samedi 31 décembre 2011

Le temps qui passe

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Nous aurons demain changé d'année. Et ce changement, si simple en apparence, renverra au domaine du passé les événements de l'année disparue. En parcourant le livre délicieux de Jean d'ORMESSON intitulé C'est une chose étrange à la fin que le monde, je trouve cette phrase que notre Académicien prête à Michel-Ange. Comment ne pas vous la livrer au moment où le temps va accoucher d'une année dont nous ne savons ce qu'elle va donner en grandissant ?
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"Dieu a donné une soeur au souvenir. Il l'a appelée l'espérance."
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C'est très exactement dans cet état d'esprit que je vous souhaite d'aborder l'année 2012. La défunte nous laisse sur des mouvements intérieurs pénibles ? La nouvelle, pourvu que nous nous y appliquions, peut se révéler féconde, pleine d'imprévus, de rencontres et de découvertes, de salutaires prises de conscience, et nous pousser à mettre en acte et en musique les pieuses intentions de "ceux qui nous veulent du bien", j'ai nommé les hommes politiques. Ils me font penser à ces généraux prétendus italiens qui clameraient sur le champ de manoeuvre à l'intention de leurs troupes : "Armons-nous et partez !". Eh bien partons, et ne nous soucions pas de ces importants. Ils ont impuissants, qui qu'ils soient, à changer quoi que ce soit, parce qu'ils ne voient pas.
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Un petit bonjour à ce jardinier de la Ville de Paris, un émerveillement devant cet enfant porté sur le sein de son père, un arrêt amical avec cette dame seule qui ne vit que pour son petit chien, délaissée qu'elle est par ses proches ou ses voisins, une porte de sortie de métro tenue pour le voyageur qui nous suit, un merci à cet ouvrier africain qui justement nous la tient, une petite pièce à cette femme qui fait la manche, tout cela est minuscule. Maintenant, imaginez que tous les voyageurs du métro en fasse autant, que tous les passants prennent la peine de voir passer leurs semblables et de les tenir pour existants à leurs yeux ? Certes, le foutu pouvoir d'achat n'en serait pas revalorisé pour autant, mais déjà l'air serait plus respirable. Imaginez encore que, pourvu du nécessaire, et de superflu, vous acceptiez de ne pas tomber dans le luxe, et que vous donniez de votre argent somptuaire aux multiples associations caritatives qui s'occupent des pauvres, des SDF, des isolés. Poussez votre imagination, et supposez que - si vous avez le temps bien sûr - vous aidiez à distribuer de la nourriture aux Banques alimentaires, au Resto du coeur, que vous alliez, disons une fois par mois, rendre visite aux malades de l'hôpital le plus proche ? Le monde n'en serait-il pas changé ? Car une chose est d'avoir une idée du bonheur (les politiques en ont plein les cartons de leur permanence), une autre est de faire, d'être concret, de travailler la pâte humaine et de se laisser travailler par elle. Rien ne vous interdit d'aller plus loin dans le partage et de choisir à cette fin le moyen adapté. N'en attendez aucun autre retour que celui d'avoir été tout simplement un être humain.
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Et souvenez-vous de Michel-Ange : "Dieu a donné une soeur au souvenir. Il l'a appelée l'espérance."
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Bonne et heureuse année ! Bon départ pour rentrer dans la réalisation concrète de cette espérance.

vendredi 30 décembre 2011

Le journalisme vu par Balzac

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De très chers amis parisiens avec qui je bavardais hier au téléphone de choses et d'autres, et notamment des journaux, m'ont aimablement transmis ces quelques aphorismes d'Honoré de BALZAC. Il savait sans doute de quoi il parlait, notre romancier, puisque lui-même, me disaient mes amis, s'est frotté au journalisme. Voilà donc quelques perles. Je les commenterai par un exemple.
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"Les journaux sont les chemins de fer du mensonge".

"Je n' aime pas le journalisme; je dirai même que je l'exècre; c'est une force aveugle, sourde, méchante, insoumise, sans moralité, sans tradition, sans but; elle est comme les bouchers; elle tue la nuit, pour manger le matin avec ce qu'elle a tué. Mais enfin inclinons-nous,  c'est une force; c'est la force du siècle. Cette force mène à tout, conduit à tous les points de la circonférence ; c'est la seule aujourd' hui qui ait la puissance considérable de renverser, et par conséquent la puissance de remplacer ce qu'elle met par terre."
"Le journalisme sera la folie du monde moderne, les journaux tueront les idées, les systèmes, les hommes. Le mal sera fait sans que personne en soit coupable... Les crimes collectifs n'engagent personne."
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Je vais vous donner un exemple tout récent des méfaits du journalisme. Le journal gratuit quotidien Direct matin  est de loin le moins mauvais des gratuits qui inondent les bouches de métro, les gares et les endroits stratégiques fréquentés par la foule. Celui-là, donc, je le lis assez régulièrement. Dans sa livraison du vendredi 23 décembre 2011, n° 1001, il titre : "Le réveillon coûtera plus cher cette année". Ma foi, compte tenu de la situation que nous traversons, la nouvelle n'a pas de quoi surprendre, et le lecteur pressé restera sur l'impression que plus ça va, moins ça va. Le titre renvoie à la page 13 pour un article détaillé sur le sujet. Là, tout change. Le titre devient :"La note du repas de Noël augmente légèrement. La mer fait grimper les prix". Le contenu de l'article ne pointe que les augmentations les plus fortes. De sorte que si le titre (nouveau) de l'article parle d'une note qui augmente "légèrement", on n'en demeure pas moins sur l'impression que tout est hors de prix. Mais nul n'est obligé de manger des huîtres dont le prix a augmenté de 15 % en raison d'une épidémie virale qui frappe le naissain, ou de la coquille Saint-Jacques dont l'offre s'est raréfiée en raison des conditions difficiles qui ont frappé la pêche (tempête Joachim) et qui, de 6,20 euros le kilo l'an dernier, a passé à 7,80, ou du chapon (bête énorme et qui n'est dégustable que par de très grandes tablées) qui a augmenté de 5 % en raison de l'augmentation des prix du grain utilisé pour son élevage. Il reste la pintade, le poulet fermier, l'oie ou le canard, non ? Et il ne semble pas que les produits de la mer surgelés - souvent de très bonnes qualités si l'on choisi bien sa marque - saint-Jacques incluses aient augmenté dans des proportions considérables. Force est donc de constater que, faute de recul et d'information, le consommateur reste sur l'impression que tout augmente ce qui est inexact.
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Marcel DE CORTE dont j'ai souvent cité le livre remarquable qu'il a publié en 1969, L'intelligence en péril de mort, dans le chapitre III, intitulé L'information déformante dit ceci : "Notre fin de siècle surpasse en imposture et en duperie tout ce que les époques antérieures ont pu inventer. La technique de l'in-formation est parvenue à un point de perfection tel qu'elle permet d'agir sur l'homme de manière à ce qu'il substitue un monde imaginaire au monde réel, pour ruiner le monde réel d'abord et, avec un art que nous n'hésitons pas à nommer diabolique, pour faire ensuite du monde imaginaire le seul véritable monde réel."
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C'est pourquoi monsieur HOLLANDE a tant de partisans parmi les journalistes...
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jeudi 29 décembre 2011

Chomage et temps de travail (2)

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Ce matin je vous communiquais l'opinion d'Alfred SAUVY sur les raisons économiques qui ont fait s'effondrer le Front Populaire : le raccourcissement de la durée légale du travail hebdomadaire en raison de chiffres prétendument alarmants du chômage, l'alarme n'étant dû qu'à une mésinterprétation des statistiques. Je vous annonçais qu'il y avait une épreuve vérificatoire qui prouvait que l'effondrement était dû à cette mesure, généreuse en sa conception - il suffit de partager le travail pour diminuer le nombre de chômeurs - mais dénuée de tout bon sens. Voici la description de l'épreuve vérificatoire, toujours d'après Alfred SAUVY.
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"En octobre 1938, au moment de MÜNICH, la production industrielle française est, malgré trois dévaluations, de 5 % inférieure à ce qu'elle était en mai 1936, à la veille de l'avènement du Front Populaire, alors que celle de Allemagne a, dans le même temps augmenté de 25 %. Depuis 1929, point de départ de la crise, les chiffres sont respectivement de -24 % et +3 2%. Si personne n'ose regarder les résultats en face, ni moins encore se prononcer contre le verrou des 40 heures, qui a force de dogme, DALADIER est bien obligé de donner le pouvoir économique à l'homme qui, depuis 5 ans, a vu juste sur tous les points (je rajouterais personnellement un petit bémol), a dénoncé inlassablement les erreurs et assisté impuissant aux catastrophes qu'il avait annoncées.

Paul REYNAUD a 10 jours pour préparer, en grand secret, un ensemble de décrets-lois. Une fois de plus, reprend le mythe du financier sorcier. Une propagande, mieux intentionnée qu'efficace, laisse dire à la grande presse d'informations (!!!) qu'on va voir des choses extraordinaires. La France vit dans l'attente du miracle immédiat et regarde le Louvre (note du trasncripteur : siège à l'époque, rue de Rivoli, du Ministère des Finances) comme un Mont Sinaï.

Au Conseil des Ministres, le plan REYNAUD provoque un moment de stupeur, puis la consternation. Mais il n'est plus possible de reculer. DALADIER fait passer le train de décrets, signés ou non par les Ministres intéressés.

Dans l'opinion, même réaction que dans le Gouvernement ; la gauche est indignée, la droite atterrée. Personne ne croit au succès.

[...]. Le verdict va donc, une fois de plus être donné par les événements. [...]. Non seulement la production remonte de 20 % en 3 mois, le bâtiment de 42 %, les exportations de 16 §, mais le chômage diminue à la faveur de l'allongement de la durée du travail  ; tandis que la proportion d'ouvriers travaillant plus de 40 heures passe de 3,3 % à 34,8 %, celle des chômeurs partiels (moins de 40 heures) baisse de 20,4 % à 9 %. Il n'y a pas dans tout l'entre deux guerres de mouvement plus significatif."
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Aucune des explications avancées pour éclairer le phénomènes, notamment celles de la gauche, ne tiennent devant la réalité des faits. Augmentation de 6 % de l'indice de production industrielle en Angleterre et en Belgique contre 20 % en France ; augmentation de l'indice des prix de détail de 3,5 % en 9 mois, contre 6,8 % pour les 9 mois précédents. C'est selon SAUVY l'allongement de la durée du travail et le desserrement de quelques freins qui ont permis cette reprise qui n'a alors aucun égal en Europe.
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REYNAUD a dit des bêtises, c'est incontestable ; il n'aurait pas dû quitter le navire dans la tempête. Mais au moins a-t-il fait preuve de courage et le courage a payé. Pendant ce temps, madame DUFLOT, une grossium du parti écologiste préconise d'abaisser à 32 heures la durée légale hebdomadaire du travail... On croit rêver devant tant d'irresponsabilité et de méconnaissance des mécanismes élémentaires de l'économie. Il y a pourtant un principe simple qu'il convient de reconnaître : ce n'est pas l'argent, le signe monétaire, qui fait la richesse d'un pays, ce sont les biens qu'il produit, et les hommes qui travaillent à cette production, quelle qu'elle soit.
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Attendez-vous à lire demain quelques remarques piquantes de notre cher BALZAC sur la presse et les journalistes.
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C'est tout pour aujourd'hui.
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Chômage et temps de travail (1)

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Alfred SAUVY n'est pas précisément un conservateur. Sociologue, démographe, philosophe politique ? On hésite à le qualifier, tant est large la palette de ses talents. Mais c'est avant tout un homme de science, d'une grande probité intellectuelle, et qui n'utilise pas les statistiques pour se faire plaisir ou flagorner le Prince. Il est donc intéressant d'écouter ce qu'il a à dire.
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Donc le Front Populaire arrive au pouvoir en 1936. SAUVY constate ceci : "En septembre 1936, après 4 mois de stagnation de la production, contraire aux prévisions, rien est encore perdu. Le gouvernement est acculé à la dévaluation (qu'il avait solennellement condamné, mais peu importe ici). Autrement dit, il pousse sur le bouton qu'il faut, ce même bouton qui, à l'époque, a déjà rendu la santé économique à tous les pays sans exception. Pour l'observateur, la reprise économique est une certitude.

