mercredi 31 août 2011

Amabilités cacophoniques

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Michel ROCARD est un "grand pourfendeur de l'hypocrisie" dit Dominique de MONTVALON dans un article de France-Soir. En affirmant que DSK était atteint "d'une maladie mentale et avait du mal à maîtriser ses pulsions", l'ancien premier ministre met hardiment et courageusement les pieds dans le plat. Évidemment, il exaspère les éléphants, éléphanteaux et éléphanticules. Mais enfin il exprime quelque chose qui pourrait bien ressembler à la vérité. DSK n'a pas fait l'objet d'un non-lieu, il n'a pas été blanchi par la justice américaine, comme tant d'imbéciles se plaisent à le proclamer aussi bien à la télévision qu'à la radio. Le procureur a simplement abandonné les poursuites, et s'il s'est effectivement passé quelque chose à caractère sexuel - même la défense de DSK admet des gestes inappropriés - nous ne saurons jamais exactement quoi, puisque la victime supposée ne sera jamais confrontée à son agresseur présumé.
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Bien entendu, après avoir tonitrué haut et fort son opinion sur DSK (qui "a du talent" dit-il, ce qu'il est nécessaire de mentionner), ROCARD s'est attiré une volée de bois verts de la part de Laurent FABIUS qui déclare, l'imbécile (au sens de BERNANOS) : "je ne savais pas que ROCARD était un expert médical internationalement reconnu". Car lui, il l'est, ce qui lui permet d'affirmer haut et fort que ROCARD se fourre le doigt dans l'oeil jusqu'à l'omoplate. Il ne comprend donc pas que ROCARD exprime une idée bienveillante et que lui, l'omniscient, le déclare capable d'avoir une relation sexuelle, consentie ou contrainte, avec une femme de chambre, entre la poire et le fromage, ou plus exactement entre deux avions, sans que cela tire à conséquence.
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Jacques LANG déclare avec hauteur : "Je crois que ROCARD a quelques difficultés à maîtriser les siennes, de pulsions." Voilà un travers qui n'encombre pas le parcours de l'ancien ministre de la culture !
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Et puis il y a monsieur PUPPONI, l'actuel maire de SARCELLES, ami et successeur de DSK dans cette fonction. Monsieur PUPPONI ne fait pas dans la dentelle, mais dans la fête foraine. Il s'apprête à faire en sa bonne ville un accueil triomphal au "blanchi" de NEW-YORK qui n'en demandait sans doute pas tant.
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Oublierais-je madame AUBRY ? Que nenni ! Après avoir passé à MARRAKECH un accord pré-électoral avec DSK, celle-ci prend ses distances, et essaye de décoller de son doigt le sparadrap strauss-kahnien. Il lui faut gagner des voix pour rattraper monsieur HOLLANDE qui la distance dans les sondages. Madame MANSOURET lui a peut-être remonté de symboliques bretelles en lui rappelant l'affaire de Tristane, sa fille, et en lui susurrant que François HOLLANDE savait tout. Du coup, pour grappiller quelques voix chez les militantes, madame AUBRY lance à son ex-partenaire le coup de pied de l'âne : "Je pense la même chose que beaucoup de femmes sur l'attitude de Dominique STRAUSS-KAHN vis-à-vis des femmes" (citation de mémoire.)
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Attendons la comparution en justice de monsieur GUERINI, l'actuel Président du Conseil général des Bouches-du-Rhône, pour en savoir un peu plus sur les combines par lui échafaudées, et qui ont probablement permis à Martine AUBRY de devenir Premier Secrétaire du PS, si j'en crois les protestations de Ségolène ROYAL.
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Personnellement, je trouve que ces amabilités, passablement cacophoniques, traduisent et trahissent la vacuité intellectuelle abyssale du programme socialiste. Les deux qui émergent de ce naufrage sont Arnaud MONTEBOURG qui a dénoncé les pratiques de monsieur GUERINI, et surtout Manuel VALLS qui décidément a une approche autrement réaliste des difficultés de notre pays. En voilà deux qu'il faudra suivre.
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Ceci étant, je maintiens que dans un pays riche comme la France, il est scandaleux que 8 millions et quelques de personnes vivent en-dessous du seuil de pauvreté. Il faudra bien, que dis-je ? il faut mettre fin à ce scandale, et pour cela en avoir le courage et la volonté.
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Quand Lao Zi reçoit Confucius

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La légende raconte que le Sage CONFUCIUS fut dépéché par le souverain du Pays de LU auprès de LAO ZI (LAO TSEU) ("Le Vieillard") pour lui soutirer les secrets de la puissance que son savoir aurait conféré aux rois de la dynastie ZHOU lorsqu'il en était Grand Annaliste et Gardien des Archives, avant de se retirer dans la solitude sauvage d'une austère campagne . CONFUCIUS se mit donc en route, parvint chez le Solitaire et après les politesses et les rites alors en usage, demanda à LAO ZI de lui résumer sa doctrine. Celui-ci lui répondit alors :
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"Je vais vous en donner quatre qui sont universellement suivies. La première ordonne de tout se laisser prendre, et les hommes se laissent prendre : c'est la doctrine enseignée par les seigneurs. La deuxième ordonne de se laisser importuner, et tous les hommes se laissent importuner : c'est la doctrine enseignée par la famille. La troisième ordonne de s'entre-accuser et de se disputer, et tous les hommes s'entre-accusent : c'est la doctrine de la fraternité. La quatrième ordonne de peiner sans profit pour transmettre une vaine instruction, et l'on se transmet l'instruction : c'est la doctrine des lettrés. On ne peut ni échapper à celles-là, ni en trouver d'autres." (Cité par G. SOULIE de MORANT. Vie de Confucius, page 44.)
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Voilà qui est bien pessimiste, mais résume assez bien ce que nous croyons percevoir de la vie en société, et ce sur quoi nous fondons la vision que nous en avons. C'est une sorte de description nue des maux qui rongent l'humanité, et tout spécialement les sociétés développées. Mais elle se borne à constater, sans analyser, ni proposer des voies qui permettraient de donner aux élites ("seigneurs et lettrés"), aux familles, et aux hommes ("fraternité") la place qui leur est due. C'est pour avoir pris tout l'espace politique et social que ces différentes doctrines ont échoué à parvenir à leurs fins affichées : le bonheur pour tous (fraternité) ou pour quelques uns (seigneurs, lettrés, familles). CONFUCIUS a bien compris que ces différentes doctrines ne devaient pas s'exclure l'une l'autre, et il a élaboré une doctrine synthétique qui définit les droits et devoirs du souverain, de l'homme de bien (junzi), des membres de la famille, des amis, des époux. Jamais, selon moi, on n'avait été aussi loin dans la compréhension du fait social, de la politique, et de la hiérarchie des fonctions sociales. Je note au passage l'accablement terrible que LAO ZI fait de la doctrine de la fraternité... Reportez-vous aux discours de ceux de nos contemporains qui s'en réclament et ne cessent de décrier, de montrer du doigt d'accuser, qui les riches, qui les syndicalistes, qui les hommes politiques, qui les médecins, les industriels. J'avoue que je tombe trop souvent dans ce travers. Il faut que je révise mes points de vue.
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J'attends avec impatience les commentaires de ROUGEMER. Il viendra éclairer ce maigre commentaire.

mardi 30 août 2011

Notules grises

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D'un correspondant alsacien, ce message que je vous livre sans commentaires (au moins pour aujourd'hui) et qui a été écrit par Philippe CARRESE.
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Philippe Carrese est un écrivain français né à Marseille en 1956.

Il est également réalisateur de séries TV (Plus belle la vie) et de films.
Il est chroniqueur dans la presse, ainsi qu'illustrateur.
Enfin, il est musicien.



"J'AI PLUS ENVIE...

