exposés dont celui sur les Formes de l'amour implicite de Dieu, ainsi que deux lettres, adressées l'une à Gustave THIBON, l'autre à Maurice SCHUMANN. Voilà dressé le décor dans lequel se déploie cette pensée unique.
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Dans l'exposé que je cite plus haut, Simone WEIL développe les diverses formes implicites de l'amour de Dieu : l'amour du prochain, l'amour de l'ordre du monde, l'amour des pratiques religieuses, l'amitié, et elle finit par comparer l'amour implicite et l'amour explicite. On comprend pourquoi le rapprochement avec les moine de TIBHIRINE est justifié : ils ont perçu dans leurs voisins cet amour de Dieu, ce respect de la nature, en ont aimé les pratiques religieuses, et n'ont compté là-bas que de proches amis.
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Mais l'un des passages les plus étonnants est le commentaire qu'elle consacre au terrible discours que les Athéniens adressèrent aux habitants de l'Île de MELOS, pendant la guerre du PELOPONESE. Ils voulaient forcer les Méliens à rallier leur cause dans leur guerre contre SPARTE, alors que MELOS était l'allié de cette cité depuis des temps immémoriaux. Ils invoquèrent donc la justice, implorèrent la pitié, l'antiquité de leur ville. Rien n'y fit. Voici les propos que THUCYDIDE met dans la bouche des protagonistes.
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"Traitons plutôt de ce qui est possible, dit le chef de l'armée mélienne. Vous le savez comme nous ; tel qu'est constitué l'esprit humain, ce qui est juste est examiné seulement s'il y a nécessité égale de part et d'autre. Mais s'il y a un fort et un faible, ce qui est possible est imposé par le premier et accepté par le second."
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Réponse du stratège athénien : "Nous avons à l'égard des dieux la croyance, à l'égard des hommes la certitude que toujours par une nécessité de nature, chacun commande partout où il en a le pouvoir. Nous n'avons pas établi cette loi, nous ne sommes pas les premiers à l'appliquer ; nous l'avons trouvée établie, nous la conservons comme devant durer toujours ; et c'est pourquoi nous l'appliquons. Nous savons bien que vous aussi, comme tous les autres, une fois parvenus au même degré de puissance, vous agiriez de même."
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Et ma chère Simone de commenter : "Cette lucidité d'intelligence dans la conception de l'injustice est la lumière immédiatement inférieure à la charité. C'est la clarté qui subsiste quelque temps, là où la charité a existé, mais s'est éteinte. Au-dessous sont les ténèbres où le fort croit sincèrement que sa cause est plus juste que celle du faible. C'était le cas des Romains et des Hébreux.
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Ainsi, quand tel syndicaliste parle de créer un rapport de force pour l'emporter dans l'épreuve qui oppose tel groupe social aux pouvoirs publics, quand tel homme politique des années 80 dit à l'opposition d'alors, "Vous avez juridiquement tort car vous êtes politiquement minoritaire", quand l'actuelle majorité entend faire passer sans concertation approfondie telle ou telle réforme dont la nécessité est criante mais les effets douloureux, la situation n'est guère différente de celle des Méliens et des Athéniens. Les Méliens furent battus, leur cité fut rasée, leurs hommes massacrés, leurs femmes vendues comme esclave ainsi que tous les enfants...
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Vous comprenez maintenant, cher POTOMAC, ce que j'entends pas "juger". Car "juger" a la même étymologie que justice... Je n'ai pas pu écrire ce billet hier soir, comme je vous l'avais dit dans mon commentaire. Le temps m'a fait défaut.
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lundi 20 septembre 2010

Bon à prendre et à écouter

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Paul de TARSE, autrement dit saint PAUL, était en prison à ROME, dans l'attente de son jugement. Il écrivait beaucoup. Aux Eglises qu'il avait fondées, mais aussi à des proches qu'il aimait particulièrement. Le temps n'a pas eu raison de deux des lettres qu'il a envoyées à son disciple TIMOTHEE. Au chapitre 2, verset 1 et 8 de la première d'entre elle, on trouve ceci, qui justifie l'existence de ce Blog.
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"J'insiste avant tout pour qu'on fasse des prières de demande, d'intercession et d'action de grâce, pour tous les hommes, pour les chefs d'Etat et tous ceux qui ont des responsabilités, afin que nous puissions mener notre vie dans le calme et la sécurité, en vrai homme religieux et sérieux. [....] Je voudrais donc qu'en tout lieu les hommes prient en levant les mains vers le ciel, saintement, sans colère ni mauvaises intentions."
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Avant la séparation de l'Église et de l'État, on faisait une prière publique pour les gouvernants et la France, tous les dimanches, à la fin de chaque messe. J'ai connu cette pratique, devenue facultative, dans la paroisse de l'ouest parisien que je fréquentais quand j'étais adolescent. Elle ne s'est conservée qu'en Alsace-Moselle, en vertu du droit local.
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Je trouve beau le texte de saint Paul. Il ne néglige aucun des aspects de la prière : demande (un homme politique peut avoir des choix difficile à faire), intercession (pour qu'une mesure douloureuse mais d'intérêt public puisse être prise sans susciter de violence), action de grâce (pour bénir le succès et les fruits d'une décision). Mais sa prière est universelle ; il inclut tous les hommes, les chefs d'État, et tous ceux qui exercent des responsabilités. Nos concitoyens, les habitants de notre continent et de tous les continents, les responsables des partis politiques, des syndicats ouvriers et patronaux, les présidents des chambres consulaires, les magistrats, les militaires et tant d'autres ont droit, un droit absolu à la prière de tous ceux qui se réclament de Jésus.
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Alors parfois comme aujourd'hui, je m'en veux d'avoir la dent trop dure. Mais j'ai aussi une liberté, et comme tout homme, je pense et je juge. Le tout est donc de le faire dans la mesure, la justice, et la raison. Si on peut y mettre la charité, c'est encore mieux. La difficulté vient de ce que tous les responsables évoqués par Paul ne partagent pas ce point de vue. Et, malheureusement, non seulement ils ne prient pas, ne lèvent pas les mains vers le ciel, saintement, sans colère ni mauvaises intentions, mais fomentent en leurs conseils, les actions, les paroles, et les programmes qui leur assureront le triomphe sur l'AUTRE, par d'autres moyens que ceux de la discussion, de la conciliation et du compromis.
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vendredi 17 septembre 2010

Qu'ils prennent garde !

