mardi 11 octobre 2011

A propos de la mondialisation et des primaires

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A la surprise générale, Arnaud MONTEBOURG a fait un score tout à fait remarquable aux élections primaires organisées par le PS. Peut-être serait-il intéressant de savoir pourquoi.
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L'un des thèmes de prédilection du trublion était la démondialisation. Et je pense qu'il faut attribuer à cette volonté d'y mettre un terme, ou en tout cas d'en atténuer les effets, la pluie inattendue de suffrages qui est tombée sur lui.
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Définition (provisoire) de la mondialisation : nous appelons mondialisation un phénomène économique et culturel qui tend à transformer le monde entier en un marché unique, et à uniformiser les modes de vie, de consommation et de pensée, quand ce n'est pas la langue.
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Causes de la mondialisation : il y en a au moins deux. (a) La première est la diffusion instantanée de l'information (télévision, internet, radiodiffusion). Peu importe que celle-ci soit vraie ou fausse. Ce qui compte pour les détenteurs des moyens d'information, c'est le pouvoir qu'ils exercent sur l'humanité, grâce au monopole de la collecte et de la diffusion des "nouvelles". Bien entendu, les détenteurs  ne se formulent pas la chose ainsi. Mais c'est bien ainsi que ça fonctionne, et à un point tel que nombre d'états tentent à cette fin de créer des agences d'information du type AFP, Reuters ou Chine Nouvelle. Qui détient l'information, détient le pouvoir. (b) La deuxième raison est que la mondialisation du marché permet de simplifier les moyens de production et donne aux grandes entreprises multinationales de belles perspectives de gains, au seul profit des actionnaires (privés ou publics [fonds souverains] ou semi-publics [fonds de pension]). Pour uniformiser le marché, il convient d'uniformiser la langue d'échange, d'où le forcing des anglo-saxons pour imposer l'anglais, et ce, avec un certain succès.
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Les conséquences de la mondialisation. Elles sont terribles et terrifiantes dans leurs perspectives de violence ! A force de multiplier le même, de n'avoir qu'un profil de "consommateur" et d'être humain, on suscite la rivalité mimétique, l'indifférenciation et la violence, comme l'a si bien analysé René GIRARD. C'est pour cette raison que le monde est parcouru de crises identitaires ; le port du voile, du tchador, de la burka, du turban sikh, de la kippa, n'est jamais qu'un moyen de marquer sa différence. Il ne peut y avoir d'entente entre les peuples si on nie leur identité culturelle, historique, traditionnelle. Il ne faut pas chercher ailleurs la montée du FN. La revendication de l'identité nationale est légitime, n'en déplaise à tous les internationalistes. J'aimerais du reste que monsieur MONTEBOURG ne borne pas sa critique de la mondialisation aux seuls aspects économiques du phénomène, mais l'étende aux aspects culturels, historiques et traditionnels. Chiche ?
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Pour moi, c'est clair ! Non à la mondialisation à l'américaine. Oui au dialogue culturel, à l'échange entre des peuples, des hommes différents. Le respect de l'autre passe par la reconnaissance de sa singularité. Par autre, en effet, j'entends aussi bien les peuples que les personnes.
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C'est tout pour aujourd'hui.

2 commentaires:

Pierre-Henri Thoreux a dit…

Et bien cher M. Poindron, vous voilà converti à ce qu'il semble, aux belles théories montebourgeoises !
Trêve de plaisanterie, car sauf erreur de ma part, si vous avez la fibre sociale, vous ne l'avez pas socialiste pour autant.
Permettez toutefois que je vous donne ma conception de la mondialisation.

Lorsqu'on est en avion, on a beau chercher, on ne voit aucune frontière, aucun tracé délimitant les pays entre eux. Il existe bien quelques barrages naturels tels que les mers, les fleuves et les montagnes, mais par son génie, l'être humain n'a eu de cesse de s'en affranchir par des ponts, des tunnels, des avions, des bateaux... Curieusement, le même être humain a de tout temps éprouvé le besoin d'établir des frontières artificielles, comme pour contrecarrer les efforts que lui coûte l'abolition des obstacles naturels !
En réalité, à mes yeux, la mondialisation est un mythe construit par les hommes. Ce n'est rien d'autre que le constat que nous appartenons tous au même monde ! Vue de la Lune, la Terre n'est qu'une petite boule bleue...
Les frontières humaines ont surtout servi à provoquer des guerres, quand elles n'ont pas été un outil d'enfermement ou d’aliénation des peuples.
A notre époque ces barrières volent en éclat et il faut à mon sens s'en réjouir, car dans libre-échange il y a liberté avant tout, donc progrès, émancipation et paix. Le drame est que ce grand système de vases communicants se met en branle de manière assez brutale, faute d'avoir su anticiper ce qui était pourtant prévisible. Mais en définitive, la mécanique des fluides conduit à penser que ces déséquilibres apparents ne sont qu'un mouvement vers l'équilibre.
Un monde libre reste un objectif souhaitable à mon sens, même s'il nécessite plus que jamais des organisations internationales de gouvernement et de régulation.
Personnellement, je rends grâce à l'Amérique d'avoir ouvert cette voie et d'avoir grandement propagé la liberté à travers la planète. Le modèle de société ouverte dont elle a offert l'exemple est très décrié par les temps qui courent, mais que serait le monde sans lui !
Dans le même temps, il me paraît difficile d'envier le sort des pays qui sont restés obstinément fermés au monde qui les entourent...
Bien à vous.

Philippe POINDRON a dit…

Cher Pierre-Henri, je vais répondre à vos très justes commentaires par un billet.
A tout de suite.

Philippe