jeudi 21 juin 2012

A propos de l'Europe...

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Trois responsables politiques, messieurs MELANCHON et DUPONT-AIGNAN et madame Marine LE PEN ont exprimé de vigoureuses critiques contre "l'Europe". La portée et la nature de ces critiques sont à l'évidence très différentes. Mais il est intéressant de noter que les personnalités qui les expriment campent en des cases très éloignées l'une de l'autre sur l'échiquier politique : de la gauche la plus incisive à la droite la plus incisive en passant par une droite qui veut mettre la République debout.
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On ne peut pas ignorer ces positions, pas plus qu'on ne peut ignorer que monsieur FABIUS, l'actuel ministre des Affaires Étrangères à vigoureusement combattu le Traité Constitutionnel concocté par monsieur GISCARD d'ESTAING, et qu'il a contribué fortement, par sa prise de position, à l'échec du référendum organisé par le Président CHIRAC sur ce Traité. Madame MERCKEL doit faire avec lui. Pas facile !
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Grâce aux efforts conjugués de la pensée maçonnique la plus anti-chrétienne qui soit (il y a des branches maçonniques qui ne le sont pas), du crypto-trotskisme de monsieur JOSPIN et de leur ignorance crasse de l'histoire qui, pour nombre de nos politiciens, semble commencer avec la Révolution, les origines chrétiennes de l'Europe n'avaient pas été mentionnées dans ce traité avorté, et cette omission voulue a, elle aussi, contribué à l'échec de l'idée européenne.
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Et pourtant... Permettez-moi de vous citer ici une pensée d'ERASME, cité par Julien BENDA (sur lequel je reviendrai) dans son Discours à la Nation européenne, une pensée empruntée Manuel du Soldat chrétien publié en 1624 (ERASME était mort depuis longtemps) sous le titre Enchiridion militis christiani, Lugdunum Batavirum, chez André CLOUQIUM ; [doctus cum libro ; renseignements puisés à de bonnes sources sur la toile].

"L'esprit du Christ est fort loin de cette distinction entre l'Italien et l'Allemand, le Français et l'Anglais, l'Anglais et l'Ecossais. Qu'est devenue cette charité qui fait aimer jusqu'aux ennemis, puisqu'un changement de nom, une couleur d'habit un peu différente, une ceinture, une chaussure et de semblables inventions humaines font que les hommes sont odieux les uns et les autres." Il ajoute : "Nous avons tous été baptisés dans le même esprit pour être un seul corps ; et nous avons tous bu de l'eau spirituelle du rocher pour avoir le même esprit."

Je suis désolé d'avoir à le dire. Mais tout de même, voilà qui a une autre allure que les petits calculs de monsieur FABIUS et les hésitation honteuses et intellectuellement malhonnêtes de messieurs JOSPIN et CHIRAC. Comme toujours, tous ont regardé dans leur cerveau avant de regarder le réel. On a vu ce qu'a donné le nationalisme outrancier, la haine politique, la guerre totale qui culmina entre 1914 et 1918 et laissa le vieux continent définitivement exsangue. On a vu où nous a conduit le culte de la Nation, exalté par la Révolution, au détriment de celui de la Patrie : à la ruine, à la haine civile, à la division dans la patrie et  entre patries. Beau résultat.
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Revenons-en à nos responsables politiques du premier paragraphe. Ils sont contre l'Europe. Et il vaut la peine de chercher à savoir pourquoi. Pour le premier, c'est une question d'idéologie pure. Il est contre une Europe du capital, de l'exploitation, du libéralisme. Il aurait dû lire ERASME. Monsieur DUPONT-AIGNAN navigue entre le Nationalisme et le Patriotisme, et estime que seul le politique peut résoudre les problèmes qui se posent à un pays, dans la mesure où il s'applique à un espace national clos, et qu'il est indépendant dans ses décisions de toute influence extérieure. A la République près, il est un peu maurrassien. Enfin la troisième exprime une doctrine de type Nationaliste. Il est nécessaire d'entendre ces critiques et de puiser en elles ce qu'elles peuvent avoir de juste. Il est non moins nécessaire de penser la question en termes de différences spécifique et d'identité générique, en termes à la fois synchroniques (l'ici et maintenant de tous les peuples européens) et diachroniques (l'hier, l'aujourd'hui - on vient de le voir - et le demain de l'Europe). Je ne vois pas de solution qui sortirait de ce cadre. Penser la différence en termes bienvaillants. Est-ce trop demander ?
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Demain, je reviendrai sur le livre de Julien BENDA.
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