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Ils voudraient nous faire détester l'Europe qu'ils ne s'y prendraient pas autrement. Madame REDING, dont l'intelligence politique est directement proportionnelle à la surface du Grand Duché de Luxembourg, a prétendu, avant de mettre un bémol à ses propos, que l'expulsion des Rroms était analogue à la déportation des juifs par les nazis pendant la deuxième guerre mondiale. Quant à monsieur BARROSO, s'il a condamné la forme prise par la remarque du Commissaire REDING, il en approuve le fond. Ne parlons pas de la diplomate britannique en charge de la diplomatie européenne, qui est à la diplomatie ce qu'une tasse d'eau chaude est à un verre de Mouton-Rostchild. Tous ces gens qui ne cessent de critiquer la France sont payés avec nos impôts. Nous ne les payons pas pour ça.
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Qu'ils prennent garde, cependant. Si les Français donnent l'impression de ne plus aimer leur patrie, ils sont fort chatouilleux sur l'honneur national, et ils pourraient se réveiller et agiter le cocotier d'une manière énergique. Nous ne voulons pas de ces importants qui jugent de tout, tranchent, imposent, réglementent dans tous les domaines (le dernier règlement porte, c'est du moins ce que j'ai lu, sur l'obligation d'utiliser un nouveau compteur électrique qui nous sera facturé au bas mot 120 euros, et dont les vertus demandent encore à être prouvées...). Qu'ils nous lâchent les baskets, please ! L'Europe de la réglementation, de l'uniformité, de la platitude, de l'eau tiède, non, merci !
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L'Europe ce n'est pas cela. Ce n'est pas l'obsession anglo-saxonne de la traçabilité et du tout défini. (Figurez-vous que les anglais s'étaient mis en tête d'exiger que les parfumeur fassent l'analyse [chromatographique] de leurs parfums et en affiche la composition sur leurs flacons. Comme moyen de copier ce qu'ils ne sont pas capables de faire, ils se posent là). L'Europe, ce n'est pas l'anglais à toutes les sauces. L'italien, le grec, les langues slaves, toutes les langues européennes, sont des trésors sur quoi il faut jalousement veiller. Et je ne vois pas pourquoi on est obligé d'utiliser l'anglais quand on dépose un projet de recherche à la Direction Européenne compétente. Il y a des experts et des traducteurs pour aider les experts. Mais le but de tout cela est bien clair. C'est la domination universelle d'une "culture" (qui n'est pas celle des grands auteurs anglais ou américains, non plus que de leurs compositeurs, mais a germé dans le cerveau des dirigeants des entreprises multinationales géantes). Ah ! que SEKOU TOURE avait raison quand, lors du référendum organisé par le Général de GAULLE sur l'indépendance des colonies africaines ou la transformation en une Union française, il a préconisé l'indépendance en disant : "Mon verre est petit, mais je bois dans mon verre !"
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jeudi 16 septembre 2010

Rechercher les faits...

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Rechercher les faits. C'est le titre d'un article écrit par Valéry GISCARD d'ESTAING dans Le Point du 2 septembre 2010 (N°1981). J'en recommande vivement la lecture à tous ceux que n'obscurcissent pas le préjugé et la haine de l'adversaire politique. L'ancien Président de la République analyse, sans effet de manche, avec la clarté qui caractérise son discours et son intelligence, la question des Rroms. Avant de le citer, je confesserai que je ne suis pas un de ses admirateurs. Avec le recul, il m'apparaît qu'il a inauguré le recul de notre pays par une fausse conception de la modernité, et une certaine démagogie. Mais le temps, sans doute, a fait son oeuvre dans l'esprit de ce nouvel Immortel. Dans la citation qui suit, les majuscules sont de votre serviteur. J'ai respecté l'orthographe rom, alors que l'on devrait écrire rrom.
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"Les mesures prises, à l'initiative du Président de la République, concernant CERTAINS membres de la communauté rom en SITUATION IRRÉGULIÈRE dans notre pays sont CONFORMES aux règles en vigueur dans l'Union Européennes et prennent en compte LES INTÉRÊTS des CITOYENS FRANÇAIS. Elles méritent d'être approuvées. Or elles ont déclenché une tempête de réactions excessives, et parfois injurieuses, fondées sur une MÉCONNAISSANCE du sujet et une INDIFFERENCE AUX INTÉRÊTS LÉGITIMES DE NOTRE PAYS. Aussi ces réactions sont-elles désavouées par deux Français sur trois.
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Et monsieur GISCARD d'ESTAING dénonce un certain nombre d'erreurs qui semblent s'être glissées dans le cerveau de nos idéologues patentés. Il commence par écarter l'analogie avec le droit d'asile. Les Rroms, certes, sont mal accueillis dans leur propre patrie, et subissent une sorte de mépris de la part de leur police et des pouvoirs judiciaires roumains, un mépris que l'on peut assimiler à une sorte de persécution molle. Mais ni leur vie, ni leurs biens, ni leur mode d'existence ne sont remis en cause par un pays que nous avons accepté comme membre de l'Union Européenne (avec trop de hâte, selon moi).
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Il dénonce aussi la trompeuse confusion, savamment entretenue par certains médias et l'opposition, entre les Rroms en situation irrégulière, les Rroms en situation régulière et les 'gens du voyage' dont nombre sont Français. Il souligne que dans l'Union Européenne, la liberté de circulation est acquise pour trois mois avec comme seul viatique, un passeport ou une carte d'identité. Passé ce délai, il faut au ressortissant étranger apporter la preuve qu'il a des ressources régulières soumises aux prélèvements fiscaux et sociaux réguliers, ou un emploi. Faute de cette preuve, il est invité à rentrer dans son pays d'origine. Et il indique que nombre de citoyens roumains, étudiants, chercheurs, médecins, sont établis tout à fait régulièrement sur notre sol.
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Il vaut la peine de citer en entier les deux derniers paragraphes de cet article :
"[...], la solution du problème ne peut pas résider dans un usage systématique et abusif du droit à la libre circulation. Ce droit répond, par certains côtés, à des aspirations légitimes, mais il recouvre, hélas, des trafics mafieux, dont sont en particulier victimes les femmes et les enfants, et sur lesquels il est coupable de fermer les yeux.
Les donneurs de leçons seraient mieux inspirés si, au lieu de reprocher aux pouvoirs publics français de mettre fin à des situations irrégulières, ils soutenaient les efforts du Parlement européen et du Président roumain pour obtenir que la Roumanie se dote d'une justice et d'une police intègres, et pour qu'elle adopte une législation efficace de protection des droits des enfants."
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Qui a vu dans le Métro des enfants d'origine rrome faire la manche, vêtus de haillons, malpropres sur eux, et d'une tristesse insondable, peut fort bien comprendre ce que signifie le séjour d'une partie de ces communautés jadis nomades mais qui, curieusement, semblent avoir abandonné ce mode de vie pour édifier des campements de fortune, dont la misère patente émeut, sans aucun doute, mais que nous ne pouvons accepter car nous n'en avons tout simplement pas les moyens.
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mercredi 15 septembre 2010

Et s'ils donnaient l'exemple ?

