jeudi 22 décembre 2011

Pourquoi la théorie du gender est-elle inacceptable telle qu'elle est présentée ?

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(a) Pour un scientifique, une théorie est une explication générale rendant compte de manière cohérente d'un ensemble de faits. Elle a toujours un caractère hypothétique, souvent transitoire, parce que sa pertinence est impossible à démontrer expérimentalement, au moins provisoirement. Mais son inexactitude ou son exactitude peut apparaître à la lumière de faits nouveaux.
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(b) Les Maîtres que j'ai eu l'honneur de rencontrer, et dont je continue d'écouter les leçons, notamment au Collège de France, soulignent tous, sans exception, qu'il est nécessaire de connaître la biographie d'un auteur, d'un traducteur, d'un poète, d'un historien, bref de toute personne ayant écrit, si l'on veut comprendre son point de vue. Tout le monde conviendra que l'Histoire de la Révolution racontée par un Royaliste n'a pas la même couleur que cette même histoire racontée par un Révolutionnaire.
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(c) La théorie du gender a été mise en forme par Judith BUTLER. Elle est professeur de philosophie à BERKELEY. Elle ne cache pas son homosexualité. Si je mentionne ce point, ce n'est en aucun cas pour ostraciser ou condamner cette orientation, c'est pour préciser le lieu d'où elle parle.
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(d) Que dit cette théorie ? Elle avance que "l'identité sexuelle est la résultante d'une construction sociale (le sexe social) qui impose le genre masculin ou féminin, et qu'elle ne serait pas conditionnée par le sexe biologique. Il faut donc déconstruire les genres afin de parvenir à la parité entre l'homme et la femme dans la vie sociale, professionnelle et familiale, et en même temps définir la sexualité intime en termes d'orientations sexuelles et d'égalité des droits" (Tony ANATRELLA).
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(e) En France trois penseurs ou philosophes d'envergure ont été les pionniers de la déconstruction et ont donné du grain à moudre aux théoriciens du gender : Michel FOUCAULT, Simone de BEAUVOIR et Jacques DERRIDA. Le premier de ces penseurs était homosexuel ; Simone de BEAUVOIR était bisexuelle. Là encore, il ne s'agit pas de condamner, mais de constater. Nous avons le droit de dire que les discours de ces philosophes s'inscrivent dans une expérience de vie particulière.
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(f) Posons nous donc des questions.
Sur quels faits la théorie du gender est-elle fondée ?
Est-il concevable que l'orientation sexuelle de ses théoriciens aient influencé leur analyse ?
Y a-t-il eu une enquête sérieuse réalisée, par exemple, auprès d'une cohorte de sujets homosexuels ou bisexuels, pour leur demander à quel genre ils s'identifient ?
La théorie du gender ne repose-t-elle pas sur une conception tout à fait particulière, spéciale et spécieuse de la sexualité. Celle-ci relève d'abord du domaine de la pulsion. En quoi la société ACTUELLE intervient-elle dans l'orientation des pulsions (notez que je ne parle pas de désirs).
Qu'en est-il de la perception individuelle du genre dans les sociétés primitives où la pression sociale - très certainement existante - est cependant beaucoup moins prégnante ?
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En réalité, la théorie du gender est une théorie sociologique et non scientifique. Et s'il est vrai qu'on ne peut réduire le genre au sexe biologique - "l'homme doué de conscience et de liberté a le pouvoir de créer des systèmes de valeurs divers donnant un sens à ce matériaux muet qu'est le donné biologique" (Thibaud COLLIN) - il est non moins évident, et ceci est prouvé scientifiquement, que la testostérone du mâle n'exerce pas sur les comportements les mêmes effets que la progestérone et l'oestradiol chez la femme.
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Il en résulte que la théorie du gender ne devrait pas être enseignée comme une théorie scientifique mais comme une opinion de philosophie sociale. Je reviendrai demain sur les raisons qui poussent "l'éducation nationale" à promouvoir ces innovations.

1 commentaire:

Aerelon a dit…

Bonsoir,

Je vous rejoins dans ce concept et cette démonstration. J'en suis presque rassuré car je m'attendais à une opinion influencée de religion -je vous sens très présent sur ce terrain- par rapport à ma position d'athée.

Évidemment, il est abusé de parler de théorie scientifique. C'est bien évidemment plus une opinion de philosophie sociale.

Cela souligne cependant plusieurs points, plus ou moins en rapport avec le sujet:

- déjà la théorie du genre ne discute pas uniquement du "sexe biologique" par rapport à la construction sociale (le genre) mais s'intéresse aussi à l'identité de l'individu au sein d'une race, d'une ethnie et d'une localisation,
- je ne vois pas en quoi (permettez moi d'insister) l'enseignement de cette théorie, pardon, d'opinion de philosophie sociale, va déconstruire les bases de notre société,
- l'exercice intellectuel me plait: il "décloisonne" et permet de réfléchir sur le soi ou des concepts plus philosophiques,
- dois je rappeler que dans certaines écoles sous nos méridiens il est continué d'enseigner la "théorie" créationniste, vérité scientifique plus que douteuse,
- et pour ceux qui continueraient de crier au loup, je n'y vois aucun dévoiement de la démocratie puisqu'elle n'impose pas, par l'enseignement dans les classes, une reconnaissance universelle de chaque mode de vie particulier = une idée est présentée ce qui ne veut pas dire qu'il faut y adhérer.

Dans le plus pur style humour, j'y vois au contraire une excellente nouvelle car si les hommes et les femmes ne sont pas ce que l’on croit, si derrière un mâle poilu et fort bien pourvu par la nature se dissimule en réalité une créature féminine et délicate, si un président du FMI en rut dans une salle de bain masque potentiellement une fille d’Ève, les fichus impératifs de "quota" deviendront caduques. Nul ne pourra prétendre que le gouvernement actuel n’est pas, finalement, composé d’une majorité de femmes. Nicolas Sarkozy et François Hollande pourront à bon droit dénier à Martine Aubry et Marine Le Pen toute velléité d’appropriation de la cause féminine, les conseils d’administration des entreprises seront de fait reconnus statistiquement paritaires (courbe de Gauss à l’appui) et toute étude sérieuse sur les inégalités salariales homme-femme sera de fait rendue impossible.

Et comble, pour nos amis des verts et des bêtes : nous n’aurons plus à craindre ou à déplorer la disparition d’espèces : certes, nous aurons toujours un fumeux universitaire américain pour nous montrer notre caryotype afin de dénier à n'importe qui le droit de se sentir dauphin ou moustique. Et des activistes pour faire en sorte qu’on enseigne à nos progénitures que leur incapacité à respirer sous l’eau ou à sucer du sang par un orifice n’est qu’un obstacle fallacieux mis en exergue par une société castratrice pour nier leur être profond.

Par contre, j'espère vous retrouver dans un futur post sur un sujet qui m'intéresse et qui découle (indirectement) de l'opinion de philosophie sociale du genre: l'homoparentalité, pour connaitre personnellement trois couples qui ont éduqué des enfants sans "le sexe fort" ou avec le "double sexe fort" et dont je ne peux que constater en long et en large leur parfait équilibre socio-psychologique et psychiatrique - bien mieux que certaines famille douteuses hétérosexuelles.