mardi 30 novembre 2010

La presse est bizarre, tout de même...

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Les médias bien-pensants ont longuement commenté le résultat du référendum tenu en Suisse dimanche dernier. Les citoyens suisses ont décidé d'expulser de leur pays tous les étrangers responsables de crimes (meurtre, brigandage, viol, délit sexuel, trafic de drogue, fraude aux aides sociales, traite d'êtres humains). Voilà qui paraît intolérable, honteux, contraire aux conventions européennes et internationales sur la double peine, pour les commentateurs et journalistes que j'ai entendus ou lus. Il y a un hic, c'est que cette décision, prise à une majorité de 54,2 % des votants et à une majorité de cantons, est une décision du peuple. Des consternations identiques s'étaient longuement étalées, sur la décision que ces mêmes citoyens avaient prise d'interdire la construction de minarets (et non point d'interdire les mosquées, comme on a tenté de le faire croire). Mais là encore, c'était une décision du peuple. Faut-il se méfier de la démocratie au motif qu'elle risque de perturber le ronronnement de la bien-pensance politique qui fait le jeu de tout ce petit monde dont l'irréalisme finit par lasser ? Je ne pense pas que cette décision populaire soit infondée ou honteuse. Pourquoi faudrait-il garder sur son sol des individus qui n'en respectent pas les règles ? Notez, d'ailleurs que les pays d'origine de ces délinquants ont souvent refusé de signer un accord de réadmission, préférant se décharger du problème que d'en trouver la solution. Certaines expulsions resteront sans doute lettre morte.
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Il faut avoir de bons yeux et de la patience pour dénicher en page 8 du Figaro daté du 29 novembre 2010, un petit entrefilet qui nous apprend que le procureur du tribunal correctionnel de LARBAA NATH IRATHEN (Kabylie) a requis un an de prison contre quatre Algériens convertis au christianisme. Ils sont accusés d'avoir ouvert (et non point construit) un temple protestant dans la région de TIZI OUZOU, sans que les autorités les y aient autorisés. Arrêtez-moi, chers lecteurs, si je me trompe. Avez-vous entendu Claire CHAZAL ou David PUJADAS faire le moindre commencement de début d'avant-projet de proposition de brouillon de commenctaire sur ce sujet au Journal Télévisé ? Nos frères chrétiens d'Algérie sont persécutés ; ils sont de plus en plus nombreux à revenir à la foi de leurs pères, dont saint AUGUSTIN fut le premier et génial propagateur. Ainsi, nous devrions accepter sans broncher que nos voisins suisses hébergent sur leur sol des étrangers (venus de tous les coins du monde ; attention, je n'entends pas dire qu'ils viennent tous du Maghreb ; m'accuser d'une telle insinuation est une ignominie) convaincus de crimes, héberger chez nous des étrangers qui occupent illégalement, sans titres et sans ressources, des lieux publics et privés, mais nous devrions accepter que l'on passe sous silence les persécutions dont les chrétiens sont victimes, non seulement dans les pays du Maghreb, mais au Proche et Moyen-Orient, en Iran, au Pakistan, en Inde, en Chine, au Viet-Nam, en Corée, pour ne citer que les principaux foyers du mal ? Eh bien non ! Ouverture, partage, aide, certes ; mais pas à n'importe quel prix, pas au prix de l'injustice.
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Jamais une civilisation n'a connu de telles folies, des folies absolument suicidaires. Voilà où mène le laïcisme et la haine du christianisme : à raisonner faussement, à avoir des jugements biaisés, des jugements de cour. Nous aimerions que nos évêques, si prompts à condamner les expulsions des Rroms, élèvent les mêmes protestations contre ces persécutions et demandent des neuvaines de prière et des collectes pour aider ces courageux qui préfèrent obéir à Dieu qu'aux hommes. Ceux de mes lecteurs qui confessent le nom de Jésus peuvent lancer vers le ciel d'incessantes supplications pour leurs frères d'Afrique du Nord.
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lundi 29 novembre 2010

Témoignages poignants

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Ce que j'ai à vous raconter aujourd'hui est bien minuscule et peut paraître dérisoire. Mais l'événement dont je vais vous parler m'a ému. Le voici. Plusieurs sections d'Anciens Combattants du XVIe arrondissement avaient demandé qu'on célèbre une messe à la mémoire de ceux de leurs camarades qui étaient morts au combat, en l'Eglise Sainte-Jeanne de Chantal. Ils étaient huit porte-drapeaux ; on les avait mis à l'honneur en les faisant siéger dans le choeur. La plupart étaient des vieillards chenus, certains étaient cassés par l'âge, tous étaient bardés de décorations. A la sortie ils étaient là au garde-à-vous et regardaient passer les fidèles qui rentraient chez eux, leur faisant une haie d'honneur.
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J'ai avisé un de ces porte-drapeau, un vieil homme. Je n'en jurerai pas, mais il m'a semblé voir une larme perler au coin de ses yeux. Il visitait les moments de sa jeunesse où il combattit pour la liberté. Nous avons échangé quelques paroles amicales, et je l'ai remercié d'avoir bien voulu transmettre par sa présence quelque chose de l'amour de la patrie.
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Et moi aussi je revisitais ma jeunesse. Je pensais à ces vacances que j'avais passé en Auvergne ; je me ressouvenais de ce petit village de JOB, le bien nommé. Je ne suis pas certain que le bourg fasse 100 habitants. Comme tous les villages de France, il a son monument aux morts de la guerre de 14-18 : près de 80 noms ! Oui, je les avais comptés. Quelle effroyable saignée, quelle tuerie inutile ! Combien de nos meilleurs hommes ont perdu la vie dans cette folie ? Combien de familles se sont éteintes à jamais ? Nul ne le saura jamais avec précision.
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Il est heureux que le combat pour la liberté et l'écrasement du nazisme nous aient réconciliés avec notre voisin allemand. Nous devons toujours avoir à l'esprit que la folie d'un homme peut conduire au cataclysme d'une troisième guerre mondiale, tout comme le nationalisme exacerbé du début du XXe siècle a conduit à la tuerie de la première guerre, et au déclin, que je souhaite provisoire, d'un Ancien Monde qui fut un puissant moteur de (vrai) progrès et de connaissances.
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Nous ne pouvons revenir au passé. Mais nous pouvons revenir à un amour authentique de notre patrie, en pratiquant ce qui fit sa force et son rayonnement : le soin de la terre, le goût de la mesure, le bon sens et le réalisme.
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Il me revient ces vers de du BELLAY, et je les redis mélancoliquement :
France, mère des arts, des armes et des lois,
Tu m'as nourri longtemps du lait de ta mamelle.
Or comme un agneau qui sa nourrice appelle,
Je remplis de ton nom les antres et les bois.
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samedi 27 novembre 2010