Par Philippe CARRESE

J'ai plus envie.
J'ai plus envie de me prendre le quart-monde dans la gueule chaque fois que je mets un pied sur la Canebière. à Marseille.
Je m'apprêtais à écrire une chronique rafraîchissante pour un magazine d'été riant, bien décidé à taire mes énervements habituels.
J'avais pris de bonnes résolutions, rangé ma parano dans ma poche et mes colères avec mes tenues d'hiver, au fond d'un placard.
Je m'apprêtais même à faire de l'humour. Quelques fois, j'y arrive. Mais voilà. Une randonnée pédestre éprouvante entre les Cinq Avenues et le cours d'Estienne d'Orves a sapé mon moral et éradiqué mes résolutions optimistes. 
J'ai plus envie de relativiser. J'ai plus envie de faire de l'humour. Et j'ai plus envie de subir ce cauchemar quotidien.  J'ai plus envie de supporter toute la misère du monde à chaque coin de rue.
J'ai plus envie de slalomer sans cesse entre des culs-de-jatte mendiants, des épaves avinées et des cartons d'emballages de fast-foods abandonnés sur le bitume chaotique du premier arrondissement.
J'ai plus envie de cette odeur de pourriture qui me saute à la gorge, de cette odeur d'urine à tous les angles de travioles, de cette odeur de merdes de chiens écrasées sur tous les trottoirs, de ces relents de transpiration et de crasse sur les banquettes arrière du 41.
J'ai plus envie de perdre des heures en bagnole dans un centre-ville laid, dévasté par manque total de prise de conscience individuelle et d'organisation collective.
J'ai plus envie de voir ma difficile survie professionnelle lézardée par des bureaucrates en R.T.T, assenant au petit peuple que la voiture est un luxe inutile, eux qui n'ont sans doute plus pris un métro depuis des lustres.
J'ai plus envie de me retrouver sur le parvis de la gare Saint Charles à onze heures du soir avec mes jambes et ma mauvaise humeur comme alternative à l'absence totale de transports en commun et à la présence suspecte de rares transports individuels qui frisent l'escroquerie.
J'ai plus envie.
J'ai plus envie de baisser les yeux devant l'indolence arrogante de jeunes connards.
J'ai plus envie de jouer les voitures-balais pour de malheureux touristes étrangers bouleversés, fraîchement dévalisés par des crétins sans loi ni repère.
J'ai plus envie de me retrouver à chercher des mots d'apaisement et à soliloquer des propos hypocrites sur la fraternité et la tolérance lorsque mes enfants se font racketter en bas de ma ruelle.
J'ai plus envie de me laisser railler par ces troupeaux d'abrutis incultes, vociférant et bruyants au milieu des trottoirs qui n'ont qu'une douzaine de mots à leur vocabulaire, dont le mot « respect » qu'ils utilisent comme une rengaine sans en connaître le sens.
J'ai plus envie de contempler mon environnement urbain saccagé par des tags bâclés et des graffitis bourrés de fautes d'orthographe. L'illettrisme est un vrai fléau, il plombe même l'ardeur des vandales.
 Et aussi...
J'ai plus envie de voir les dernières bastides mises à bas, les derniers jardins effacés d'un trait négligent sur des plans d'architectes en mal de terrains à lotir.
J'ai plus envie de cette ville qui saccage son passé historique sous les assauts des promoteurs (le comblement de l'îlot Malaval est une honte).
J'ai plus envie de cette ville qui perd sa mémoire au profit du béton.
Et encore...
J'ai plus envie d'écouter poliment les commentaires avisés des journalistes parisiens en mal de clichés, plus envie d'entendre leurs discours lénifiants sur la formidable mixité marseillaise. Elle est où, la mixité ? De la rue Thiers au boulevard des Dames, la décrépitude est monochrome.
J'ai plus envie de traverser le quartier Saint Lazare et de me croire à Kaboul.
J'ai plus envie non plus de me fader encore et toujours les exposés béats de mes concitoyens fortunés, tous persuadés que le milieu de la cité phocéenne se situe entre la rue Jean Mermoz et le boulevard Lord Duveen.
Désolé les gars, le centre ville, à Marseille, c'est au milieu du cloaque, pas à Saint Giniez. Tous les naufrages économiques de l'histoire récente de ma ville tournent autour de cette erreur fondamentale « l'appréciation de la haute bourgeoisie locale » 
 J'ai plus envie de ce manque d'imagination institutionnalisé, plus envie de palabrer sans fin avec des parents dont la seule idée d'avenir pour leur progéniture se résume à : «un boulot à la mairie ou au département».
J'ai plus envie d'entendre les mots «tranquille» «on s'arrange» «hé c'est bon, allez, ha» prononcés paresseusement par des piliers de bistrots.
 J'ai plus envie de ce manque de rigueur élevé en principe de vie.
J'ai plus envie de l'incivisme, plus envie de la médiocrité comme religion, plus envie du manque d'ambition comme profession de foi.
J'ai plus envie des discours placébo autour de l'équipe locale de foot en lieu et place d'une vraie réflexion sur la culture populaire. 
 J'ai plus envie non plus de me tordre à payer des impôts démesurés et de subir l'insalubrité à longueur de vie.
J'ai plus envie de m'excuser d'être Marseillais devant chaque nouveau venu croisé, décontenancé par sa découverte de ma ville. Ma ville !
Et pourtant, Marseille.
Pourquoi j'ai plus droit à ma ville ?
Merde !
Philippe Carrese, pour Mars Mag."
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Notules bleues