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Les députés de l'opposition sont ridicules. Pendant le débat sur les retraites, ils brandissent des pancartes sur lesquelles on peut lire : "Taxer (sic) le capital" ou "Retraite : départ à 60 ans". J'attends encore qu'ils fassent des propositions. Il en est une qui serait très symbolique et de grande valeur s'ils l'explicitaient. Elle consisterait à renoncer aux avantages que les députés de la précédente législature, en fin de mandat et à l'instigation du Président de l'Assemblée d'alors, se sont accordés en matière de retraite, à l'unanimité. Quand on prétend défendre la vertu, on la met en pratique.
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Qu'ils continuent ainsi, et ils vont achever de ruiner notre pays. Car ils le savent aussi bien que les actuels gouvernants. Il est impossible de financer les retraites sans avoir recours à l'emprunt sur les marchés internationaux, à un taux très élevé. Ils devraient tout de même rappeler à leurs électeurs :
(a) que ce sont les actifs qui financent les pensions des retraités.
(b) que le système des retraites est fondé sur la répartition ; alors répartissons ce qu'il y a dans les caisses. S'il n'y en a pas assez, il n'y a que trois solutions, augmenter les cotisations sociales tant patronales qu'ouvrières, diminuer le montant des pensions, diminuer le nombre des pensionnés en retardant l'âge légal de la retraite. Taxer le capital est une aimable plaisanterie. Il l'est déjà, par le biais de l'impôt de solidarité sur la fortune, et l'imposition (à 21 %, me semble-t-il) des plus-values boursières, pour ceux qui ne sont pas assujettis à l'ISF. Et si l'on tient à faire fuir à l'étranger ce qui reste de fortunes en France, il n'y a qu'à prendre cette mesure.
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Pour vous donner une idée de la morosité des entrepreneurs, je pourrais vous confier que Laurent, le jeune restaurateur dont je parlais il y a un peu plus d'une semaine, m'a dit hier : "j'envisage de partir à l'étranger ; ici, ce n'est plus possible. J'enseignais la (haute) cuisine, j'irai apprendre à des anglais ou des américains ou des japonais", et il révélera les secrets que nos traditions avaient pieusement conservés, tout ce qui fait notre patrimoine.
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Ainsi sera respecté le principe d'égalité. On sera tous pareils, on aura tous les mêmes revenus, la même manière de vivre, la même culture, les mêmes envies, les mêmes désirs, la même bouffe, la même bagnole. Mais gare à celui qui aurait un peu plus que les autres ; je ne donnerais pas cher de sa peau. Nous irons ainsi - comme l'a montré si bien René GIRARD - vers la plus grande violence, et peut-être même la guerre civile.
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Ces gens-là sont aveugles, injustes, et d'une rare inconséquence.

mardi 14 septembre 2010

Ils peuvent agir. Pourquoi ne le font-ils pas ?

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Disons le tout net. La première circulaire de monsieur HORTEFEUX sur le démantèlement des camps illégaux, notamment ceux qui ont été installés par les Rroms est maladroite et a un drôle de relent. C'est le moins que l'on puisse en dire. Mais je m'étonne considérablement de la protestation scandalisée de l'opposition socialiste. Je vais expliquer cela très succinctement.
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Les socialistes sont maîtres de l'exécutif de 21 régions métropolitaines sur 22, de toutes les métropoles régionales sauf BORDEAUX et TOULOUSE, de 2 conseils généraux sur 3. Ils détiennent également quantité de mairies de villes moyennes. Or la loi est très claire sur ce point : c'est aux municipalités des communes de plus de 3.500 habitants (je ne suis pas sûr de ce chiffre que je donne donc sous réserve) d'aménager des zones d'accueil pour les nomades, appelés du nom générique de "gens du voyage". Parmi eux, il y a de nombreuses communautés françaises, d'autres d'origine étrangère, dont roumaine.
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Pour ce que j'ai pu en voir, les camps de Rroms sont occupés par des communautés sédentaires. La plupart du temps, l'occupation est illégale et elle s'étend à des terrains publics comme privés. La situation de ces communautés est tragique et grande est leur pauvreté. Les communes, avec l'aide des Départements et des Régions, peuvent régler le problème de l'hébergement décent des Rroms - qui en vertu de l'appartenance de la Roumanie à l'Union Européenne ont le droit de séjourner en France - de la façon suivante : (a) en mobilisant leurs réserves foncières ; toutes n'en ont pas, mais il y en a qui en ont et de fort importantes ; (b) en utilisant comme hébergement décent, au moins provisoire, la technique des containers aménagés et réhabilités que l'on a utilisé avec profit pour les logements étudiants, notamment dans le Nord. Madame AUBRY a toutes les données techniques et financières en main pour appliquer sans délais cette solution.
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Par conséquent, protester contre l'expulsion des Rroms sans bouger le petit doigt alors qu'on a les moyens techniques et financiers de régler le problème, relève de la plus grande hypocrisie, des pures "paroles verbales", et de la manipulation médiatico-politique.
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J'attends de pied-ferme les contradicteurs.

lundi 13 septembre 2010

Des raisons d'espérer...