Elle se produit. De septembre à décembre 1936, tous les indices remontent : non seulement les exportations, mais la PRODUCTION intérieure ; les usines se remettent à fumer, le Front Populaire a la victoire en main, certes involontaire, mais le résultat est là.

En trois mois, la production industrielle bondit de 81 à 91 ; progression générale dans tous les groupes (bâtiments, métallurgie, etc.), le niveau de septembre 1931 est récupéré, l'indice de l'emploi (établissement de plus de 100 salariés) passe en trois mois de 73,9 à 75,2 en pleine mauvaise pente saisonnière..."
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SAUVY poursuit l'analyse du bénéfice apporté par la dévaluation, et il souligne que le Gouvernement ne voit pas la reprise économique ni la baisse du chômage. Or, pour des raisons de conjoncture saisonnière, le chômage augmente EN APPARENCE. Affolé, le Gouvernement réduit brutalement la durée légale hebdomadaire du travail qui, de 45 heures, passe à 40 heures. Le résultat ne se fait pas attendre : "En mai 1938, deux ans après l'arrivée au pouvoir, malgré le coup de pouce de trois dévaluations, la production industrielle est de 6 % inférieure à celle de 1936 ; le coût de la vie a augmenté de 44 %."

Par probité intellectuelle, je dois vous donner la conclusion de l'analyse (une erreur d'appréciation sur l'ampleur du chômage qui loin d'avoir augmenté a au contraire diminué quand on corrige les chiffre des variations saisonnières) : "Ici encore, ce n'est pas une faute de doctrine (la réduction du temps de travail s'inscrit logiquement dans notre temps), c'est une erreur de fait, une erreur d'optique."
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Deux remarques : la première ? Notons que les effets pervers de la réduction du temps de travail pour réduire le chômage en pensant que cette réduction va favoriser le partage du travail A EU LIEU EN TEMPS DE CRISE. La seconde ? On peut imaginer que ce désastre est le fruit d'une coïncidence historique, et qu'il n'y a pas de relation de cause à effet entre la réduction du temps de travail et la détérioration de la situation économique. Pour s'assurer de l'existence d'une telle liaison, il faudrait une contre-épreuve vérificatoire. Nous l'avons. Elle fera l'objet du billet suivant : Chômage et temps de travail (2). Il vous sera délivré ce soir.
Citations extraites de Mythologies de notre temps. Collection "Études et documents Payot". Payot, Paris, 1966.

mardi 27 décembre 2011

Mencius, Jean-Jacques et les autres

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J'ai trouvé dans le livre de RIFKIN, dont il a été question à plusieurs reprises dans mes billets, deux citations  qui méritent d'être mises en regard l'une de l'autre.
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On doit la première à MENCIUS. Ce philosophe chinois a vécu, selon les dates traditionnelles, entre 380 et 289 avant J.-C., c'est-à-dire dans la Chine pré-impériale, à l'époque troublée des Royaume combattants. C'est un confucianistre strict dont on dit qu'il aurait reçu les leçons d'un élève du petit-fils du Maître. Rien n'est jamais simple, en apparence, dans l'Empire du milieu ! Ce qui m'intéresse ici, c'est que MENCIUS défend l'idée passablement rousseauiste que l'homme naît avec un sens moral inné. Il est donc tout à fait intéressant de confronter ses idées avec celle de Jean-Jacques ROUSSEAU.

Voici une jolie affirmation de notre MENCIUS (appelé aussi Meng4 Zi3 ou encore Meng4 Ke1) :

"Tout homme est doté d’un cœur qui ne supporte pas la souffrance d’autrui. […]. Ce qui nous fait affirmer que tout homme est doté de la compassion, c’est que toute personne qui apercevrait aujourd’hui un petit enfant sur le point de tomber dans un puits éprouverait en son cœur panique et douleur, non pas parce qu’il connaîtrait ses parents, non pas pour acquérir une bonne réputation auprès des voisins et amis, ni parce qu’il détesterait l’entendre pleurer. Il ressort de cette constatation qu’il serait inhumain de ne ressentir aucune commisération."
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Voyons un peu ce que le champion moderne de la bonté naturelle humaine dit à propos des relations qu'il prétend établir avec autrui. Il l'expose dans ses Confessions : « Je ne suis fait comme aucun de ceux qui existent. Si je ne vaux pas mieux, au moins je suis autre. » Il dit aussi, sans honte ni battement de cils : « J’aimerais mieux être oublié de tout le genre humain que regardé comme un homme ordinaire. » Dans une lettre à un ami, il ose dire : « La providence s’est trompée ; pourquoi m’a-t-elle fait naître parmi les hommes, en me faisant d’une autre espèce qu’eux ? ».
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L'intérêt de la confrontation des deux hommes, quand bien même près de 2000 ans les séparent, c'est que partant des mêmes prémisses, la bonté naturelle de l'homme, le premier se sert de ce principe pour ALLER VERS LES AUTRES, tandis que le second SE REGARDE LE NOMBRIL. Comment est-il possible d'accorder le moindre crédit à un homme qui prétend être différent des autres hommes, mais entend bien leur exposer son système imbécile de pensée ? C'est un grand mystère que celui de cette opinion qui perdure, dans nos villes comme dans nos campagnes : s'il n'y avait pas la société, mon Dieu que ce serait bien !
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lundi 26 décembre 2011

Un joli mot de Confucius

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Il vient de paraître aux éditions You Feng, Rue monsieur le Prince à Paris, une nouvelle traduction de ce que l'on appelait les Entretiens de Confucius et que le traducteur, Charles DELAUNAY, a préféré appeler Les dits de Confucius rapportés par ses disciples..
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Quelques candidats aux élections qui s'annoncent pourraient méditer les paroles de Maître KONG   :

"Le Maître dit (zi yue) : je n'ai pas encore rencontré quelqu'un de ferme.
Une personne lui proposa : SHEN CHENG.
Le Maître dit : CHENG est désir. Comment serait-il ferme ?" (V, 11).
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Je n'aurai pas la crauté de donner des noms !
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Bonne soirée.

samedi 24 décembre 2011

Bienvenue à la paix, bienvenue au Prince de la paix

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A mes lecteurs fidèles, je souhaite de belles fêtes. Pour ceux qui ne croient pas, qu'ils cultivent en leur coeur le goût de la paix, et s'en fassent des artisans ardents. Et pour ceux qui croient, qu'ils célèbrent "avec des hymnes et des chants de louanges" la venue en ce monde du Prince de la paix. Le monde en a bien besoin. Et rien, dans l'ordre de la paix et de l'amour ne peut sa faire dans le mensonge. Il nous faut donc pour aimer d'abord chercher la vérité. Voilà un cri de ralliement que devraient répéter tous les responsables : amour et vérité se rencontrent ! (Et ça n'exclut nullement des désaccords entre les hommes).
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Je ne reprendrai mes billets que lundi 26 décembre.
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vendredi 23 décembre 2011

Conclure sur la théorie du gender

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La théorie du gender, je pense l'avoir démontré dans mon billet d'hier, n'est pas une théorie scientifique, au sens où l'entendent les scientifiques eux-mêmes. C'est une "théorie" sociologique. Je conteste même qu'elle soit vraiment une théorie, car elle ne repose (à ma connaissance, mais là je manque de documents) sur aucune enquête sociale sérieuse, elle n'analyse aucun corpus de textes. C'est donc une construction de l'esprit, fondée sur la seule intuition des philosophes qui l'ont élaborée. Ce simple constat ne suffit pas à en nier la valeur. Il faut cependant la confronter au réel, à d'autres points de vue, venue d'autres disciplines : anthropologie, philosophie, éthologie, physiologie, etc.
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Du point de vue anthropologique, celui qui nous intéresse au premier chef, cette théorie présente au moins trois lacunes qui la rendent littéralement insupportable à tout esprit non prévenu :
(a) La première est qu'elle empêche de penser la différence sexuelle comme un élément structurant de l'humanité de chaque personne (Nicolas BROUWET). Nous naissons homme ou femme ; nous ne représentons en aucun cas la totalité de l'humain qui pourrait nous donner la latitude d'être un homme ou une femme au gré de nos pulsions ; il y a une manière masculine et une manière féminine de se comporter, et ces manières sont irréductibles l'une à l'autre. Elles sont en grande partie déterminées par la physiologie (mais pas seulement ; la culture y joue un rôle, cela est vrai), mais elles ont des répercussions inévitables sur le comportement. La preuve en est, chez les animaux et par exemple, qu'un lion n'a pas le même comportement qu'une lionne. Et dans ce cas précis, il paraît difficile de rendre la société responsable de ces différences. Des expériences conduites sur de très jeunes enfants indiquent que, d'une manière statistiquement significative, les petits garçons se ruent sur le camion ou sur le ballon plutôt que sur la poupée quand on leur présente des jouets, et ceci sous toutes les latitudes, tandis que les petites filles se précipitent sur la poupée, la dînette ou la mallette de maquillage (Pierre-Olivier ARDUIN). Mais ceci est un argument qui est rejeté (bien difficilement du reste et avec des détours un peu obscurs) par Judith BUTLER. Sachez qu'il y a en France des "expériences" qui consistent à imposer, dans les écoles maternelles, à des garçonnets de jouer à la poupée, et aux fillettes, de jouer aux petites voitures, de façon, pour le futur, à effacer dans leur personnalité, ce que la "nature" (entendons ce qui leur est donné à la naissance) devrait y imprimer. La grande manipulation a commencé.
(b) La seconde est que la personne humaine n'est pas la juxtaposition d'un corps biologiques et d'un esprit conscient et libre. Sur le plan de l'anthropologie, il y a de la part des tenants de la théorie du gender, une contradiction parfaitement autodestructrice. Il s'agit le plus souvent de penseurs matérialistes, qui par exception font ici le départ de ce qui initialement est uni dans une personne unique, en identifiant un principe immatériel ET une réalité matérielle qui en est disjointe. L'imposture consiste à dire que c'est la société qui se substitue à cette part immatérielle et l'aliène. Dans la perspective du gender, l'unité de la personne est impensable. Je reconnais qu'on peut croire qu'il en est ainsi, mais c'est une croyance.
(c) La troisième lacune est qu'elle ne pense pas la différence des sexes en termes de complémentarité, mais en termes d'opposition entre l'homme et la femme, au point que la maternité est présentée comme une aliénation. (Les théoriciens du gender, sans avoir fait d'enquêtes sur le sujet, plaindront ces femmes qui vont enfanter, sans se demander vraiment si elles sont heureuses ou non de cette perspective.) C'est pourquoi les féministes se sont ruées sur la doctrine pour en faire leur catéchisme. Se sont ensuite engouffrés dans la brèche ouverte par Judith BUTLER, les organisations homosexuelles. Je vois dans cette approbation une tentative de déculpabilisation d'une orientation sexuelle perçue (à tort ou à raison, j'insiste là-dessus) comme perverse. Notez que je ne dis pas anormale.
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Mais le plus impardonnable dans l'initiative de monsieur CHATEL, inspiré par des sociétés de pensée - dont le seul but est de mettre l'individu (je ne dis pas la personne) au centre de toute vie sociale-, consiste à apprendre à nos jeunes que la liberté consiste à choisir ce qui leur plaît, et non à choisir ce qui est bon pour eux. Imposer cette vue à des adolescents, en pleine recherche d'eux-mêmes, tourmentés par une sexualité naissante et indiscrètement exploitée, survalorisée, surmédiatisée, les soustraire à la transmission familiale de valeurs, est tout simplement criminel. On en fait des autistes, des enfants perdus, sans repères, sans havres, sans soutien. On ne forme pas des êtres humains en satisfaisant leur pulsion... et en les laissant se dépatouiller au milieu de leurs souffrances et de leurs contradictions.
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J'ajoute que j'ai élevé 6 enfants dont 4 garçons, que j'ai fréquenté pendant 40 ans des jeunes gens et des jeunes filles alors que j'enseignais à l'Université, que j'ai été chef de troupe scoute pendant 5 ans, que depuis quatre ans, je m'occupe de la catéchèse des collégiens et des lycéens de seconde, première et terminale, et que je me fonde sur une assez solide expérience des jeunes, pour affirmer ce que je viens de dire.
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Non à monsieur CHATEL.
Non à la gluante UMP si elle ne fait pas changer cela. Il y a quand même des députés de cette formation qui ont protesté, sans résultat. Le responsable est donc bien monsieur CHATEL, et ses services dont on se demande par qui ils sont dirigés.
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jeudi 22 décembre 2011

