dimanche 21 août 2011

Aveuglement, idéologie ou incompétence ? Allez savoir

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J'ai entendu hier soir au Journal Télévisé les réactions de monsieur HOLLANDE et de madame JOLY à l'appel de monsieur François FILLON publié dans le Figaro. Le Premier Ministre y  lançait un appel vibrant à l'unité nationale en réclamant de l'opposition une adhésion à l'inscription de la "Règle d'or" (la mal nommée) dans la Constitution. Les réactions de l'opposition sont consternantes. Elles transpirent l'aveuglement, l'idéologie ou l'incompétence, et même l'irresponsabilité. Je vais essayer d'expliquer pourquoi.
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Monsieur HOLLANDE refuse d'endosser une mesure qui, dit-il, ne s'imposerait qu'en 2013. Il feint de croire que son report à un an est fait pour embarrasser les socialistes, assurés d'arriver au pouvoir en 2012 (à mon avis, revêtus de la peau de l'ours). C'est tout simplement malhonnête. Un budget se prépare plus d'un an à l'avance, et la mise en oeuvre de la règle d'or supposerait que l'on réécrive maintenant la totalité du document présenté au Parlement : c'est impossible, bien évidemment. Et comme monsieur HOLLANDE n'en connaît pas encore le contenu, tout en en supposant la teneur, celle de l'austérité, sa remarque est nulle et non avenue. Comme toujours les socialistes, il a regardé dans son cerveau avant de regarder le réel : G. SOULIE de MORANT dans sa Vie de CONFUCIUS, le dit admirablement en commentant l'opinion si fine du sage en matière de politique : "la déraison s'irrite des réalités",
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François HOLLANDE ose dire que le champion du déficit est l'actuel gouvernement, remarque que monsieur FILLON a déclaré, lors de son entrée en fonction, que la France était au bord de la faillite et n'aurait rien fait pour remédier à cet état de catastrophe, mais il n'a voté aucune des propositions de loi présentée par le Gouvernement, tendant à combler le gouffre que lui et ses mis socialistes ont antérieurement creusé par l'adoption de mesures démagogiques (dont les plus emblématiques sont la retraite à 60 ans, et l'adoption des 35 heures). Il est donc nécessaire de lui poser quelques questions :
Oui ou non, y a-t-il un problème du déficit des comptes publics de la France ?
Quelle en est l'origine ? Pourquoi la France est-elle obligée d'emprunter ?
Si déficit abyssal il y a, quelles mesures prendrait-il pour le combler ? Augmentation des impôts ? Diminution des prestations sociales ? Contrôles renforcés de leur distribution ? Diminution des subventions de tous ordres aux associations qui sont leurs relais et leur soutien ? Mesures restrictives sur les pensions de retraite ? Ou autres choses ?
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On connaît le solutions socialistes : satisfaire les exigences de leur clientèle électorale pour parvenir au pouvoir et s'y maintenir, c'est-à-dire recruter des fonctionnaires, accabler d'impôts les classes moyennes et supérieures (artisans, commerçants, professions libérales) faute de pouvoir  faire "payer les riches" dont les fortunes sont depuis longtemps à l'abri à l'étranger, protégées de toute ponction supplémentaire, faire intervenir l'Etat dans toutes les activités humaines afin de contrôler la vie sociale, agir sur les médias, sur le monde de la culture, mobiliser la sympathie des français naturalisés de fraîche date. Il faut que j'aille jusqu'au bout : je ne doute pas un seul instant que nombre de socialistes soient convaincus de la justesse de leur choix. Cette justesse, ils la trouvent dans leur doctrine, et non pas dans une analyse de la réalité. L'explication de cette plaie de l'esprit est simple : elle réside dans la croyance en la dialectique de papa HEGEL : thèse, antithèse, dépassement de la contradiction par la synthèse. Ils sont donc parfaitement assurés que leurs propositions réalisent une synthèse susceptible de dépasser les complications du moment, engendrées par des difficultés que nous ne pouvons contrôler (mondialisation, financiarisation de la vie économique) : ils ne voient en elles que des contradictions et non des éléments fondamentaux dont la prise en considération est indispensable à la conduite d'une action adaptée.
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Je vais encore aller plus loin : le bouclier fiscal était une erreur ; il offensait le sens de l'équité et de l'égalité, chevillé au coeur des Français depuis les Gaulois (j'ai fait un petit billet là-dessus), et sa justification économique (éviter l'évasion des grandes fortunes hors de France) s'est révélée fausse. De plus, il n'est pas anormal que les plus fortunés contribuent davantage à la vie du pays que les moins avantagés. Ce qui ne va pas, dans les réactions socialistes, c'est la haine qu'ils expriment à l'égard des riches, supposés être leurs ennemis politiques. Or la France a besoin de leur concours, et l'on ne prend pas des mouches avec du vinaigre. Allez, qu'ils cessent, ces gens pleins d'aigreur, de jouer la lutte des classes, qu'ils arrêtent de confondre les entreprises et certains patrons du XIXe siècle égarés dans le XXIe, qu'ils comprennent enfin que le problème de la France n'est pas un problème de demande, mais d'offre : nous ne produisons plus assez de richesses pour satisfaire notre désir de consommation, voilà le réel et seul problème de notre patrie, si elle persiste dans sa vision de la vie économique : la croissance à tout prix, le fric à tout prix, le plaisir à tout prix. Certains, dont nombre de jeunes, commencent à se lasser de cette perspective.
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Je ne dirai rien de l'intervention  de madame JOLY. Elle est à la hauteurs des intrigues qu'elle aurait tramées avec ses amis lors de la préparation des élections primaires du parti écologiste. J'en resterai donc là en vous souhaitant un bon dimanche.
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3 commentaires:

