jeudi 12 juillet 2012

Vous avez dit République fraternelle ?

Je vous en supplie, ayez la patience de lire jusqu'au bout
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Martin ALLEAUME, 17 ans, garçon coiffeur ;
Pierre BALIN, 18 ans, racheveur de boucles ;
Julie BOISSARD, 18 ans, journalière ;
Raymond BORIE, 19 ans, cordonnier ;
Marie-Nicole BOUCHARD, 18 ans, domestique ;
Armand BOURREE-CORBERON, 16 ans ;
François-Ursule BURKE, 17 ans, matelot ;
Charles-Alexis de CHARMES, 19 ans, ancien aide de camp de DAMPIERRE ;
André CHENIER, 31 ans, poète (je donne son nom par exception) ;
Joseph-Hippolyte CURTON,18 ans, domestique ;
Jean DELVAUX, 19 ans, brocanteur ;
Louis-François DESREAULX, 18 ans ;
Eleonore de FAUDOAS, 18 ans ;
Agathe GREAUDE, 19 ans, couturière ;
Hugues HOT, 17 ans, ex-jockey ;
Paul LAUNAY, 18 ans, volontaire ;
Jean-Baptiste LEGUAIN, 18 ans, étudiant ;
Adélaïde LIENARD, 17 ans ;
Fortuné-Charles-Louis-François de MAILLE, 17 ans, ex-noble ;
Louis MENOU, 19 ans, sous-lieutenant de carabiniers ;
Joseph MEYNARD-MELLET, 17 ans ;
Charles-Pierre NEVEUX, 17 ans, charron ;
Julie-Agathe de SAINT-PRIEST, 17 ans, mariée ;
Louis de SAINT-AMARANTHE, 17 ans ;
Joseph VERINE, 16 ans ;
Charles VOILLEMIER, 18 ans.
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Vous qui fûtes condamnés à mort et décapités avant que vous n'eussiez atteint vos 20 ans, vous qui n'étiez pas tous nobles, tant s'en faut à voir les métiers que vous exerciez, vous serez présents dans mon coeur et ma mémoire en ce 14 juillet où une foule amnésique et un gouvernement inculte célébreront la fête dite nationale, en oubliant que leur République, soi-disant et prétendue fraternelle, est née tout entière dans le sang. S'il avait fallu que j'ajoute à cette liste, les noms des condamnés de moins de 25 ans, rares et chers lecteurs, vous auriez abandonné la lecture de ce martyrologe en raison de sa longueur et de sa monotonie. Oui, la populace parisienne se délectait à la vue des exécutions de ces compatriotes, condamnés à mort entre 26 prairial et le 9 thermidor de l'an 2, par le tribunal révolutionnaire de la Commune de Paris, et exécutés place de la Barrière du Trône. En ces jours sanglants, 1306 français périrent : 1109 hommes, 197 femmes. Parmi les hommes, il y avait 579 gens du peuple, 178 hommes d'épée, 136 nobles de robe, 108 gens d'église et 108 ex-nobles. Il y avait chez les femmes, 123 femmes du peuple, 51 ex-nobles, et 23 religieuses.
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La République qui a honoré l'abbé GREGOIRE d'une place au Panthéon, n'a pas daigné offrir à ces martyrs une sépulture digne de ce nom. Ils ont eu pour lot une fosse commune. En fait, il y a en deux ; elles furent creusées dans le jardin de Picpus. Les descendants de ces martyrs réparèrent autant qu'ils le purent cet outrage.
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Vous remarquerez que j'ai adjoint à cette liste le nom d'André CHENIER, qui avait plus de 20 ans ; un très grand poète, sans aucun doute, mais qui a payé de sa vie son aveuglement sur la vraie nature de la Révolution. Elle a dévoré ses enfants, et son héritière, l'actuelle République, continue de le faire. On comprend pourquoi tant de jeunes Français quitte cette ingrate patrie pour chercher air et liberté sous des cieux moins oppressifs. Tant que nous ne reconnaîtrons pas collectivement ces horreurs et que nous n'en ferons pas repentance, il n'y a aucune chance pour que la France se trouve réconciliée avec elle-même.
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Vous allez me dire : mais les jeunes victimes de Picpus, c'est une anecdote. Une anecdote ? Vraiment ? Alors je vais encore vous rafraîchir la mémoire. Le 12 janvier 1794, on fusillait à AVRILLE (Maine-et-Loire), 105 personnes, dont 20 avaient moins de 30 ans ; aucun d'eux n'était noble ou prêtre. Le 15 janvier 1794, toujours à AVRILLE, on fusillait 300 personnes dont 12 avaient moins de 30 ans (le plus jeune, François GESSARD avait 19 ans). Le 18 janvier 1794, on continuait en fusillant 250 personnes dont 80 femmes ; 27 des suppliciés avaient moins de 30 ans. Les plus jeunes, Pierre CHARBONNIER, laboureur, et Marie RIPEAU, avaient respectivement 18 et 19 ans. Les lundi 20 janvier, mardi 21 janvier et mercredi 22 janvier 1794, on fusilla encore plus de 500 personnes. La plus meurtrière des journées fut celle du lundi : 108 hommes et 300 femmes laissèrent leur vie entre les mains de ces monstres. Pendant ces jours terribles ont  donné leur vie : René BILLON, 16 ans,  tisserand, Jacques BREHERET, 18 ans, menuisier, François BRICHET, 16 ans, Louis CHARRIER, 16 ans, garçon métayer, François COUDRET, 19 ans, voiturier, Emmanuel DELAUNAY, 19 ans, laboureur, Charles DUTERTRE, 17 ans, Louis GALARD, 18 ans, Louis GASCHER, 17 ans, vigneron, Claude GASTINEAU, 17 ans, François GIFFARD, 18 ans, tisserand, Pierre GIRAULT, 17 ans, tisserand, Pierre GODINEAU, 17 ans, métayer, Pierre GOISET, 18 ans, vigneron, Antoine GRELLIER, 19 ans, tisserand, Pierre HAMELIN, 18 ans, laboureur, Jacques JAMIN, 18 ans, serger, Pierre LAHAYE, 16 ans, journalier, Jean LOYTIERE, 17 ans, journalier, Jacques MAUNOIR, 18 ans, marchand, Jacques ONILLON, 18 ans, métayer, Nicolas POINTET, 18 ans laboureur, François POISSONNEAU, 18 ans, laboureur, François RUBION, 17 ans, voiturier, Perrine BROUARD, 18 ans, Anne EMERIAU, 19 ans, Marie POIDEVIN, 18 ans, René CESBRON, 17 ans, serger,  Pierre COICAULT, 17 ans, cordonnier, Henri COUDRAIN 16 ans, Etienne FRENOT, 17 ans, sabotier, Simon MARTIN, 17 ans, Louis PICHONNIERE, 16 ans (fusillé avec son frère âgé de 24 ans), Pierre POREAU, 17 ans, cordonnier, François QUETINEAU, 14 ans et demi, André BAUCHET, 16 ans, pêcheur, Jean DALIGON, 16 ans, laboureur, François LAMBERT, 18 ans, laboureur, Pierre MOREAU, 15 ans, tisserand,  Nicolas RIDEAU, 18 ans, journalier. La dernière fusillade eut lieu le mercredi 16 avril 1794. Elle fit 198 victimes. On n'en compte aucune de moins de 20 ans.