Pourquoi la théorie du gender est-elle inacceptable telle qu'elle est présentée ?

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(a) Pour un scientifique, une théorie est une explication générale rendant compte de manière cohérente d'un ensemble de faits. Elle a toujours un caractère hypothétique, souvent transitoire, parce que sa pertinence est impossible à démontrer expérimentalement, au moins provisoirement. Mais son inexactitude ou son exactitude peut apparaître à la lumière de faits nouveaux.
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(b) Les Maîtres que j'ai eu l'honneur de rencontrer, et dont je continue d'écouter les leçons, notamment au Collège de France, soulignent tous, sans exception, qu'il est nécessaire de connaître la biographie d'un auteur, d'un traducteur, d'un poète, d'un historien, bref de toute personne ayant écrit, si l'on veut comprendre son point de vue. Tout le monde conviendra que l'Histoire de la Révolution racontée par un Royaliste n'a pas la même couleur que cette même histoire racontée par un Révolutionnaire.
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(c) La théorie du gender a été mise en forme par Judith BUTLER. Elle est professeur de philosophie à BERKELEY. Elle ne cache pas son homosexualité. Si je mentionne ce point, ce n'est en aucun cas pour ostraciser ou condamner cette orientation, c'est pour préciser le lieu d'où elle parle.
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(d) Que dit cette théorie ? Elle avance que "l'identité sexuelle est la résultante d'une construction sociale (le sexe social) qui impose le genre masculin ou féminin, et qu'elle ne serait pas conditionnée par le sexe biologique. Il faut donc déconstruire les genres afin de parvenir à la parité entre l'homme et la femme dans la vie sociale, professionnelle et familiale, et en même temps définir la sexualité intime en termes d'orientations sexuelles et d'égalité des droits" (Tony ANATRELLA).
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(e) En France trois penseurs ou philosophes d'envergure ont été les pionniers de la déconstruction et ont donné du grain à moudre aux théoriciens du gender : Michel FOUCAULT, Simone de BEAUVOIR et Jacques DERRIDA. Le premier de ces penseurs était homosexuel ; Simone de BEAUVOIR était bisexuelle. Là encore, il ne s'agit pas de condamner, mais de constater. Nous avons le droit de dire que les discours de ces philosophes s'inscrivent dans une expérience de vie particulière.
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(f) Posons nous donc des questions.
Sur quels faits la théorie du gender est-elle fondée ?
Est-il concevable que l'orientation sexuelle de ses théoriciens aient influencé leur analyse ?
Y a-t-il eu une enquête sérieuse réalisée, par exemple, auprès d'une cohorte de sujets homosexuels ou bisexuels, pour leur demander à quel genre ils s'identifient ?
La théorie du gender ne repose-t-elle pas sur une conception tout à fait particulière, spéciale et spécieuse de la sexualité. Celle-ci relève d'abord du domaine de la pulsion. En quoi la société ACTUELLE intervient-elle dans l'orientation des pulsions (notez que je ne parle pas de désirs).
Qu'en est-il de la perception individuelle du genre dans les sociétés primitives où la pression sociale - très certainement existante - est cependant beaucoup moins prégnante ?
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En réalité, la théorie du gender est une théorie sociologique et non scientifique. Et s'il est vrai qu'on ne peut réduire le genre au sexe biologique - "l'homme doué de conscience et de liberté a le pouvoir de créer des systèmes de valeurs divers donnant un sens à ce matériaux muet qu'est le donné biologique" (Thibaud COLLIN) - il est non moins évident, et ceci est prouvé scientifiquement, que la testostérone du mâle n'exerce pas sur les comportements les mêmes effets que la progestérone et l'oestradiol chez la femme.
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Il en résulte que la théorie du gender ne devrait pas être enseignée comme une théorie scientifique mais comme une opinion de philosophie sociale. Je reviendrai demain sur les raisons qui poussent "l'éducation nationale" à promouvoir ces innovations.

mercredi 21 décembre 2011

Message préliminaire

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Le temps m'a manqué pour répondre de manière argumentée aux remarques qu'Aerelon a fait sur mon billet d'hier. Je le ferai demain. Je vous rappelle qu'il s'agit de dénoncer l'enseignement de la théorie du gender DANS LE CADRE DE L'ENSEIGNEMENT DES SCIENCES NATURELLES, enseignement imposé par un ministre irresponsable.
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Bonne soirée.

mardi 20 décembre 2011

Non à monsieur Luc Chatel

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J'ai reçu d'un ami copie de la lettre envoyée à ses soutiens par le responsable de la pétition contre l'enseignement du gender. Je l'ai signée, et vous invite à en faire autant. L'obstination dans l'erreur, et qui plus est l'erreur scientifique est une marque de faiblesse. Il est encore temps de changer. Apparemment, le ministre ne veut pas se déjuger. A qui fait-il plaisir en donnant l'autorisation d'enseigner une théorie sociologique qui n'a strictement aucune base scientifique.  ? Il me souvient qu'il y a bien longtemps, Evelyne SULLEROT avait donné une conférence à un Colloque de Royaumont. Elle y exposait, expériences, données biochimiques et enquêtes de terrain à l'appui, que la distribution cérébrale des neurostéroïdes est très différente selon que l'on est un homme et une femme, et qu'il en résultait pour les hommes une meilleure orientation dans l'espace, et pour les femmes une plus rapide acquisition du langage. Voilà qui était scientifique. L'élucubration du gender est tout simplement ridicule. En revanche ne l'est pas l'existence de troubles de l'identification de genre. Voici donc la lettre envoyée à ceux qui ne veulent pas qu'on déboussole nos adolescents déjà bien perturbés par les sites internet sur la nature desquels je préfère ne point insister :
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Madame, Monsieur,

La polémique du genre n'est ni usée ni perdue. Déjà plus de 13 000 signataires protestent contre l'attitude du ministre... A nous d'être plus obstinés que le mutisme de Luc Chatel.

Mardi dernier encore, la sujet faisait pour la première fois l'objet d'une question orale au gouvernement à l'Assemblée Nationale. Luc Chatel a confirmé que le gender serait bien étudié cette année en classe de Première. Il a en effet refusé toute alternative aux manuels en place qui en font la promotion. Les professeurs qui n'ont reçu aucune directive relayeront donc l’idéologie des manuels. A l'approche des élections et de la promotion des valeurs de l'école, nous ne devons pas baisser les bras.

En novembre 2011, 75% des français exigent toujours que Luc Chatel réagisse au scandale du "gender" !

C'est un sondage IFOP, paru le 17 novembre, qui l'annonce. 55 % des Français contestent même le caractère scientifique de la "théorie du genre" tandis que 56% estiment que les programmes sont source de confusion pour des adolescents et demandent à ce que ce sujet ne se retrouve pas au baccalauréat. Cette théorie soutient que le sexe biologique ne détermine pas le genre sexuel de l'individu, construit par l'éducation et les choix de chacun. Cette théorie est de nature sociologique, et n'a aucun fondement biologique. Beaucoup se sont déjà mobilisés. L'Enseignement privé, plusieurs associations familiales, des professeurs du public, plus de 65000 signataires,80 députés puis 115 sénateurs et désormais l'opinion publique sondée.

Tout dernièrement encore, le 24 octobre le député Mariton interpellait le ministre en conférence de presse ; le 19 novembre des parents ont manifesté leur inquiétude par un happening lors de la journée nationale des professeurs de SVT. Le sujet reste brûlant !

Le silence du ministre devant cette protestation nationale est un déni de démocratie irresponsable à l'approche d’élections !
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5 mois d’autisme durant lesquels Luc Chatel montre son mépris des parents et des plus hautes instances représentatives de la République.?

C'est désormais un ultimatum politique !

Devant cette protestation nationale, le ministre Luc Chatel fait preuve d'un déni de démocratie irresponsable à l'approche des élections de 2012. L'école sera avec l'économie, le sujet principal des débats de la campagne présidentielle. Tous les débats sur ces réformes sociales feront référence à la polémique du gender. L'introduction toute récente de l'homoparentalité, concept non juridique, dans l'option Droit du nouveau programme de Terminale L à la demande d'une association de 600 parents homosexuels est une confirmation ultime des dérives du ministère actuel. Le sujet est donc d'actualité pour de longs mois. Il ne s'agit donc pas d'une pétition de plus, il s'agit désormais d'un ultimatum politique adressé au Président Sarkozy et un avertissement aux futurs candidats de notre attachement à la neutralité de l'école.

Cette pétition demande à Nicolas Sarkozy des solutions immédiates ou alors le remplacement de Luc Chatel à la tête de l’Éducation Naitonale : un-ministre-irresponsable.org.

Nous vous remercions pour l'intérêt que vous porterez à cet enjeu grave, certains que vous comprendrez l'état d'une situation qui a "dépassé les bornes". Votre nom n’apparaîtra pas sur la pétition. Vos coordonnées ne seront pas transmises à des tiers. Merci pour ce que vous avez peut-être déjà fait. Pensez à faire tourner ce message. Cette page facebook vous informera sur la mobilisation.