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Accueillir avec exultation la naissance matinale de l'azur. Tendre l'oreille aux bruissements que font, dans les vieux platanes, les feuilles agitées par un vent qui aujourd'hui prend le doux nom de tramontane. Se réjouir par avance aux murmures des fontaines qui enchantent les placettes de la vieille ville. Voilà des joies qui ne sont pas marchandes. Nul spéculateur, nul fiscaliste, nul avide ne peut nous ravir ces trésors. A force de les contempler, je m'enrichis à en devenir multimilliardaire en sensations, en souvenirs, en émotions.
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Oui, AIX-en-PROVENCE est une ville enchanteresse. J'en avais déjà parlé, il y a deux ans, dans un billet émerveillé. Contrairement aux gens du troisième âge, non seulement ce billet n'a pas pris une ride, mais il a rajeuni. Les Aixois sont des gens de goût. La preuve en est que la Fondation Jacques et Suzanne PLANQUE a jugé utile de laisser en dépôt pour quinze ans au Musée Granet, la fabuleuse collection de peintures que Jacques avait patiemment réunie. Il était l'agent artistique parisien de la fameuse galerie bâloise BEYELER et s'était fait de nombreux amis parmi les peintres. Les pièces majeures de cette collection sont exposées, merveilleusement exposées (thème par thème, genre par genre), dans les salles réservées aux expositions temporaires : CEZANNE, DUFY, PICASSO, ROUAULT, BRAQUE, BISSIERE, UBAC, LEGER, TAPIES, CLAVE, DUBUFFET, Nicolas de STAEL, Sonia DELAUNAY, La FRESNAYE, KLEE, des peintres helvétiques (Jacques était citoyen de la confédération) dont l'excellent AUBERTJONOIS, et d'autres encore dont j'ai oublié les noms, mais qui sont tout aussi prestigieux. Cet homme "avait un oeil" disait de lui un de ses amis. Il était devenu très proche de PICASSO et de DUBUFFET. Il y eut entre celui-ci et Jacques un petit moment de brouille, perdu dans des années de proximité complice.
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Et puis il y a encore le bleu céruléen de MARSEILLE. Enchantement de la montée des ACCOULES et des escaliers qui quadrillent le quartier du PANIER, et cette fabuleuse exposition temporaire de peintres orientalistes à la Vieille Charité. En lui-même, cet ancien hôpital-hospice est déjà un miracle d'architecture et la chapelle baroque plantée au milieu de l'immense cours est un chef-d'oeuvre de PUGET. Elle est coiffée d'une coupole ovale dont on se demande comment elle a pu être construite et défier l'usure du temps et l'ébranlement qu'ont dû susciter dans le quartier les bombardements destructeurs de la seconde guerre mondiale. Et dans ce décor unique, le Musée accueille plus de 120 tableaux orientalistes, signés des plus grands maîtres : De DELACROIX à  MATISSE (c'est du reste ne nom donné à l'exposition). Les organisateurs sont ravis : près de 4.000 visiteurs journaliers exercent leur goût et affûtent l'acuité de leur regard. L'exposition a été présenté d'abord au Musée Royal de BRUXELLES, puis au Musée des Beaux-Arts de VIENNE, avant de s'installer aux rivages de la Mare Nostrum, preuve que PARIS n'a pas le monopole du goût. Je suis frappé de voir que la majeure partie des tableaux exposés sont ceux d'artistes français. Comme le tableau a été organisé par un commissaire belge aidé de spécialistes autrichiens, on ne peut accuser de chauvinisme les organisateurs. Il y a quelques excellents tableaux de peintres belges et autrichiens, anglais aussi, mais à eux tous il ne font pas 20 % de la collection. Il faut bien conclure qu'au XIXe siècle, notre pays rayonnait sur l'Europe entière et exerçait un magistère artistique qui dura, sans aucun doute, jusque vers les années 1950. Qu'est-il devenu depuis et pourquoi ? On ne saurait accuser BRUXELLES, les Américains, les Russes, les Chinois, les Indiens ; c'est trop facile. D'où vient cet appauvrissement de notre créativité ? Je n'ai pas de réponse. Mais je me demande si les responsables de la Culture avec leur goût de la provocation (cf. le Piss Christ de SERRANO) ne sont pas les acteurs principaux de ce déclin public du goût et de la disparition des vrais artistes de l'espace public. Heureusement, il y a des poches de résistance qui se forment et grossissent, et pas chez les bobos ou les "élites" éclairées, mais dans ce peuple robuste et plein de bon sens grâce auquel notre patrie peut encore être ce qu'elle est.
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Maintenant le ciel vire au bleu nuit. Une foule animée déambule dans les rues étroites. Des dîneurs attablés donnent aux terrasses des cafés et des restaurants un air de fêtes sérieuses. On ne crie pas, on parle avec cet accent qui n'est pas celui de MARSEILLE, mais celui de la Provence. Et je repense à ce marquis qui, pour épouser sa maîtresse, assassina sa femme, et s'enfuit au PORTUGAL après avoir accompli son forfait. Faute de pouvoir obtenir une extradition en bonne et due forme, il fut jugé par contumace, et les juges d'AIX ordonnèrent que l'on décapite l'effigie de l'assassin en place publique. Tout marquis qu'il était, il n'échappa point à une juste sentence qui aurait été exécutée sans aucun doute, si l'on avait pu saisir le vif.
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Voilà, la nuit est tombée, sereine, sur le cours MIRABEAU. Il y a encore du monde au Café des deux Garçons. Peut-être CEZANNE y prend-il un verre incognito avant de regagner son JAS de BOUFFAND. Nous rentrons à notre hôtel, humant les senteurs de lavandin et de lentisque que les talus plantés, exposés au soleil, exhalent pour le bonheur des nostalgiques. Je ne te dis pas adieu AIX, mais au-revoir.
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mercredi 24 août 2011

Je ne peux pas résister...

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Je ne peux pas résister au petit plaisir de porter à votre connaissance cet article paru dans un journal algérien, un article que m'envoie un correspondant alsacien. Je m'abstiendrai de commenter. L'article date du 19 juillet 2010. Je pensais pouvoir vous donner le fac simile de l'article. Mais il semble que je ne peux pas le maintenir sur le billet. Je vais donc transcrire.
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Le Temps d'Algérie.
Quotidien National d'information.

 

Avant de partir en vacances, réponse à des objections.

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Avant de repartir pour quelques jours en vacances, (je reviens le 29) je voudrais répondre à l'objection que mon ami Yves à faite sur la validité des preuves philosophiques de l'existence de Dieu. KANT, dit-il, l'aurait ruiné, quelle que soit la preuve envisagée (ontologique, cosmologique, par la contingence et la nécessité). KANT distinguait le domaine de la raison de celui de la croyance (je me suis renseigné, voilà qui va faire plaisir à Pierre-Henri THOREUX) auquel il rapportait la foi. Mettant le sujet au centre de l'acte de connaissance, il affirmait qu'il lui est impossible de connaître l'être des choses, en raison des conditions a priori de cette connaissance, qui sont l'espace et le temps, et des catégories de l'entendement. Il n'en voit que ce qui paraît (phénomène) et non pas ce qui est (noumène). Les arguments de KANT sont très forts. Et je me rabattais sur l'expérience de la nature, du beau, de l'histoire et des mystiques. CORATINE a sévèrement critiqué la première voie. Je lui répondrai.
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Je me posais ensuite la question suivante : existe-t-il des réalités observables qui échappent aux limitations que l'espace et le temps apportent à la connaissance de la vérité ou de l'être ? 
J'ai relu le livre de Jean STAUNE (Notre existence a-t-elle un sens ? Une enquête scientifique et philosophique. Presses de la Renaissance, Paris, 2007). Lors de ma première lecture, mon attention n'avait pas été attirée par le commentaire, cité par STAUNE, que fait Bernard d'ESPAGNAT à propos de l'expérience d'Alain ASPECT, confirmée depuis par d'autres auteurs.
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Pour bien comprendre ce dont il s'agit, il faut rappeler ceci : il est impossible à la matière de dépasser la vitesse de la lumière et à l'énergie de se transmettre à une vitesse supérieure à celle-ci. Pour vérifier certaines hypothèses (je ne les détaille pas) ASPECT, GRANGER et ROGER imaginent en 1982 une expérience tout à fait remarquable. Il s'agissait de savoir comment deux particules subatomiques peuvent interagir l'une sur l'autre de manière telle que si l'observation donne un état particulier pour une particule, un état aléatoire, l'autre particule répond de manière coordonnée par le même état. Pour cela il fallait d'accomplir des mesures d'état des deux particules dans un intervalle de temps tel que la transmission d'un signal ne puisse se faire d'une particule à l'autre, celle-ci étant séparé par une distance telle que la lumière mette plus de temps à la parcourir que le temps séparant les deux mesures. Celles-ci sont réalisées dans un intervalle d'un milliardième de seconde ; la distance qui sépare les deux particules est de 12 m et il faut à la lumière quarante fois plus de temps pour la parcourir, quarante milliardièmes de seconde. L'hypothèse est donc la suivante : si la seconde particule n'est pas dans le même état que la première, c'est que le signal n'a pas pu l'atteindre ; elle n'a pas pu être informée par cette dernière. Si au contraire elle est dans le même état, il faut imaginer qu'une information dite supralumineuse a été transmise INSTANTANÉMENT, sans passer par un transfert de matière ou d'énergie. (Je passe sur les détails). Comme l'état que prend la première particule est aléatoire (et non prédéterminée avant la mesure, comme le serait celui de la seconde qui partagerait avec la première une sorte de vie commune initiale) et ne se  révèle qu'au moment de la mesure, il faut accepter la deuxième hypothèse. La réponse est implacable. La réalité ultime échappe aux conditions d'espace et de temps.
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Bernard d’ESPAGNAT, un physiciens très réputé, commente ainsi ces résultats (Un atome de sagesse. Éditions du Seuil, Paris, 1982 ; page 55) :"Un des enseignements des sciences modernes dites (par tradition) ‘de la matière’ est celui-ci : la ‘chose’, s’il en est une, qui se conserve n’est pas le concret mais l’abstrait, non pas ce qui est proche des sens, mais au contraire le nombre pur dans toute son abstraction mathématique telle que nous la révèle la physique théorique. En d’autres termes, par rapport à nos sens et à nos concepts familiers (qui en résument les possibilités), une des manières les plus pertinentes de l’évoquer est, selon moi, de reconnaître que le mot matière est mauvais et de réintroduire le beau mot d’Être."
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Bernard d'ESPAGNAT ajoute dans le même ouvrage (page 117) : "Les Idées de PLATON ne sont pas dans l'espace-temps mais elles existent indépendamment de l'esprit humain et sont les causes des phénomènes. C'est pourquoi on parle parfois, à propos du platonisme, de réalisme des essences. En ce sens-là (une réalité indépendante lointaine, probablement non située dans l'espace-temps), le réalisme philosophique d'un physicien peut difficilement ne pas être un petit peu platonicien".
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Je crois donc rationnellement et scientifiquement que la réflexion de KANT ne vaut que pour une partie du réel dont nous fixons les contours par commodité ou par incapacité, et qu'il y a une réalité ultime qui échappe aux contingences du temps et de l'espace, la seule qui vaille et qui soit vraie. Elle est en quelques sortes ce que la physique de NEWTON est à la physique quantique et à la relativité.

