dimanche 26 juin 2011

Billet compensateur N°2

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Jusqu'ici, je n'ai rien compensé du tout. Mais nous sommes dimanche et je puis encore produire aujourd'hui deux billets pour retrouver un niveau de publication quotidien.
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Dans le droit fil du billet d'hier, je vais encore vous parler de l'égalité en vous citant celui qui en le mieux dévoiler l'imposture qu'il associe au caractère politique des Français, je veux parler encore de TAINE (Livre troisième, Le Régime Moderne. Objet et mérites du système. In  Les Origines de la France contemporaine).
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"Dans les objets et les individus, le Français saisit aisément et vite un trait général, quelques caractères commun, ici ce caractère est la qualité d'homme ; il la détache avec dextérité, il l'isole nettement, puis d'un pas leste et sûr, en droite ligne, il se lance sur le grand chemin des conséquences. Il a oublié que sa notion sommaire ne correspond qu'à un extrait, à un très mince extrait de l'homme total ; son opération tranchante et précipitée dérobe à ses regards la plus grande partie de l'individu réel ; il a omis quantité de caractères, et les plus importants, les plus efficaces, ceux que la géographie, l'histoire, l'hérédité, l'habitude, la condition, le travail manuel ou l'éducation libérale imprime dans l'esprit, l'âme et le corps, et qui, par leurs différences, constituent les différents groupes, locaux ou sociaux. Tous ces caractères, non seulement il les néglige, mais il les écarte ; ils sont trop nombreux et trop compliqués ; ils le gêneraient pour penser. Autant il est propre aux pensées distinctes et suivies, autant il est impropre aux pensées complexes et compréhensives ; en conséquence, il y répugne, et, par un travail secret dont il n'a pas consciences, involontairement, il abrège, il simplifie, il écourte ; désormais son idée, même partielle et superficielle, lui semble adéquate et complète : à ses yeux , la qualité d'homme prime et absorbe toutes les autres ; non seulement elle a une valeur, mais cette valeur est l'unique. Partant tous les hommes se valent, et la loi doit les traiter en égaux. - Ici, l'amour-propre, si vif et si promptement susceptible en France, intervient pour interpréter et appliquer la formule : Puisque tous les hommes se valent, je vaux n'importe quel homme ; si la loi confère un droit aux gens de telle ou telle condition, fortune ou naissance, il faut qu'elle me le confère aussi. Toute porte qui leur est ouverte doit m'être ouverte ; toute porte qui m'est fermée doit leur être fermée : autrement on me traite en inférieur, je suis froissé dans ma fibre intime."
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Voilà la plus belle description de l'esprit de système qui est si particulier à l'esprit français et qui irrite tant nos voisins européens. Notre cher Hippolyte continue un peu plus loin :
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"Telle est la composition interne de l'instinct égalitaire, et tel est l'instinct naturel des Français : il est bienfaisant ou malfaisant, selon que l'un ou l'autre ingrédient y prédomine, tantôt le noble sentiment de l'équité, tantôt la basse envie de la vanité sotte, mais, sain ou malsain, sa force en France est énorme, et le régime nouveau [NDT : celui de Napoléon BONAPARTE] lui donne toutes les satisfactions, les bonnes comme les mauvaises."
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Il semble bien que dans l'esprit public contemporain, ce soit l'égalitarisme malfaisant, égoïste et utilitaire qui serve de dogme central aux doctrines politiques. Mais cette passion malfaisante vient de loin, et bien des observateurs politiques contemporains de TAINE l'avaient déjà noté. Je vous en parlerai demain.
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2 commentaires:

CORATINE a dit…

Merci, cher M. Poindron, pour vos deux billets de dimanche qui compensent largement votre absence et permet à nos esprits de ne pas s’étioler.

Mais, comme d’habitude, j’ai une question à poser qui n’a rien à voir avec ces billets.

Je ne sais pas si, comme nombre de Français, vous avez regardé Marine le Pen dans un débat arbitré par David Pujadas sur la deuxième chaîne.

Je ne veux pas trop parler politique en ce lieu, mais il y a un point, parmi d’autres, qui m’a interpelée et que j’ai trouvé fort pertinent dans les propos d’une candidate, somme toute fort plaisante à écouter, toujours souriante, très calme et pondérée face à aux agressions mesquines de ses interlocuteurs: il s’agit d’un référendum sur la peine de mort qu’elle proposerait aux Français. Je trouve cela très bien de demander aux Français ce qu’ils en pensent, surtout dans cette période, comme vous le disiez si justement, où l’on assiste aux pires atrocités !

Dans le cas de Laetitia par exemple, qui a été torturée à mort, et démembrée, pensez-vous que la prison à perpétuité soit une solution et un exemple capable de dissuader les criminels? On sait très bien tout d’abord que le prisonnier sera libéré au bout de quelques années, faute de place dans les prisons, et que la prison de nos jours n’est pas loin des « restaurants du cœur », voire d’une chambre d’hôtel avec télévision et tout confort (j’exagère, je reconnais).

En outre, qui paie pour nourrir, loger, blanchir ces bourreaux à vie ? C’est bien le contribuable, n’est-ce pas ?

Moi, j’ai le courage de le dire, au risque de vous choquer et de choquer vos lecteurs, j’estime qu’ils méritent la mort ! Sans les tortures qu’ils ont infligées eux-mêmes bien sûr, une mort rapide et douce, mais leur cruauté et leur inhumatié méritent la mort !

Je sais bien que vous allez me parler de Dieu, et des martyrs, mais vous ne me convaincrez pas, car vous savez bien que je ne crois pas à un tel Dieu qui permettrait une souffrance abominable infligée par des fous à d’innocentes créatures ! Et s’il s’agissait de nos enfant ???

Philippe POINDRON a dit…

Chère Coratine,

Je répondrai à vos questions dans un prochain billet.
Bien amicalement.