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Natacha a été violée et tuée dans la fleur de son âge. Son assassin présumé est un récidiviste condamné à dix ans de réclusion et libéré au bout de quatre ou cinq ans (je ne sais pas le chiffre exact). Le père de cette jeune femme aurait eu toutes les raisons humaines de haïr l'homme qui lui a ravi sa fille. Or, lors de la cérémonie qui a eu lieu à MARC-EN-BAREUL, lieu où résidait la victime, cet homme brisé a eu le courage de dire un Notre-Père en étendant les bras et de prononcer d'une voix forte le "Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés". Je l'ai vu et entendu, et c'était bouleversant, car il n'y avait pas de mensonge dans la voix, ni d'ostentation dans le geste, ni d'affectation dans le ton : tout était juste. Oh oui ! Voilà une raison d'espérer en l'homme droit. Monsieur MOUGEL a donné un exemple, et sans le savoir, un témoignage de disciple.
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Samedi soir ! Nous désirons voir le film de Xavier BEAUVOIS, Des hommes et des dieux, à la séance de 20 heures. Nous pensons qu'arriver une demi-heure avant le début de la séance, suffira pour trouver des places. Las ! Il y a une queue de plus de 200 mètres, et nous renonçons. Dimanche, la séance du début d'après-midi est moins chargée. C'est qu'à 13 h 30, à Paris, en ce premier jour de la semaine, on déjeune. Mais quand nous sortons vers 16 heures, il y a une file d'attente de plus de deux cents personnes. Un silence plein de respect et de ferveur vient d'accueillir la dernière image. Nous nous taisons. Les spectateurs le sentent en effet : il ne convient pas de commenter les chefs-d'oeuvre. Encore une raison d'espérer.
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Aujourd'hui, à Tibériade, il est possible de prendre un exemplaire du testament de Christian de CHERGE, le prieur de TIBHIRINE, décapité avec ses frères dans des conditions qui demeurent mystérieuses. Christian l'a rédigé entre le 1er décembre 1993 et le 1er janvier 1994, d'abord à ALGER, puis dans son monastère de TIBHIRINE. En voilà un extrait, prophétique et superbe : "Ma mort, évidemment, paraîtra donner raison à ceux qui m'ont rapidement traité de naïf, ou d'idéaliste : 'Qu'Il dise maintenant ce qu'Il en pense !' Mais ceux-là doivent savoir que sera enfin libérée ma plus lancinante curiosité. Voici que je pourrai [noter le futur, je vous prie ; c'est moi qui souligne], s'il plaît à Dieu, plonger mon regard dans celui du Père pour contempler avec lui Ses enfants de l'Islam tels qu'il les voit, tout illuminés de la gloire du Christ, fruit de Sa Passion, investis par le Don de l'Esprit dont la joie secrète sera toujours d'établir la communion et de rétablir la ressemblance, en jouant avec les différences". Oui, encore une raison d'espérer en ces hommes de prière et de foi qui acceptent par avance de donner leur vie et qui effectivement la donne.
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Dans un autre registre, ces chiffres qui laissent augurer d'une embellie dans les perspectives d'emploi, et le recul du chômage : en 2010, 43 % des entreprises consultées ont prévu d'embaucher au moins un cadre (8 points de plus qu'il y a un an). Ce sont là des résultats assez proches de ceux qui prévalaient avant la crise (chiffres de l'APEC, dans sa note de conjoncture du troisième trimestre 2010). Un directeur de cabinet de recrutement (Frédéric BEZIERS ; cabinet HAYS) constate une amélioration globale de l'embauche. Le groupe GDF-Suez annonce 13600 recrutement en 2010 (dont 1400 cadres et 350 jeunes diplômés). Le groupe BOUYGUES annonce, lui, 5000 recrutements en 2010, et EIFFAGE, 3000). On note une forte augmentation de la demande en maçons, coffreurs, boiseurs, soudeurs dans le domaine du bâtiment, et pour des emplois très qualifiés. Même remarque pour les chefs d'équipe, chefs de chantier, conducteurs de travaux, qui sont très recherchés. Encore une raison d'espérer.
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Je résume : l'espoir vient de la foi de quelques hommes enracinés dans la certitude du disciple, il vient de l'intérêt inespéré du public pour des hommes qui ont vécu une aventure spirituelle engageant leur vie ; il vient de la confiance que quelques entrepreneurs, moins frileux que la moyenne, illustrent en recrutant des jeunes, des ouvriers qualifiés, des cadres. Tous regardent l'avenir avec des yeux neufs. Ils n'ont pas le coeur rance, l'esprit aigri, et ils croient en l'homme. Allons ! Courage ! Tout n'est pas perdu.
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dimanche 12 septembre 2010

Au temps qui court

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Le révérend JONES a conçu un projet homicide. Il voulait brûler des Corans le 11 septembre de cette année, jour anniversaire des attentats contre les tours jumelles du World Trade Center, au motif que le Coran est pour lui un livre satanique. Que de telles idées puissent germer dans la tête d'un homme qui se dit disciple de Jésus, qui plus est ecclésiastique, est inconcevable. Il a fort heureusement renoncé à sa folie. Nous devons du respect à ces millions de musulmans qui prient, pratiquent l'aumône et l'hospitalité, jeûnent, et qui n'ont rien à voir avec les islamistes, réplique symétrique optique (c'est-à-dire dans un miroir) de ceux qui soutiennent le fanatisme du révérend JONES. Oui ce projet était homicide, assassin, inspiré par le Malin.
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Nous pouvons regretter que nombre de musulmans, comme nombre de chrétiens du reste, ne s'attachent pas à pénétrer le sens profond de leurs livres saints respectifs, en négligeant de leur appliquer les méthodes modernes de la critique historique ou littéraire, de l'archéologie, de la papyrologie, des sciences humaines, que sais-je encore. Mais il y a des scientifiques musulmans, notamment des chercheurs égyptiens, qui se sont attelés à cette tâche avec une rare intelligence et une probité intellectuelle sans faille, et qui rattrapent le temps perdu. Chez les chrétiens, ce travail a commencé il y a longtemps et il a porté de beaux fruits dans le coeur de ceux qui ont pris le temps de s'y intéresser.
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Mais le plus effarant pour moi a été de lire les résultats d'un sondage, dépourvu il est vrai de toute valeur scientifique, paru sur le site d'accueil MSN-hotmail. On constate que seulement 51 % des personnes qui ont répondu trouvent le projet du révérend JONES inacceptable, et que plus de 40 % l'approuvent. Voilà bien un signe des temps, de ce temps qui court et pourrait nous conduire à l'abîme si nous n'y prenons garde. Oui, un signe qui interpelle.
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Au moment où paraît le film de Xavier BEAUVOIS Des hommes et des Dieux, comment ne pas citer ici ce que le prieur de TIBHIRINE, Christian de CHERGE, dit dans son admirable livre L'invincible espérance ? "La foi de l'autre est ici un don de Dieu, mystérieux bien sûr. Il impose le respect. Il ne prendra tout son sens qu'au sommet de cette échelle qui nous retourne ensemble vers le Donateur unique. Et ce don fait à l'autre m'est aussi destiné pour me stimuler dans le sens que j'ai à professer."
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samedi 11 septembre 2010