mardi 23 août 2011

Retransmission d'un message

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Un ami alsacien me transmet la lettre qu'un lecteur des Dernières Nouvelles d'Alsace a envoyé à ce journal. Je vous le livre sans commentaires, telle qu'elle y a été publiée, sans aucune modification notamment orthographique.
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"je suis fatigué


J’ai 75 ans. J’ai travaillé, à l’école d’abord, pas trop mal ; puis comme officier dans cette armée française qui a été tant vilipendée par la gauche et méprisée par la droite jusqu’à ce jour de 1981 où Mr Mitterand a été élu président de la république, jour globalement funeste à mon sens, mais qui a eu au moins l’avantage d’amener un peu de raison dans la tête de ses partisans et calmer leur antimilitarisme inné. Ne m’étant pas engagé pour faire fortune, je me suis contenté de la solde versée par la République et, si je n’ai pas toujours vécu confortablement, je n’ai globalement pas été matériellement malheureux. Les semaines de travail étaient longues sans « 35 heures ni RTT » ; sans même évoquer les nombreuses charges diverses de service, non compensées pendant très longtemps. C’était comme ça ; peu s’en plaignait vraiment.Je n’ai pas hérité de biens substantiels ; ma position professionnelle et sociale ne m’a pas été donnée non plus ; j’ai travaillé pour ça. Au soir de ma vie, je suis fatigué.Je suis fatigué de m’entendre dire que je dois partager ce que j’ai avec des gens qui n’ont pas mon éthique de travail. Fatigué de constater qu’en permanence nos gouvernements, de quelque bord qu’ils soient, me prennent de l’argent pour donner à des gens trop paresseux pour travailler, ou même qui sont des étrangers normalement sans aucun droit d’être ici, et qui gagnent plus ici en ne faisant rien que chez eux en travaillant.Je suis fatigué d’entendre dire qu’il y a de plus en plus de familles surendettées dont je dois payer les dettes parce qu’elles n’ont pas eu le bon sens d’adapter leurs dépenses à leurs ressources, et que l’état, au siècle de l’informatique, n’a pas été capable d’imposer un contrôle a priori des emprunts sollicités, ce qu’un simple croisement des fichiers permettait de faire, depuis longtemps. Bien sûr je veux bien aider ceux que le sort a brutalement frappés : chômage, maladie grave… . Mais ce n’est pas le cas de la majorité des personnes concernées.Je suis fatigué de m’entendre rappeler combien la France va mal, par la faute bien sûr de la droite, par des socialistes (ou apparentés) millionnaires comme Mrs Fabius, Strauss-Kahn (avant la chute), Noah, Berger, Mmes Bouquet, Balasko etc…, et fatigué de recevoir des leçons des mêmes, qui appellent de leurs vœux une France ouverte à tous alors que tant d’entre eux résident à l’étranger pour ne pas payer leurs impôts en France. Dans 20 ans ou 30 ans, si on continue à les suivre comme on le fait déjà, nous aurons l’économie d’un pays sous développé, la liberté de la presse de la Chine, la violence du Mexique, et la même tolérance vis à vis des Chrétiens et des Juifs que l’Iran.Je suis fatigué du comportement hégémonique des syndicats qui ne représentent pas grand monde mais n’hésitent pas à paralyser tout le pays pour satisfaire des intérêts purement corporatistes, pour beaucoup hors du temps, sans strictement aucun souci du bien de la collectivité.Je suis fatigué d’entendre dire que l’Islam est une religion de paix quand à longueur d’année on m’apprend les meurtres perpétrés pour « l’honneur familial », les égorgements publics, les émeutes déclenchées sous le moindre prétexte, les attentats meurtriers perpétrés là où le maximum d’innocents peut être tué.Je suis fatigué que dans les mosquées installées chez nous on prêche la guerre sainte ordonnée par Allah, guerre qui aura l’avantage de sauver l’âme du Juif ou du Chrétien, assassiné parce qu’il ne « croit pas », en même temps qu’elle sauvera celle de son assassin ; pourquoi se priver dans ces conditions.Je suis fatigué que l’on tolère la transformation insidieuse de ma civilisation sous les coups d’une autre qui ne la vaut pas ; fatigué d’entendre des socialistes (encore eux) envisager l’apprentissage de l’Arabe aux professeurs des écoles pour faciliter les contacts avec les enfants de l’immigration qui ne trouvent pas notre société à leur goût et en refusent même l’histoire. Fatigué de voir que l’apprentissage du Français, qui est la langue donc le ciment de la nation depuis François 1er, devient une exigence secondaire que l’immigrant n’a plus le devoir d’apprendre devenant non plus un immigrant mais un colonisateur.Je suis fatigué que l’on me prône les vertus de la diversité alors qu’elle dissout la nation, et qu’en son nom on en arrive à ériger en système la discrimination positive qui fait que le particularisme racial, religieux ou social suffit à compenser les insuffisances individuelles, créant ainsi une injustice vis à vis des individus « ordinaires ».Je suis fatigué que notre tolérance vis à vis des autres cultures nous amène à considérer comme normal que l’Arabie Saoudite finance chez nous des mosquées, où l’on prêche la haine de l’Occident, avec les subsides qu’elle tire du pétrole que NOUS Occidentaux avons découvert et mis en exploitation, et que NOUS lui achetons, alors qu’elle proscrit sur son sol la construction d’églises et synagogues.Je suis fatigué d’entendre à longueur de temps que je dois diminuer mes émissions de CO2 parce que c’est « bon pour la planète », alors que la Chine inaugure deux à trois centrales thermiques par semaine, que l’Allemagne, qui émet déjà deux fois plus de ce gaz que nous par habitant parce qu’elle refuse le « nucléaire », va augmenter ses émissions car il faut bien compenser les défaillances des éoliennes quand il n’y a pas de vent c’est à dire environ les deux tiers du temps.Je suis fatigué de m’entendre dire que notre tradition d’asile nous oblige à accepter tous les miséreux de la planète et à payer pour eux, même quand ils sont clandestins ou n’ont jamais travaillé ni cotisé un centime chez nous ; et je suis encore plus fatigué de constater que nos personnages politiques, de droite comme de gauche, trouvent apparemment ça très bien puisqu’ils ne font rien pour y remédier quand ils sont au pouvoir, ou approuvent quand ils sont dans l’opposition.Je suis fatigué d’entendre tous ces gauchistes, pas tous extrêmes, ces affidés de tous les « SOS racismes » que ne concerne pas le racisme anti blanc, tous ces journalistes angéliques, pratiquer la culture systématique de l’excuse pour tout comportement anti social, anti national, anti Chrétien ou anti Juif, souvent très violent, et réclamer toujours plus de traitement social des conditions de vie de la canaille, en oubliant que s’ils sont chez nous c’est que leur sort leur paraissait meilleur que chez eux où ils se garderaient bien de retourner, et où ils n’oseraient pas brûler les voitures par centaines chaque année de crainte de représailles du même niveau que leur démence, que nous, nous subissons et tolérons.Je suis fatigué de tous ces discours qui cherchent à me convaincre que mon pays n’a jamais rien fait de bien dans le passé, qu’il doit s’excuser de tout, de l’esclavage, du colonialisme, des guerres napoléoniennes, de son passé judéo-chrétien, des croisades (en oubliant que l’Islam conquérant les avait devancées de quatre siècles).Je suis fatigué des Français je crois ; prétentieux, hâbleurs, naïfs mais donneurs de leçons, égoïstes, assez lâches et finalement pas sérieux.Par contre je suis heureux d’avoir 75 ans.Je ne verrai pas le monde que nous préparons consciencieusement par veulerie. Mais je plains sincèrement mes descendants.
Note : l’idée de ce texte, dans sa forme, m’a été donnée par un texte d’un Américain, Robert A. Hall, qui est semble t-il dans un état d’âme comparable au mien vis à vis de son pays."
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Curieuse justice