Signez la pétition !
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J'avais déjà émis plus que des réserves quant au soutien qu'il convient d'apporter à l'UMP aux élections. Nous n'admettons pas, que ce soit bien clair, que des ministres se mêlent pour des raisons obscures (le sont-elles vraiment ?) de promouvoir la théorie du gender qui n'a aucune base scientifique mais satisfait au plus haut point certaines sociétés de pensée ; elles continuent leur travail de sape pour faire advenir un homme nouveau qui n'existe que dans la tête de leurs chefs. Et si je trouve que Nicolas SARKOZY est à l'heure actuelle le moins mauvais candidat à la présidentielle, il est non moins clair que les députés portant la gluante étiquette de l'UMP n'auront jamais mon suffrages (je l'avais déjà dit à propos du Piss Christ) s'ils ne font pas pression sur leur ministre pour qu'il change de position. Je préfère des adversaires au pouvoir, car je sais contre quelles idées je combats, que des "amis" qui ne sont que les sous-marins d'un "progrès" tout ce qu'il y a de plus contestable et qui trahissent leurs électeurs.
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Non ! Non et non !

lundi 19 décembre 2011

La France est un paradoxe

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Curieux pays que ma patrie ! Dans un même journal télévisé, il y avait l'illustration la plus éclatante du paradoxe permanent, irritant et admirable qu'est la France, et je dirai la France depuis toujours.
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Première séquence : Aéroport de LYON Saint-Exupéry. Des centaines de passagers attendent un très hypothétique avion. Certains ont des correspondances à prendre à ROISSYpour des longs courriers qui devraient les amener aux Etats-Unis ou en Asie pour les fêtes. Leurs proches les y espèrent. Ils ne sont pas assurés d'y arriver. Des dizaines d'agents de sécurité en grève brandissent des drapeaux syndicaux, de la CFDT, de la CFTC ou de la CGT, tandis que des policiers (gendarmes ? CRS ?) en tenue les contiennent et les empêchent d'envahir le hall de départ. Ils réclament des augmentations de salaire. Les responsables syndicaux ont délibérément choisi un jour de grand départ pour faire pression sur ... sur je ne sais qui ou je ne sais quoi. Ils ont sur leur table de nuit le catéchisme de papa MARX, les responsables ; ils vérifient à longueur de journée que leurs idées sont bien conforme à celles du barbu et que le moment propice est venu de créer ce qu'ils appellent "un rapport de force favorable" lequel n'est que l'occasion d'emmerder leurs concitoyens et de créer le chaos et le désordre. Pendant ce temps, des gens âges, des familles, des femmes enceintes, des enfants piétinent dans la cohue. Je refuse de leur donner le nom d'otages ; ils n'appartiennent pas à la compagnie qui emploie les agents de sécurité. Ils ne sont que des clients, et des clients qui justifient l'existence de ceux qui les sanctionnent. Non, ils ne sont pas otages, ils sont victimes. Souvenez-vous de ce que j'ai répété ici maintes fois : le propre de l'idéologie c'est d'ignorer l'homme concret.
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Deuxième séquence : On voie des agents d'ERDF travailler dans la neige et le froid, très tôt le matin et tard jusqu'au soir, pour permettre à des milliers de foyers de retrouver l'usage de l'électricité dont ils ont été privés à cause de la tempête. Ils ne mesurent ni leur temps ni leur peine. Ils se soucient du sort de leurs concitoyens, de ces familles très concrètes qui ne savent pas comment s'éclairer ou se chauffer ou faire la cuisine "quand il n'y a plus de courant". Ils n'écoutent que leur coeur, ces employés. Vous me direz qu'ils sont payés pour ça, et je vous répondrai que c'est une remarque indigne. Rien ne les oblige à forcer le rythme et pourtant ils le forcent ; rien ne les oblige à faire plus que les heures statutaires, et pourtant ils travaillent tant que dure le jour. Ce faisant, ils se hissent très au-dessus des conditions d'exploités auxquelles des syndicats exploiteurs voudraient les résumer. Ils font preuve d'une humanité qui honore l'homme. Il convient de les remercier, de le leur dire, et de ne pas les confondre avec les gérants irresponsables de leur Comité d'entreprise.
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La France est un paradoxe : les Français ont du coeur (ils sont champions du monde des dons aux charities, entendez les associations caritatives) ; les responsables de leurs communautés professionnelles, territoriales ou politiques ont du pouvoir. Ça fait la différence.

samedi 17 décembre 2011

Sur le vote des étrangers aux élections locales

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Je vais sans doute en surprendre plus d'un si je dis que l'adoption de cette proposition n'est pas forcément une erreur. Ce qui l'est, c'est la manière tordue, et les fausses justifications apportées à leur initiative par les inconditionnels de cette mesure.
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Premier principe : il est anormal de traiter sur le même pied les ressortissants des pays de l'Union Européenne, et les ressortissants des autres régions, quelles qu'elles soient. Il faut donc trouver un moyen juridique pour faire la distinction entre ces deux catégories d'électeurs potentiels. Et dans tous les cas réclamer la réciprocité avec les pays dont ils sont originaires

Second principe : il est anormal de faire dépendre une majorité, fut-elle locale (essentiellement municipale) d'une petite frange d'électeurs étrangers. Or c'est très exactement ce qui risque d'arriver si les étrangers extra-communautaires forment un collège unique avec les citoyens français et les citoyens de l'Union Européenne. Il est donc nécessaire d'établir un collège particulier d'électeurs pour ces ressortissants extra-européens, et de leur attribuer un quota de sièges proportionnel à leur nombre, ce nombre ne pouvant être inférieur à 1. Si une ville compte X habitants et Y élus municipaux, le quota requis pour un siège étrangers est de X sur Y électeurs. Vous me suivez ? Et qu'on ne dise pas que ces élections n'ont pas de répercussion nationale. C'est un mensonge de plus. En cas de Collège unique, la répercussion est immédiate et elle concerne la composition du sénat.
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Troisième principe : il n'est pas anormal de faire participer à la vie locale ces citoyens étrangers. Il est nécessaire qu'ils soient en situation régulière. C'est le moins qu'on puisse exiger. Mais la justification actuelle avancée par les promoteurs de cette proposition est extrêmement dangereuse ; elle consiste à dire : puisqu'ils payent des impôts (sous-entendus directs), il est logique qu'ils votent. Mais voilà un drôle d'argument qui revient à glorifier le suffrage censitaire. Ne votent que ceux qui payent ! Ceci étant, il y a toujours un semblant d'injustice à conférer à des citoyens exemptés d'impôts directs le droit d'élire des représentants à qui ils confient le soin d'en établir le montant pour ceux qui y sont assujettis. C'était la justification du cens. Mais il est inexact de dire que personne ne payent d'impôts. La TVA s'applique à tout le monde, y compris à tous les citoyens étrangers. La nature et la justification de cet impôt sont d'un tout autre ordre puisqu'il concerne la consommation (que l'on peut moduler à titre personnel ; nul n'est obligé d'acheter des produits à 33 % de TVA) et qu'il est (Ô sorcellerie des fiscalistes !) indolore.
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Un des bienfaits de la mesure pourrait être (a) de faire la différence entre les clandestins et les étrangers résidant régulièrement sur notre sol ; (b) de les intéresser à la vie de la cité et de commencer ainsi à les intégrer à notre patrie. Il est clair que les promoteurs du vote des étrangers agrégés à un collège unique a pour but de donner des gages à la communauté musulmane, de se l'attacher, et de maintenir au pouvoir avec son appui. Un correspondant alsacien m'a fait parvenir la liste de hauts responsables du PS qui, de nationalité française, ont des origines étrangères ou maghrébines. Je ne donnerai pas cette liste. Car ces personnalités sont des compatriotes, et je ne mets pas en doute leur bonne foi ; je contesterais peut-être leur impartialité, mais certainement pas leur désir de faire du bien à la France. On pourrait simplement leur demander qu'ils associent à leur prénom étranger un prénom français.
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On aura rarement vu un peuple scier la branche sur laquelle il est assis avec autant d'aveuglement que le peuple français. Mais toutes les erreurs se payent, et en particulier celle qui offense le sentiment d'identité, (j'ai connu un prêtre qui avait été déporté à MAUTHAUSEN et qui m'avait fait un tragique aveu : au milieu de son calvaire, il avait oublié jusqu'à son nom ! Le but des nazis étaient bien de priver les déportés de toute identité humaine), qu'elle soit personnelle ou collective. Les étrangers revendiquent la leur, sans rien abdiquer de ce qui fait leur spécificité. Très bien. Qu'ils ne nous demandent pas d'abandonner les nôtres dans l'espace public, l'espace politique par excellence.
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J'ose espérer que des responsables socialistes liront ce billet, mesuré dans son ton, et positif dans ses propositions. Mais j'en doute.
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vendredi 16 décembre 2011

Les voyants extra-lucides

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Le 8 novembre 1932, Léon BLUM publiait dans le Populaire un article dans lequel il affirmait : "Hitler a perdu le pouvoir, il a perdu l'espérance du pouvoir !" Peu de temps après cette belle déclaration, le Maréchal HINDENBURG désignait comme chancelier de l'Empire celui que BLUM voyait comme un désespéré. Bel exemple de clairvoyance pour un homme que l'on crédite d'une envergure politique exceptionnelle.
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Le 10 septembre 1939, Paul REYNAUD, alors ministre des Finances claironnait : "Nous vaincrons parce que nous sommes les plus forts."  Il aurait dû changer de lunettes ! Bel exemple de clairvoyance pour un homme dont on a tout-à-fait accepté la très opportuniste démission au moment des ténèbres de la débâcle, et qui passe pour un politique remarquable.
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Ne parlons pas du Maréchal FOCH, qui - il n'était que général à l'époque - déclara en 1911 : "les aéroplanes sont des jouets scientifiques intéressants, mais ne présentent pas de valeur militaire." Il est vrai que KELVIN avait déclaré en 1895 que "la réalisation d'une machine volante plus lourde que l'air est impossible."
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Si je vous cite ces quelques prophéties foireuses (qu'on me passe cette petite vulgarité), c'est bien pour indiquer que le jugement politique peut être oblitéré par des craintes, des présupposés idéologiques, des ignorances, et qu'il est bien vain, de la part des candidats déclarés à l'élection présidentielle, de tirer des plans somptueux sur une dérisoire comète. Les Français ne sont pas dupes. Un récent sondage indique que 55 % de nos concitoyens sont en faveur d'un Gouvernement d'Union Nationale après les élections de mai 2012, quel que soit le vainqueur. Ils voient bien l'extrême difficulté dans laquelle est plongée notre patrie, pour des raisons qui échappent en partie à la décision de nos responsables, mais aussi pour des raisons qu'ils auraient pu anticiper ou pour des décisions hasardeuses qui ont entraîné des calamités, au nombre desquelles les 35 heures (proposées par madame AUBRY sur les conseils de Dominique STRAUSS-KAHN), ou la retraite à 60 ans.
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C'est tout pour ce soir.
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jeudi 15 décembre 2011

