samedi 19 novembre 2011

Paris vaut bien une messe...

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... et l'Elysée un honteux compromis.
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Monsieur HOLLANDE, en effet, vient de passer avec les Écologistes un accord parfaitement honteux. Il a troqué l'indépendance énergétique de sa patrie et l'avance prise par elle en matière d'industrie nucléaire, contre un soutien électoral du parti écologiste. Moyennant quoi, il cède à ses partenaires une soixantaine de circonscriptions électorales où ces amis de rencontre pourront présenter des candidats ayant des chances d'être élus. Monsieur DELANOE, qui n'a pas été consulté, s'étrangle de stupéfaction et parle de tripatouillage à l'annonce de la candidature de Cécile DUFLOT à Paris. Madame AUBRY (qui ferait mieux de sonder de plus près les marais nauséabonds du Carlton) prétend que son premier adjoint cède sa circonscription à un écologiste ; à Bordeaux, Marie BOVE se présente dans la circonscription représentée aujourd'hui par une députée socialiste, et qui fut il y a peu celle d'Alain JUPPE. Voilà très exactement la traduction concrète de la tiédeur et de la mollesse (disait Martine AUBRY) de l'homme qui aspire à la magistrature suprême. Tous ces accords de coulisse, ces compromis rappellent la bonne odeur du cassoulet que fricotaient en leur temps les radicaux du Sud-Ouest.
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L'accord électoral prévoit la fermeture de 24 réacteurs nucléaires d'ici 2025, et une réduction à 50 % de la proportion d'électricité d'origine nucléaire, qui est aujourd'hui de 75 %. Bien entendu, les responsables des centrales nucléaires touchées par ces mesures de fermeture n'ont pas été consultés, ni le personnel d'entretien, ni le personnel d'exploitation. Personne n'est en mesure de dire exactement ce qu'il est en est de la filière Mox, le combustible nucléaire nécessaire au fonctionnement du réacteur EPR en cours de construction à Flamanville dans la Manche.
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Il se trouve que je suis passé très souvent devant la centrale de FESSENHEIM dont la fermeture est décidée par ces messieurs au lendemain de l'élection (à mon avis problématique) de monsieur HOLLANDE. Je n'ai jamais vu ni entendu qui que ce soit habitant la région proche se plaindre de la présence de ce site nucléaire, fournisseur d'emplois et de ressources financières. Mais je conviens que ces seules raisons ne suffisent pas à justifier le maintien d'un site qui serait dangereux. Il s'agit donc de savoir si l'est vraiment et pourquoi.
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Il est donc intéressant de s'adresser à ceux qui y travaillent. Le Figaro nous apprend que Bernard DODIN, délégué syndical CFDT à FESSENHEIM dit à qui veut bien l'entendre, sinon l'écouter : "Mon coeur est à gauche, je suis un homme de gauche. Devrais-je compter sur la droite pour sauvegarder notre outil de travail ? Ce serait une bêtise sans nom de fermer FESSENHEIM qui a eu l'agrément de l'Autorité - indépendante - de sûreté nucléaire." De son côté, son collègue de la CGT, Jean-Luc CARDOSO renchérit : "On ne démantèle pas une centrale parce qu'on en a envie, mais parce qu'elle est obsolète." Tel n'est pas le cas, dit-il de la centrale alsacienne. "Les socialistes ont eu tort de céder aux écologistes" dit le premier ; "On sacrifie les salariés d'une industrie au profit de quelques places pour des hommes et des femmes politiques" dit le second. Je ne parle pas des réactions mitigées de nombreuses autres personnalités alsaciennes de gauche.
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Il me semble qu'il faut poser à l'industrie nucléaire deux questions bien distinctes qui, du reste, semblent bien refléter les positions respectives, l'une, chèvre-choutante et mollassonne du candidat socialiste, l'autre, radicale, celle des fidèles de l'écologisme (j'utilise ce mot à dessein).
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(a) La première question est raisonnable. Elle consiste à apprécier la dangerosité putative de ces sites nucléaires. Deux types de causes, l'un extrinsèque, l'autre intrinsèque, peuvent caractériser cette dangerosité. Les causes extrinsèques sont des causes naturelles : inondations ou tremblements de terre sont les deux principales. S'il est vrai que l'Alsace est une région sismique, surtout dans sa partie méridionale, les séismes n'y sont jamais très importants. J'en ai personnellement ressenti trois en 30 ans dans la région de STRASBOURG dont un à l'automne 1978, assez fort ; il n'a entraîné aucun dégât, aucune destruction, aucune perte humaine. Et, depuis