Utiles rappels

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Voilà bientôt trois ans que je m'efforce de faire partager à mes lecteurs les fruits de mes réflexions, leur évolution. Il y a un an ou plus, je parlais des règles qui fondent une communication éthique, des règles établies par un très grand philosophe contemporain, Jürgen HABERMAS. Avant d'aller plus loin, et d'expliquer (à Hiver par exemple) que loin d'être partisan, je m'efforce d'être objectif, je vais rappeler pêle-mêle ces règles.
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(a) Faire à son interlocuteur le crédit de la bonne foi.
(b) Donner aux mots le même sens et donc s'accorder au préalable sur leur définition.
(c) Laisser à son interlocuteur le temps nécessaire pour exposer sa pensée.
(d) Dire de quel lieu on parle et se tenir à ce lieu.
(e) Faire le constat commun des points d'accord et de désaccord.
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Hiver, dans un commentaire du billet "Ils ont osé", me fait le procès d'être partisan. Hiver s'adresse à moi ; il y a donc communication. Mais, comme chacun de nous est poussé à le faire, il interprète mes propos, cherche des arrière-pensées à mes remarques. Il ne me fait pas le crédit de la bonne foi. La première règle n'est donc pas entièrement respectée. Mais il va m'objecter ceci : "Vous-même imputez une mauvaise foi incroyable à monsieur BAYROU ou madame AUBRY. Vous ne leur faites pas le crédit de la bonne foi". Nuance, nuance ! Ces personnes ne s'adressent pas à moi. Je ne suis pas leur interlocuteur, mais un spectateur de leurs échanges acerbes avec le Président de la République. Comment pourrais-je à partir de ce que j'ai observé et compris de l'interview de monsieur SARKOZY affirmer qu'ils ont été objectifs. Il n'est pas vrai, par exemple, que le Président n'ait parlé des jeunes ; il a souligné les raisons vraisemblables de leur actuel malaise. Il en a parlé différemment de ce que monsieur BAYROU a exposé dans son programme. L'analyse a été superficielle, c'est exact, mais elle était juste, et c'est cela qu'il fallait dire pour être intellectuellement honnête. En affirmant cela, je respecte la dernière règle celle du constat de bonne foi de nos points d'accord et de désaccord sur cette intervention.
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Je n'ai jamais caché l'endroit d'où je parlais. Il est celui d'un universitaire chrétien. A ce titre, je me reconnais le droit de ne pas taxer de déboussolement ou d'hésitation, les temps de silence et de reprise du Président, mais d'y reconnaître les limites assumées et les faiblesses de tout être humain, madame AUBRY incluse. J'ai donc respecté la quatrième règle, mais, sur ce point, je reconnais que monsieur BAYROU et madame AUBRY l'ont aussi respectée, en se situant clairement comme responsable de leurs mouvements politiques respectifs. Je m'interroge simplement sur le degré de liberté que leur laisse cette qualité. Il me semble limité par les pressions que les ambitions politiques, l'opinion publique, leurs projets largement influencés par les électeurs potentiels exercent sur eux. Elles les incitent à découper dans le réel ce qui semblent abonder dans leur sens et conforter leurs désirs.
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Quant à l'accord sur la définition des mots, il est loin d'être acquis. On les pare souvent de toute une brume de significations symboliques. L'achat et la transformation d'un avion d'occasion pour en remplacer deux, désuets, à court rayon d'action est tout à fait emblématique : c'est une réelle source d'économies pour le Président, une dépense inutile et obscène pour l'opposition. Le désaccord porte sur le sens que l'on donne au mot "économie". Pour l'un c'est dépenser moins, pour l'autre c'est augmenter les impôts des plus riches pour maintenir en l'état la totalité des dépenses publiques, la redistribution y compris. Dans les deux cas c'est parfaitement compréhensible et même acceptable, mais on ne parle pas de la même chose : dialogue de sourds ! sonotones autorisés.
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A demain.

jeudi 25 novembre 2010

Cathédrale

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Trouvé dans un livre difficile d'accès, mais absolument décisif et dont je reparlerai, cet extrait de Pilote de guerre de SAINT-EXUPERY :

"L'homme de ma civilisation ne se définit pas à partir des hommes. Ce sont les hommes qui se définissent par lui. Il est en lui, comme en tout être, quelque chose que n'expliquent pas les matériaux qui le composent. Une cathédrale est bien autre chose qu'une somme de pierres. Elle est géométrie et architecture. Ce ne sont pas les pierre qui la définissent, c'est elle qui enrichit les pierres de sa propre signification."
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Il me semble que cette belle citation résume tous les drames de l'humanité, en général, et les impardonnables erreurs politiques que nos dirigeants ont fait en refusant d'inscrire les origines chrétiennes de l'Europe, en particulier. Cette civilisation-là nous avait fait ce que nous sommes, pas forcément des disciples de Jésus, mais des hommes et des femmes soucieux de l'autre, ayant de ses frères en humanité une conception ouverte. Le laïcisme laïcard montre ses limites : désordres, égoïsme, incivilités, violences urbaines, ghéttoïsation des communautés d'origine étrangère, repli identitaire, toutes la palette des réactions humaines, trop humaines.
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Or, et le livre auquel je fais allusion le démontre, la réalité n'est pas ce qu'en disent les matérialistes et les positivistes, dont se réclament nombre d'adeptes du laïcisme, et ceci est scientifiquement prouvé (j'y reviendrai) : un électron, par exemple, n'est pas un objet ; il est hors de l'espace et du temps. Ce simple constat ne vous évoque-t-il pas quelque chose ? L'explication newtonienne du monde n'est qu'une grossière approximation de l'explication dite "quantique" de la réalité. Et faire de la politique et de la sociologie, des sciences gouvernées par l'enchaînement de causes et d'effets purement mécaniques est tout simplement une idée folle. Le tout n'est pas la somme des parties. Auguste COMTE peut aller se rhabiller.
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Décidément, oui, l'homme passe infiniment l'homme. Les hommes politiques devraient prendre conscience de cette évidence et agir en conséquence.

mardi 23 novembre 2010

Surprises, découvertes, confirmation, exhortation

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Surprise.
Un ami poitevin me fait parvenir une vidéo terrible de photos prises par les américains lors de la libération des camps de concentration. Ces photos sont commentées. L'un des commentaires indique, pour s'en étonner, que l'étude de la shoah a été supprimée des programmes scolaires en Grande-Bretagne, afin ne pas choquer la sensibilité des élèves arabes ou musulmans qui ont les juifs en aversion pour les raisons que nous connaissons.
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Découverte.
Curieusement, alors que je flânais dans les rayons d'une grande librairie strasbourgeoise, je lis, en quatrième de couverture d'un livre dont je n'ai pas noté le titre, une citation de George SANTAYANA, un philosophe américain du début du XXe siècle : "Une civilisation qui oublie son passé est condamné à le revivre". Je n'aurais jamais imaginé, en relevant sur mon carnet de note cette affirmation provocante, qu'elle pût s'appliquer à la situation que les autorités britanniques ont fait prévaloir dans leur enseignement. Je souhaite avoir tort, mais je crains fort que l'effacement de cette barbarie de la mémoire collective anglaise, tout comme celle de la Révolution dans la mémoire française, ne fasse le lit d'une nouvelle barbarie dont nous ne pouvons encore imaginer ni les contours ni la cible. Restons vigilants...
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Confirmation.
Dans cette même librairie, j'avise un livre de François MALYE et Benjamin STORA : François MITTERRAND et la guerre d'Algérie. Il se confirme bien que le futur Président de la République a signé l'ordre d'exécution des 45 rebelles algériens. Ils furent en effet guillotinés. Pour être juste, il convient de souligner que le Président MITTERRAND, quelques trente années après ce drame, confessait que ce fut l'une des erreurs de sa vie. Il regrettait son geste. Et cela explique peut-être pourquoi il fit abolir la peine de mort lors de son premier septennat. Dont acte.
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Exhortation.
Les autorités européennes commencent sérieusement à nous casser les pieds. Le Président de la République a tous les moyens en sa possession pour provoquer une crise salutaire dans cette pétaudière prétentieuses. Après avoir été insulté par l'inénarrable Viviane REDING pour avoir expulsé des Rroms en situation irrégulière - ce dont le Président SARKOZY s'est parfaitement disculpé - notre pays se voit imposer par les lobbies internationaux des règlements ineptes. Figurez-vous que les plumitifs de Bruxelles se sont mis en tête d'exiger de chaque station service qu'elle dispose de deux cuves de stockage pour chacun des carburants qu'elle dispense. Cette disposition demande de tels investissements que les petites et moyennes stations services qui - pour combien de temps encore ? - émaillent notre tissu routier sont dans l'incapacité de faire face à cette exigence idiote. La France n'est ni le Luxembourg, ni la Hollande, ni la Belgique, ni l'Allemagne. Il se trouve, pour notre malheur, que nous avons une densité de population très faible, en comparaison de nombreux pays européens membres de l'Union, et que notre réseau routier, lointain héritage des Celtes et des Gaulois, est le plus dense du monde. Inutile de sortir de polytechnique pour comprendre que les habitants des bourgs et villages éloignés des grands centres urbains doivent trouver dans leur voisinage proche de quoi remplir leur réservoir. Que veut-on ? Faire crever nos campagnes, faire affluer dans nos villes leurs habitants, les réduire à l'esclavage de la consommation, des néons, et des supermarchés ? Car les grandes surfaces, elles, ont tous les moyens pour mettre deux, trois, dix ou vingt cuves de plus, si elles ne les ont déjà. Nous ne voulons pas de cette Europe-là. Nos autorités doivent craindre un rejet viscéral, profond et définitif de ce grand bazar qu'est devenu l'Europe. Pas ça, ou pas nous. C'est à prendre ou à laisser. Rappelez-vous : "Mon verre est petit, mais je bois dans mon verre".
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vendredi 19 novembre 2010

Ils ont osé...

