samedi 3 septembre 2011

Le doigt dans l'oeil ou si c'était vrai ça se saurait

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"Le XXè siècle sera heureux! Alors, plus rien de semblable à la vieille histoire; on n'aura plus à craindre, comme aujourd'hui, une conquête, une invasion, une usurpation, une rivalité de nations à main armée..., un partage de peuples par congrès...; un combat de deux religions se rencontrant de front, comme deux boucs de l'ombre sur le pont de l'infini; on n'aura plus à craindre la famine, l'exploitation, la prostitution par la détresse, la misère par le chômage, et l'échafaud, et le glaive, et les batailles, et tous les brigandages du hasard dans la forêt des événements; on pourrait presque dire :  'il n'y aura plus d'événements; on sera heureux'."
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Ainsi disait Victor HUGO dans les Misérables. Le moins qu'on puisse dire, c'est que le prophète barbu s'est fourré le doigt dans l'oeil. Le XXe siècle a vu éclater deux guerres mondiales épouvantables, surgir la bombe atomique, les camps de concentration, des régimes totalitaires comme il n'en avait jamais existé (STALINE, HITLER, MUSSOLINI) et dont certains perdurent avec arrogance (BACHAR EL ASSAD, COREE du NORD, CHINE, MUGABE). Il faut bien réaliser que, dans le sillage des utopies de la Révolution française, et soutenu par tout un courant de pensée se réclamant du progressisme, notre bon  vieillard donnait l'impression de croire dur comme fer à ce qu'il disait. Exactement comme madame AUBRY qui prétend que l'on peut, dans le contexte économique actuel, augmenter le pouvoir d'achat, partir à la retraite à 60 ans, travailler 35 heures par semaine, recruter en pagaille des fonctionnaires si... si elle est élue. Demain on rase gratis, c'est bien connu. Il est vrai que madame ROYAL annonçait un SMIC à 1500 euros par mois pendant sa campagne et qu'elle avoua, après son échec, n'avoir jamais cru à cette promesse.
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Ces gens se trompent doublement et même triplement, et je crains que les ténors de l'actuelle majorité ne tombent dans les mêmes travers. (a) Leur erreur porte sur l'homme ; ils estiment qu'il est naturellement bon, naturellement porté au bien et que la société est responsable de tous ses errements. Or l'homme n'est rien de tout cela. Il est peccable, et par nature, enclin à la paresse, à la cupidité (surtout la cupidité), l'orgueil, la jouissance à tout prix, l'égoïsme. Le politique est radicalement impuissant à rendre l'homme travailleur, généreux, humble, charitable. Il  lui faut, pour obtenir les résultats que l'exercice d'une saine vertu, si elle était enseignée permettrait d'obtenir partiellement, il lui faut, disais-je, le recours à "la force injuste de la loi" (immortelle et charismatique parole de feu le Président MITTERRAND). Le problème, c'est qu'un loi humaine se contourne... (b) Ils ne croient pas à la loi naturelle, et par conséquent, ils sont par essence totalitaires, puisque, détenant le pouvoir législatif, ils détiennent celui de définir des normes positives sans avoir à se référer à la loi naturelle (c'est bien ce qu'avait dit en son temps le Président CHIRAC). (c) La troisième erreur relève de la philosophie politique. Il est impossible de proclamer son attachement à la fraternité, l'un des trois termes de la devise républicaine, quand on passe son temps à critiquer ceux qui ne pensent pas comme vous. Par quoi, il apparaît que le but des joutes politiques n'est pas le bien du peuple et des citoyens, mais la prise du pouvoir à la seule fin d'en jouir.
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Alors je pense à la scène du lavement des pieds... Le Maître prend le statut d'esclave et va laver les pieds de ses disciples. On en est loin. Si toutes ces promesse politiques étaient tenables, ça se saurait.
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C'est tout pour aujourd'hui.

2 commentaires:

CORATINE a dit…

Alors, Monsieur Poindron, que prônez-vous puisque tout ce monde politique actuel se trompe, et vous avez raison...

Par contre, je ne pense pas qu'aucun d'entre eux consière l'homme comme étant "naturellement bon, naturellement porté au bien". Ils ne sont pas si naïfs que cela!

Et votre opinion à vous m'étonne lorsque vous penchez pour la vérité inverse, à savoir que l'homme est "peccable et par nature, enclin à la paresse, à la cupidité (surtout la cupidité), l'orgueil, la jouissance à tout prix, l'égoïsme". Selon vous, donc, tous les hommes sont nés, dotés de ces vices-là, tous à mettre dans le même "sac" et c'est aux maîtres de les redresser??

Mais alors, si les maîtres vont "laver les pieds" de ces individus pervertis, qui tiendra les rênes de l'autorité et diffusera l'enseignement en même temps que la morale?

Vous dites aussi: "ils détiennent celui de définir des normes positives sans avoir à se référer à la loi naturelle", donc c'est bien mieux pour tout le monde, puisque selon ce que vous dites, l'homme a une nature perverse et a besoin qu'on lui montre le droit chemin.

Vous ne croyez pas à certaines vertus innées ni qu'il y ait des différences dans le caractère des individus? C'est curieux, cette généralisation qui n'est pas votre habitude, vous qui croyez tant en l'homme justement.

Je pense en réalité que tous ces hommes politiques, qui ont été au pouvoir, socialistes et UMP inclus, se "fichent" pas mal des citoyens que nous sommes et il vrai qu'ils courent plutôt tous après leurs intérêts... et surtout après le pouvoir...

Et qu'ils sont eux-mêmes menteurs, assoiffés de puissance, hypocrites et délateurs, et c'est à celui qui fera le plus de promesses utopiques en essayant de détruire celles de son adversaire, parce que ce sont bien d'adversaires qu'il s'agit.

Et si l'on essayait autre chose???... de plus fort? de plus réaliste? que l'on n'a jamais tenté?

Philippe POINDRON a dit…

Non, je dis qu'ils sont peccables et enclins (ils inclinent à...) par nature à...
Je reviendrai sur ce que je préconise dans un prochain billet.
Je dis que l'exercice de la vertu, à condition qu'on l'enseigne et qu'on donne l'exemple, peut (partiellement)remédier aux errements d'un grand nombre. Si vous avez le temps, reportez-vous au billet où je parle de FENG YOULAN et des milieux existentiels. Mais je reviendrai aussi là-dessus. Je parle des erreurs des hommes politiques,pas de tous les hommes. Il y a des hommes vertueux et plus qu'on ne pense, sans aucun doute, et heureusement, car sinon je ne sais où nous en serions. Si les hommes politiques s'inspiraient de la loi naturelle, celle que selon moi le Créateur a voulu pour la création, nous n'aurions pas ces dérives financières, sexuelles, sociales, guerrières et j'en passe. Je crois donc (et là KANT a eu une intuition géniale avec la manière dont il met la morale au centre de la pratique)qu'il n'y a pas d'autre issue que de réintroduire la vie morale dans la loi, dans l'espace public, dans l'enseignement. Je dis bien morale et non point éthique (car l'éthique est normative et se moque de la morale ; cf. la réaction du Conseil de l'ordre des médecins vis-à-vis du Dr BONNEMAISON qui a pratiqué au moins quatre euthanasies actives. Il a transgressé manifestement le "Tu ne tueras pas".)
C'est l'exemple du maître s'abaissant qui peut toucher les hommes peccables (pas forcément pécheurs) et les faire passer dumilieu existentiel intéressé au milieu existentiel moral, avant de les faire accéder au milieu existentiel transcendant.