vendredi 13 juillet 2012

La loi et la conscience ou la République totalitaire

Dans l'optique de mon précédent billet, je continue d'illustrer l'esprit qui anime nos actuels gouvernants.
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12 septembre 1793.
Un certain GALLET écrit une lettre au citoyen LAPLANCHE, dépêché à ORLEANS par la Convention Nationale pour y pratiquer l'épuration et notamment arrêter les prêtres non jureurs et tous les fidèles qui les servent. GALLET est sans doute un lâche, et il ne dénonce pas vraiment les demoiselles BARBERON dont il est le locataire et qui hébergent en secret le Père PLOQUIN, ainsi que le jeune BIMBENET de la ROCHE. Non ! Il demande simplement à la municipalité le droit de résilier son bail, arguant dans sa lettre que ses logeuses sont "soupçonnées de loger des gens suspects" et qu'il se pourrait que cette situation "compromît en cela [sa] responsabilité".
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La lettre à peine lue et reçue, on envoie (une heure plus tard !) le commissaire d'ORLEANS, un nommé DUTET, chez les demoiselles BARBERON. pour perquisitionner leur domicile. Passons sur les détails des vexations imposées à ces deux femmes. On ne trouve pas d'abord les suspects, bien cachés ; on se contente d'emprisonner les logeuses. Ne les voyant pas revenir, l'abbé PLOQUIN et le jeune BIMBENET de la ROCHE sortent de leur cachette. Hélas, "ils" veillaient . On met sur eux la main.
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Le 14 septembre, on interroge les suspects :
On questionne l'abbé PLOQUIN. A-t-il prêté le serment de la constitution civile du clergé ?
-J'ai refusé de le prêter, parce qu'il répugnait à ma conscience.
-N'avez-vous pas excité d'autres prêtres à le refuser ?
-Je n'ai jamais excité qui que ce soit à refuser ce serment, mais, lorsque j'étais consulté, je faisais part de mon opinion.

On lui reproche, sans fondements, ses écrits contre la constitution civile du clergé. Il proteste :

-Pour les opinions religieuses, nul ne peut être gêné.

On envoie les prisonniers à PARIS. C'est que le cas est grave, n'est-ce pas ? FOUQUIER-TINVILLE l'ignoble se chargera de le régler de la manière que l'on sait.
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Le 26 novembre 1793, on arrête un jésuite orléanais, le Père DERVILLE, place du Martroi. Il a été dénoncé par le citoyen DUHAMEL car il avait un air suspect (en effet, pour échapper à la police, le Père DERVILLE qui a poursuivi son ministère clandestins au milieu des plus grands dangers est déguisé en femme) mais sa voix n'a rien de féminin. C'est finalement le citoyen BONNEAU, un notaire devenu jacobin, qui interroge celle qui se présente comme madame Angélique. Le Père DERVILLE ne cache ni son nom, ni sa qualité, ni son âge et avoue sa fidélité à l'Eglise catholique. Les objets du culte qu'il porte sur lui achève de le désigner à la vindicte de ces fous.
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On l'interroge :
-Pourquoi as-tu désobéi à la loi qui défendait d'exercer les fonctions du culte, telles que confesser sans avoir prêté le serment ?
-Les lois doivent être subordonnées à la religion, et la religion catholique ayant Dieu pour auteur, ce n'est point à elle à ployer sous les lois, mais les lois à ployer sous elles.
-Mais il n'est question de faire ployer la religion sous les lois, mais de l'obéissance que tu dois aux lois.

Écoutez bien chers lecteurs la réponse admirable et juste de cet homme :

-Je ne veux pas me soumettre aux lois dans les points où elles contrarient la religion catholique.

Le Père fut décapité peu après sa condamnation.
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Les quatre premiers accusés étaient convaincus de conspiration contre la République et furent condamnés à mort à Paris, le 25 février 1794. BIMBENET de la ROCHE - qui avait reconnu avoir servi dans l'armée des Princes émigrés mais était revenu dans sa patrie - avait aux alentours de 23 ans. Tous les quatre furent guillotinés quelques heures après leur condamnation. BIMBENET de la ROCHE chantait le Laudate dominum en montant le degrés de l'échafaud  "et ce fut le couperet [qui] en tombant arrêta son chant". (Récit de Jacques HERISSAY dans son Hors-la-loi sous la terreur, Éditions de Fontenelle, Abbaye de Saint-Wandrille, 1946).

Pourquoi ce récit ? Deux raisons.

(a) La première est tirée des paroles de Jésus que l'Église propose aujourd'hui à la méditation de ses fidèles : "Vous serez traînés devant des gouverneurs et des rois à cause de moi ; il y aura là un témoignage pour eux eux et pour les païens. Quand on vous livrera, ne vous tourmentez pas pour savoir ce que vous direz ni comment vous le direz : ce que vous aurez à dire vous sera donné à cette heure-là. Car ce n'est pas vous qui parlerez, c'est l'Esprit de votre Père qui parlera en vous" (Matthieu 10, 8-10). Les réponses des abbés PLOQUIN et DERVILLE sont admirables de sérénité, de justesse, de grandeur humaine et de courage. Elles concrétisent ces paroles de Jésus.

(b) La seconde est tout aussi actuelle. En proposant une loi autorisant le mariage homosexuel et l'adoption homoparentale, le gouvernement de monsieur AYRAULT se comporte, mutatis mutandis, comme les interrogateurs des abbés PLOQUIN ou DERVILLE. Ils entendent faire ployer les hommes sous le joug de lois dépourvus de tout fondement moral ou anthropologique (sans parler des fondements religieux). Notez que le Père DERVILLE ne méconnaît pas la nécessité d'obéir aux lois, tant que celles-ci ne violent pas sa conscience. Ce qui n'est point de l'incivisme.

Nous sommes très exactement dans ce cas de figure. Héritier de la Révolution, le Parti Socialiste n'a changé que les formes extérieures du totalitarisme ; il n'en a nullement gommé le fond. Désolé, monsieur AYRAULT, désolé, monsieur HOLLANDE, mais il y a de vos compatriotes qui préfèrent obéir à Dieu qu'aux hommes. Et nous attendons de nos évêques qu'ils le leur rappellent. Pour l'instant, leur silence est assourdissant.

1 commentaire:

MALTAISE a dit…

Nous partageons cette honte de la volonté d' asservissement de la Vérité. Nous attendons aussi une réactivité des évêques qui se doivent de conduire les hommes vers les valeurs éternelles.

Françoise et Dominique