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Le rôle de l'opposition est, bien entendu, de s'opposer. Mais pas à n'importe quel prix, et surtout pas au prix de la mauvaise foi, de la bêtise et du mensonge. Et pourtant madame AUBRY et monsieur BAYROU ont réagi à l'intervention du Président SARKOZY avec la plus extrême mauvaise foi, la plus grande bêtise, et le mensonge.
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Sur la bêtise.
Monsieur SARKOZY a répondu aux questions que lui posaient les journalistes. Il n'en était pas le maître. Et si l'on peut imaginer avec vraisemblance que le Président a déterminé avec ses interlocuteurs les champs balayés par l'interview, ce serait faire un mauvais procès à David PUJADAS, Claire CHAZAL et Michel DENISOT que de supposer une quelconque connivence avec le Président quant au contenu et à la forme exacte des questions posées. Comme par ailleurs, et monsieur SARKOZY ne s'est pas privé de le souligner, ce sont les journalistes qui par leurs attaques incessantes ont crée dans l'opinion ce climat de suspicion, que ce soit sur l'expulsion des Roms, sur l'achat de l'avion présidentiel, sur l'affaire WOERTH-BETTENCOURT, que n'aurait-on pas dit si ces questions avaient été passées sous silence ? L'opposition n'a cessé d'attaquer le Président sur ce point. Ces messieurs les opposants méprisent les Français et leur supposent une grande bêtise quant ils attaquent le Président sur le contenu de son intervention. Ce sont eux qui font preuve d'une grande bêtise. Mais je me demande s'ils n'ont pas déteint sur ceux qui partagent leurs vues.
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Sur la mauvaise foi.
On ne peut donc reprocher au Président d'avoir répondu à ses détracteurs. Comme par ailleurs le temps imparti à l'interview était limité, est-il honnête, monsieur BAYROU, de prétendre que le Président n'a presque pas parlé des Français ? Pas un mot sur l'éducation, dites-vous. Mais les oreilles, que vous avez grandes, vous ont-elles lâché ? Monsieur SARKOZY a parlé des jeunes, et répondu, notamment sur la question des emplois qui seraient abusivement occupés par des seniors au détriment des jeunes rentrant dans la vie active. Car le souci des jeunes n'est pas l'éducation mais l'emploi qu'ils devront trouver dans quelques années. Il a rappelé une stricte vérité factuelle : il y a une stricte corrélation entre l'emploi des seniors et celui des jeunes. Vous prétendez qu'il n'a pas parlé d'environnement. Pourquoi en aurait-il parlé : il a pour lui un bilan et des moyens : le Grenelle de l'environnement - conduit avec brio par Jean-Louis BORLOO dont personnellement je regrette le départ - et celui d'un Ministère aux compétences élargies. Dites-moi, monsieur BAYROU : vous avez été aux affaires, il n'y a pas si longtemps. Est-ce que l'environnement, qui devient chez vous une passion subite et peu désintéressée, fut alors un souci personnel ? Avez-vous promu des actions de sensibilisation à cette question dans les établissements scolaires dont vous étiez responsable ? Êtes-vous intervenu dans ce domaine par des propositions concrètes ? Vous gérez avec un certain bonheur le Ministère de la Parole. Mais guère plus.
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Sur le mensonge.
La championne toute catégorie, dans ce domaine, est madame AUBRY. Après avoir accusé, pendant des mois et des mois monsieur SARKOZY d'être catégorique, péremptoire, sûr de lui, ne voilà-t-il pas qu'elle l'a trouvé, je cite "déboussolé, hésitant, qui donne l'impression de ne pas savoir où il va". Il me semble que madame AUBRY fait un transfert de ses propres états intérieurs sur celui dont elle rêve d'être l'adversaire aux prochaines élections présidentielles. Je lui conseille quelques séances de psychanalyse, ou de préférence une consultation chez l'ophtalmologiste qui lui prescrira de nouvelles lunettes. Monsieur SARKOZY n'a été ni hésitant, ni déboussolé, seulement plus humain. Et cet homme dont je soutenais la politique, sans avoir pour lui de sympathie réelle, a suscité en moi de l'admiration. Car, hormis madame AUBRY, infaillible pythie, je trouve bien qu'un responsable reconnaisse ses fragilités et ses limites. Sur ce point, vous avez encore du chemin à faire madame.
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Ainsi, ils ont osé ! Pour moi, ils ont tapé dans le vide, un vide fait d'approximation, de ténèbres, de mensonge.
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Je m'absente jusqu'à lundi. Reprise des billets mardi.

jeudi 18 novembre 2010

Un poème chinois, pour respirer

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Il existe une série de poèmes chinois, Les dix-neuf poèmes anciens, auxquels on a donné le nom de "Mère de la poésie". Une récente traduction de cette oeuvre prestigieuse a paru. On la doit à Jean-Pierre DIENY, et à la diligence des Éditions Les Belles Lettres. Je ne peux m'empêcher, alors que nous marchons à grand pas vers l'hiver, je ne peux m'empêcher, disais-je, de vous faire partager le poème N°17, que je trouve absolument splendide.
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Au premier mois d'hiver les souffles froids surviennent,
Oh ! l'âpreté du vent du Nord !
Un grand chagrin m'instruit de la longueur des nuits ;
Là-haut, sous mes regards, la foule ordonnée des étoiles.
Trois fois cinq jours : la lune claire est pleine,
Quatre fois cinq : lièvre et crapaud s'échancrent.
Un visiteur venu des cieux lointains,
M'a remis une lettre.
Et ces premiers mots : "je ne vous oublie pas",
Les derniers mots : "la séparation dure".
Je l'ai glissée dans mon sein, dans mes manches.
Trois ans n'ont pu en effacer les lettres.
Mon coeur n'est plein que de pensée d'amour,
Mon seigneur, je le crains, n'en a pas connaissance.
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Le poème chante la loyauté d'un fidèle serviteur, qui, séparé depuis longtemps de son épouse pour servir son Seigneur - loin de sa maison -, reçoit une lettre de son aimée. Sentiment de la nature, concision, beauté des images, tout est là pour susciter notre admiration. Quand vous saurez, en outre, que chacun de ces vers, si bien traduits, de comporte que cinq caractères, vous comprendrez le raffinement de ce poème.
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Si j'ai, aujourd'hui, parlé de poésie, c'est que je suis stupéfié de voir les réactions des opposants au discours du Président de la République. J'ai voulu faire une pause, avant de démontrer la mauvaise foi ou la bêtise ou les deux, de ceux qui ont des oreilles mais n'entendent pas, ont des yeux mais ne voient pas. A demain donc pour un commentaire que je souhaite le plus distancié possible.
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mercredi 17 novembre 2010