Il est mort trop tôt

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Le jeune Augustin COCHIN est mort trop tôt. Il a été tué en juillet 1916. C'était un esprit pénétrant. J'ai pu me procurer deux ouvrages très importants de cet historien, archiviste-paléographe de formation, et je commence à grappiller de-ci de-là des pensées, des analyses. Mon ami Yves devrait lire le chapitre III du livre majeur de COCHIN, La Révolution et la Libre pensée. Il est intitulé "La théorie philosophique. les étapes su système".
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Je note d'abord que notre auteur utilise bien le mot système pour caractériser la théorie philosophique des Lumières (françaises). Les philosophes des Lumières dit-il, "se sont demandé pourquoi l'homme ne serait pas comme Dieu ? Il possède une nature bonne, une conscience absolue, une science générale : il est donc libre ; il demanderait la force à la nature ; l'obligation à la conscience ; la loi à la raison. Or la conscience nous donne l'obligation absolue, mais ni la nature ne nous donne une force infinie, ni la raison une loi certaine et parfaite."
[...]
"Pour que la loi morale absolue fût fondée, il fallait qu'une intelligence adéquate à l'Être nous la donnât : c'est le fondement de la loi de l'Église sur laquelle le monde vivait depuis deux mille ans, c'est-à-dire ou à peu près, depuis qu'il pensait." (Je dois dire que le jugement est ici un peu rude : heureusement que COCHIN met 'ou à peu près')
[...]
"L'homme, on pourrait dire tout aussi bien que les philosophes l'ont anéanti. Ils le déclarent achevé, complet, tel qu'il est ; le mal n'est qu'un malentendu. Tous les éléments du bien, force pour y aller, raison pour le montrer, sont in proximo, sous la main. Il ne s'agit plus que de bâtir, de s'entendre, de s'arranger. C'est une doctrine d'arrêt, d'achèvement : de perfection, prétend l'intelligence ; de mort répond l'expérience ; une doctrine qui convient à un temps de bien-être matériel, mais de corruption, de misère morales : les sources profondes de la foi et de la vie se tarissent ; l'élan cesse ; - une doctrine, non de vieillesse, mais de faiblesse."
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La place me manque pour décortiquer les étapes implacables et imparables du raisonnement déployé dans ce chapitre. Il rejoint dans ces critiques ce que les tenants de l'expérience incarnée reprochent au cartésianisme, et aux idéalistes. Mais COCHIN a bien vu à quoi conduit la confusion de la morale et de la nature : à la corruption et à la misère morale. Chaque jour nous apporte son lot d'horreurs (pensons à cet enfant mort dans une machine à laver où l'avait placé son père pour le punir, ou à l'assassinat du jeune Valentin criblé de 40 coups de couteau) et de scandales. Tippel, avec une constance que je soupçonne voulue et malicieuse, nous distille quotidiennement les noms des élus condamnés, mis en cause, mis en examen. Il y en cite surtout de gauche; mais la droite héberge aussi de ces brebis galeuses. Les citoyens n'en veulent plus. Ils ne veulent plus que les slogans et les mots tiennent lieu  de politique. Et n'en déplaisent à ceux qui le détestent et le haïssent passionnément, le Président de la République actuel, malgré de nombreuses erreurs, est encore le moins idéologue de tous ces messieurs et le plus près de la réalité ; il est pragmatique et adapte ses décisions aux nécessités du moment. Monsieur HOLLANDE adapte les siennes aux vues de son parti. Or il y a toujours rencontre entre la vérité et la réalité. Avec lui, on en est loin. Et donc on courrait probablement droit dans le mur s'il était élu. Mais il arrive que la fonction élève l'homme au-dessus de sa condition habituelle.
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C'est tout pour ce soir.

mercredi 14 décembre 2011

Toujours les mythes

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Poursuivant la lecture du livre d'Alfred SAUVY, je trouve ceci qui est délectable. (Aimant à faire partager mes délectations aux amis, je me fais un devoir de le porter à votre connaissance).
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SAUVY dénonce l'attitude qui "consiste à lancer et répéter contre ses adversaires, haute entreprise et gouvernement, des anathèmes qui réchauffent le coeur et donnent bonne conscience individuelle et collective."

"Les communistes ne sont pas les seuls, loin de là, à pratiquer cette méthode ; elle constitue - toujours pour la politique économique - l'attitude fondamentale de la gauche française : critique et revendications, sans chercher à dépister les difficultés, à établir des priorités. Il lui est si pénible de compter, d'étudier et si agréable d'exprimer ce qui pèse sur le coeur."

Et il poursuit, quelques paragraphes plus loin :

"L'ignorance en matière économique (et surtout des faits économiques), chez des personnes de haute culture, en particulier dans le monde de l'enseignement, a quelque chose de déconcertant. Dès lors l'indignation a tant d'occasions de se manifester qu'elle finit par constituer pour ALCESTE une nourriture, une raison d'être. Toujours la mentalité du sujet, qui se refuse à l'effort nécessaire pour juger en citoyen."
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Pour être absolument honnête intellectuellement, il faut souligner que le livre de SAUVY dont j'extrais ces lignes date de 1966, et qu'il a pour les politiciens de droite des mots tout aussi carrés. Du reste, à propos de l'aveuglement des gens soi-disant éclairés et de leur attachement à des chimères, SAUVY parlera des "bienfaits de l'idéothérapie".
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C'est ainsi que dans la même foulée, monsieur HOLLANDE propose de construire 300 000 logements sociaux (entendons-nous bien : l'objectif est louable, mais il est est parfaitement démagogique : où les construire ? Il n'y a plus de terrains à bâtir (ou très peu) dans les villes-bassins d'emploi.  Avec quel argent  si l'on y ajoute le coût des 60 000 postes d'enseignants ? Emprunter ? Certes ? Mais à quel taux ? A moins de tailler dans des dépenses inutiles. Et il y en a, comme les dépenses engagées pour indemniser les élus, quel que soit la nature de leur mandat, les frais de représentations et de missions, les frais de communication (qui ne sont que des publicités ou de la propagande pour le commanditaire de l'action de communication). Si l'on fait le total de ces dépenses que l'on pourrait sans doute réduire de moitié et qu'on le compare au total des recettes procurées par la suppression (tout à fait normale, j'insiste) du bouclier fiscal, on sera étonné de la disparité des sommes. Et tout est l'avenant. Les économies, c'est bon pour les autres. Les impôts, c'est bon pour les riches. Est riche, celui qui gagne plus que moi. Misère.
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Bonne nuit.

mardi 13 décembre 2011

Faire crever les mythes

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Une courte absence dont je n'avais pas prévenu mes lecteurs habituels, fait que je n'ai pas pu délivrer mon petit billet quotidien. Je vais ce soir tâcher de rattraper le retard. Je suis en train de parcourir un livre tout à fait remarquable qui commence à dater mais dont les conclusions générales n'ont pas pris une ride. Il s'agit du livre d'Aldred SAUVY, intitulé Mythologie de notre temps, publié dans la collection "Etudes et Documents", Editions Payot, Paris, 1966.
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Alfred SAUVY dans le chapitre premier de cet ouvrage, définit ainsi le mythe en matière économique et sociale :
"Celui qui, toujours sans préjugé, et avec le scepticisme créateur du scientifique, creuse un sujet économique quelconque [...], s'aperçoit, non sans étonnement, que l'ensemble étudié n'est pas conforme à l'idée qu'il s'en faisait au préalable, ni à la représentation que s'en fait l'opinion courante. Nous disons, en ce cas, qu'il y a mythe.
Cette définition ne doit pas être perdue de vue à la lecture, car les mots mythe, mythique et même mythologie sont couramment employés avec une certaine générosité. Rien de surnaturel dans les mystères que nous étudions ; ce sont pour la plupart de simples représentation de faits contemporains, qui se modifient à l'étude approfondie du sujet.
[...] ; pour que notre définition soit suffisamment précise, pour qu'elle ait même un sens, il faut d'une part que les spécialistes aient des vues communes, d'autre part que l'opinion converge aussi, mais d'une façon différente. Il faut en somme qu'il y ait deux images pas trop floues.
En outre, l'écart entre l'opinion courante et la position scientifique doit persister dans le temps, sous l'action de causes qu'il importe de mettre en évidence dans chaque cas."
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Je tiens cette définition comme essentielle pour comprendre le caractère politique des Français. Les responsables de gauche comme de droite exploitent les mythes, les entretiennent, les couvent comme une poule ses poussins. Ils en crèent même, de sorte qu'il est devenu presque impossible à un citoyen qui n'a ni le temps de s'informer ni les compétences pour rentrer dans le détail des problèmes économiques ou sociaux, de se faire une idée éclairée, capable de guider ses choix. La gauche exploite le mythe de l'inégalité, alors que les études économiques montrent que l'écart entre les salaires moyens les plus faibles et les salaires moyens les plus élevés a eu tendance à se réduire dans les dix dernières années. J'ai même lu, mirabile visu, un article dans le journal Libération qui commentait ces chiffres. Mais l'opinion publique retiendra les gains faramineux de madame BETTENCOURT ou de Martin BOUYGUES, sans parler des confortables indemnités, souvent cumulées, de nos élus (moins bien connus, car plus discrets). La droite exploite le mythe des atteintes aux libertés que représentent à ses yeux le socialisme, mais un exament attentif des faits indiquent qu'en cette matière, elle n'a rien à envier à ceux qu'elle attaque. Les contrôles de toutes sortes - j'en ai souvent parlé - nous étouffent, nous broient même dans certains cas, au point que l'on ne trouve ou ne croit trouver la liberté que dans son espace privé, ou dans la transgression systématique des lois.
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Des mythes ? Il y en a des quantités. Celui  des effectifs enseignants par exemple. Je croirais au déficit le jour où le Ministère de l'Education Nationale publiera des statistiques incontestables sur les effectifs qu'il emploie : titulaires, contractuels, remplaçants. Or il en est incapable. Celui de l'Europe, présentée comme la solution miracle à tous nos maux. Je croirai à l'Europe le jour où je pourrai m'adresser à Direction des affaires scientifiques dans une autre langue que l'anglais, et le jour où une double majorité (comme dans la Confédération helvétique), celle des pays et celle de la population européenne suffira à entraîner une prise de décision. Or on voit bien, avec la dérobade de monsieur CAMERON, que l'Europe n'est qu'une vaste machine à visée économique, sans perspectives politiques ou  culturelles. On a envie de crier que pour l'instant, ce colosse aux pieds d'argile accélère très sensiblement le transit des citoyens qu'il domine du haut de ses 27 pays.
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Patience, chers lecteurs, patience dans l'azur. J'aurai l'occasion de décortiquer avec vous de très nombreux mythes. L'idéologie se nourrit de mythes et non de fait. C'est une machine à prendre le puvoir ou à s'y maintenir.
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Bonne nuit.