Je radote, mais tant pis

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Je radote, mais tant pis. Combien de fois depuis l'ouverture de ce Blog vous ai-je parlé de cette oeuvre roborative de BERNANOS, La France contre les robots. Je lis et relis ce livre ; il est jouissif, jubilatoire, drôle, incisif. Allons, encore une petite perle prise dans ce fleuve impétueux d'imprécations contre le système.
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"Lorsqu'on prononce devant vous le mot d'ordre, vous savez tout de suite ce que c'est, vous vous représentez un contrôleur, un policier, une file de gens auquel le règlement impose de se tenir bien sagement les uns derrière les autres, en attendant que le même règlement les entasse pêle-mêle cinq minutes plus tard dans un restaurant à la cuisine assassine, [...], dans un wagon sale et puant. Si vous êtes sincère, vous avouerez peut-être même que le mot de liberté vous suggère vaguement l'idée du désordre - la cohue, la bagarre, les prix montant d'heure en heure chez l'épicier, le boucher, le cultivateur stockant son maïs, les tonnes de poissons jetées à la mer pour maintenir les prix. Ou peut-être ne vous suggèrerait-il rien du tout, qu'un vide à remplir - comme celui, par exemple, dans l'espace... Tel est le résultat de la propagande incessante faite depuis tant d'années par tout ce qui dans le monde se trouve intéressé à la formation en série d'une humanité docile, de plus en plus docile, à mesure que l'organisation économique, les concurrences et les guerres exigent une réglementation plus minutieuse. Ce que vos ancêtres appelaient des libertés, vous l'appelez déjà des désordres, des fantaisies. "Pas de fantaisies ! disent les gens d'affaire et les fonctionnaires également soucieux d'aller vite, le règlement est le règlement, nous n'avons pas de temps à perdre pour des originaux qui prétendent ne pas faire comme tout le monde."
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Je reviendrai sur ce livre prophétique, écrit au Brésil (où l'auteur s'était exilé après les honteux accords de Münich) en 1944 ! Rien n'a changé. A droite, comme à gauche, à Paris, comme à Bruxelles, on continue de croire qu'il suffit de pondre une loi pour que les hommes d'affaires et les fonctionnaires soient satisfaits et puissent jouir de paisibles digestions. Ah ! tout de même ceci encore de BERNANOS, dans le même ouvrage : "Qui ne défend la liberté de pensée que pour soi-même [...] est disposé à la trahir. Il ne s'agit pas de savoir si cette liberté rend les hommes heureux, ou si même elle est rend moraux. Il ne s'agit pas de savoir si elle favorise plutôt le mal que le bien, car Dieu est maître du Mal comme du Bien. Il me suffit qu'elle rende l'homme plus homme, plus digne de sa redoutable vocation d'homme, de sa vocation selon la nature, mais aussi de sa vocation surnaturelle, car celui que la Liturgie de la Messe invite à la participation à la Divinité - divinatis consortes - ne saurait rien renoncer de son risque sublime..."
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Je revendique hautement le droit de penser librement et je l'exige aussi pour autrui. Merde au politiquement correct, oui à la pensée, au dialogue, au respect de la différence.
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vendredi 10 septembre 2010

A mes amis enseignants

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Vous avez massivement fait la grève pour protester contre la suppression de postes (ce qui me paraît contestable) et contre cette mesure parfaitement idiote qui consiste à priver nos enfants et nos adolescents de la connaissance approfondie de leur histoire nationale, pour les ouvrir prétendument à d'autres histoires, ce qui est très bien et que je soujtiens. Je persiste à croire qu'il eût été de beaucoup préférable d'instaurer une discipline particulière, intitulée par exemple "Histoires et cultures du monde".
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Nombre d'entre vous se réclament de la "gauche", et défendent les valeurs de la république et la laïcité. Mais puisque vous aimez l'histoire, je voudrais vous rappeler - en relisant TAINE et notamment la troisième partie de son magistral ouvrage Les origine des la France contemporaine, en son livre sixième, chapitre III, section V - comment il a fallu violer les consciences et obliger les parents qui ne pouvaient payer les frais d'écolage des écoles libre (bien que des milliers de donateurs, en des dizaines de villes et villages aient contribué à ce que celles-ci accueillent les enfants et les adolescents dans des conditions financières acceptables) à subir la pression des intolérants au pouvoir.
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TAINE nous apprend que, dès l'instauration de l'école laïque, gratuite et obligatoire, l'état jacobin et anticatholique a investi 531 millions de francs or dans le lancement d'un pseudo-journal (dont je vous donnerai le titre dans quelques instants ; en fait c'est une image), l'a entretenu à raison de 131 millions de francs annuels), a imposé à 6 millions d'enfants d'être abonné à ce journal, de le lire tous les jours, dimanche exceptés, et de le lire six heures par jour. La gazette dont parle TAINE, en utilisant un titre symbolique pour la désigner c'est, on l'aura compris, le Journal laïque, obligatoire et gratuit pour les enfants de six à treize ans. TAINE veut dire par là que cette école n'était, n'est et ne sera jamais que le porte-voix d'une idéologie que 20 % des parents français, à l'époque de l'instauration de cette école, comme aujourd'hui, persistent à bouder.
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"Par ces 115.000 agents [nombre des instituteurs à l'époque], représentants et porte-voix, la Raison laïque qui siège à PARIS, parle jusque dans les moindres et plus lointains villages ; c'est la raison telle que nos gouvernants la définissent, avec le tour, les limitations et les préjugés dont ils ont besoin, petite-fille myope et domestiquée de l'autre, la formidable, l'aïeule brutale et forcenée qui, en 1793 et 1794, trône sous le même nom et à la même place. Avec moins de violence et de maladresse, mais en vertu du même instinct et avec le même parti pris, celle-ci exerce la même propagande ; elle aussi, veut s'emparer des générations nouvelles, et, par ses programmes, ses manuels, ses esquisses et ses résumés de l'Ancien Régime, de la Révolution et de l'Empire, par ses aperçus des choses récentes ou contemporaines, par ses formules et ses suggestions à l'endroit des choses morales, sociales et politiques, c'est elle-même, elle seule, qu'elle prêche et qu'elle glorifie."
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L'analyse est d'une pertinence éblouissante. Vous avez raison, chers collègues, de résister à des changements de programme qui n'ont d'autres buts que de nous faire avaler la disparition de la patrie, et l'abolition du sentiment patriotique. La France et les grandeurs et petitesses des Louis XIV et des Napoléon Ier, méritent mieux que ce coup de balai dédaigneux, à condition toutefois de ne pas mentir et de nous rappeler, par exemple, que Napoléon BONAPARTE a donné l'exemple du plus parfait totalitarisme en déclarant le 11 mars 1806 devant le Conseil d'Etat : "Dans l'établissement d'un corps enseignant, mon but est d'avoir un moyen de diriger les opinions politiques et morales". Voilà qui est fait, et bien fait ! Ne tombez pas dans le panneau. Restez libres et intellectuellement probes. Et surtout, informez-vous.
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PS : J'expliquerai un peu plus tard à mon ami Louis, pourquoi on a eu raison de marteler le nom de ce tyran sur la mire du Sud que chacun peut admirer dans le Parc Montsouris, côté du boulevard Jourdan, partie Ouest. Je lui expliquerai aussi pourquoi JAURES détestait TAINE qui était sa mauvaise conscience et qu'il n'a pas pu éviter d'évoquer dans son célèbre discours sur l'école laïque. J'ajouterai, en guise de préliminaire, que croire en Dieu ou ne pas y croire, dans tous les cas, c'est une croyance.
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mercredi 8 septembre 2010