Quel est donc le crime de ces enfants ? De n'avoir point voulu renier leur foi ! On les a déclarés martyrs, et ce n'est que justice.
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Et qu'on ne vienne pas me casser les pieds en disant que ce sont là des choses passées, anciennes, vermoulues, que sais-je. Mais VOLTAIRE, DIDEROT, et tous ces soi-disant philosophes dont les systèmes ont amené la Révolution et ses horreurs, ne sont-ce pas aussi des vieilles lunes ? Pourquoi parlerait-on des uns et non des autres ? Qui se soucie des tisserands, des laboureurs, des cordonniers, des sergers, des domestiques ? Ces gens étaient de basse extraction, n'est-ce pas ? Allons, passons-les par profit et perte, semble dire l'opinion publique. Mais pas VOLTAIRE qui a droit à des Boulevards et des Lycées. Guy MOQUET a donné son nom à une station de métro (et ce n'est que justice, pour ce jeune admirable), pour avoir été exécuté par les Allemands alors  qu'il avait 17 ans. Mais ceux que je viens de citer, n'avaient-ils point aussi autour de 17 ans ?

Profit et perte ? Il n'en est pas question. Je resterai fidèle à ma méthode : des faits, rien que des faits, situés dans leur contexte (la Commune de Paris pour la première liste ; les Guerres de Vendée pour la seconde), et l'évocation des penseurs dont les idées ont conduit à ces crimes.

Oui, tandis que la foule parisienne acclamera les soldats qui défilent, peut-être aussi monsieur HOLLANDE, moi je penserai à vous, chers enfants trop tôt disparus par la folie des hommes, et je demanderai à Dieu, qu'en son Paradis, il vous comble de son amour et de sa présence

2 commentaires:

Adèle a dit…

On est atterré en découvrant cette liste. Car dans le fond, quelle différence entre ces exécutions sommaires et les crimes plus proches commis dans les camps d’extermination ? Et si l’on reproche, à juste titre, le négationnisme de certains au sujet de ces derniers, alors que dire de notre amnésie nationale concernant les premiers ? L’éducation nationale m’avait lavé le cerveau dès mon plus jeune âge, j’en ai pris conscience tardivement grâce à vos écrits. Merci de nous avoir ouvert les yeux et de continuer inlassablement à le faire. Ces jeunes victimes ne tomberont pas dans l’oubli tant qu’il restera sur terre quelqu’un pour rappeler l’injustice de leur destinée.

tippel a dit…

Merci de rappeler les méfaits d'une république française et jacobine qui gouverne.