la destruction quasi totale de BALE à la suite d'un séisme important au XVe siècle, aucun autre protestation de la Terre n'a atteint une ampleur telle qu'elle justifie la terreur. Certes, elle est toujours possible, mais hautement improbable. La question des inondations est réglée depuis longtemps grâce à l'aménagement du cours et du lit du RHIN. Par ailleurs, la centrale de FESSENHEIM est construite sur des normes anti-sismiques. Les causes extérieures de dangerosité peuvent être écartées avec une vraisemblance considérable. Les causes intrinsèques dépendent de la technique elle-même. Je recommande vivement la lecture de l'interview d'Alexandre FAURE par Benoît FIDELIN, publiée dans le numéro 6729 du Magazine Pélerin du 17 novembre 2011. Alexandre est ingénieur de sécurité à la centrale nucléaire de CHOOZ dans les Ardennes. Il expose avec précision les précautions prises pour la surveillance continuelle de la centrale : 200 agents de conduite se relayent 24 h sur 24 pour surveiller la bonne marche des deux réacteurs. Dans la salle de contrôle, des dizaines d'écrans et de voyants fournissent des indications instantanées sur la maintenance électrotechnique, les systèmes informatiques, la conduite des opérations, la sécurité des personnels, et quantité d'autres paramètres. On aimerait bien que des contrôles aussi minutieux soient opérés, mutatis mutandis, dans des secteurs politiquement, médiatiquement et sociétalement moins sensibles, comme celui des hôpitaux, des transports routiers ou ferroviaires, des banques, pour ne citer que quelques uns d'entre eux.
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(b) Et puis il y a les mauvaises questions de l'écologisme radical, pour qui les idées passent avant les hommes, l'irrationnel avant le rationnel, la doctrine avant les faits. Supprimons les centrales disent les vestales et les flamines de ce culte nouveau qu'est devenue l'écologie. Remplaçons-les par des éoliennes, des panneaux solaires, des sources d'énergie renouvelable, sur la nature éthérée desquelles les desservant du dieu nouveau restent très vagues. Au moment où EDF s'engage dans une campagne d'enfouissement de nombreuses lignes à haute tension qui salissaient de leur pylônes et de leur fils les paysages de nos campagnes et des banlieues, on propose d'implanter des éoliennes. Allez-donc voir du côté de MILLAU, de PERPIGNAN ou de la Vallée du Rhône ces forêts métalliques qui se dressent sur les crêtes des monts et des collines, ne tendez pas l'oreille pour entendre le bruit de leur moulin à vent, (c'est inutile, il s'impose, omniprésent, obsédant, obscène), ne cherchez surtout pas à vous renseigner sur le rendement de ces dispositifs (je vais vous le dire tout de même 17 %), ni sur le nombre de ces horreurs qu'il nous faudrait dresser pour produire autant d'électricité que les centrales supprimées. Vaclav KLAUS (je l'ai déjà écrit il y a longtemps dans un billet de ce Blog) a calculé qu'il faudrait implanter une éolienne tous les 50 m entre la frontière slovaque et la mer du Nord pour produire une quantité d'électricité équivalente à celle que produit une petite centrale nucléaire implantée à la frontière de la SLOVAQUIE et de l'AUTRICHE. Par ailleurs le bilan carbone de ces installation est désastreux : il faut du béton pour les socles, du métal pour les piliers et les pales, tout matériau dont la production exige des dépenses d'énergie thermique considérable. Les panneaux solaires demandent des quantités de matières premières rares, coûteuses, et qu'il nous faudrait importer. Reste la géothermie (fort coûteuse, mais certainement d'avenir) et la micro-hydraulique (il faudrait alors qu'EDF abandonne le monopole de distribution du courant).
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Désolé d'avoir été aussi long. Mais quand un homme politique aspirant à la magistrature suprême choisit des voies aussi manifestement contraire à l'intérêt de son pays, il est du devoir des citoyens de le lui faire savoir. Rajouté au vote des étrangers, les choix de monsieur HOLLANDE donnent à penser que pour lui le pouvoir est plus attrayant que la survie de la patrie. Monsieur HOLLANDE risque de tomber avant peu sous le coup d'une accusation très grave : celle de représenter les intérêts de l'anti-France.
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3 commentaires:

tippel a dit…

"Désolé d'avoir été aussi long"

Non jamais cher Philippe POINDRON. Un seul reproche, surveiller la centrale 14 heures sur 24 je pense que l'on pourrait faire mieux. Enfin c'est un simple avis!

Philippe POINDRON a dit…

C'est corrigé.
Amitié.

tippel a dit…

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