Chrétiens de Bagdad et d'Orient

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Vous pouvez envoyer une contribution pour aider les chrétiens d'Orient et de Terre Sainte à : (a) l'Association des Oeuvres du Saint Sépulcre, 112 ter avenue de Suffren, 75015 ; (b) l'Oeuvre d'Orient : contact@oeuvre-orient.fr (don en ligne possible) ; (c) Aide à l'Église en détresse (site internet).
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Une de mes proches m'a envoyé copie d'une lettre écrite par deux petites soeurs de BAGDAD. Elles relatent la manière dont l'attaque, menée par des jeunes de 14-15 ans, agissant à visage découvert, a été conduite dans la cathédrale de BAGDAD, comment avec des grenades jetées dans les système d'aération de la sacristie, où s'étaient nombre de fidèles, femmes et enfants, ils ont 'réussi' à les asphyxier, avant, pour certain d'entre eux, de se faire exploser. Tout cela est abominable. Mais nous parlons, scandalisés, de la chose affreuse qu'est la présence, certes offensante, d'une peau de saucisson dans une mosquée en France, sans même avoir un mot de compassion, un regard horrifié devant ces crimes qui endeuillent nos frères. Nous n'avons pas beaucoup entendu les associations de musulmans français protester contre ces abominations (il y en a eu, peu, mais il y en a eu ; il serait injuste de ne pas le mentionner).
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J'ai l'intime conviction que les épreuves qui touchent les chrétiens d'Orient sont des avertissements, et des appels à notre propre conversion. On pourrait à cet égard demander à monsieur de VILLEPIN qui a produit, avant ces événements, une opinion flatteuse et encourageante sur l'islam, ce qu'il pense de ces événements. Je ne résiste pas au désir que j'ai de vous faire connaître la déclaration que notre ancien premier ministre a faite en 2003 devant les sénateurs :
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"Le monde de l'islam et celui de l'Occident s'entremêlent. Les cinq millions de musulmans de France nous le montrent. La dimension islamique fait partie intégrante de l'Europe. Les musulmans européens, authentiques brasseurs de culture, représentent une chance que nos sociétés doivent saisir pour se projeter dans l'avenir. Oui, l'islam a toute sa place en Europe, d'ores et déjà et davantage dans l'avenir."
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Nous voilà prévenus. Personnellement, je pense que le Christ représente une voie de salut et de libération pour ces hommes et ces femmes, religieux sincères pour la plupart, et qui découvrent, quand on le leur propose, la libération que représente une justification et un salut gratuitement donné à tous ceux qui confessent que Jésus est le Fils de Dieu. Pour des raisons très compréhensibles, je ne donnerai aucun exemple de ces musulmans convertis au christianisme, et qui revivent ! Mais j'en connais quatre ou cinq dont les témoignages m'ont ouvert les yeux et le coeur. Évangéliser me paraît plus utile que de considérer comme acquis et bénéfique l'installation et le développement d'une religion de plus en plus contrôlée de l'extérieur et qui pourrait devenir un véritable corps étranger dans notre propre patrie. Mais je me demande si le pétrole a une odeur.
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mardi 16 novembre 2010

Progrès moral et progrès spirituel, même combat (1)

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Dans le commentaire d'un récent billet, un lecteur oppose le progrès moral au progrès spirituel. Elle fait du premier l'apanage du héros, et du second celui du saint. Je ne partage pas ce point de vue. Il me semble que le progrès moral sert de marchepied au progrès spirituel. Dans les deux cas, en effet, c'est la conscience qui en est le moteur. Et plus exactement la conscience morale, c'est-à-dire cette capacité que nous avons tous de juger de la valeur de nos actes.
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Il y a du reste deux manières d'envisager ce jugement. La première est très superficielle, et consiste à voir si ce que l'on fait ou pense est conforme à un système d'idées toutes faites et préconçues. C'est une conscience morale idéologique. La seconde consiste à rentrer en soi-même, à rendre la pensée observatrice d'elle-même ; elle est plus profonde. Un moyen très simple de juger avec une conscience droite consiste à se demander ceci ; que dirais-je, comment réagirais-je si tel ou tel que je connais ou ne connais pas, disait ou faisait ce que je m'apprête à dire ou à faire ? Il convient de rappeler que la morale n'est pas un ensemble de lois, de normes, de contraintes mais un art de vivre qui permet de répondre à la question : que dois-je faire pour avoir une vie bonne ?
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Vue ainsi, la morale prend une tout autre dimension. Il s'agit de porter un jugement sur soi, non sur les autres, et de distinguer le for interne du for externe. Le for interne relève de l'activité de jugement sur soi-même ; la responsabilité d'une être humain informé, éduqué, est évidemment plus fortement impliquée dans ses choix que celle d'une personne qui ne l'est pas. Du reste la loi tient compte de cet état de fait, puisqu'elle reconnaît qu'il y a des criminels irresponsables, car aliénés. Le for externe est un jugement de valeur que l'on peut porter sur des actes, et non sur des personnes. C'est la raison pour laquelle je pense qu'il ne faut pas légiférer sur l'euthanasie, en soustrayant au for interne le choix déchirant devant lequel des proches sont placées devant la souffrance intolérable d'un être cher qui souffre. Il faut maintenir qu'au for externe l'euthanasie est un crime, mais qu'au for interne, il est bien difficile de porter un jugement moral sur celui qui a activement aidé à mettre fin aux jours d'un malade.
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Je ne sais pas si cet éclairage permet de comprendre les commentaires que j'ai faits en réponse à plusieurs lecteurs. Je le souhaite, mais je maintiens mon opposition formelle à toute loi sur le sujet. qui peut se permettre de rentrer dans les pensées d'un mourant ou d'un parent de mourant ?
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Demain je m'efforcerai d'expliquer comment une conscience morale peut servir de réceptacle à la conscience spirituelle. Mais j'aime à citer cette affirmation de saint Jean Chrysostome : "Même si je dois être excommunié, je dois suivre la voie de ma conscience". Jean parle bien entendu d'une conscience éclairée.

lundi 15 novembre 2010

Orthographe

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Je prie mes lecteurs habituels d'excuser l'énorme faute d'orthographe que j'ai laissée survivre toute cette journée dans le titre de mon billet de ce matin. Roparz Hémon a très justement fait remarquer qu'une telle faute pouvait dissuader nombre de lecteurs occasionnels de revenir sur ce Blog. J'ai donné dans ma réponse à son commentaire une explication, qui n'est pas une justification. Je m'efforcerai d'être plus vigilant à l'avenir.
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Potomac a été viré du gouvernement

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Dans un communiqué aussi laconique que rempli de dignité, POTOMAC, notre cher POTOMAC nous apprend qu'il s'est fait viré du gouvernement (voir commentaire du précédent billet). Il a dû abandonner son maroquin à des crocodiles envieux, arrogants et pleins de morgue, qui ont tramé dans l'ombre l'odieux complot de son injuste éviction.
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Dans un moment aussi douloureux pour lui, je tiens à l'assurer de mon entier soutien. L'oeuvre qu'il a accompli en trois ans et demi en tant que sous-secrétaire d'état aux transports des supporters du PSG et de l'OM réunis est considérable. Les statistiques en notre possession le montrent avec éloquence. Le nombre moyen de blessés au sortir d'un match est passé de 3570 à 3568 (Parc des Princes ; les statistiques du Parc Vélodrome de MARSEILLE se sont évaporées dans les brumes émanées du pastis Bardouin) ; celui des canettes de bière vides, collectées par les services municipaux de nettoyage au lendemain de match est passé de 50689 (nombre moyen pondéré par l'INSEE) à 58342 ce qui indique un net fléchissement dans l'augmentation prévisible et prévue de la consommation de ce spiritueux diabolique. Le nombre annuel moyen d'abribus vandalisés est passé de 50 à 50 (stabilité donc). Bref, le bilan est éloquent et l'on ne peut que déplorer de voir évincé des affaires publiques un ministre aussi efficace et discret que POTOMAC. Je suis certain qu'il appréciera l'hommage vibrant et mérité qu'un admirateur anonyme lui adresse en ces lieux. Et je lui dis : "Ce n'est qu'un au-revoir".
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Je n'ai pu répondre hier soir à Jade. Je le ferai dans le courant de la matinée.

