dimanche 13 mars 2011

Le réel, le possible et le souhaitable

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Les lecteurs qui me font l'honneur de consulter régulièrement ce Blog sont en droit de se demander si ma pensée est cohérente. Je voudrais donner ici quelques précisions sur la manière dont je m'efforce de présenter mon opinion. Il y a en effet un élément dont je n'ai jamais fait état ici et qui est celui de la nature du sujet qui est en débat. Il y a, selon moi, trois manières d'aborder un problème de nature politique (ou autre, d'ailleurs) : sous l'angle du réel, sous celui du possible, sous celui du souhaitable. Aussi curieux qu'il puisse paraître, c'est en lisant un passage d'Isaïe que j'ai pris conscience clairement de ce qui m'apparaît maintenant comme une évidence. J'y reviendrai.
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Le réel, souvent je l'ai dit, est ce qui nous résiste. Dans l'état actuel de l'opinion, il apparaît qu'une partie des Français s'opposent avec virulence à l'immigration en général, et aux immigrants musulmans en particulier. Par ailleurs, il est certain que les finances de notre pays ne sont pas très brillantes. Enfin, il est non moins certain qu'un nombre croissant de nos compatriotes a de plus en plus de mal à vivre décemment. Autre réalité absolument incontournable, la montée en puissance de grands pays, comme l'Inde, la Chine ou le Brésil, met a mal les positions commerciales, industrielles et financières des pays occidentaux, Europe en tête (à l'exception de l'Allemagne) et Etats-Unis ensuite. Enfin la mondialisation du commerce et des échanges d'information, les développements techniques tendent à uniformiser les désirs, les modes de vie, les aspirations, la culture et même les langues : l'anglais ayant tendance à supplanter, non seulement dans les échanges internationaux, mais au sein même des nations, la langue nationale (ah! les "buzz", le "shopping", le "George, we recycle", le "sponsor", le "surbooké", etc. sur nos écrans d'ordinateur ou de télévision, dans nos journaux, dans nos conversations). C'est ainsi. Il ne sert à rien de se lamenter. Dès lors deux questions : (a) Faut-il s'accomoder de cette uniformisation des modes de vie, des rivalités mimétiques violentes qui naissent entre des groupes humains que ne distinguent plus le mode de vie, la culture, la langue ? (b) Si l'on ne s'en n'accommode pas, que faut-il faire ?
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Voilà la question du possible qui est soulevée et qui inspire très diversement les hommes politiques. La grande difficulté vient de ce que les solutions proposées par les uns ou les autres ne sont tirées que de l'idéologie, d'un système de pensée tout fait, et qui est censé être absolu, y compris dans ses développement et contradictions, puisqu'il s'inscrit dans une philosophie très particulière, celle de la thèse, de l'antithèse et de la synthèse. Il n'y a plus de repères stables ; toutes les options s'ouvrent à nos fantaisies, et d'autant plus facilement qu'elles n'auront de sanctions qu'après un long délai de mise en oeuvre. Même sur ce point, du reste, la dialectique de papa HEGEL et de papa MARX continue de faire merveille : dans ses deux versions, spiritualiste ou matérialiste, elle a D'AVANCE réponse à tout. Une nouvelle antithèse, suivi d'une nouvelle synthèse aura raison des catastrophes sociales ou politiques qu'entraîne son triomphe dans l'esprit des hommes. C'est ce qu'on appelle le sens de l'histoire, laquelle souvent s'écrit avec le sang des pauvres et avec celui des innocents.
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Quel est donc ce souhaitable ? Comment l'imaginer, lui qui seul peut sauver l'humanité du terrible destin qui l'attend si elle persiste dans ses erreurs. C'est alors qu'intervient ISAÏE. Que dit-il ?
"Oui, mais le jour où vous jeûnez, vous savez bien trouver votre intérêt, et vous traitez durement ceux qui peinent pour vous. Votre jeûne se passe en disputes et querelles, en coups de poings sauvages. Ce n'est pas en jeûnant comme vous le faites aujourd'hui que vous ferez entendre là-haut votre voix. [...] Quel est donc le jeune qui plaît [dit Dieu] ? N'est-ce pas faire tomber les chaînes injustes, délier les attaches du joug, rendre la liberté aux opprimés, briser TOUS LES JOUGS ? N'est-ce pas partager ton pain avec celui qui a faim, recueillir chez toi le malheureux sans abri, couvrir celui que tu verras sans vêtement, ne pas te dérober à ton semblable ?
Alors ta lumière jaillira comme l'aurore, et tes forces reviendront rapidement. Ta justice marchera devant toi, et la gloire du Seigneur t'accompagnera. Alors, si tu appelles, le Seigneur répondra : si tu cries, il dira : "Me voici".
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Le grand tort des hommes politiques français, des principes politiques français, de l'enseignement français, est d'avoir confondu le christianisme avec une idéologie, et de s'être heurté à lui en le mettant sur le même plan que cette plaie de la pensée. Or le christianisme n'est pas une idéologie. Le disciples de Jésus a fait une rencontre, la rencontre d'un homme dont les paroles et les actes prouvent qu'il ne pouvait pas être autre chose que ce qu'il disait être : le Fils de Dieu. Dès lors, pour un disciple, le possible et le souhaitable se confondent dans le respect du réel. Il est toujours possible, en effet, de pratiquer un véritable jeûne - et ce n'est pas celui que l'on croit. Il nous est toujours possible de manifester du respect à l'étranger, de l'éduquer, de l'évangéliser, de l'aimer, de l'aider, chacun pour ce qui nous concerne, en écoutant la voix de notre conscience, sans pathos ni sensiblerie, en tenant compte des lois quand elles ne heurtent pas cette intime et fragile petite voix. Concrètement, j'y reviendrai, il y a des solutions à tous les problèmes qui se posent à nous, les petits, les quotidiens, comme les grands, les mondiaux. Elles supposent un changement de regard sur l'autre (sur les "riches" comme sur les "plus démunis", expressions toutes faites et pour moi insupportables ; sur les français "de souche", comme sur les "immigrés", expressions toutes faites et semblablement inacceptables dans leur généralisation abusive), et certainement une conversion du coeur. Car la charité supporte tout, mais elle peut tout.
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4 commentaires:

Anonyme a dit…

Cher Professeur,

Je me demande où vous trouvez cette énergie pour écrire autant et vous souciez de vos lecteurs. Bravo !

Je ferai un commentaires quant à vos brillantes remarques :

Vous dîtes : " il est certain que les finances de notre pays ne sont pas très brillantes." Vaudrait mieux dire, '' les finances de l'Administration française " plutôt.

Pour information, le pays La France se classe parmi les pays du monde comme le quatrième le plus riche, avec un moment d'actifs évalués à 12 100 milliards de dollars US. ( le monde possède globalement 195 000 milliards de USD. ) et de ce fait est le pays le plus riche d'Europe devant la Germanie, l'Italie et le Royaume Uni.

Les Français disposent en moyenne de 251 000 USD de patrimoine, se classant cinquième au niveau mondial devançant les US classés septième, les Britanniques 10ième et les Germains 16ièmes.

Ce pays la France est riche. Ce pays la France peut se permettre le luxe d'avoir une Administration dépensière.

La France par ses richesses attire les investisseurs étrangers, par les avantages fiscaux que le gouvernement ( actuel ! ) leur procure, et par la potentialité du développement économique du pays. D'ailleurs si de nombreux créanciers de l'Administration du pays sont des étrangers, cela n'est pas pour rien.

Malgré un déficit de sa balance commercial qui ne va pas en s'arrangeant, le pays reste attractif, car bien placé.

Vous êtes sans doute trop optimiste, me direz-vous. Je dirai non. Jamais assez optimiste. J'en ai juste assez des discours de lamentations qui pullulent dans ce pays, des complaintes pour ci et pour ça, des comportements d'enfants gâtés, des mous, des grimaces de dégouts quand il s'agit de faire des efforts. Sans doute, le pays est encore trop riche, sans doute les Français trop dorlotés, maternés par cette République providence.