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Après l'avoir traîné dans la boue de l'ignominie, monsieur Cyrus VANCE vient de décider d'abandonner les poursuites qu'il avait initialement envisagé de faire contre l'infortuné (!) Dominique STRAUSS-KAHN. Il faut bien comprendre que cet abandon des poursuites ne signifie nullement que l'ancien patron du FMI est innocent (ni même coupable), mais que le procureur n'est pas assuré d'obtenir l'avis unanime (et nécessairement unanime) des jurés, en raison du manque de crédibilité de la victime supposée. Les responsables socialistes disent leur joie et leur soulagement à cette nouvelle. Ils oublient simplement une chose. C'est que le procès pénal est certes abandonné, mais que le procès civil ne l'est pas et que madame Nafitassou DIALLO a toutes les chances d'obtenir des compensations financières de la part de son agresseur supposé. Il est donc possible, aux Etats Unis de ne pas être pénalement condamné, mais d'être obligé de payer des sommes parfois considérables, à celles des plaignants dont le bon droit n'aurait pas été reconnu au pénal. Pour un esprit cartésien, la chose est impensable.
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C'est donc une bien curieuse justice que cette justice-là. Car si madame DIALLO obtient des compensations financières, il faut bien qu'elles lui soient accordées en fonction de faits avérés et prouvés. Décidément, je préfère le système inquisitoire français (malgré ses défauts) au système accusatoire américain, qui aboutit à condamner des innocents et à innocenter des coupables. Il faut avoir de bons avocats et de l'argent pour pouvoir traverser les mailles de ce système ; leurs dimensions est à géométrie variable, et notre bon La FONTAINE l'a déjà dit : "Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cours vous rendront blanc ou noir". J'ai bien peur que nous n'ayons avec ce feuilleton érotico-politico-financier, quelque illustration contemporaine de cet amer constat. Ceci étant dit, mes remarques ne préjugent aucunement de la culpabilité ou de l'innocence de l'ex-prévenu. Elles s'inscrivent dans une réflexion plus générale sur l'inégalité de traitement des citoyens devant la loi.
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lundi 22 août 2011

La voie de la nature

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La voie de la nature, un chemin vers Dieu ? D'où vient que devant le spectacle des beautés de la nature, quelque  chose en nous s'émeut, nous élève l'esprit et nous interroge, confusément ou non, sur la signification de ce que nous voyons ? Voici quelques photos de diverses réalités naturelles. Je vous les livre en vous demandant d'en choisir une et d'écrire ce que vous ressentez à sa vue. A titre de démonstration, je vais le faire pour un des planches de Radiolaires publiées par HAECKEL au milieu du XIXe siècle.
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Je m'émerveille de la délicatesse de structure du squelette siliceux de ces micro-organismes qui constituent une composante du plancton animal, je suis étonné par la variété des formes, j'observe aussi que certains de ces Radiolaires épousent une forme quasi sphérique, et utilisent à cette fin des structures hexagonales et pentagonales. Je vérifie que le nombre de pentagones est bien égal à 12. Il est en effet impossible de construire de telle structure sans utiliser ce nombre, pas un de plus, pas un de moins. Et en outre, le nombre d'hexagones n'est pas quelconque. Il est possible de le déterminer mathématiquement. Les Grecs avaient déjà eu l'intuition des relations qui existent entre les mathématiques et le monde divin. Mais ici, on touche à autre chose ; je veux dire que l'on touche à la NECESSITE, à ces réalités nécessaires qui font que Dieu lui-même ne peut faire qu'elles soient autrement, et comme il est intellectuellement impossible de limiter la toute puissance de Dieu, il faut que cette nécessité de nature, dans le monde où nous vivons, soit un reflet de ce qu'il est et qu'il veut pour nous, dans la situation qui est la nôtre. Je les trouve très belles ces structures. Et quoique naturelles, elles rejoignent la voie de la beauté, autre chemin vers Dieu. Il y a comme une cohérence, une unité entre ces voies.
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Je vous invite à faire ce genre de commentaires. J'ai pris l'image la plus difficile. Mais il en est d'autres qui font naître en mon coeur des sentiments de douceur, d'émerveillement, d'éblouissement, en un mot qui m'émeuvent. Allons, maintenant au travail. Vous pouvez choisir entre six photos (celle des Radiolaires y compris) prises dans des domaines naturels très différents. Laissez-vous émouvoir. Mon commentaire n'est pas ému, je le confesse, mais s'il ne l'est pas c'est pour des raisons qui tiennent à ma profession ; j'ai enseigné la Virologie, et les règles de construction des virus quasi sphériques sont les mêmes que celles des Radiolaires. Je n'ai pas pu échapper à cette détermination.
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Dessins de Radiolaires publiés par HAECKEL au milieu du XIXe siècle.



Une orchidée.

Orchidée Rouge

Un papillon.


L'aube sur la montagne.

RETOUR


La nébuleuse d'Orion.

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Cristal d'améthyste sur quartz.

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Et maintenant, que dites-vous ?

 




