dimanche 4 septembre 2011

Décoder

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Messieurs Gérard DAVET et Fabrice LHOMME viennent de publier un livre intitulé Sarko m'a tuer (on connaît la graphie de cette inscription laissée par une riche victime dont le meurtre a été imputé à tort à Omar RADDAD).
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Pour apprécier ce livre, il convient de rappeler quelques faits. Messieurs DAVET et LHOMME sont journalistes au Monde, journal qui n'est pas connu pour être favorable à l'actuel Chef de l'Etat. Cette caractéristique n'enlève rien à la possible qualité de ce travail. Elle en colore simplement l'intention sans l'invalider. Et elle la colore tellement que le sous-titre de la page de couverture parle explicitement des victimes prétendues, soi-disant, supposées, ou réelles (tous les adjectifs utilisés ici comptent) du sarkozysme, d'Aurélie FILIPETTI à Dominique de VILLEPIN. Il est donc faux de laisser entendre (comme le font les médias) que le livre ne s'intéresse qu'à l'affaire BETTENCOURT et à la prétendue ou supposée remise d'argent liquide par la richissime octogénaire au candidat Nicolas SARKOZY. C'est voir le problème par le petit bout, très petit bout de la lorgnette. Il est intéressant aussi de noter la réponse qu'un des deux journalistes a faite à monsieur JUPPE (j'ai entendu ce dernier à la télévision) qui lui demandait s'il avait vérifié les informations que lui aurait communiquées Isabelle PREVOST-DESPREZ, le juge qui a été désaisie de l'affaire : non, il ne l'avait pas fait. Enfin, il faut signaler que l'infirmière mise en cause par le juge nie catégoriquement avoir dit ce que le juge lui prête comme témoignage et affirme n'avoir jamais rien vu de tel. Pour sa défense, un des journalistes prétend qu'elle se déjuge car elle aurait été menacée de mort. Il convient également de souligner que le juge n'a pas cru bon inscrire dans le Procès-Verbal de l'audition des témoins ces allégations. Dernier élément, il y a bien eu tentative d'identification des sources des journalistes par les services du Ministère de l'Intérieur et non pas écoute téléphonique.
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Je vais essayer de décoder, en posant quelques questions.
La date de publication de cet essai est-elle due au hasard ou à la survenue d'une prochaine échéance électorale ?
Pourquoi le juge n'a-t-il pas acté les confidences cruciales des témoins ?
Est-il moralement plus grave de voler l'argent du contribuable par une pompe à finance appelée URBA ou de recevoir (éventuellement dans le cas présent) de l'argent d'une personne privée, libre de disposer de ses biens (jusqu'à nouvel, ordre).
Est-il moralement plus grave d'utiliser les services de l'Etat pour protéger un secret de famille en pratiquant l'écoute de conversations téléphoniques (près de 3.000 personnes tout de même), que d'identifier l'origine de conversations téléphoniques possiblement entretenues entre un juge qui ne respecte pas le code de déontologie des magistrats et des journalistes en veine d'informations croustillantes ?
Comment et sur quels critères, les journalistes ont-ils sélectionné les victimes (soi-disant, prétendues, supposées ou réelles) du sarkozysme ?
Pourquoi faudrait-il accorder plus de crédit à des journalistes qui recueillent des informations de seconde main qu'à un témoin direct de la vie de madame BETTENCOURT ?
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Je n'ai pas de réponses à ces questions. Mais avant de juger, de condamner, d'anathématiser, il serait peut-être bon d'en avoir quelques unes, et de les confronter à celles d'autres affaires dont le PS risque de pâtir, si on lui applique les règles que lui et ses amis appliquent eux-mêmes à leurs adversaires politiques. Je veux parler de l'affaire GUERINI (inutile de parler de la mise en examen de Jean-Michel BAYLET ; ce sont très réellement des broutilles, et de plus, à y regarder de près, elles ne semblent même pas illégales et porteraient au plus sur 800 euros !)
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