jeudi 29 décembre 2011

Chomage et temps de travail (2)

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Ce matin je vous communiquais l'opinion d'Alfred SAUVY sur les raisons économiques qui ont fait s'effondrer le Front Populaire : le raccourcissement de la durée légale du travail hebdomadaire en raison de chiffres prétendument alarmants du chômage, l'alarme n'étant dû qu'à une mésinterprétation des statistiques. Je vous annonçais qu'il y avait une épreuve vérificatoire qui prouvait que l'effondrement était dû à cette mesure, généreuse en sa conception - il suffit de partager le travail pour diminuer le nombre de chômeurs - mais dénuée de tout bon sens. Voici la description de l'épreuve vérificatoire, toujours d'après Alfred SAUVY.
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"En octobre 1938, au moment de MÜNICH, la production industrielle française est, malgré trois dévaluations, de 5 % inférieure à ce qu'elle était en mai 1936, à la veille de l'avènement du Front Populaire, alors que celle de Allemagne a, dans le même temps augmenté de 25 %. Depuis 1929, point de départ de la crise, les chiffres sont respectivement de -24 % et +3 2%. Si personne n'ose regarder les résultats en face, ni moins encore se prononcer contre le verrou des 40 heures, qui a force de dogme, DALADIER est bien obligé de donner le pouvoir économique à l'homme qui, depuis 5 ans, a vu juste sur tous les points (je rajouterais personnellement un petit bémol), a dénoncé inlassablement les erreurs et assisté impuissant aux catastrophes qu'il avait annoncées.

Paul REYNAUD a 10 jours pour préparer, en grand secret, un ensemble de décrets-lois. Une fois de plus, reprend le mythe du financier sorcier. Une propagande, mieux intentionnée qu'efficace, laisse dire à la grande presse d'informations (!!!) qu'on va voir des choses extraordinaires. La France vit dans l'attente du miracle immédiat et regarde le Louvre (note du trasncripteur : siège à l'époque, rue de Rivoli, du Ministère des Finances) comme un Mont Sinaï.

Au Conseil des Ministres, le plan REYNAUD provoque un moment de stupeur, puis la consternation. Mais il n'est plus possible de reculer. DALADIER fait passer le train de décrets, signés ou non par les Ministres intéressés.

Dans l'opinion, même réaction que dans le Gouvernement ; la gauche est indignée, la droite atterrée. Personne ne croit au succès.

[...]. Le verdict va donc, une fois de plus être donné par les événements. [...]. Non seulement la production remonte de 20 % en 3 mois, le bâtiment de 42 %, les exportations de 16 §, mais le chômage diminue à la faveur de l'allongement de la durée du travail  ; tandis que la proportion d'ouvriers travaillant plus de 40 heures passe de 3,3 % à 34,8 %, celle des chômeurs partiels (moins de 40 heures) baisse de 20,4 % à 9 %. Il n'y a pas dans tout l'entre deux guerres de mouvement plus significatif."
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Aucune des explications avancées pour éclairer le phénomènes, notamment celles de la gauche, ne tiennent devant la réalité des faits. Augmentation de 6 % de l'indice de production industrielle en Angleterre et en Belgique contre 20 % en France ; augmentation de l'indice des prix de détail de 3,5 % en 9 mois, contre 6,8 % pour les 9 mois précédents. C'est selon SAUVY l'allongement de la durée du travail et le desserrement de quelques freins qui ont permis cette reprise qui n'a alors aucun égal en Europe.
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REYNAUD a dit des bêtises, c'est incontestable ; il n'aurait pas dû quitter le navire dans la tempête. Mais au moins a-t-il fait preuve de courage et le courage a payé. Pendant ce temps, madame DUFLOT, une grossium du parti écologiste préconise d'abaisser à 32 heures la durée légale hebdomadaire du travail... On croit rêver devant tant d'irresponsabilité et de méconnaissance des mécanismes élémentaires de l'économie. Il y a pourtant un principe simple qu'il convient de reconnaître : ce n'est pas l'argent, le signe monétaire, qui fait la richesse d'un pays, ce sont les biens qu'il produit, et les hommes qui travaillent à cette production, quelle qu'elle soit.
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Attendez-vous à lire demain quelques remarques piquantes de notre cher BALZAC sur la presse et les journalistes.
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C'est tout pour aujourd'hui.
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