samedi 13 novembre 2010

J'ai appris des choses étranges pendant ce week-end

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J'ai appris des choses étranges pendant ce week-end, des choses que l'on nous cache, des choses anciennes ou récentes, et qui me semblent avoir une grande importance. En voici quatre :
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Un ami très proche vient de perdre sa mère. Il trie, dans la belle demeure familiale, les papiers, les lettres, les documents divers qui se sont accumulés pendant trois générations, tous souvenirs qu'il désire brûler. Soudain, il tombe en arrêt devant une carte d'identité, celle de sa grand-mère. Elle a été établie en octobre 1939, pendant la drôle de guerre. (Monsieur DALADIER est Président du Conseil et Ministre de la Guerre, il est important de souligner ce point.) Quelle n'est pas la stupeur de mon ami quand il voit, mentionné en toutes lettres, en complément à la rubrique nationalité : "née de parents français, non juifs". Ainsi, au début de la guerre, sous un gouvernement de gauche, on établissait dans notre pays une différence entre les Français, selon qu'ils étaient juifs ou non. Je mets au défit qui que ce soit de me dire le contraire. On peut donc avancer qu'un Maréchal de France s'est abaissé à compléter, de sa main, ce que l'administration dépendante d'un gouvernement de la défunte troisième République avait commencé d'orchestrer.
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J'apprends que du temps où il était Ministre de l'Intérieur, puis de la Justice, monsieur MITTERRAND a signé quarante-cinq condamnations de fellaghas à la guillotine (Carnet de Christine CLERC, Valeurs actuelles, N° 2810). La journaliste ne dit pas si ces arrêts de mort ont été suivis d'effet. Quelle évolution, quelle heureuse évolution de cet homme, sous le premier septennat duquel on a aboli la peine de mort. Comme quoi, il est toujours possible d'évoluer. Il n'est de vrai progrès que moral, disait je ne sais qui. Voilà qui paraît juste.
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Stupéfaction encore, lorsque mon frère, en compagnie duquel j'ai passé le 11 novembre, m'apprend que les ROCKEFELLER ont vendu à HITLER, en pleine deuxième guerre mondiale, des brevets essentiels pour la fabrication d'essence synthétique. L'argent n'a pas d'odeur paraît-il. Je crois, moi, qu'il a souvent l'odeur douceâtre du sang.
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Enfin, un autre ami me fait savoir, mais je ne sais pas si je dois le croire, que les salariés de TOTAL auraient droit de faire 17 jours de grève par an, 17 jours qui seraient rémunérés. Cela explique pourquoi la grève dans les raffineries et entrepôt dépendant du groupe a duré 18 jours très exactement. Les 17 premiers jours comptaient pour du beurre, et le 18ème a été honoré par la caisse de solidarité syndicale. Voilà à quoi, peut-être, aurait pu servir pendant des années les énormes sommes d'argent liquide retirées par un membre du MEDEF il y a trois ou quatre ans, sommes dont on a perdu toutes traces. Et si cela avait été pour acheter la paix sociale ? Qui nous prouve qu'il n'en va pas encore de même aujourd'hui ?
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Ce sont toutes ces petites informations qui font réfléchir sur la différence qu'il y a entre les apparences et la réalité. On peut se demander s'il n'y a pas une entente implicite entre tous les responsables d'où qu'ils viennent, pour garder le pouvoir, s'en repaître, et combler le vide profond de leur vie et de leur pensée.
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C'est tout pour aujourd'hui.

mercredi 10 novembre 2010

Légitime, illégitime, légal, moral

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Nous vivons une époque étrange parce que marquée par un phénomène qui va s'amplifiant : celui de l'autonomie absolue de nos jugements et de nos actions. Dans ce court billet, je voudrais d'une part répondre au commentaire d'un lecteur sur l'absence de réglementation de l'euthanasie active, et la nécessité de mettre fin à un "vide juridique" en cette matière, et d'autre part réagir aux opinions de monsieur de VILLEPIN sur le Président de la République. Ces contributions me permettront de donner mon avis personnel sur le phénomène que j'évoquais au début de ce billet : l'autonomie absolue des jugements et des actions.
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(a) Sur l'euthanasie.
Il est inexact de dire qu'il n'y a pas de réglementation et de loi sur l'euthanasie active. Celle-ci est assimilée à un homicide volontaire et elle est jugée sur cette incrimination. Il est exact que les tribunaux font souvent preuve d'indulgence en cette matière, mais les magistrats n'hésitent pas à appliquer le droit en poursuivant les auteurs de tels actes. Dire qu'il n'y a pas de loi sur l'euthanasie revient à supposer le problème résolu et à demander qu'on l'encadre par des critères les moins subjectifs possibles. La question, me semble-t-il, n'est pas là. L'euthanasie active pourra être légalisée ; elle n'en demeurera pas moins un homicide, fût-il commis avec l'assentiment de la personne euthanasiée. Il convient de rappeler ici l'histoire de cette infirmière qui pour soulager la souffrance réelle ou supposée de ses malades abrégeait volontairement leurs jours et fut condamnée pour cette raison. Ainsi, la ligne de démarcation reposerait sur la seule volonté du malade de voir ses jours abrégés. Il me paraît juste de se demander si une telle demande est libre. La souffrance est assez mauvaise conseillère. Il me paraît préférable de développer les soins palliatifs et les traitements de la douleur que de résoudre "le problème" en l'éliminant. Nous touchons donc là à la différence qui existe entre ce qui est légal, légitime et moral.
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(b) Les propos de monsieur de VILLEPIN.
L'ancien Premier Ministre déclare que la politique conduite par le Président de la République est illégitime et qu'il convient de mettre fin à ce qu'il appelle une "parenthèse politique". Un tel jugement est proprement effarant dans la bouche d'un responsable de ce niveau. Ce ne sont pas les manifestations orchestrées par les syndicats de salariés (de la fonction publique en général, et relevant le plus souvent des régimes spéciaux) qui rendent illégitime la réforme des retraites. J'ai beaucoup discuté avec beaucoup de nos concitoyens sur le sujet. Si tous regrettent de devoir quitter un peu plus tard leur travail, je n'en ai pas rencontré beaucoup qui contestaient le bien fondé d'une réforme. Tout le monde n'est pas Bernard FRIOT (dont j'ai enfin reçu le livre) et ne manie pas avec autant de facilité les sophismes, l'idéologie, l'approximation, les préjugés, et l'utopie. Monsieur de VILLEPIN devrait donc prendre garde : déclarer illégitime une loi au motif qu'elle déplaît, crée des contraintes et suscite des oppositions est extrêmement dangereux. Vous imaginez des manifestations pour protester contre les impôts ?
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En vérité, chacun de nous veut être aujourd'hui le législateur de ses propres comportements. Peu importe s'ils gênent autrui. Il suffit qu'ils rencontrent nos désirs pour que nous les déclarions dotés de valeur absolue, et donc légitimes. Le mot autonomie dit bien du reste ce qu'il veut dire : la loi par soi-même. Or l'homme est un sujet social, et il ne peut exister sans le concours des autres. Ignorer ces derniers, violer leurs droits élémentaires, dont le droit à la vie, est illégitime. Est légitime ce qui a été voté par des représentants régulièrement élus par le peuple pour autant que la morale et le droit naturel ne soient pas violés. La réforme des retraites est votée dans ces conditions ; elle est promulguée ; elle ne heurte pas le droit naturel, dans la mesure où les dispositifs de solidarité sont, en France, parmi les mieux élaborés du monde. Une loi sur l'euthanasie violerait le droit naturel, elle serait légale puisque votée, mais elle serait illégitime moralement.
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Je maintiens donc qu'une loi sur l'euthanasie active est illégitime car immorale et qu'une loi légitime peut n'être ni morale ni immorale, mais neutre. Je terminerai ce billet par l'exhortation que Paul de TARSE envoyait à son disciple TITE dans la célèbre épître qui porte le nom du dédicataire : "Fils bien-aimé, rappelle à tous qu'ils doivent être soumis aux gouvernants et aux autorités, qu'ils doivent leur obéir et être prêts à faire tout ce qui est bien ; qu'ils n'insultent personne, ne soient pas batailleurs, mais pleins de sérénité. [...] (Ti 3, 1)". Voilà de sages recommandations, non ? Je reconnais que souvent, j'en suis loin.
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mardi 9 novembre 2010