dimanche 11 décembre 2011

La Lumière a traversé les ténèbres ; réponse à un ami

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Discussion passionnante avec un ami que j'estime pour sa probité intellectuelle et la profondeur de sa pensée : Yves me disait à propos de mon récent billet intitulé "Les enfants, il est temps d'éteindre les Lumières", "c'est grâce aux Lumières que tu peux en discuter les idées avec ta raison, ton esprit critique, la liberté de pensée" (je préfèrerais écrire la liberté de penser qui n'est pas tout à fait la même chose). Il sous-tendait, dans son propos, mais ne l'a pas dit formellement, et "aussi grâce aux progrès qu'elles ont permis".
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Je crois que dans ces remarques gisent la grande méprise, et je dirai même le grand mensonge de notre époque. Les Lumières sont un mythe qui a la vie dure, qui infecte la mentalité collective, la pensée politique, la vie intellectuelle, la culture (je dirai demain ce qu'est un mythe), l'enseignement ; c'est un mythe qui consiste à dire qu'avant elles, il n'y avait ni raison, ni esprit critique, ni liberté de pensée, ni progrès. Il aurait donc fallu attendre VOLTAIRE ou CONDORCET (sur les morts misérables desquels les enseignants passent pudiquement) pour qu'éclosent ces fleurs vénéneuses qui allaient embellir enfin le monde et faire vivre l'humanité d'une vie nouvelle.
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Nier que la raison ait eu droit de cité dans la vie intellectuelle avant les Lumières est une offense faite aux philosophes grecs, et à leur suite, à des philosophes de la pointure d'un THOMAS d'AQUIN qui tenta (à mon avis avec succès) de montrer qu'il n'était pas irrationnel d'avoir la foi.
Dire que l'esprit critique est né avec les Lumières revient, entre autre, à ignorer de très nombreuses paroles de Jésus ; en voici une : "Lequel d'entre vous, si son fils ou son boeuf vient à tomber dans un puits ne l'en tirera pas aussitôt le jour du sabbat ? Et à cela, ils furent incapables de rien répliquer " (Luc 14, 5 ; réponse aux pharisiens qui lui reprochaient d'avoir guéri un hydropique le jour du sabbat, jour sacré entre tous, pendant lequel il est interdit aux juifs de travailler). Ou encore à négliger des ouvrages comme celui d'Etienne de la BOETIE sur la servitude volontaire.  Ou les ouvrages de divers auteurs antiques contre telle ou telle doctrine philosophique. Impossible de détailler davantage (mon ami Marcel dirait sinon que je suis trop long).
Affirmer que la liberté de pensée est une invention des Lumières est aussi une contre-vérité absolue : Jésus ne dit-il pas :  "Ne craignez rien de ceux qui tuent le corps mais ne sauraient tuer l'âme. Craignez plutôt Celui qui peut perdre dans la géhenne à la fois l'âme et le corps." Sans parler de Marie DURAND qui a été emprisonnée pendant des années dans une tour à AIGUES-MORTES pour ne pas avoir voulu abjurer sa foi protestante et qui a écrit sur les murs de sa prison : "Résister". La liberté de pensée a un prix, surtout pour les croyants, et ce prix est souvent le martyr, l'exclusion, les tortures ou l'emprisonnement.
La question du Progrès mérite d'être examinée avec recul. Il est clair que l'homme du Moyen-Âge ou de l'époque classique n'avait pas l'idée de ce que signifie le mot, je devrais dire le concept. Il se bornait à améliorer empiriquement ses modes de production ou d'échanges, ou ses trucs médicaux.
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Pour comprendre ce qu'est le concept  de progrès, voici une citation enthousiaste de CONDORCET qui le définit dans l'acception que lui donne les philosophes de son temps.

"Il n’a été marqué aucun terme au perfectionnement des facultés humaines ; […] la perfectibilité de l’homme est réellement indéfinie […]. Les progrès de cette perfectibilité, désormais in dépendante de toute puissance qui voudrait les arrêter, n’ont d’autre terme que la durée du globe où la nature nous a jetés."
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Dès lors tout s'éclaire (si l'on peut dire). Ce que les Lumières apportent à l'humanité c'est la notion d'individu totalement autonome, souverain de sa propre pensée, sans autres limites à ses capacités que celles que la nature a fixées elle-même au monde matériel. Ce que les Lumières apportent, c'est le matérialisme intégral, c'est par dessus-tout la coupure radicale d'avec un Créateur (pour elles hypothétique) dont elles rejettent la possible existence sans même examiner cette possibilité. Ce que les Lumières apportent à l'humanité, ce n'est ni plus ni moins que la réintroduction dans le monde du mythe de PROMETHEE qui a voulu dérober aux dieux le feu, et s'est trouvé puni de son audace ; c'est la conception d'un homme démiurge. Mais il ne peut y avoir plusieurs lumières. Il n'y en a qu'Une, et les "Ténèbres ne l'ont pas arrêtée" (Jean 1, 5).
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La probité intellectuelle exige que l'on examine si la conception d'un homme déifié a produit de bons fruits. Personnellement, je n'en suis pas assuré : de la bombe atomique aux camps de concentration, l'Occident des Lumières a produit bien des horreurs, et le malheur c'est qu'il est imité partout dans le monde, non pour ce qu'il a de bon (car en eux-mêmes, progrès, liberté de pensée, esprit critique, raison sont d'excellentes choses) mais pour ce qu'il a de destructeur : la déification de l'homme.
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C'est tout pour aujourd'hui.
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samedi 10 décembre 2011

Timide notule

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Oserais-je publier cette timide notule ? Elle concerne la mesure, emblématique paraît-il, prise par le Conseil Régional d'Île-de-France, présidé par le très socialiste (et très sympathique aux dires d'anciens conseillers régionaux de mes connaissances, qui lui étaient pourtant opposés politiquement) Jean-Paul HUCHON : il s'agit d'unifier le tarif des cartes dites "Navigo", qui permettent de circuler autant qu'on le désire sur le réseau de bus de la région parisienne, les trams, les RER et le métropolitain de PARIS dépendants de la RATP, pour la période couverte par l'abonnement. Jusqu'ici, le prix à payer était proportionnel à la distance à parcourir. Il y avait donc des zones. Le tarif mensuel minimum était de 62 euros et quelques centimes,  et il donnait droit à voyager dans les zones 1 et 2. Désormais, tout le monde paiera la même chose : 65 euros par mois.
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Qui va donc payer le manque à gagner ? Mais, très chers lecteurs, au moment où l'on parle de pouvoir d'achat, ne convenez-vous pas avec moi que le passage à 65 euros pour tout le monde est bel et bien une augmentation de tarif ? (Arrêtez-moi si je me trompe). D'après mes renseignements, 80 % des utilisateurs du Navigo utilisaient des cartes valables pour les zones 1 et 2. Il en résulte que pour permettre à 20 % des voyageurs utilisant les transports en commun parisiens (au-delà des zones 1 et 2), de payer moins cher, 80 % des dits voyageurs  se voient imposer une augmentation de 3 euros environ (près de 5 %). N'y avait-il pas moyen de trouver d'autres solutions ? On peut concevoir que le coût des transports pèse lourd dans le budgets des familles, et que celui des logements parisiens étant prohibitif, nos concitoyens n'ont gère le choix d'habiter la capitale. Faut-il donc que toutes les entreprises aient leur siège à PARIS ? Qu'il n'y ait d'emplois qu'à PARIS ?
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Là ne s'arrête pas la démagogie. Comme l'augmentation des tarifs pour les usagers ne couvre pas entièrement le manque à gagner, on va demander aux entreprises de payer. Il est vrai que leur compétitivité est remarquable et qu'on se précipite du monde entier dans la région parisienne pour y implanter des usines. La ponction est évaluée à 550 millions d'euros.
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Moi, j'avais une autre solution. Elle consistait à diminuer les subventions au Comité d'Entreprise de la RATP. Savez-vous que ledit Comité reçoit  des subventions représentant 2,81 % de la masse salariale (éléments donnés par Pierre MONGIN, le patron de la RATP ; il ne donne pas la valeur en euros de la masse en question), soit 113 euros par agent. Vous allez vous récrier, je suppose. Mais attendez la suite. La Cour des Comptes a rendu public son rapport sur la gestion du Comité en question. Elle y souligne des "problèmes de surfacturation, voire de doubles facturations (notez le pluriel), des dépenses somptuaires, une absence de comptabilité sérieuse, des gestions opaques des centres de vacances ou de restauration collective". Une enquête pénale est sollicitée par les magistrats en charge de contrôler ce type d'organisme : "Le Procureur général près de la Cour des Comptes a jugé bon de saisir le Ministre de la justice, estimant que certains faits étaient de nature à motiver l'ouverture d'une action pénale". Le Comité d'Entreprise est présidé par un membre de la CGT.
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Savez-vous que le Comité d'Entreprise organise tous les ans, depuis 2007, des fêtes "Grand Siècle" au Chateau de FONTENAY-LES-BRIIS, propriété de l'Union des syndicats CGT de la RATP. Le coût moyen de ces festivités est de 447.000 euros !
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Questions : Est-il concevable de ramener à 1 % de la masse salariale, la subvention consentie par l'entreprise au Comité d'entreprise, quand on sait que 13 % seulement des salariés de la RATP ont recours à ses services ?
Quel est le montant exact de l'actuelle subvention ?
A quoi sert l'hôtel de SERRE CHEVALIER, absolument désert, propriété du Comité d'entreprise ?
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Comment monsieur HUCHON peut-il imaginer que la situation difficile des finances de la RATP puisse s'accommoder de telles dérives ?
Est-il normal de faire payer (encore) les entreprises et une catégorie spécifique d'usagers pour une opération de ce genre ? L'argent public (qui est notre argent) ne mériterait-il pas d'être mieux utilisé (car l'argent de la RATP est bien de l'argent public, ce qui justifie les vérifications de la Cour des Comptes).
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Pour des pommes ! Il nous prennent pour des pommes !
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PS : anomalies identiques dans les Comités d'Entreprise d'EDF, d'Air France, de la SNCF. Affaires à suivre. Incidemment, je trouve assez comique la plainte de Jack LANG contre Arnaud MONTEBOURG !