Scène de la vie ordinaire

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Juste avant de produire un billet plus important, je voudrais vous raconter une toute petite histoire. Certes, elle est minuscule et elle a un caractère apparemment anecdotique, mais certainement une haute valeur symbolique.
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Tout près de chez moi, il y a un bon Restaurant. Il est tenu par Laurent, un jeune homme d'un peu plus de 30 ans. Laurent a été l'élève de la célébrissime école hôtelière de la Rue Ferrandi à Paris, puis a fait ses premières armes dans des restaurants prestigieux, dont le Pré Catelan et un excellent établissement londonien. Il a ouvert son restaurant il y a trois ans, et il rencontre un succès mérité. Il s'est lourdement endetté, a pris des risques et travaille d'arrache-pied avec Amandine, sa compagne.
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Je le croisais hier soir. Nous parlions des grèves qui le mettaient hors de lui. Et il me confiait ceci qui est stupéfiant. En trois ans d'exercice, il a eu 14 serveurs différents, dont le salaire était de 1.600 euros nets par mois à quoi s'ajoutaient les pourboires, et deux jours de repos par semaine, outre l'avantage en nature que représentent deux repas, pris dans les propositions du restaurant, par jour. Mais tous reculaient devant le travail très prenant du service. Il me racontait l'histoire de cette jeune femme qui, du jour au lendemain, le quitte, le laissant sans personnel le jour de l'accouchement d'Amandine, pour aller comme serveuse au Buffalo Grill d'une banlieue de l'Est de Paris, pour 1.200 euros par mois, mais 32 heures de travail par semaine. Enfin, il me disait que le pôle emploi a dans ses cartons 200.000 offres d'emplois dans l'hôtellerie, 200.000 offres qui ne trouvent pas de candidats.
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Je vous laisse tirer vous-même la conclusion de cette histoire qui laisse rêveur.

mardi 7 septembre 2010

Matière à réflexion pour les acteurs de l'éducation nationale

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Au moment où, après seulement une petite semaine de cours, les enseignants sont en grève, il est intéressant de rappeler quelques statistiques sur les performances des établissements publics et privés. On considère en général que c'est là un bon indice de la qualité d'un lycée. Mais si l'on inclut la notion de valeur ajoutée à cette reussite, c'est-à-dire les chances de sortir bachelier quand on entre en seconde, on obtient un tout autre tableau que le trompe l'oeil du succès brut.

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La valeur ajoutée est la différence en positif ou en négatif, entre le pourcentage effectif des bacheliers (ici les chiffres que je vais citer sont de 2009) et celui que l'on attend, compte tenu des origines sociales des élèves, de leur âge et de leur note. Ces chiffres sont établis par les services du Ministère de l'éducation nationale. Le journal Le Monde les a publiés et commentés (objectivement, je tiens à le dire, car une fois n'est pas coutume) dans son numéro du vendredi 20 août 2010.
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Si l'on tient compte de la valeur ajoutée, on constate que les lycées privés sous contrat occupent 62 des 100 premières places du classement. Le tout premier est l'externat Saint-Joseph de Cayenne, dont la valeur ajoutée est de 24 % (95 % de bacheliers effectifs pour 71 % attendus). En deuxième et troisième positions, avec une valeur ajoutée de 19 % et un pourcentage de 100 % et 96 % respectivement, l'institution Saint-Joseph de NAY (Pyrénées atlantiques) et le lycée Henri-Leroy de PORT SAINT-LOUIS-DU-RHÔNE). A la quatrième place, Notre-Dame-Saint-Vincent-de-Paul (PARIS ; 94 % de réussite et 15 % de valeur ajoutée). De la cinquième à la huitième place, quatre établissements privés, dont deux ont un taux de réussite de 100% et qui ont tous une valeur ajoutée de 13 %.
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Le journal note que ces résultats sont une pierre dans le jardin du service public. Et il observe que sur les 100 premiers établissements, 62 sont des établissements privés. Le lycée public Camille Desmoulins du Cateau-Cambrésis (Nord) tient une honorable 9e place. Son proviseur note que si ses élèves obtiennent leur baccalauréat à 82 %, le taux attendu est de 69 %. La performance est remarquable. Mais plus remarquables encore sont les remarques judicieuses de cette enseignante, madame Marie-Claire DAME. Ces résultats sont obtenus dit-elle "par la réactivité de l'équipe pédagogique. On organise une réunion à midi dès qu'un professeur principal voit qu'une classe dérape. La stabilité de l'équipe enseignante est bénéfique, d'autant qu'elle a le souci de développer l'image de marque de l'établissement. La discipline aussi est de mise : les élèves qui ratent un devoir sur table le rattrapent à leur retour, et ils ne sont pas autorisés à quitter l'établissement entre deux heures de cours." Résumons : amour du métier, exigence de qualité, absence de démagogie, discipline, remédiation.
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Je voudrais bien savoir pourquoi ce sont les établissements privés qui tiennent le haut du pavé dans ce classement. Il n'est pas question d'accabler les enseignants du public. J'en ai fréquenté et interrogé des dizaines : ils sont remarquables. J'ose donc une hypothèse explicative : c'est le système qui ne fonctionne pas : centralisation, pesanteur administrative, crainte des inspections (encore que les enseignants du privés soient eux aussi inspectés), pression syndicale, idéologie égalitariste. Marie-DURU-BELLAT qui donne sa conclusion à l'article note avec bon sens : "Refuser de voir les écarts entre établissements, c'est la politique de l'autruche". Il serait intéressant d'étudier les facteurs qui rentrent en cause dans la différence entre établissements de même catégorie.
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L'enseignant par vocation a besoin d'un peu de liberté et dans les méthodes et dans les programmes, oui, dans les programmes ; il est parfaitement concevable que, sur 100 heures d'enseignement d'une discipline, l'enseignant puisse disposer de 20 heures où il enseignerait, dans cette discipline, un sujet de son choix. Il y aurait des surprises...
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lundi 6 septembre 2010

Des hommes et des dieux...