dimanche 21 août 2011

Aveuglement, idéologie ou incompétence ? Allez savoir

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J'ai entendu hier soir au Journal Télévisé les réactions de monsieur HOLLANDE et de madame JOLY à l'appel de monsieur François FILLON publié dans le Figaro. Le Premier Ministre y  lançait un appel vibrant à l'unité nationale en réclamant de l'opposition une adhésion à l'inscription de la "Règle d'or" (la mal nommée) dans la Constitution. Les réactions de l'opposition sont consternantes. Elles transpirent l'aveuglement, l'idéologie ou l'incompétence, et même l'irresponsabilité. Je vais essayer d'expliquer pourquoi.
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Monsieur HOLLANDE refuse d'endosser une mesure qui, dit-il, ne s'imposerait qu'en 2013. Il feint de croire que son report à un an est fait pour embarrasser les socialistes, assurés d'arriver au pouvoir en 2012 (à mon avis, revêtus de la peau de l'ours). C'est tout simplement malhonnête. Un budget se prépare plus d'un an à l'avance, et la mise en oeuvre de la règle d'or supposerait que l'on réécrive maintenant la totalité du document présenté au Parlement : c'est impossible, bien évidemment. Et comme monsieur HOLLANDE n'en connaît pas encore le contenu, tout en en supposant la teneur, celle de l'austérité, sa remarque est nulle et non avenue. Comme toujours les socialistes, il a regardé dans son cerveau avant de regarder le réel : G. SOULIE de MORANT dans sa Vie de CONFUCIUS, le dit admirablement en commentant l'opinion si fine du sage en matière de politique : "la déraison s'irrite des réalités",
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François HOLLANDE ose dire que le champion du déficit est l'actuel gouvernement, remarque que monsieur FILLON a déclaré, lors de son entrée en fonction, que la France était au bord de la faillite et n'aurait rien fait pour remédier à cet état de catastrophe, mais il n'a voté aucune des propositions de loi présentée par le Gouvernement, tendant à combler le gouffre que lui et ses mis socialistes ont antérieurement creusé par l'adoption de mesures démagogiques (dont les plus emblématiques sont la retraite à 60 ans, et l'adoption des 35 heures). Il est donc nécessaire de lui poser quelques questions :
Oui ou non, y a-t-il un problème du déficit des comptes publics de la France ?
Quelle en est l'origine ? Pourquoi la France est-elle obligée d'emprunter ?
Si déficit abyssal il y a, quelles mesures prendrait-il pour le combler ? Augmentation des impôts ? Diminution des prestations sociales ? Contrôles renforcés de leur distribution ? Diminution des subventions de tous ordres aux associations qui sont leurs relais et leur soutien ? Mesures restrictives sur les pensions de retraite ? Ou autres choses ?
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On connaît le solutions socialistes : satisfaire les exigences de leur clientèle électorale pour parvenir au pouvoir et s'y maintenir, c'est-à-dire recruter des fonctionnaires, accabler d'impôts les classes moyennes et supérieures (artisans, commerçants, professions libérales) faute de pouvoir  faire "payer les riches" dont les fortunes sont depuis longtemps à l'abri à l'étranger, protégées de toute ponction supplémentaire, faire intervenir l'Etat dans toutes les activités humaines afin de contrôler la vie sociale, agir sur les médias, sur le monde de la culture, mobiliser la sympathie des français naturalisés de fraîche date. Il faut que j'aille jusqu'au bout : je ne doute pas un seul instant que nombre de socialistes soient convaincus de la justesse de leur choix. Cette justesse, ils la trouvent dans leur doctrine, et non pas dans une analyse de la réalité. L'explication de cette plaie de l'esprit est simple : elle réside dans la croyance en la dialectique de papa HEGEL : thèse, antithèse, dépassement de la contradiction par la synthèse. Ils sont donc parfaitement assurés que leurs propositions réalisent une synthèse susceptible de dépasser les complications du moment, engendrées par des difficultés que nous ne pouvons contrôler (mondialisation, financiarisation de la vie économique) : ils ne voient en elles que des contradictions et non des éléments fondamentaux dont la prise en considération est indispensable à la conduite d'une action adaptée.
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Je vais encore aller plus loin : le bouclier fiscal était une erreur ; il offensait le sens de l'équité et de l'égalité, chevillé au coeur des Français depuis les Gaulois (j'ai fait un petit billet là-dessus), et sa justification économique (éviter l'évasion des grandes fortunes hors de France) s'est révélée fausse. De plus, il n'est pas anormal que les plus fortunés contribuent davantage à la vie du pays que les moins avantagés. Ce qui ne va pas, dans les réactions socialistes, c'est la haine qu'ils expriment à l'égard des riches, supposés être leurs ennemis politiques. Or la France a besoin de leur concours, et l'on ne prend pas des mouches avec du vinaigre. Allez, qu'ils cessent, ces gens pleins d'aigreur, de jouer la lutte des classes, qu'ils arrêtent de confondre les entreprises et certains patrons du XIXe siècle égarés dans le XXIe, qu'ils comprennent enfin que le problème de la France n'est pas un problème de demande, mais d'offre : nous ne produisons plus assez de richesses pour satisfaire notre désir de consommation, voilà le réel et seul problème de notre patrie, si elle persiste dans sa vision de la vie économique : la croissance à tout prix, le fric à tout prix, le plaisir à tout prix. Certains, dont nombre de jeunes, commencent à se lasser de cette perspective.
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Je ne dirai rien de l'intervention  de madame JOLY. Elle est à la hauteurs des intrigues qu'elle aurait tramées avec ses amis lors de la préparation des élections primaires du parti écologiste. J'en resterai donc là en vous souhaitant un bon dimanche.
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samedi 20 août 2011

Mystère et musique

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Il y a des coïncidences qui relèvent de la Providence et non point du hasard. Mais avant d'en parler, je voudrais présenter de plates excuses à mes lecteurs réguliers (si, si, il y en a [bis]) pour ne pas avoir repris le 19 août comme je l'avais annoncé, mais aujourd'hui, le 20.
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Lors de mon dernier billet, je parlais des quatre chemins possibles (en tout cas pour moi) de la montée vers Dieu. Et voilà qu'en rentrant de vacances, je trouve un exemplaire de la revue Prier qui m'est envoyé à titre publicitaire. C'est un ensemble de quelques articles. L'un m'interpelle particulièrement. Il a pour titre : Claire GIBAULT : la musique m'a donné le goût du mystère. Il s'agit d'une interview de la première femme à avoir dirigé l'orchestre de la Scala de Milan. Sa carrière a été prestigieuse et semé d'embûches cependant, car dans ce métier, les femmes, dit-elle "sont perçues comme d'insupportables rivales par les hommes en situation de pouvoir".
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Au journaliste qui lui demande si la musique est un chemin vers Dieu (l'expression est donc celle que j'ai moi-même employée dans mon dernier billet), Claire GIBAULT répond : "Non, je ne crois pas, mais si l'on rencontre Dieu à travers la musique, tant mieux, cela la magnifie. Car la musique classique n'est pas naturellement proche de la spiritualité. On peut très bien diriger les Vêpres de la Vierge de MONTEVERDI [c'est un des exemples que je donnais dans mon billet] ou la Passion selon saint Matthieu de BACH sans éprouver la moindre émotion religieuse. Et de fait, notre société tend à remplacer la spiritualité par l'art, et la croyance par la beauté. Cette focalisation sur l'artiste comme seul maître de la beauté - une sorte de Deus ex machina - a longtemps été la mienne. Néanmoins, j'ajouterais que, très tôt, la musique m'a communiqué le goût du mystère".
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Je respire ! Je respire ! Car Claire GIBAULT parle ici de son expérience d'artiste et elle souligne avec justesse que le chemin de Dieu lui est barré, quand l'artiste se croit maître de la beauté alors qu'il en est que le médiateur. Elle utilise du reste l'expression Deus ex machina. Mais ce n'est pas tout. Un jour Claire GIBAULT se rend dans une paroisse orthodoxe de Paris. Elle assiste à une messe et elle traduit ainsi son expérience : "J'ai ressenti une douceur et une joie incroyables, lumineuses. Tout dans la liturgie me parlait : le langage, la force des chants qui comblait la musicienne que j'étais, et les icônes, de sorte que j'avais l'impression d'y être partie prenante". Cette expérience unique la pousse à la conversion à l'orthodoxie en 1984. Elle a alors 39 ans.
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Oui, la beauté est un chemin vers Dieu pour celui qui le cherche. Et c'est quand elle s'est mise en situation d'écoute que cette grande artiste a rencontré "celui que son coeur aime", comme le dit l'amoureuse du Cantique des cantiques. Pour trouver Dieu, il faut le chercher avant de se chercher soi-même.
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mercredi 3 août 2011

Avant de partir en vacances...