Mourir à Bagdad

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La manière dont les médias français ont traité l'affreux massacre des Chrétiens de rite chaldéen par des musulmans fanatiques est stupéfiante. Fait divers, petit incident banal dans le cours chaotique et violent du monde : 52 morts (au moins) dont deux jeunes prêtres, 67 blessés (des femmes et des enfants surtout). Un ami de STRASBOURG me fait parvenir deux réactions de lecteurs des Dernières Nouvelles d'Alsace, dont une adressée à Olivier PICARD, éditorialiste dans ce journal. C'est que monsieur PICARD a des jugements à géométrie extrêmement variable et ne semble pas avoir posé, dans son article, les véritables questions que soulève cet acte barbare. Je vous donne l'adresse électronique de ces deux lecteurs à qui vous pourrez manifester votre entier soutien : alainbechennec@orange.fr et pierquin.r@wanadoo.fr .
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L'un et l'autre s'étonnent de la lâcheté des journalistes. Ainsi, le Monde du lundi 1er novembre est-il totalement silencieux (les faits se sont produits le 30 octobre ; c'est qu'il faut du temps aux diligences et malle-postes pour faire le trajet Bagdad-Paris, non ?). Une petite notice en bas de page dans la plupart des journaux papiers. Mais, note l'un des deux protestataires, monsieur GUERLAIN dérape verbalement et l'on nous tartine des pages entières sur ce honteux propos ; on nous rabat les oreilles avec les incidents de VILLIERS-LE-BEL et d'autres encore, qui ont coûté la vie à de malheureux jeunes - et nous partageons la douleur de leurs parents et de leurs proches - lesquels n'étaient cependant pas tout à fait en règle avec la loi.
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Tout cela n'aura qu'un temps. Il ne faut pas trop sous-estimer l'intelligence politique du peuple français. Et partager les utopies et les faiblesses des élites parisiennes tellement éloignées de la réalité, me semble être un manque de discernement total. A de multiples reprises, j'ai souligné qu'il ne faut pas généraliser et parler DES musulmans, mais de certains d'entre eux, dont le fanatisme et la barbarie sont le fruit de l'oeuvre du Malin dans le monde.
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Alors, restons dans l'espérance. C'est aujourd'hui la fête de la dédicace de la Basilique saint Jean- du-Latran, la cathédrale de Rome. L'Église, dans sa sagesse, donne à lire aux fidèles un passage de la lettre de saint Paul aux Corinthiens (chapitre 3, 9b-11.16-17). Et le verset 17 dit ceci qui ne peut être aboli, car c'est la Parole : "Si quelqu'un détruit le temple de Dieu, Dieu le détruira ; car le temple de Dieu est sacré, et ce temple, c'est vous".
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Nous accueillons 150 de ces chrétiens irakiens. C'est peu. Mais on reconnaîtra avec moi que le droit d'asile leur est acquis. Je ne sais comment aider ces personnes. Si quelqu'un peut me dire comment, je lui en serais reconnaissant, et j'invite tous les lecteurs à en faire autant, tout en restant juste et prudent dans leur jugement : il ne convient pas de mettre tous les musulmans dans le sac de l'islamisme. Nombreux sont ceux qui pratiquent d'un coeur droit l'aumône, la prière et le jeune diurne du ramadan, sans autre but que celui d'être fidèles à Dieu. Cela est estimable, et certainement plus que l'athéisme hargneux et militant de tant de nos contemporains.

Boycottez ce type

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Un ami de POITIERS me fait parvenir la lettre de protestation qu'une jeune femme envoie au "chanteur" RAPHAEL (Raphael HAROCHE). Je ne parlerai pas aujourd'hui de la lettre, magnifique, de cette femme de 25 ans. Simplement de ce que chante cet "artiste". Le jeune homme croit utile de cracher sur sa patrie dans une chanson dont je vais vous livrer quelques extraits :
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Si j'étais moins intelligent (sic !)
Si j'avais pas ma carte de lâche,
Je leur foutrais mon pied dans les dents,
Je leur faciliterai pas la tâche,
Ils sont partout dégueulant,
Leur réforme et leur grippe porcine,
Le bon peuple et son Président.
Il faut chanter la Marseillaise
Et avé' la main sur le coeur.
Moi je la siffle avec les Beurs.
Prie pour qu'au foot
On soit de la baise.
L'ordre moral est bien partout.
La démago de gauche à droite.
J'aime mieux attendre qu'ils soient bien saouls
Avant de me battre.
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Monsieur HAROCHE aurait dû recourir à un dictionnaire de rime, tant son texte est pauvre. Mais enfin le problème n'est pas là.
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Pour mon bonheur et le repos de mes oreilles, je n'ai jamais entendu la moindre beuglante de ce jeune imbécile. Il n'est même pas nécessaire de le critiquer, de le condamner. Laissons-le à sa mise en scène dérisoire puisqu'il a cru bon, pour lancer sa chanson, d'enfourcher la statue de Jeanne d'Arc et de l'insulter de gestes obscènes sous l'oeil complaisant des caméras. Le silence seul convient à ce genre d'individus. Il suffit simplement de ne pas acheter ses "oeuvres" et de recouvrir du silence éternel de la réprobation (je ne dirais pas "mépris", car Raphaël est plus à plaindre qu'à blâmer) ce jeune freluquet qui se croit prophétique, drôle, d'avant-garde, et n'est qu'un pantin misérable entre les mains des producteurs de disques et des grands noms du show-bizz.
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N'en parlons plus ! Oui, qu'un silence éternel retombe sur des gestes, des paroles et des comportements indignes.

dimanche 7 novembre 2010

Silence, ô silence

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Par moment, il me vient une furieuse envie d'abandonner la rédaction quasi quotidienne de mes billets. Ils me paraissent vains, inutiles, catégoriques. Et mon tempérament me pousserait plutôt au silence. Pourquoi donc me suis-je lancé dans cette aventure ? Pas de réponse hélas. Et au contraire un sentiment croissant de l'inintérêt absolu d'une telle initiative.
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Plutôt que de l'appliquer aux hommes politiques, comme j'en avais d'abord l'intention, je m'applique à moi-même ce que Thomas MERTON écrit dans son Nul n'est une île, livre exceptionnel dont je recommande la lecture à tous ceux que la recherche de la vérité intéressent. C'est en effet ce paragraphe qui, en cette minute précise, me fait hésiter à poursuivre l'entreprise du Blog :
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"Qu'il est tragique, dit Thomas MERTON, de voir que ce sont ceux qui n'ont rien à dire qui parlent sans cesse, comme des artilleurs affolés qui tirent dans les ténèbres où il n'y a pas d'ennemis. La cause de perpétuel bavardage est la mort, l'ennemi qui semble à tout instant les confronter dans les profondes ténèbres et le silence de leur être. Alors ils lui crient au visage. Ils désorganisent leur vie par le bruit. Ils s'assourdissent eux-mêmes par de vains mots, ne s'étant jamais aperçu que leurs coeurs sont enracinés dans un silence qui n'est pas mort, mais vie. Ils bavardent à en mourir, redoutant la vie comme si c'était la mort."
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Croyez bien que je ne vais pas à la pêche aux compliments. Je n'en ai nul besoin, même s'ils me touchent, car je suis un être humain, sensible à la flatterie. Mais vient un moment de la vie, où l'essentiel n'est pas là, où la question du sens, de la vocation, de la réalisation de son être profond, se pose avec insistance. Il me semble que j'en suis arrivé à ce point, sans doute bien tard dans ma vie. Mais je crois à la parabole de l'ouvrier de la onzième heure. Il n'a pas supporté le poids du jour, lui, comme ses compagnons qui travaillaient depuis l'aurore, et le maître du domaine lui donne le même salaire qu'à ceux-ci. Mais il a travaillé un peu tout de même. Il est sans doute temps que je me mette à l'ouvrage. Silence ! Ô silence !
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samedi 6 novembre 2010