En écoutant les nouvelles récentes du Japon, les Japonais s'inquiètent de savoir s'ils vont pouvoir retourner travailler demain lundi. Voilà un peuple qui sortira encore plus fort de la présente catastrophe qu'ils sont en train de vivre.

Bien à vous.

Rougemer 2011 03 13

tippel a dit…

Les impatients de l'Histoire sont légion, chacun de nous fait sa déclaration sur les événements de Tunisie, d’Egypte et maintenant de la Libye. Si les géo-politologues du Café du Commerce (dont je suis) peuvent faire des pronostics incorrects, sans conséquences regrettables sur nos conditions de vie, il en est tout autrement de ceux qui nous gouvernent. Les médias français sont bien le reflet des hommes politiques; soit du parti UMP aux manettes, soit de la gauche qui sait tout sur tout, et ses extrêmes au sens large qui influencent le premier et finalement le déroute dans sa molle gouvernance. La lecture des journaux est donc aussi surprenante que ceux qui nous conduisent vers le précipice. L’affaire ivoirienne, qui devait se résoudre par la victoire d’Alassane Ouattara sur Laurent Gbagbo, est à ce jour une tartuferie. L’Egypte devait se libérer de l’inoxydable dictateur Moubarak, ce pays sombre dans la violence, 13 morts et 110 blessés avant-hier dans des affrontements contre des chrétiens. La Tunisie, selon les journaux, avait reçu « l’air démocratique » et les Tunisiens pouvaient revenir librement au pays. Alliot-Marie la ministre, l’ambassadeur, et le nouvel ambassadeur de France y avaient tous laissé leur poste sous la pression et le dictat des gauchos. En Libye, il y a 20 jours, Kadhafi n’avait que quelques heures à vivre, les insurgés, toujours selon la presse française, prenait le contrôle du pays, Tripoli, la capitale, devait tomber dans les heures à venir, l’armée s’était rangée dans le camp des opposants etc. etc. Les gesticulations du petit bonhomme aux talonnettes, Ali- Sarko, et Obama prescrivaient l’envoi de leur marine de guerre devant les côtes libyennes. Et maintenant me direz vous ? Eh bien, après avoir pris conseil auprès de la gauche et de Villepin, le premier représentant de la république, « président va-t-en guerre », propose des frappes aériennes, qui feront pschitt ! Il y aura une étude éventuelle d’exclusion partielle d’espace aérien. Toute cette information n’engage que ceux qui y croient. Moralité : méfiez-vous de votre presse écrite, parlée et visuelle, sinon vous ferez, comme Philippe Poindron, des prévisions intempestives. Une info pas reprise par notre presse loyaliste, le porte- hélicoptère qui devait évacuer les Egyptien de Libye dans un but humanitaire, est arrivé trop tard, les Egyptiens avaient tous franchi la frontière terrestre. Pour une fois que le président voulait prendre de vitesse, dans la sottise, les socialistes ! Pschitt, trop tard !

Philippe POINDRON a dit…

Cher Tippel,

Oui, j'ai fait des prévisions intempestives. Car il y avait un facteur que je n'avais pas pris en compte, les intérêts financiers internationaux. Ceci étant dit, l'histoire n'est pas finie. Pour l'Egypte et la Tunisie, faites moi le crédit d'avoir montré beaucoup de scepticisme sur la qualité prétendue démocratique des nouveaux régimes mis en place par les révolutions.
Je reviendrai, je l'ai dit, sur les conditions d'une véritable aide à apporter à ces pays.
Amicalement.

tippel a dit…

Cher Philippe Poindron, je vous fais crédit des difficultés de donner une appréciation juste des évènements du monde politique, il faut lire pas seulement les titres des médias français mais aussi la presse étrangère, c’est un difficile travail de décortiquer la juste information. Avec mes amitiés.