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Je vais m'absenter pour une quinzaine de jours et reprendrai mes billets vers le 18-19 août. Mais je ne voudrais pas le faire sans répondre ici à deux fidèles lecteurs : Pierre-Henri THOREUX et CORATINE.
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D'abord j'admets tout à fait que la seule raison ne parvient à prouver que Dieu existe. Néanmoins, je crois que son usage permet de faire une partie du chemin qui conduit à accueillir la grâce de la foi, toujours un don.
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Je vois quatre voies possibles, et qu'il est indispensable d'utiliser toutes pour aller à la rencontre de Dieu.
(a) La première me semble être la contemplation de l'Univers. Attention, pour ne pas tomber dans la critique de l'argument de la preuve cosmique, je me contenterai de dire que ce spectacle élève l'âme, qu'il s'agisse de la mystérieuse profondeur d'une nuit pleine d'étoiles, ou de l'organisation délicate et admirable d'une diatomée ou d'un radiolaire (je prends ces exemples à dessein, car ces deux types de micro-organismes ont des structures époustouflantes de beauté). Je ne cherche pas la cause de tout cela. Je me contente de contempler sans comprendre.
(b) La seconde voie est celle de la beauté, je veux parler de la beauté dont des artistes de génie, connus ou non, ont été les créateurs. Qui n'est pas bouleversé à l'audition du Concerto pour clarinette de MOZART, ou des Vêpres de la Très sainte Vierge Marie de MONTEVERDI ? Qui n'est pas saisi par la forme parfaite d'un céladon de Chine ? Par l'étrangeté des masques africains, par les sculptures grecques, le buste de NEFERTITI, les miniatures persanes ou médiévales européennes ? Le saisissement esthétique est un puissant élévateur de l'âme. Et c'est pourquoi les cultureux de la décadence sont comme les pharisiens du temps de JÉSUS : ils barrent l'accès à la source avec leurs beuglantes, leurs excréments, leur sang, leurs informités et difformités, leurs bruits inorganisés. Tous les artistes contemporains ne sont pas à mettre dans ce panier. Il en est qui font de la merveilleuse musique ; elle est moderne, certes, mais l'inspiration en est profonde, spirituelle, poétique, et j'inclus là les gospels, le negro spirituals, du jazz. Il y a des peintres abstraits qui produisent des chefs-d'oeuvre d'équilibre de composition, de couleurs, de rythme graphique. Mais ceux-là sont rarement compris et peu médiatiques. Ils ne connaissent pas le chemin du Ministère de la Culture, seulement celui de leur coeur.
(c) La troisième voie me semble être celle de l'histoire et des chercheurs qui la commentent et la scrutent. Je suis en train de faire un travail sur les manuscrits des textes bibliques, et je suis frappé de voir comment, en dépit des petites variantes d'un manuscrit à l'autre, toujours mineures, ces textes se sont conservés ne varietur. Un exemple : le rouleau d'Isaïe trouvé à QUMRAN comporte 1400 variations mineures d'avec le texte le plus ancien (IIIe S.) que l'on connaissait avant qu'il ne fût découvert. Il date de 150 avant J.-C. Seules huit ou neuf variations ont été utiles pour comprendre ou éclairer les éditions critiques modernes de ce prophète. Il faut avoir de très puissantes raisons pour conserver ainsi ces textes, dans une civilisation où la transmission orale tient une très grande place. Il est raisonnable de croire (i) que les textes bibliques ont été transmis sans altérations substantielles ; (ii) que les textes du Nouveau Testament rapporte fidèlement des événements qui se sont réellement passés, vus et compris dans la lumière post-pascale. Il faut une puissante cause pour que douze hommes peu cultivés entreprennent d'évangéliser le monde connu avec la force qu'on leur connaît ; (iii) et puis il y bien sûr des commentateurs, je pense à René GIRARD notamment, dont les analyses forcent l'admiration et entraînent l'adhésion : Jésus est un Maître en humanité et révèle à celle-ci les secrets de sa naissance en tant que société constituée en états, possédant des mythes, des rites, des religions, des sacrifices, des lois, toutes organisations élaborées pour éviter la violence mimétique et la destruction totale, sans jamais la garantie du succès.
(d) Enfin il y a la voie de l'exemple ; celui des mystiques et des saints. Très près de nous, Mère TERESA, Marthe ROBIN, de saints ermites orthodoxes dont j'ai hélas oublié les noms, le Padre PIO, Edith STEIN, Catherine CULMANN (de confession évangélique ; orthographe non garantie). Je veux écouter ce que disent ces personnes de leur expérience intérieure. Elle me paraît plus intéressante que celle de Martine AUBRY, Nicolas SARKOZY ou Marine LE PEN (je ne veux pas faire dans le sectarisme, d'où l'éclectisme de mes références !).
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Voilà, me semble-t-il des chemins possibles. Ils ont été les miens. Rien n'y est facile. Mais tout y est nourrissant. Bonnes vacances.
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mardi 2 août 2011

Ces petits détails qu'on nous cache

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Il faut toujours lire avec beaucoup d'attention les livres dont on désire s'approprier le contenu. Souvent ils délivrent quelques détails dont on ne mesure les conséquences réelles qu'un fois que l'on en a pris connaissance consciente. En voici trois qu'il m'a été donné de lire dans le livre de Marc FERRO, Le Ressentiment dans l'histoire et dans celui de Roberto de MATTEI dont j'ai déjà parlé il y a peu. Ils me semblent illustrer parfaitement le propos que depuis quelques jours, en dialogue notamment avec Pierre-Henri THOREUX, je m'efforce de vous présenter. Nous allons voir ici comment l'idéologie et la négation de la loi naturelle a pu conduire aux pires dérives ou au refus tragiques.
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Commençons par quelques rappels sur Marcel DEAT, le chantre de la collaboration avec les nazis, et qui acceptait que son parti fasciste soit cimenté par "la résignation des Français à devenir un petit Etat agricole, le verger et le Luna-Park de l'Hitlérie." et sur DORIOT. DORIOT, autre collaborationniste notoire, était issu du Parti Communiste. Marcel DEAT a adhéré au Parti Socialiste en 1919. Il a beaucoup souffert de la scission du Congrès de Tours. La signature du pacte germano-soviétique laisse DORIOT décontenancé, accablé, sans voix. Rien n'est dit de la réaction de DEAT. BLUM avait fait de grands éloges de ce tribun batailleur, sans toutefois donner à DALADIER son accord pour le faire rentrer au Gouvernement.  Finalement DEAT approuve les accords de MUNICH et passe ouvertement dans le camp des pacifistes. Il est violemment anticlérical, mais aussi antibolchevique. Il jette dès le 5 juillet 1940 les fondements de son nouveau parti, le Rassemblement National Populaire, à vocation de parti unique. Il est rejoint par BERGERY et les néos (formule pudique pour désigner les socialistes ralliés à ses vues), ainsi que par DORIOT. Il s'engagea (avec DORIOT, DELONCLE et FONTENOY) dans la LVF. Nous avons là deux vies d'hommes entièrement dévorés par la passion politique, rongés de l'intérieur par leur idéologie. Ils ont fait fi du sentiment national en acceptant la défaite et en l'exploitant à leurs fins ; ils sont rentrés dans les vues racistes, antisémites du nazisme. Peut-on dire qu'ils ont suivi la loi naturelle ? Et pourquoi leurs prises de position nous heurtent-elles ? Quelle partie de nous-même est-elle blessée par l'action de nos compatriotes ? L'identité nationale n'en a-t-elle pas pris un coup ?
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Comment comprendre l'enthousiasme des Autrichiens pour HITLER ? Refusant aux vaincus le droit de disposer d'eux-mêmes qu'ils avaient accordé aux peuples qui avaient été leurs victimes, CLEMENCEAU et les alliés refusent aux Autrichiens celui de s'unir à l'Allemagne, malgré un vote explicite du parlement autrichien consécutif au Traité de Saint-Germain qui consacrait le démembrement de l'Empire Austo-Hongrois. Réduit à un état croupion après avoir été un pays à la pointe de la vie intellectuelle et artistique européenne, l'Autriche et les Autrichiens, pour cette raison-là, votent à 99 % l'Anschluss en 1938. A aucun moment, ils ne manifesteront un rejet d'HITLER. Peut-on en vouloir à un peuple aussi maltraité que l'Autriche, plus maltraité que l'Allemagne, pourtant le principal responsable de la guerre, de courir après la grandeur perdue ? On aurait sans doute pu éviter bien des drames ultérieurs si l'on avait fait droit à sa revendication démocratique, celle d'unir son destin à l'Allemagne.
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Il existe à l'ONU, nous apprend de MATTEI, deux lobbies qui jouent un rôle essentiel dans l'organisation et le diffusion des avortements, des stérilisations (souvent forcées) et des programmes contraceptifs. L'un d'eux s'appelle l'IPPF (International Planned Parenthood Federation). Comme son nom l'indique, c'est une fédération, et plus précisément une fédérations de huit Associations Nationales de planification familiale préexistantes, créée à BOMBAY en 1952 (le lieu n'est pas innocent ; le Père X... nous disait [cf.mon billet sur les Fioretti de l'Inde pour en savoir plus sur cet homme hors du commun] que les familles des slums étaient assez restreintes : deux enfants maximum, et il précisait que la méthode contraceptive utilisée étaient la ligature des trompes. Ceci suppose que l'on a en Inde de l'argent pour pratiquer ces interventions chez les pauvres, mais pas assez pour leur donner accès aux soins primaires). Or donc, la section allemande de l'IFPP, appelée Pro familia (admirons le nom) a été fondée en 1952 par le Dr Hans HARMSEN, mort en 1989. Ce Dr HARMSEN est l'auteur d'un projet de politique de population, daté de 1931, et devenu le fondement théorique de la politique raciale nazie. Il rédigea et publia les Actes du terrible et tristement fameux Congrès International de la Science et de la Population, tenu à BERLIN en 1935. HARMSEN est resté président  de Pro familia  jusqu'en 1967 et Président d'honneur de cette Association jusqu'en 1984. L'influence de l'IFPP auprès de l'ONU en matière de "santé reproductive" (entendons "contraception systématique") est considérable. On mesure déjà les effets d'une intervention de l'Etat dans la constitution des familles en Chine. Au SHANDONG, il naît 130 garçons pour 100 filles, à cause des avortements consécutifs à des échographies prénatales, et de la loi sur l'enfant unique. Et les responsables chinois se demandent comment inverser cette tendance.
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Voilà trois épisodes, trois détails minuscules, cueillis au détour d'une page. Il ne s'agit pas d'en faire des éléments déterminants de la marche de l'histoire, mais très certainement des éléments importants, actifs. Dans les trois cas, on a des exemples de comportements politiques ou d'essence politique fondamentalement idéaliste, privés de tout contact avec les réalités humaines.
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Voilà pourquoi je pense qu'il faut toujours garder un esprit critique et une boussole pour garder le cap. Car il n'y a pas de bon vent pour celui qui ne sait pas où il veut aller.
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lundi 1 août 2011