Si, il y a des lois illégitimes

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Je ne veux point perdre une minute pour, revenu de mon voyage, répondre à un lecteur qui me dit qu'une loi s'impose à tous les citoyens dès qu'elle est votée et promulguée, et que je devrais donc obéir à la loi sur l'euthanasie si elle venait au jour.
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Ce raisonnement me paraît très dangereux, car il revient à confondre deux ordres, l'ordre juridique et l'ordre moral. Les lois s'imposent (a) quand elles règlent des situations concrètes, des "cas" auxquels elles apportent des solutions pratiques assorties de sanctions si elles venaient n'être pas observées ; elles relèvent de la "casuistique" et deviennent applicable de fait ; les lois fiscales, pénales, sociales, etc. ont ce caractère casuistique ; (b) quand elles sont l'expression juridique d'évidences au caractère apodictique. Est apodictique tout ce qui relève de l'évidence de droit et non de fait. C'est ainsi que l'abolition de la peine de mort - une initiative que j'approuve tout à fait - n'est que la traduction juridique du "Tu ne tueras pas" qui justement est une exigence marquée de ce caractère. La loi sur l'euthanasie va à l'encontre de cet interdit, et non seulement ma conscience n'est pas obligée d'y adhérer, mais nul ne saurait me forcer à un tel geste, ou de donner par mon silence l'impression que je l'approuve. La loi sur les retraites relève de la casuistique, c'est même l'exemple d'école de la casuistique sociale. On peut être contre, mais on sera bien obligé d'y obéir si elle est promulguée, quitte à l'abroger si un autre gouvernement vient au pouvoir.
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Il faut bien comprendre que c'est en se retranchant derrière des lois, et les ordres qui en découlaient, que des policiers et gendarmes français ont pu participer à la rafle du Vel d'hiv, que des soldats allemands on pu fusiller sans état d'âme des otages, des fonctionnaires anonymes martyriser des déportés, ou que tant d'injustices ont pu être commises à travers le monde, qui heurtaient manifestement toutes consciences droites.
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Toute l'astuce diabolique de la loi sur l'euthanasie, consiste à transformer en "cas", à donner par conséquent un aspect casuistique, à des situations qui appellent une autre réponse que la mort, la passivité, ou la compassion mystico-gélatineuse (que les attendus de la loi ne manqueraient pas de mettre en exergue), mais exigent une intervention active de l'intelligence humaine et de la charité. Oh certes ! Il est plus facile de se débarrasser d'un malade qui souffre, que de tenter de le soulager, de l'accompagner, de le réconforter, de continuer à conduire des recherches scientifiques et médicales, même quand la maladie semble irrémédiablement condamner celui qui en est habité.
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La tragédie grecque nous donne dans la personne d'ANTIGONE un merveilleux exemple de la révolte d'une conscience contre une loi injuste : ANTIGONE brave CREON en donnant a son frère mort une sépulture décente, bien que le tyran l'eût interdit. Elle y laissera la vie, mais pas l'honneur. Il y a des causes qui valent qu'on la perde en effet.
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jeudi 4 novembre 2010

Petit billet préliminaire

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Je m'absente pour deux jours. Néanmoins je voulais reprendre ici un commentaire de POTOMAC sur le statut de la Loi. Tant que la Loi ne touche qu'à des questions casuistiques, effectivement, elle s'impose à tous les citoyens. Il n'en vas pas de même quand elle touche à des domaines essentiels qualifiables "d'apodictiques". J'ai fait, il y a longtemps un billet sur ces différences. Mais elles sont tellement essentielles que j'y reviendrai à mon retour de voyage.
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Merci aux lecteurs, de plus en nombreux si j'en crois les statistiques auxquelles j'ai accès, qui me font l'honneur de me lire.
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Non à l'euthanasie

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Des sénateurs de droite comme de gauche sont en train de déposer une proposition de loi tendant à autoriser "l'aide active à mourir". Il est vraisemblable que cette initiative relève d'un courant de pensée spécifique dans lequel se retrouvent les auteurs de cette proposition.
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Il s'agit là d'un projet inadmissible dont l'hypothétique adoption autoriserait le citoyen à désobéir aux pouvoirs publics légitimes, par tous les moyens pacifiques. Car il vaut mieux obéir à Dieu, Maître de la Vie et de la Mort qu'aux hommes.
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Je vais essayer d'argumenter à partir de données rationnelles et je m'efforcerai de les séparer des raisons spirituelles et morales. (a) Ce projet est inadmissible car nul ne peut savoir vraiment si celui qui demande une aide active à mourir est libre de ce choix, s'il n'y a pas été poussé par des proches (pour des motifs de fausse compassion : on ne supporte pas de voir souffrir quelqu'un que l'on aime ; pour des motifs d'intérêts : héritage en vue, suppression d'un fardeau qui pèse dans le confort de vie, par exemple). Le bon La Fontaine a fort bien décrit dans sa fable du bûcheron et de la mort, l'instinct profond de tout être humain : "Plutôt souffrir que mourir, c'est la devise des hommes". (b) Ce projet viderait de tout sens les efforts des médecins et des chercheurs pour soigner les grands malades et trouver de nouveaux traitements. J'ai, pendant toute ma vie professionnelle, fréquenté de très nombreux collègues médecins. Je n'en connais pas un qui aurait souscrit à un tel projet. Ce qui ne veut pas dire du reste que pour alléger les souffrances de très grands malades proches de leur fin, ils ne leur aient pas administré un traitement qui tout en allégeant ou supprimant la douleur avait des effets secondaires susceptibles d'abréger la vie. Je pense notamment aux dérivés de la morphine qui dépriment profondément le centre respiratoire. (c) Rien n'indique non plus que ce projet n'appelle pas, par extension, la possibilité que se donnerait la société de supprimer les "inutiles", les "déficients mentaux", les "improductifs". HITLER l'a fait. Et il a eu de dignes successeurs, même si les victimes étaient différentes : MAO et les massacres de la Révolution Culturelle, POL POT et les khmers rouges, les HUTUS contre les TUTSIS. Même si dans les formes extérieures, les victimes étaient différentes, la logique était identique : éliminer les "différents" (de classe, de races, de statuts politiques, d'état physique ou psychique). Certes, la proposition de Loi ne dit pas cela, mais elle est une porte ouverte.
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L'impératif biblique du "Tu ne tueras point" est un impératif absolu, intangible, intouchable. Mais la morale naturelle condamne aussi cette pratique qui nous fait remonter aux temps sacrificiels pendant lesquels, pour cacher le meurtre initial de l'innocent, on inventait des mythes pour le diviniser.
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Je vous invite donc à aller signer la pétition demandant aux sénateurs de retirer ce texte. Allez sur le site www.fautpaspousser.com , à la rubrique Stop à l'euthanasie, et signez la pétition, avant qu'il ne soit trop tard. Pour ma part, je refuse de reconnaître la moindre légitimité à un texte qui heurte profondément ma conscience.
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mercredi 3 novembre 2010

Le métier de parents, le rôle de l'enseignement, la responsabilité des politiques