CORATINE a dit…

Cher Monsieur Poindron, je vous excuse volontiers d’avoir pris un jour de retard dans la publication des vos billets puisque moi, j’en ai pris deux pour rédiger mon commentaire. Cela signifie que vos vacances furent très agréables. Vous les méritiez bien !

Je sens que vous avez écrit le billet « Mystère et musique » en partie à mon intention. Je le trouve très lumineux, très poétique ! Mais depuis hier soir, où je l’ai lu et relu, je m’interroge encore plus. Je pense que je n’ai pas tout compris.

1°. Quel est le rapport entre le « goût du mystère » et Dieu ? Cela signifie-t-il qu’il faut à tout prix élucider ce mystère ? Ou ne pas chercher à comprendre et accepter la foi avec tout ce qu’elle a d’énigmatique ? Vous prononcez deux fois cette expression « le goût du mystère ». Oui, mais alors les pragmatiques, les philosophes qui cherchent tellement à tout élucider n’ont-ils donc pas accès à ce « chemin » ? Si, puisqu’il y a les philosophes de Dieu.

2°. On en revient toujours à la beauté qui est, pour vous, manifestement, une des preuves de l’existence de Dieu. Je suis d’accord avec vous, la beauté et l’art véritable transportent l’âme, nous mettent dans les conditions idéales pour reconnaître la perfection d’un certain univers. Mais tout le monde n’a pas accès à cette émotion. Cela signifierait-il que les handicapés mentaux, les pauvres, les autistes, les incultes n’auraient pas accès à cet univers ? Pourtant, Dieu est le Dieu des humbles, des malades, des misérables, c’est ce qu’a dit Jésus quand il est venu sur terre. Et ces gens-là peuvent-ils apprécier la beauté d’une musique, d’un tableau, d’un paysage, d’un livre, lorsqu’ils se battent pour survivre et lorsqu’ils n’ont pour but unique que de souffrir moins?