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Dans quelques jours, il nous sera possible de voir le film de Xavier BEAUVOIS, Des hommes et des dieux. A cette occasion, le magazine Panorama publie une interview de Lambert WILSON, conduite par Bertrand REVILLON (Livraison de Septembre 2010, N° 468). Si vous en, avez la possibilité, lisez cet entretien. Lambert WILSON décrit la manière dont il a peu à peu perçu la vie monastique - en faisant une retraite à l'abbaye de TAMIE avec les autres acteurs choisis pour tenir les places (je n'ose pas dire les rôles) des moines du monastère de TIBHIRINE, enlevés par des islamistes, et décapités dans des conditions qui resteront à jamais mystérieuses, pour ne pas dire ténébreuses ; comment aussi il a habité le personnage de Christian de CHERGE, le prieur de l'abbaye.

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Ses réponses sont pleines de pudeur. Lambert WILSON préfère le silence de la campagne et la paix des monastères à l'agitation médiatique de PARIS. Il précise qu'il a été baptisé par l'abbé PIERRE, dont il avait joué le rôle dans Hiver 54. Mais là n'est pas le point principal. A la question [La foi] l'avez-vous, Lambert répond : "Il faut se méfier du piège des mots. Oui, je crois que j'ai la foi, à condition que ce mot ne signifie pas 'posséder une certitude' mais être sur un chemin, un itinéraire inévitablement chaotique, empli de tâtonnements. Je répugne à prononcer le nom de Dieu. Je crois que nos lèvres sont infiniment trop petites pour prononcer le nom de Dieu. Lorsque je parle de lui, je dis 'Il', car il est l'indicible..."

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J'approuve ces paroles. Et du reste, dans les billets où j'ai eu l'occasion de parler de la foi chrétienne, je n'ai jamais utilisé le mot de Dieu, ni même celui de Christ, mais celui de Jésus, pour cette raison-là que je n'aurais pas sur dire aussi clairement.

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Christian de CHERGE a été marqué par un terrible événement. Il fait la guerre d'Algérie, mais à sa manière, noue une profonde amitié avec Mohamed, le garde champêtre dû village dont il doit assurer la protection. Mohamed est un croyant, un priant ; les deux amis échangent sur la prière en se promenant. Un jour des nationalistes algériens veulent faire un sort à l'officier. Mohamed s'interpose et sauve la vie de son ami. Trois jours plus tard, on le retrouvera égorgé, près de son puits. Le prieur est marqué pour le restant de ses jours par la mort tragique de Mohamed : "Dans le sang de cet ami, dira-t-il, j'ai su que mon appel à suivre le Christ devrait trouver à se vivre, tôt ou tard, dans le pays même où m'avait été donné ce gage de l'amour le plus grand".

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Le père de CHERGE a été un ardent propagateur et un animateur infatigable du dialogue entre le christianisme et l'islam. Il a donné sa vie pour faire vivre ce dialogue, car le sort des hommes de paix, c'est d'être la cible de fous furieux qui croient défendre celui qu'ils appellent "Dieu", mais qui en réalité se mettent à sa place. Tel n'est pas l'avis des musulmans croyants dont beaucoup sont des mystiques de très haute spiritualité. C'est pourquoi toute assimilation de croyants musulmans à des islamistes est une généralisation homicide ; c'est pourquoi il convient de défendre ceux d'entre eux qui ne confondent pas la foi et l'action politique et de combattre impitoyablement ceux qui le feraient?

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samedi 4 septembre 2010

Et si Potomac avait raison ?

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Pourquoi le cacherai-je ? Le petit commentaire d'un lecteur qui se donne le surnom de POTOMAC m'a profondément blessé. Il répondait au billet sur les massacres de septembre. Si je lui ai répondu sur un mode un peu ironique, mon lecteur a réussi à me faire m'interroger : et s'il avait raison ? Et si donner, d'une manière magistrale, des avis, des idées, des citations, des faits, pouvaient paraître insupportable, tout simplement parce cette manière de faire ne laisse pas de place à la réplique ?
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J'ai pesé le pour et le contre. Exposer des faits historiquement avérés, citer des paroles dites par de grands témoins de l'histoire, cela ne relève pas de l'orgueil, mais de l'étude, de la lecture, de l'information. Ce point me paraît acquis. Et je suppose que c'est cela qui dérange d'abord. JAURES aurait donc dit que la Révolution avait quelque chose de barbare ? Comment est-ce possible, alors qu'on ne cesse de vanter l'humanité - très réelle - de cet homme de bien, et son amour de la démocratie et de la république ? Quoi ! Des sages chinois s'interrogent sur la continuité de l'histoire et l'enchaînement des causes et des effets ? Mais qui sont-ils pour nous donner des leçons ? Je ne prétends pas avoir raison, mais exposer des aspects inconnus de l'histoire, de la vie politique, de la vie intellectuelle, faire des rapprochements que ni l'enseignement officiel ni les médias ne veulent, ne peuvent ou ne savent faire. Bien entendu, j'admets qu'il puisse rentrer de la partialité dans le choix de mes informations. Mais je m'efforce d'avoir le plus de probité intellectuelle possible.
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Ce que me reproche ce lecteur, c'est donc l'étalage de ces informations. Pour les trouver, je travaille beaucoup. Et sans doute n'a-t-il pas le temps d'en faire autant, ce qui le laisse sans autre voix que celle de l'irritation. Alors j'ai deux solutions. Ou bien je m'arrête, et la tentation m'en est souvent venue ; ou bien j'expose des systèmes d'idées, de ces systèmes qui permettent de cataloguer un homme sur l'échelle de la gauche et de la droite. Dans quel de ces pièges vais-je tomber ? Je ne peux pas encore répondre. Mais je préfèrerais m'abstenir que de desservir la cause de ce qui me semble vrai et juste.
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C'est tout pour l'instant.
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vendredi 3 septembre 2010