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Jean-Marie BOCKEL, secrétaire d'Etat à la justice vient d'accorder un entretien au journal gratuit Direct Matin de ce jour. On devrait accorder plus d'importance à ses propos. Je reviendrai, du reste, sur une initiative qu'hélas nous n'avons pu poursuivre en Alsace, et qui rejoignait les très justes intuitions de notre ministre.
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Question : Faut-il davantage responsabiliser les parents ?
Réponse : La famille est le premier espace privé de construction de la personne. Mais certains parents sont dans l'incapacité d'exercer leur mission parce qu'ils ne l'ont jamais intégrée. Nous avons sur ce point un vrai savoir-faire au niveau local pour enseigner le métier de parents. Je préconise de généraliser le contrat de responsabilité parentale mené avec succès dans les Alpes-Maritimes. Et pour amener certaines familles à 'se bouger', le risque de la sanction, comme la suspension des allocations familiales, doit exister.
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Question : La famille peut-elle agir seule ?
Réponse : Non, il ne s'agit pas de mettre toute la pression sur les parents. Le repérage des enfants fragilisés se fait aussi à l'école. On le fait déjà au Collège, mais c'est parfois trop tard. Je pense donc qu'on peut repérer dès l'école primaire, afin de les aider, les jeunes en souffrance, dont les problèmes personnels ne sont pas pris en compte. Il n'y a pas de risque d'établir un quelconque déterminisme de la délinquance.
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Pour la première fois, depuis longtemps, un homme politique insiste sur le rôle fondamental de la famille. Bien entendu, le politiquement correct s'efforce de la démolir. Et dans une de ses thèses sur FEUERBACH, MARX déclare qu'il faut détruire la famille pour détruire l'image de la Sainte Famille. En somme, la destruction de la famille est un des éléments de la lutte contre le christianisme et l'anthropologie chrétienne.
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Lorsque j'étais encore enseignant à l'Université Louis Pasteur, nous avions fondé avec quelques amis une association nommée AREGA (Association du Réseau Educatif Grandir d'Alsace) dont l'originalité était qu'elle recrutait des enseignants allant de la maternelle à l'Université, en passant par les écoles, les collèges et les lycées. Notre intuition était triple :
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(a) Responsabiliser les parents, les former, et associer à la démarche de formation par des avantages certains, car en ces matières, il est difficile de dissocier la vertu de l'intérêt. Ainsi, nous préconisions d'accorder, par exemple, des bons de réductions sur les achats scolaires aux parents présents à des conférences de formation à leur métier de parents (pour la maternelle, le primaire, le secondaire, premier cycle). Nous avons pu organiser ainsi cinq soirées de formation au Collège d'ERSTEIN, dont la principale, il faut le souligner, est une femme en tous points remarquable. Ces soirées se déroulaient en trois parties : une causerie faite par un spécialiste, des groupes de travaux pratiques (jeux de rôle, mise en situation, discussion sur des cas concrets, sur des images de publicité, par exemple) qui rendaient compte de leurs résultats devant les autres groupes. Nous terminions la soirée par le verre de l'amitié dûment abondé par les gâteaux et les boissons apportés par les uns et les autres. Il y avait régulièrement entre 20 et 30 familles représentées (en moyenne : parfois moins, parfois plus). Il n'y avait là aucun avantage, simplement l'intérêt porté au bien de l'enfant.
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(b) Créer une filière d'excellence dès la classe de quatrième, de formation aux métiers de l'artisanat, du commerce et de l'industrie, associée à un enseignement général de haut niveau, réservée à un petit nombre d'élèves, parmi les meilleurs, impliquant des stages de formation pratique encadrés par des Maîtres de stage dûment choisis pour leur qualité professionnelle et leur engagement personnelle dans la filière. Notre idée était qu'en France, les métiers déclarés "manuels" sont décriés et sous-estimés et n'attirent, pour cette raison, que peu d'enfants. L'état de l'enseignement technique, dont les enseignants sont pourtant d'un dévouement inouï, le prouve à l'évidence. Les Français ont ceci de particulier qu'ils ont le culte du Diplôme, des concours, des titres, toutes choses que ne comprennent ni les Anglais, ni les Américains, les Allemands formant un cas à part. Notre idée était que plus la sélection serait sévère et resserrée, et plus nous aurions de candidats à cette filière, et des meilleurs.
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(c) Faire reconnaître par les maires, députés, conseillers généraux, régionaux, etc. le mérite de nos jeunes par une remise solennelle de Diplômes, en leur présence (pourquoi pas le 14 juillet, et pour tous ?) et d'un cadeau, même modeste aux plus méritants, que ces jeunes soient collégiens, lycéens, étudiants. Cette remise de Diplôme aurait pu être couplée à une fête organisée par les communes pour leurs jeunes. Pour que les jeunes s'intéressent à la chose publique, il faut que celle-ci s'intéresse à eux.
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Nous n'avons pu poursuivre l'expérience, car les membres fondateurs ont été dispersés par les aléas de la vie, et nul n'est venu prendre le relais, ce qui est dommage. Il me semble que monsieur BOCKEL prend le problème par le bon, bout, même s'il le fait dans le cadre de la prévention de la délinquance. Affaire à suivre.
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mardi 2 novembre 2010

Pensées des morts

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En ce jour où, nous recueillant en nous-même, nous faisons mémoire de nos morts, voici quelques extraits du poème de LAMARTINE que BRASSENS a mis en musique et qu'il a si merveilleusement chanté.
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A ceux de mes lecteurs qui ont reçu la grâce de la foi, l'Agneau de l'Apocalypse dit : "Voici que je fais toutes choses nouvelles. De pleurs, il n'y en aura plus".
A ceux qui croient en l'homme, TAGORE affirme : "A l'homme qui espère toutes choses se révèlent, pourvu qu'il ne renie pas dans les ténèbres ce qu'il a vu dans la lumière".
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Voilà les feuilles sans sève
Qui tombent sur le gazon
Voilà le vent qui s'élève
Et gémit dans le vallon.
Voilà l'errante hirondelle
Qui rase du bout de l'aile
L'eau dormante des marais.
Voilà l'enfant des chaumières
Qui glanent sur les bruyères
Le bois tombé des forêts.
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L'onde n'a plus le murmure,
Dont elle enchantait les bois ;
Sous les rameaux sans verdure,
Les oiseaux n'ont plus de voix.
Le soir est près de l'aurore,
L'astre à peine vient d'éclore
Qu'il va terminer son tour.
Il jette par intervalle
Une heure de clarté pâle
Qu'on appelle encore un jour.
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L'aube n'a plus de zéphire
Sous ses nuages dorés.
La pourpre du soir expire
Sur les flots décolorés.
La mer solitaire et vide
N'est plus qu'un désert aride
Où l'oeil cherche en vain l'esquif,
Et sur la grève plus sourde
La vague orageuse et lourde
N'a qu'un murmure plaintif.
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[...]
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C'est alors que ma paupière
Vous vit pâlir et mourir
Tendres fruits qu'à la lumière
Dieu n'a pas laissé mûrir !
Quoique jeune sur la terre
Je suis déjà solitaire
Parmi ceux de ma saison,
Et quand je dis en moi-même
Où sont ceux que ton coeur aime ?
Je regarde le gazon.
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Leur tombe est sur la colline.
Mon pied le sait : la voilà !
Mais leur essence divine,
Mais eux, Seigneur, sont-ils là ?
Je sais qu'à l'indien rivage,
Le ramier porte un message
Qu'il rapporte à nos climats ;
La voile passe et repasse,
Mais de son étroit espace
Leur âme ne revient pas.
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Ah ! quand les vents de l'automne
Sifflent dans les rameaux morts,
Quand le brin d'herbe frissonne,
Quand le pin rend ses accords,
Quand la cloche des ténèbres
Balance ses glas funèbres,
La nuit, à travers les bois,
A chaque vent qui s'élève,
A chaque flot sur la grève,
Je dis : N'es-tu pas leur voix ?
-
[...]
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Ah ! vous pleurer est le bonheur suprême
Mânes chéris de quiconque a des pleurs.
Vous oublier c'est s'oublier soi-même :
N'êtes vous pas un débris de nos coeurs ?
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Les extraits de ce poème se suffisent à eux-mêmes sans qu'il soit nécessaire de les commenter.