mercredi 3 août 2011

Avant de partir en vacances...

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Je vais m'absenter pour une quinzaine de jours et reprendrai mes billets vers le 18-19 août. Mais je ne voudrais pas le faire sans répondre ici à deux fidèles lecteurs : Pierre-Henri THOREUX et CORATINE.
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D'abord j'admets tout à fait que la seule raison ne parvient à prouver que Dieu existe. Néanmoins, je crois que son usage permet de faire une partie du chemin qui conduit à accueillir la grâce de la foi, toujours un don.
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Je vois quatre voies possibles, et qu'il est indispensable d'utiliser toutes pour aller à la rencontre de Dieu.
(a) La première me semble être la contemplation de l'Univers. Attention, pour ne pas tomber dans la critique de l'argument de la preuve cosmique, je me contenterai de dire que ce spectacle élève l'âme, qu'il s'agisse de la mystérieuse profondeur d'une nuit pleine d'étoiles, ou de l'organisation délicate et admirable d'une diatomée ou d'un radiolaire (je prends ces exemples à dessein, car ces deux types de micro-organismes ont des structures époustouflantes de beauté). Je ne cherche pas la cause de tout cela. Je me contente de contempler sans comprendre.
(b) La seconde voie est celle de la beauté, je veux parler de la beauté dont des artistes de génie, connus ou non, ont été les créateurs. Qui n'est pas bouleversé à l'audition du Concerto pour clarinette de MOZART, ou des Vêpres de la Très sainte Vierge Marie de MONTEVERDI ? Qui n'est pas saisi par la forme parfaite d'un céladon de Chine ? Par l'étrangeté des masques africains, par les sculptures grecques, le buste de NEFERTITI, les miniatures persanes ou médiévales européennes ? Le saisissement esthétique est un puissant élévateur de l'âme. Et c'est pourquoi les cultureux de la décadence sont comme les pharisiens du temps de JÉSUS : ils barrent l'accès à la source avec leurs beuglantes, leurs excréments, leur sang, leurs informités et difformités, leurs bruits inorganisés. Tous les artistes contemporains ne sont pas à mettre dans ce panier. Il en est qui font de la merveilleuse musique ; elle est moderne, certes, mais l'inspiration en est profonde, spirituelle, poétique, et j'inclus là les gospels, le negro spirituals, du jazz. Il y a des peintres abstraits qui produisent des chefs-d'oeuvre d'équilibre de composition, de couleurs, de rythme graphique. Mais ceux-là sont rarement compris et peu médiatiques. Ils ne connaissent pas le chemin du Ministère de la Culture, seulement celui de leur coeur.
(c) La troisième voie me semble être celle de l'histoire et des chercheurs qui la commentent et la scrutent. Je suis en train de faire un travail sur les manuscrits des textes bibliques, et je suis frappé de voir comment, en dépit des petites variantes d'un manuscrit à l'autre, toujours mineures, ces textes se sont conservés ne varietur. Un exemple : le rouleau d'Isaïe trouvé à QUMRAN comporte 1400 variations mineures d'avec le texte le plus ancien (IIIe S.) que l'on connaissait avant qu'il ne fût découvert. Il date de 150 avant J.-C. Seules huit ou neuf variations ont été utiles pour comprendre ou éclairer les éditions critiques modernes de ce prophète. Il faut avoir de très puissantes raisons pour conserver ainsi ces textes, dans une civilisation où la transmission orale tient une très grande place. Il est raisonnable de croire (i) que les textes bibliques ont été transmis sans altérations substantielles ; (ii) que les textes du Nouveau Testament rapporte fidèlement des événements qui se sont réellement passés, vus et compris dans la lumière post-pascale. Il faut une puissante cause pour que douze hommes peu cultivés entreprennent d'évangéliser le monde connu avec la force qu'on leur connaît ; (iii) et puis il y bien sûr des commentateurs, je pense à René GIRARD notamment, dont les analyses forcent l'admiration et entraînent l'adhésion : Jésus est un Maître en humanité et révèle à celle-ci les secrets de sa naissance en tant que société constituée en états, possédant des mythes, des rites, des religions, des sacrifices, des lois, toutes organisations élaborées pour éviter la violence mimétique et la destruction totale, sans jamais la garantie du succès.
(d) Enfin il y a la voie de l'exemple ; celui des mystiques et des saints. Très près de nous, Mère TERESA, Marthe ROBIN, de saints ermites orthodoxes dont j'ai hélas oublié les noms, le Padre PIO, Edith STEIN, Catherine CULMANN (de confession évangélique ; orthographe non garantie). Je veux écouter ce que disent ces personnes de leur expérience intérieure. Elle me paraît plus intéressante que celle de Martine AUBRY, Nicolas SARKOZY ou Marine LE PEN (je ne veux pas faire dans le sectarisme, d'où l'éclectisme de mes références !).
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Voilà, me semble-t-il des chemins possibles. Ils ont été les miens. Rien n'y est facile. Mais tout y est nourrissant. Bonnes vacances.
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3 commentaires:

CORATINE a dit…

Merci, cher M. Poindron, pour ce dernier billet avant de partir. Je dois reconnaître quand même qu'il subsiste de grands doutes dans mon esprit, quant à la théorie de Darwin lorsque je vois la perfection de la machine humaine.

Indépendant de toute source d’énergie extérieure, ce mécanisme, actionné pendant environ 75 à 80 ans, par la seule force d'un moteur qui est le cerveau (environ 1,2 à 1,7 kg, je viens de regarder sur Internet, je pensais que c'était moins!) qui assure à lui seul, en autonomie parfaite avec le coeur, toutes les fonctions du corps humain dont chacune a une fonction précise et dont aucune n'est inutile, est ahurissant de précision et de complexité. A lui seul, ce phénomène est un miracle. Et une merveille !!!

Et ce miracle est réalisé ni plus ni moins qu’en 9 mois avec la rencontre de deux particules microscropiques qui fusionnent par hasard ( ?????).

Et quand je réalise que ce mécanisme ressent en plus des émotions, pense, disserte, construit, invente, se révèle être d’une prodigieuse complexité psychologique et intellectuelle dont chaque parcelle a ses tenants et ses aboutissants, je dois dire que je suis prête quelquefois à suivre à nouveau les traces de mon père….

J’avoue que le petit poisson de Darwin qui sort de l’eau, puis est doté de pattes et de poumons pour s’adapter à l’environnement terrestre, pour donner ensuite naissance à des dinosaures dont le plus lourd pesait 150 tonnes avec un cerveau de 250 g , me laisse souvent perplexe quant à mon ascendance. D’autant plus que les dinosaures ayant disparu à cause d’une météorite qui aurait détruit 95% de la vie sur terre, on serait repartis à zéro avec l’ère du paléocène, il y a quelque 65 millions d’années, avec des espèces nouvelles, toutes de l’ordre des reptiles, telles que les tortues, crocodiles, lézards et serpents….

Certains représentants du petit poisson étant, quant à eux, mystérieusement restés dans l’eau et s’étant diversifié sous d’innombrables formes aquatiques !!!!

Bon, je reconnais que ce n’est pas beaucoup plus clair que le mystère de Dieu !!!!

Ou alors, je n’ai pas étudié non plus suffisamment la question !!!

Bonnes vacances, M. Poindron, et priez pour nous sur votre chemin, si vous en avez le temps!!!!

CORATINE a dit…

PARDON, CORRECTION POUR MON COMMENTAIRE PRECEDENT:
le cerveau de l’Amphicoelias, le plus gros dinosaure du Jurassique (150 tonnes), faisait 1/100 000e de son poids (1/40e pour l'homme), donc, si mes calculs sont exacts, le même poids que celui d'un l'homme, soit 1,5 kg. S'il y a une erreur dans mon calcul, j'aimerais bien qu'on me le dise!

CORATINE a dit…

Et, pour être plus parlant, le cerveau de l'Apatosaure (30 tonnes) faisait donc 300g!
Et voilà où me mène mon questionnement perpetuel sur l'existence de Dieu car peu importe la taille du cerveau, on sait bien qu'il n'y a aucun rapport entre son poids et l'intelligence!!!! Et je suis bien loin de votre magnifique prose!!!

Pour en revenir à nos moutons (dont je tairai la masse cervicale!), cher M. Poindron, qui êtes probablement sur la route de vos vacances, je dirai que je suis entièrement d'accord avec vous sur le "saisissement esthétique", sur la splendeur d'un paysage, l'harmonie d'un tableau, la somptuosité d'une symphonie qui nous transportent et nous appellent vers une autre dimension, mais que dire alors de la laideur, de la guerre, de la cruauté, de la bassesse, des tortures, du sang versé, des sacrilèges artistiques dont vous parliez il y a peu? Serait-ce l'anti-preuve de l'existence de Dieu?