3°. « Vous respirez ! Vous respirez ! » Donc, j’essaye d’interpréter cette bouffée d’oxygène qui vous a envahi comme si vous aviez douté un instant de ce que vous aviez écrit auparavant et que Claire Gibault démontrait enfin par A+B que vos propos étaient cohérents par ce renoncement à être le « maître de son art ». En fait, elle reconnaît implicitement que c’est Dieu qui l’a dotée d’une telle virtuosité, bien que tout le monde connaisse bien le combat et le travail acharné qu’elle a dû fournir pour arriver à cette perfection musicale ! Il a bien fallu qu’elle se cherche elle-même avant de chercher Dieu pour découvrir ce dont elle était capable. Parce que le don ne suffit pas.

CORATINE a dit…

4°. Un jour, elle entre dans une église orthodoxe et c’est la révélation ! Mais c’est toujours la beauté qui l’emporte ! Si la liturgie n’était pas ce magnifique et long poème écrit par des théologiens, mais des textes maladroits rédigés par des illettrés, si les chants religieux n’étaient pas de sublimes symphonies mais une cacophonie de sons lancés par des débiles mentaux, et si les icônes n’étaient pas de délicieuses miniatures, pensez-vous qu’elle eût été dans le même éblouissement ?

5°. La beauté (qui est, entre parenthèses, souvent subjective) et la laideur sont à parts égales dans le monde. Dieu, s’il existe, l’a voulu ainsi. Ceux qui sont incapables d’apprécier cette beauté, ou qui n’en ont pas les moyens, les handicapés mentaux, les malades, les autistes, etc., qui ne risquent pas de chercher Dieu ni même de se trouver eux-mêmes puisqu’ils en sont intellectuellement incapables, cela signifie-t-il qu’ils sont à jamais écartés de cette religion lumineuse et pure dont vous parlez ?

En conclusion, vous pensez donc qu’il eût été préférable pour Claire Girault d’aller à la messe avant de se battre pour devenir la prestigieuse musicienne qu’elle est devenue ? Et qu’elle eût été plus humble après cette découverte de Dieu puisque, c’est le cas de le dire, elle se serait reconnue comme étant l’instrument et non pas le maître de son art ? Dieu en étant l’inspirateur et la source? Oui mais alors, pourquoi n’y a-t-il que quelques élus pour être les « médiateurs » ? Les autres, sombrant dans la dépression, par leur incapacité à créer quelque chose que ce soit….

Peut-être suis-je maladroite dans mon expression ?

Je suis d’accord avec vous, la beauté de la nature et des hommes, la cohérence de cet univers qui nous entoure est vraiment l’une des raisons qui me pousserait vers un créateur prodigieusement organisé. Mais la question lancinante revient. Pourquoi alors, d’un autre côté, tant de souffrances, de guerres, de laideurs morales, de tortures, d’atrocités ? Je sais, vous allez me répondre que l’homme a le choix, que Dieu lui a laissé la liberté d’aller d’un côté ou de l’autre, mais alors, dans ces cas-là, l’homme est-il le « médiateur de Satan »???

Je suis toujours à votre écoute, M. Poindron, et j’essaye d’être à celle de Dieu, mais je n’arrive pas à l’entendre, et je suis désolée de ne pas être toujours à l’unisson de vos pensées.

Philippe POINDRON a dit…

Chère CORATINE, non je ne crois pas que Claire eût dû aller à la messe avant de se battre. Car la vie est un chemin. Claire cherchait simplement la vérité, et non le plaisir. Elle avait une exigence intérieure qui la poussait à donner le meilleur d'elle-même dans son métier ; lui manquait-il la décentration d'elle-même pour accueillir enfin la grâce de la foi ? Je ne saurais le dire. Car il s'agirait là d'un jugement et j'ai appris, pendant les quelques jours que j'ai passés au service d'une retraite, que tout jugement MORAL est un mensonge qui défigure le visage de l'homme. Je sais que vous allez me traiter d'incohérent, tant parfois j'ai la dent dure contre tel ou tel responsable politique. Mais je m'efforce de juger des faits, de leur attribuer une valeur certes, mais pas au-delà. Je pense que le nouveau billet que je suis en trtain d'imaginer, éclairera les propos de mes deux avant-dernières interventions.
A tout de suite.