Synthèse et confession

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Les lecteurs réguliers de ce Blog  (si, si ; il y en a) doivent se demander si je suis cohérent. Tantôt, je dénonce l'arrogance des Lumières à vouloir fonder des valeurs universelles, et tantôt je soutiens qu'il y a des lois qui valent pour tous les hommes, en tous temps et en tous lieux. C'est que je ne parle pas de la même chose quand j'évoque l'arrogance d'un VOLTAIRE et de ses épigones, et la loi naturelle. J'ai promis à Pierre-Henri THOREUX, qui commentait mon billet d'hier sur la dictature du relativisme, de reprendre plus largement cette question. Ce lecteur amical et attentif met en avant l'impératif catégorique de KANT ; un tel impératif est censé fondé la morale indépendamment de toute référence à Dieu.
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Il convient de rappeler d'abord une des formulations de cet impératif : Agis seulement d'après la maxime grâce à laquelle tu peux vouloir en même temps qu'elle devienne une loi universelle. Je soutiens que nombre d'êtres humains pensent agir de telle sorte que leur action puisse devenir une loi universelle. Et c'est bien tout le problème. Si j'agis de cette façon, je me fonde sur ma seule subjectivité (laquelle peut ne pas s'accorder à celle d'autrui), et je propose une norme qualifiée de morale ; je puis être sincère, mais être aussi dans l'erreur. La prétention des philosophes des Lumières étaient bien cette prétention à l'universel.
Certes, la présentation que je fais de l'impératif catégorique est très caricaturale, et KANT y ajoute bien des conditions auxquelles il est facile de souscrire, notamment ne jamais traiter autrui comme un moyen, mais toujours comme une fin. KANT, comme FENG YOULAN, souligne qu'un acte apparemment moral, mais intéressé, n'est pas moral, et il soutient que la fin de la vie humaine n'est pas le bonheur, mais une vie morale. C'est du moins ce que j'ai cru comprendre en lisant ici et là  des résumés ou des commentaires. Car j'avoue que les textes originaux sont... plutôt d'abords difficiles.
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En vérité, la seule manière d'échapper à la dictature d'une loi parfaitement arbitraire, et reposant sur des normes définies par des "experts" (Comités d'éthique Hippolyte et Théodule...), est de reconnaître qu'il existe une loi naturelle sur laquelle toutes les civilisations ont été fondées. Toutes aussi attribuent cette loi naturelle à un Dieu (créateur ou non, selon les époques et les continents). Peut-on imaginer que les hommes qui ont vécu dans ces civilisations et les ont fécondées de leur expérience, aient décrété de l'existence d'un Dieu en regardant simplement dans leur cerveau ? Sur quel réel ont-ils défini des règles à valeur authentiquement universelle (en gros et pour faire simple, les Dix Commandements) ? Un seul homme, fût-il génial, grand fréquentateur de salons parisiens, peut-il avoir raison contre des milliers de ses congénères ?
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J'ai passé quarante ans de ma vie à faire de la recherche. J'ai observé au microscope, par exemple et entre autre, la contraction de fibres musculaires humaines innervées par des explants de moelle épinière embryonnaire de rat. Il fallait que je rende avec des mots, des pauvres mots, une réalité fascinante. Je n'ai jamais cru que ma description verbale épuisait ce que je voyais, et que les idées abstraites qui me venaient en conclusion de mes observations étaient nées spontanément dans mon cerveau. Il fallait bien que j'écrive pour transmettre, mais je ne pouvais faire passer dans mes articles l'admiration que j'éprouvais devant la manifestation de la vie. Oui, Marcel DE CORTE a raison : "le concept est le fils des noces de l'intelligence et du réel". Et j'ajouterai qu'il ne l'épuise pas.
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Dans son ouvrage d'accès difficile (car la traduction française en est franchement mauvaise, lourde et trop littérale) intitulé Entre l'oralité et l'écriture, Jack GOODY, spécialiste reconnu de la littérature orale dit ceci (que je commenterai brièvement) : "Après l'introduction de l'écriture, la voix de Dieu fut remplacé par Sa main ; l'autorité de l'Ecriture est l'autorité de l'écrit et de de la parole. La religion écrite implique la stratification. L'écrit appartient au prêtre, à l'homme instruit, et est enchâssé dans la religion ritualiste ; l'oralité est la sphère du Prophète, de la religion extatique, des cultes messianiques, de l'innovation. [...] Le conflit entre le prêtre et le prophète, entre l'Église et la secte, est la contrepartie du caractère figé du texte et fluide de la parole."
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Je ne partage pas entièrement ce point de vue, si du moins l'auteur entend viser les Églises chrétiennes. (Il en va différemment s'il parle de l'islam.) En effet, il aurait dû noter que Jean donne le nom de Verbe de Dieu à Jésus, et que s'il existe une Église, c'est précisément pour éviter le fondamentalisme découlant d'une interprétation littérale des textes reçus, et pour mettre en relief le caractère sans cesse innovant de la Parole. Non, l'Église de Jésus n'est pas une Église du Livre, mais une Église de la Parole. Et je confesse ici, après avoir tant cherché, et alors que je suis dans la dernière partie de ma vie, jamais la Parole de Dieu ne m'a paru si vivante, si nourrissante, si épanouissante. Et pourtant le Maître le dit : "Vous demeurez dans mon amour si vous observez MES COMMANDEMENTS", à commencer par ceux qui sont inscrits dans la nature, sans aucun doute.
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Voilà le fruit d'une très longue réflexion, d'un très long chemin. Je n'en suis pas au bouT
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