mercredi 30 mars 2011

Un grand résistant parle de la patrie

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Nul ne contestera le titre de grand résistant au Colonel REMY, nom de guerre de Gilbert RENAULT, celui que le numéro deux anglais de l'Intelligence Service, Sir Claude DENSEY qualifiera "du plus extraordinaire agent secret que j'ai jamais rencontré au cours de ma longue carrière". Le Colonel REMY est mort en 1984 à GUINGAMP.

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Il s'était attiré l'inimitié du Général de GAULLE : il lui ne pardonnera jamais, en effet, d'avoir voulu réhabiliter les millions de Français qui avaient suivi de bonne foi le Maréchal PÉTAIN. Je persiste à croire que ces derniers étaient dans la plus grande erreur et que le premier avait fait preuve d'une vertu assez rare de nos jours : celle de rassembleur, d'homme de pardon, d'homme de dialogue.

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REMY avait écrit un livre Le catéchisme de la Patrie. REMY était maurrassien. On voit qu'il était possible à un monarchiste d'être aussi un homme lucide sur le nazisme et la collaboration, et sur les désastreuses conséquences du vychisme. Il est donc intéressant, selon moi, d'écouter ce que grand patriote dit et que, du reste, sans le savoir, je n'ai jamais cessé de proclamer dans mes billets :

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"Il est difficile de déterminer avec exactitude le moment où le mot nationalisme prit naissance, mais on ne peut douter qu'il ne soit d'inspiration révolutionnaire. Avec le temps, il prendra force d'usage, pendant que s'effacera le faux principe dont il est issu. Le jour viendra on l'on aura tendance à le confondre avec le patriotisme, et l'on verra Charles MAURRAS l'utiliser dans ce sens, prenant toutefois le soin de lui accoler un qualificatif." [i.e. nationalisme intégral ; note de votre serviteur.]

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Catherine RENAULT-REMY, la fille du Colonel, écrira dans l'avant-propos d'un autre livre de son père - il venait de mourir - : "REMY ne fut jamais un homme de parti, il haïssait les politicards. Ni les uns ni les autres ne peuvent se vanter d'avoir récupéré cet homme d'une indépendance totale et farouche."

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Et si l'amour de sa patrie était justement de n'être d'aucun parti, autre que celui de la France, dans ce qu'elle a de meilleur ? Encore faut-il savoir ce qu'est ce meilleur. Ce n'est pas VOLTAIRE, ce n'est pas CONDORCET, ce n'est pas la Révolution, c'est le peuple français dans son obstination à cultiver la terre, à honorer ses morts, à aimer son art et ses lettres, à aimer la juste mesure, à se défier des ruptures et des soi-disant innovations (je ne dis pas "prétendues", car j'évoque ici ce que ce que ces innovations disent sur elles-mêmes ; le rôle de la publicité est de transformer "soi-disant" en "prétendu" puis en "nouveautés" et "progrès" incontournables).

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A ce point, qu'on me permette de rappeler encore un propos d'Henri HUDE, décidément philosophe politique de première grandeur, méconnu, car loin du jeu médiatique, de Gallimard, de la Revue de Philosophie et que sais-je encore, qui font les délices des salons parisiens. Or donc HUDE dit ceci :

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"Il est [...] certain que le patriotisme aura toujours du mal à se passer d'ennemi, c'est-à-dire à ne pas devenir chauvin.

On pourrait en conclure à la justification de l'internationalisme, si ce qui vient d'être dit ne s'appliquait pas aussi à ce dernier. L'internationalisme a besoin d'une patrie : ce sera le groupe, le clan ou le parti internationalistes. Il lui faut un ennemi, ce seront les patries. Le parti fonctionne donc comme une patrie fermée, à ceci près que le groupe de référence n'est pas une patrie réelle et historique [mots en gras de votre serviteur], mais se définit alors par une appartenance philosophico-politique. Le discours pacifiste et internationaliste est alors l'équivalent fonctionnel d'un appel aux armes. Bref, l'internationaliste est aussi chauvin que n'importe quel cocardier, il a seulement en plus quelque chose de théocratique et son agressivité ressemble à du fanatisme."

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Il me semble que l'on ne saurait mieux dire et que cette analyse s'applique très exactement à la situation politique française. Serions-nous donc condamnés à choisir entre chauvinisme faussement patriotique et fanatisme politique positivement violent ?

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Il me semble qu'il y a en ce moment un très grand espace ouvert à ceux qui veulent bien porter intérêt à leur malheureux pays ; il y a des solutions respectueuses à la fois de la nécessaire générosité des pays riches vis-à-vis des pays pauvres et de l'absolue nécessité de préserver le meilleur de l'héritage que notre longue histoire nous a légué.

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C'est tout pour aujourd'hui.

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1 commentaire:

Roparzh Hemon a dit…

Cher auteur,

une suggestion pour un futur billet : que pensez-vous de l'article à l'adresse
http://www.contrepoints.org/2011/03/29/19108-cantonales-deni-de-democratie

Bien cordialement, E. D.