En l'honneur des martyrs de septembre

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Il y a très exactement 218 ans, à 1 heure du matin, le sans-culotte SERGENT donnait l'ordre à ses "troupes" d'enlever les cadavres des centaines de religieux et prêtres, et ceux de quelques laïcs, hommes et femmes, qui avaient été massacrés dans la prison des Carmes, à Saint-Sulpice, à Saint-Firmin, à la prison de la Force, à Bicêtre, au Chatelet, à la Conciergerie, et ailleurs encore. Dans l'une des geôles, 114 prêtres sont tués en deux heures, à coup de sabre ou de piques. Aux Carmes, l'un des monstres ouvre la poitrine d'un des suppliciés qu'il vient de tuer, en arrache le coeur, et fait mine de le manger ; un témoin note que le sang lui fait comme une sorte de moustache. A Saint-Firmin, l'abbé GROS est massacré par un certain GOSSIAMME, savetier de son état. Cet homme ignoble dit à son bienfaiteur - l'abbé GROS n'avait cessé, pendant des années, de l'aider, lui et sa famille, car il était indigent - que la "Nation le paye pour le tuer". La liste des abominations n'est qu'une sanglante litanie. Parmi les victimes, on comptera 43 enfants issus du peuple. Ils étaient âgés de 12 à 17 ans.
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Le même SERGENT, dont MICHELET le menteur romantique vante l'humanité, "est parti à la campagne" pendant toute le journée du 2 septembre. C'est qu'il a l'âme sensible, cet homme ! Pourtant c'est bien lui et son complice PANIS qui a transmis l'ordre des massacres, et c'est encore lui qui écrira le 3 septembre à "ses frères et amis" (tiens ! tiens) d'étendre les massacres, pudiquement déguisés sous le nom de justice du peuple, à la France entière.
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Dans son Histoire socialiste, JAURES s'adressant à ces massacreurs, un siècle après leur forfait, leur dit que "le destin fut cruel de vous gorger ainsi d'une amère saveur de sang, vous qui cherchiez la justice et aimiez l'humanité ! Les révolutions sont la forme barbare du progrès. Si noble, si féconde, si nécessaire que soit une révolution, elle appartient toujours à l'époque inférieure et semi-animale de la liberté !" On admirera le tour de force qui consiste à mettre au compte de la nécessité la manifestation des plus bas instincts humains, de laquelle est censée naître les plus sublimes sociétés. Je me demande comment l'esprit, la fraternité, l'amour, peuvent naître de ces horreurs. Mais je ne m'appelle pas HEGEL !
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Poursuivons avec TAINE qui fustige dans les septembriseurs "tous les monstres qui rampent enchaînés dans les bas-fonds du coeur, et sortent à la fois de la caverne humaine les instincts haineux avec leurs crocs" (In Conquête jacobine).
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Mais, en 1792, que disent les hommes politiques de ces massacres ? (En histoire, en effet, il est impossible de comprendre une époque en y projetant les analyses, les valeurs et les idéaux du temps présent.) Parmi les réactions nombreuses, il en est une qui mérite d'être relevée, celle de PETION, maire de Paris. Dans le Moniteur du 10 novembre, un peu plus de deux mois après les faits, le maire a le courage de dire : "Je pense que ces crimes n'eussent pas eu un aussi libre cours [...] si tous ceux qui en avaient le pouvoir et la force les eussent vus avec horreur. Mais je dois le dire, PARCE QUE CELA EST VRAI, plusieurs de ces hommes publics, de ces défenseurs de la patrie, croyaient que ces journées désastreuses et déshonorantes étaient nécessaires [...], et que ces crimes ODIEUX EN MORALE, étaient UTILES EN POLITIQUE."
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Voilà l'essence même du totalitarisme résumé de manière fulgurante par un élu du temps : la fin justifie les moyens ! Nous ne sommes pas sortis de cette logique. Et, comme mes lecteurs le savent, je trouve dans la philosophie chinoise nombre de vérités éclairantes, je terminerai ce billet en vous livrant cet aphorisme tiré d'un recueil très connu en Chine et compilé sans doute vers la fin du XVIe siècle, Les sages écrits de jadis (le Zenguang xianwen) : "Contemple le présent dans le miroir du passé ; sans le passé, le présent ne peut exister" (Pensée N°3).
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Honneur aux martyrs de septembre !
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jeudi 2 septembre 2010

Automne en Avignon

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Je me suis perdu dans les ruelles ombreuses de la Cité des Papes. J'ai rêvé, en traversant de mystérieuses placettes, silencieuses comme des cloîtres. Je me suis laissé inonder de soleil sur le parvis de la Collégiale saint Agricol. J'ai emprunté la rue de la Velouterie, la rue des Fourbisseurs, la rue Bancasse, la rue de la Carrerie, et tant d'autres dont les noms sentent le moyen âge, les métiers de jadis, et un monde dont nous n'avons même pas l'idée. La Sorgue coule, étroite, entre deux rangées de maisons tortues, dans la rue des Teinturiers. De grandes roues à palettes y tournent indéfiniment, comme si le temps s'était arrêté. Mélancolie paisible des jours qui raccourcissent.
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Du haut du jardin des Doms, la vue donne sur un Rhône majestueux et sur la citadelle de Villeneuve-lès-Avignon. L'île de la Barthelasse s'étire comme un petit dragon. Froissement des feuilles qui commencent à tomber des arbres ! Lumière déchirante de ce soleil qui perce l'azur. Moments uniques.
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Et puis il y a le Musée du Petit Palais. Jamais je n'ai vu autant de merveilles venues de l'Italie des XVe et XVIe siècles. Il faudrait y passer des heures, s'imprégner de la douceur de telle madone, de telle vierge à l'humilité (il s'agit de tableaux dans lesquels on voit la Vierge donner le sein à Jésus), de tel visage torturé d'un Christ portant sa croix. Rien n'est plus beau, rien n'est plus émouvant. J'ai vu les larmes du jeune saint Jean couler alors, qu'au pied de la Croix, il est en train de voir mourir son Maître et j'en fus retourné.
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Que dire de l'admirable Musée Calvet ? Il héberge une collection unique de primitifs flamands, hollandais et allemands, dont un superbe Clair de Lune monochrome, dans le registre du bistre légèrement roussissant. Tout à la contemplation de ce chef-d'oeuvre, j'en ai oublié de qui il était l'oeuvre. On y trouve aussi une belle collection de tableaux modernes dont quelques SOUTINE de la meilleure venue, des GLEIZES, et d'autres encore.
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Voilà comment on peut quitter l'azur d'un été qui se meurt, dans la paix intérieure, et dans la certitude que la beauté est immortelle. Je vous souhaite de faire la même expérience.
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