vendredi 9 décembre 2011

Les enfants de Staline à France Info

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Staline pas mort ! Vous vous souvenez peut-être de ce mot qu'on prête au tyran soviétique à qui l'on conseillait la prudence dans ses rapports avec le Vatican : "Le pape ? Combien de divisions ?". Je ne sais si le propos est authentique, mais il synthétise l'esprit même du marxisme à la sauce Lénine : tout est rapport de force.
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Et bien figurez-vous que le site de France-Info titre avec un brin d'humour condescendant et une rare vulgarité d'âme : "Golgota Picnic" : les prières des catholiques n'ont pas empêché la représentation. Ce titre donne à penser deux choses, et le donne mensongèrement. (a) Le but du rassemblement des chrétiens (et pas seulement des catholiques) n'étaient pas d'empêcher la représentation comme le titre le donne à penser, mais de montrer par la prière publique et l'expression d'une profonde réprobation qu'ils se sentaient offensés dans leur foi par cette représentation effectivement blasphématoire ; (b) le titre suggère l'idée que les manifestants, très nombreux, étaient des "intégristes". Ce n'est pas vrai.
France Info n'en est pas à une approximation près. Il faut vendre n'est-ce pas. Et tout est bon pour faire audience.
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Fermez les yeux un instant chers lecteurs après que vous aurez lu ce qui suit : reportez-vous près de 2000 ans en arrière. Nous sommes près du prétoire où PILATE s'apprête à interroger Jésus. "Et pourtant tu es Roi ?" demande-t-il à l'homme déjà défiguré par les coups reçus de ceux qui l'ont arrêté au Jardin des Oliviers. "Oui répond l'homme, je le suis, je suis même né pour ça. Ma Royauté n'est pas de ce monde." "Je suis venu pour rendre témoignage à la vérité. Quiconque est de la vérité écoute ma voix." Maintenant allez-y, fermez les yeux, examinez de tout votre coeur cette réponse ; confrontez-là à la réalité d'hier soir (des gens qui prient devant le théâtre du Rond-Point ; et d'autres, à Notre-Dame, pour une autre raison). Et tirez-vous même les conclusions sur la justesse, la justice et la vérité du titre de France Info.
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Encore deux remarques. Il a fallu 800 policiers, payés avec l'argent de nos impôts, pour "protéger" le théâtre qui n'était nullement investi par des hordes hurlantes, mais par une petite foule désireuse de manifester sa désapprobation. C'est avec notre argent que l'on protège le blasphême, que l'on ridiculise les croyants. Comble de dérision, de bêtise, d'inconscience, une "actrice" s'est fendue d'une annonce aux spectateurs dans laquelle elle exprimait sa honte de devoir jouer sous la protection de la police. Entre nous, qui, ici trouble l'ordre public, les théâtreux provocateurs ou des gens qui viennent prier ?
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Et la deuxième et dernière remarque, prise dans le livre remarquable de Joseph RATZINGER-BENOIT XVI, Jésus de Nazareth. De l'entrée à Jérusalem à la Résurrection : le pape commente la scène que je viens de vous résumer.: "Est-ce que la politique peut prendre la vérité comme catégorie pour sa structure ? Ou bien faut-il laisser la vérité comme dimension inaccessible, à la subjectivité et s'efforcer au contraire de réussir à établir la paix et la justice avec les instruments disponibles dans le domaine du pouvoir ? Etant donné l'impossibilité d'un consensus sur la vérité et en s'appuyant sur elle, la politique ne se fait-elle pas l'instrument de certaines traditions qui, en réalité, ne sont que des formes de conservation du pouvoir ?"
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Vous noterez que ce sont des questions. Mais elles méritentr d'être posées, non ? En tout cas, il y en a ras-le-bol de la complaisance des cultureux pour les excréments, la provocation gratuite, la pornographie anti-chrétienne. Qu'on se le dise. Et messeigneurs qui gouvernez le petit reste, les brebis que le monde traite de galeuses, nous aimerions de plus fortes réactions de votre part.
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jeudi 8 décembre 2011

Une fable d'actualité

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Tant pis pour ceux qui n'aiment pas la littérature chinoise. Elle recèle des trésors, et notamment de ces petites fables pleines d'humour et de sagesse. Malgré les possibles réticences de mes lecteurs, en voici une qui mérité d'être méditée (avant que je ne la commente) :
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"Il y avait autrefois un éleveur qui possédait une multitude singes.
A force de vivre ensemble, ils étaient arrivés, maître et singes, à se comprendre parfaitement. Et le maître avait pour ces animaux une telle affection que, pour les nourrir, il allait jusqu'à rogner sur les vivres de la famille.
Quand plus tard, les vivres vinrent à manquer, il fut obligé de diminuer la ration des singes. Pour prévenir leur mécontentement, il usa d'un stratagème :
-A chacun de vous, dit-il, je vais donner trois marrons le matin et quatre le soir. D'accord ?
Mais les signes firent de hideuses grimaces signifiant à leur maître que la ration était trop maigre.
Au bout d'un moment, le maître reprit :
-Puisque vous trouvez insuffisante la ration de trois marrons pour le matin et quatre pour le soir, on va faire autrement. Ce sera quatre marrons pour le matin et trois pour le soir. Cela vous va-t-il ?
Les singes, dupés par ce stratagème de PURE RHÉTORIQUE, acceptèrent l'arrangement avec satisfaction."
(LIEZI)
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Nous sommes les singes, et monsieur HOLLANDE est l'éleveur, comme le serait ou sera du reste tout successeur de l'actuel président de la République. On ne peut pas distribuer des richesses qui n'ont pas été produites. C'est l'évidence. L'éleveur de singes le sait. Pas les singes... Il est temps d'évoluer, non ? Mais le pouvoir trompeur de la parole humaine est considérable. Et la rhétorique est le bon auxiliaire des caractères mous et incertains. Quel que soit le futur président de la République, il n'aura que 7 marrons à distribuer si nous ne changeons pas notre manière de créer des richesses. Il n'y en a pas 36, mais un nombre assez restreint, parmi quoi il faut compter le travail. On en est loin.
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C'est tout pour aujourd'hui.
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mercredi 7 décembre 2011

Le poisson pourrit toujours par la tête...

Tout un chacun peut s'abonner aux nouvelles électroniques diffusées par le magazine Le Point. Voici aujourd'hui un petit article très instructif que je viens de recevoir. Quand on songe que deux des plus importantes fédérations du PS, celle du Pas-de-Calais  et celle des Bouches-du-Rhône, comptent parmi leurs responsables des personnalités du genre de monsieur KUCHEIDA (qui n'étant pas jugé ni mis en examen est présumé innocent) ou de monsieur GUERINI (lequel est, lui, mis en examen), on peut se demander jusqu'à quel point ce genre de pratiques ne gangrène pas un parti qui se veut le champion de la morale civique. Cette question n'exonère pas la majorité des critiques analogues qu'on pourrait lui faire. Elle montre simplement que la démocratie à la française, dont on chante les louanges avec une touchante unanimité attire à elle bien des hommes qui ne se soucient guère de la chose publique. Entre nous, qu'est-ce qui est le plus grave : prendre un verre au Fouquet's payé sur ses deniers, ou se bâfrer dans des restaurants étoilés au frais d'une société qui est censée avoir un rôle de bailleur social ? Le poisson toujours pourrit par la tête. Voilà donc l'articulet.
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"J'attire votre attention sur le fait qu'il y a un solde non justifié de 1 532,91 euros à ce jour, que la fin de l'année se rapproche à grands pas et je pense avoir du mal à expliquer au commissaire aux comptes cette non-justification, ainsi que les dépenses payées aux Émirats arabes unis et en Turquie"...

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Ce 12 décembre 2007, un comptable de la Soginorpa alerte par courriel le directeur financier sur des dépenses non justifiées du député-maire de Liévin, Jean-Pierre Kucheida. Le baron du PS dans le Pas-de-Calais semble avoir utilisé à des fins personnelles sa carte de crédit professionnelle de la Soginorpa, filiale de l'Epinorpa, l'un des plus grands bailleurs sociaux de France, dont Kucheida est le président. "Pouvons-nous justifier le bien-fondé des déplacements de M. Kucheida en Corse, à Toulouse, la dépense de restaurants du dimanche 7 mai 2007 à 23 h 52 (dimanche de Pentecôte) et 1,6 kilo de poisson du jour sur la facture de La Rascasse, port de Saint-Florent, en Corse, d'un montant de 142 euros ?" insiste le comptable. À quel titre Jean-Pierre Kucheida possède-t-il une carte affaires de la Soginorpa, et pourquoi la fait-il "chauffer" pour des dépenses éloignées du champ d'action du bailleur social qui gère les logements miniers ? Pouvez-vous me dire si M. Kucheida effectue des voyages d'affaires d'une semaine pour Soginorpa, car en mars 2007 nous avons réglé une facture de parking à l'aéroport de Paris-Charles de Gaulle de 209 € pour un stationnement du 12/03/07 au 20/03/07", interroge encore le comptable par courriel du 26 novembre 2007.
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Fournitures en tout genre

Ce courriel fait partie des nombreux documents aujourd'hui entre les mains de la justice qui enquête sur un possible financement occulte de la fédération PS du Pas-de-Calais dont le chef d'orchestre serait Jean-Pierre Kucheida. Plusieurs courriers adressés à la juge de Béthune Véronique Pair par l'ancien maire socialiste de Hénin-Beaumont mis en examen notamment pour "détournements de fonds publics" ont allumé la mèche et déclenché une enquête préliminaire, comme l'a révélé Le Point.fr.
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Un autre e-mail, toujours du même comptable, relatif à un buffet dînatoire pour 100 personnes en présence de Jean-Pierre Kucheida, intéresse particulièrement les enquêteurs : "J'ai été contacté ce mercredi 21/12 par monsieur Bouche du restaurant le Cèdre Bleu, qui s'étonnait de ne pas avoir reçu le règlement de sa facture n° 147 du 10/10/05 pour un montant de 5 382 euros." Jean-Marc Bouche n'est pas un inconnu de la justice. Ancien chef d'entreprise de commerce de gros jusqu'en 2009, il était le fournisseur numéro un de la ville d'Hénin-Beaumont pour des marchandises aussi hétéroclites que du papier hygiénique, du mobilier ou des équipements de stade, le tout à des tarifs loin d'être concurrentiels.
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Impayé sans facture

Cet ancien vice-président de la chambre de commerce et d'industrie de Lens est sous le coup de deux mises en examen, l'une pour "trafic d'influence" dans l'affaire de Hénin-Beaumont, l'autre pour "corruption" dans le dossier du juge Pichoff, un ancien président du tribunal correctionnel de Béthune soupçonné d'avoir reçu de l'argent pour rendre des décisions complaisantes. Jean-Marc Bouche avait repris un temps la gestion du Cèdre Bleu, un restaurant devenu le passage obligé des fêtes et des cérémonies du PS local auquel Jean-Marc Bouche, adjoint au maire de Montigny-en-Gohelle, appartenait.
Et le comptable de la Soginorpa de poursuivre dans son courriel : "Après vérification du Cèdre Bleu, je me suis aperçu que Soginorpa n'était pas en possession de cette facture. J'ai demandé à Monsieur Bouche de me faire parvenir un duplicata et j'ai contacté Madame D. afin de savoir si cette facture était due par Soginorpa. (...) Ce matin, Monsieur Bouche m'a recontacté pour connaître la suite réservée à sa facture en me précisant qu'il voulait percevoir son règlement avant la fin de l'année. À défaut d'une suite favorable, il s'adressera à Monsieur Kucheida..." Finalement, la facture sera réglée rubis sur l'ongle au restaurateur.
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Grandes tables

Le Point a pu consulter la totalité des relevés des dépenses effectuées par le poids lourd du PS dans le Pas-de-Calais avec la carte de crédit Soginorpa. Le 4 août 2005, le député-maire règle une note de 1 624 euros au restaurant gastronomique de Marc Veyrat, près d'Annecy, où il possède une résidence secondaire. Assurément, Jean-Pierre Kucheida a un faible pour les bonnes tables. Le 28 mai 2007, encore un dimanche de Pentecôte, il régale dix convives au Meurin pour 1 009 euros. Le député-maire semble particulièrement apprécier ce restaurant, car il y retourne régulièrement aux frais de Soginorpa.

À la mi-août 2005, le président est à Malte, où il fait deux achats pour 519,55 et 322,30 euros. Il retire aussi des devises.

En octobre dernier, un rapport a épinglé la gestion de l'Epinorpa. La chambre régionale des comptes avait déjà critiqué dans deux autres documents la gestion de la Soginorpa. Dans le dernier, remis en juillet, les magistrats avaient notamment révélé des anomalies dans les appels d'offres. L'audit financier qui a été présenté au comité central d'entreprise de la Soginorpa a enfoncé le clou. Il mentionne des cessions de terrains et de bâtiments "réalisées à l'euro symbolique au profit de collectivités", jusqu'en 2008, "ce qui est susceptible de constituer un abus de bien social, s'agissant d'une société de droit privé", note le cabinet Diaseo. Ce que conteste la direction de la Soginorpa.
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Placement très hasardeux

L'audit financier s'interroge également sur l'existence d'un éventuel "manquement grave en termes de dissimulation d'informations" vis-à-vis du conseil d'administration. Malgré des éléments apportés par des experts financiers dès 2005, des "swaps" spéculatifs ont été souscrits jusqu'en 2008. Un manque de réaction qui pourrait coûter cher. Diaseo estime que les swaps, ces contrats de couverture de risques des taux des prêts, pourraient entraîner jusqu'à "173 millions d'euros de pertes probables". "On peut regretter ce manque d'information, mais ce n'est pas illégal", dit-on du côté de la Soginorpa.

Reste que, étant donné cet endettement, les dépenses du député-maire de Liévin font tache. Contacté par Le Point, Jean-Pierre Kucheida n'a pas donné suite.

Aujourd'hui, l'élu vient d'être de nouveau investi par les militants de la section socialiste du Pas-de-Calais pour être le candidat aux législatives. Il cumule les mandats et les casquettes. En est-il de même pour les cartes professionnelles ? "

Par Jean-Michel Décugis, Christophe Labbé et Aziz Zemouri.

Décidément, les socialistes du Nord aiment apparemment le poisson, même s'il a dépassé la date limite d'utilisation

mardi 6 décembre 2011

Inépuisable richesse de Gustave

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Que voulez-vous, on en se défait pas facilement de l'amitié et de l'admiration que l'on porte à un homme de l'envergure de Gustave THIBON. A ceux qui méprisent le Président de la République et qui POUR CETTE RAISON, ne pensent pas pouvoir lui apporter son suffrage, je voudrais rappeler ce que dit notre vigneron-philosophe. Et puis ça peut donner des idées aux imbéciles bernanosiens de  gôôôôche, qui lorsque on leur montre du doigt la lune regardent le doigt.
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"Pourquoi faudrait-il accepter de se ranger politiquement aux côtés d'un homme qu'on méprise ? - La réponse est simple : parce que cet homme a une conception saine des besoins de la Cité - Comme il serait plus facile de suivre les traces de l'apôtre, même à travers les nuées ! Canailles, ambitieux, menteurs, mes alliés ? - Peu importe au fond, une seule question se pose : combattent-ils, oui ou non (tout en poursuivant égoïstement leur bien propre), en faveur d'institutions adaptées aux nécessités humaines, de formations sociales qui favorisent, chez l'homme tel qu'il est, l'épanouissement du coeur et de l'esprit ? Les bonnes réformes ne sont pas nécessairement amenées par les hommes bons, et les hommes bons peuvent par utopie, n'amener que désordre et décadence... 'Au soir de cette vie, vous serez jugés sur l'amour' (saint Jean de la Croix) : ceci ne s'applique pas en politique. En politique, il importe plus de savoir que d'aimer. Une étincelle d'amour sur une broussaille d'ignorances : n'est-ce pas ainsi que s'allument la plupart des incendies sociaux."
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Méditez, messieurs les Mondistes, messieurs les Marianistes Johanno-francisco-kahniens et autres Libérationistes, méditez aussi cela messieurs et mesdames de l'opposition triomphante, arrogante, et déjà vaincue par l'évidence, méditez cela. Quant à ceux de mes concitoyens qui regardent le doigt plutôt que la lune, qu'ils réfléchissent à deux fois avant d'apporter leur suffrage à des marchands de vents et d'illusions, fûssent-ils de la meilleure foi du monde. Car le réel a ceci de terrible, c'est qu'il se venge et que sa vengeance est impitoyable, surtout vis-à-vis des naïfs.
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D'un ami de Poitiers

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Un ami de POITIERS m'envoie ce document qui me semble se passer de commentaires. Je dois toutefois souligner (a) que je n'ai pas vérifié l'authenticité de ces données ; (b) qu'il ne me paraît pas honteux d'utiliser les facilités que la loi offrent aux citoyens ; (c) que les contradictions entre le dire et le faire relèvent de la plus belle dialectique de papa HEGEL. La création de la SCI remonte à un moment particulier de l'histoire de François HOLLANDE et de Ségolène ROYAL. On connaît la suite. Rien ne prouve que cette société existe encore. Mais elle a bien existé, et pour un capital de 900.000 euros ! C'est beaucoup 900.000 euros.
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SOCIETE CIVILE LA SAPINIERE


RCS Paris D 377 552 955

Renseignements juridiques
Siège social 28 Avenue Duquesne
75007 PARIS 07
SIRET 37755295500025

Forme juridique Société civile immobilière

Capital social 914.694,01 EURO
Code activité 702C - Location d'autres biens immobiliers
Immatriculation 04-04-1990
Nationalité France

Dirigeant(s)
Gérant M. HOLLANDE Francois
Gérant Mme ROYAL Marie-Segolene

Dépôt légal

24-01-2000 Immatriculation suite à transfert
24-01-2000 Changement de dénomination sociale
24-01-2000 Acte sous seing privé
24-01-2000 PV d'Assemblée
24-01-2000 Statuts mis à jour

"Parmi ceux qui défendent farouchement l'ISF, certains n'hésitent pas, pour s'en affranchir, à monter une SCI dans laquelle ils logent leur appartement de Boulogne, leur appartement situé dans le 7ème à Paris, la propriété de Mougins et la maison de Melle....


Vérifié sur le site « société.com »"

N° de Siren : 37755295500025

SCI LA SAPINIERE au capital de 914 694 EUR

Propriétaire : F. Hollande et M.S. Royale

lundi 5 décembre 2011

Les enfants, avez-vous éteint les Lumières ?

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Il y a quelques mois, j'avais délivré un billet intitulé : "Il est temps d'éteindre les Lumières". Continuant de lire et de réfléchir à ce qui me semble être la plus grande catastrophe de l'histoire intellectuelle de l'Occident, je veux dire les Lumières (Enlightment, Aufklärung, très différents des Lumières françaises), j'ai accumulé depuis lors une masse impressionnante de réflexions dues à des esprits très divers, y compris à des Philosophes des soi-disant Lumières. Il m'est impossible de vous les présenter toutes. Il me suffira de résumer les motifs d'un cheminement qui a commencé il y a bien longtemps, puis de vous citer quelques contributions très éclairantes.
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Dans mon jeune âge, avec l'enthousiasme du jeune chercheur qui embrasse la carrière, j'ai cru à la puissance de la raison, et à sa capacité à introduire un certain ordre dans la société des hommes. J'ai vite déchanté, et bientôt j'ai compris que la raison, loin d'être une servante au service de la vérité, était en réalité une idole à quoi on sacrifiait des vies humaines, des réputations ou des nations. On s'agenouillait devant elle pour mieux se l'annexer et l'instrumentaliser, en un mot pour satisfaire son appétit de pouvoir.
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Allons, commençons.
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De Jeremy RIFKIN (Une nouvelle conscience pour un monde en crise. Vers une civilisation de l'empathie. Éditions Les liens qui libèrent, Paris, 2011).
Après avoir exposé le résultat de diverses expériences de psychophysiologie qui démontrent la fausseté des théories de FREUD sur la nature humaine, et de diverses autres qui montrent que naturellement, le bébé est porté à l'empathie et reconnaît la détresse de l'autre, RIFKIN conclut :
"Si notre conception de la nature humaine et nos idées sur le rôle parental ont radicalement changé au cours de ces dernières années, notre pensée philosophique et politique reste désespérément lente à se mettre au niveau. Nous vivons encore selon les préceptes des Lumières du XVIIIe siècle. Mais nous ne pouvons avoir une nouvelle vision de la nature humaine sans repenser le sens même du parcours humain et, avec lui, nos convictions les plus chères sur ce qui nous paraît important, ce à quoi nous aspirons et la façon dont nous avons choisi de vivre."
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Mise en garde Frédéric II de Prusse à VOLTAIRE, ou un petit bonjour aux horreurs futures de la Révolution :
"Nous connaissons les crimes que le fanatisme de la religion a fait commettre ; gardons-nous d'introduire le fanatisme dans la philosophie."
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Opinion de JOUBERT sur les hommes du XVIIIe siècle :
"Le soleil des esprits n'était plus visible pour eux... Dans cette absence de l'extase, cette vacance la contemplation, ne pouvant plus regarder l'Être, ils s'occupaient du monde."
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Naïveté de DIDEROT (dans un article de l'Encyclopédie).
"La raison est à l'égard du philosophe ce que la grâce est à l'égard du chrétien." "Nous avons foi en la raison."
Augustin COCHIN commente (dans Les sociétés de pensée et la démocratie moderne. Plon, Paris, 1921) : "Ainsi, ce qu'on demande aux frères est moins de servir la raison que d'y croire ; il en est de culte-là comme des autres : c'est la bonne volonté qui sauve."
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Manipulation de d'ALEMBERT (Lettre à Frédéric II).
"Nous remplissons comme nous pouvons les places vacantes à l'Académie française, de la même manière que le festin du père de famille de l'Evangile, avec les estropiés et les boiteux de la littérature."
Augustin COCHIN commente ainsi : "Tel esprit boiteux sera donc admis, s'il est bon philosophe, et tel autre exclu, qui est bien d'aplomb, mais indépendant. Le parti-pris est net, et encourage, vous le savez, un quiétisme de la raison encore plus nuisible à l'intelligence que le quiétisme de la foi à la volonté. Rien ne fait plus de tort au progrès de la raison que son culte : on ne sert plus de ce qu'on adore."
Un tel aveu est effrayant pour ceux qui croient à la probité intellectuelle des élites. Hélas, les choses ne semblent guère avoir changé, dans le domaine politique au moins.
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Et de mon cher, mon très cher Gustave THIBON (dans Parodies et mirages ou la décadence d'un monde chrétien. Notes inédites. Editions du Rocher, Monaco, 2011. Plus je le lis, et plus je regrette que le vigneron-philosophe [un vrai, celui-là] nous ait quittés).
"Quand on fait le désert dans l'homme (ce à quoi le rationalisme et le moralisme s'emploient depuis plusieurs siècles), il ne sert à rien de claironner le retour aux sources. Le suicide de la raison et de la morale est un faux suicide - un ressort de théâtre - après lequel elles ressurgissent sous d'autres noms, parées des dépouilles de cette nature et de cette vie qu'elles ont tuées. C'est toujours l'homme seul avec lui-même... Narcisse brisant son miroir, mais retrouvant dans chaque fragment son image éclatée et déformée."
Je conviens qu'adhérer à ce constat peut paraître troublant de la part d'un type qui ne cesse de parler de morale en politique. Mais THIBON ne parle pas de morale (l'art de l'action pour avoir la vie bonne), mais de moralisme cul-bénissant, fait d'interdits ou d'obligations qui n'ont qu'un lointain rapport avec la charité et l'amour de l'autre, et ressemble fort au culte de son nombril.
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Nous ne sommes pas ou plus des hommes, mais des enfants ou plutôt des ombres d'enfants. Et je m'interroge et puis j'entends au fond de mon coeur une petite voix timide qui me dit : "Les enfants, avez-vous éteint les Lumières ?"
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