dimanche 14 octobre 2012

Quand Simone Weil méditait sur un cadavre

-
Peu après la fin du Gouvernement du Front Populaire, Simone WEIL, dont à l'époque les sympathies allaient sans aucun doute aux ouvriers dont elle avait partagé le sort pendant un an, écrivit un petit texte plein de mélancolie, intitulé Méditation sur un cadavre et qui se termine ainsi :
-
"On peut tout trouver dans les rangs de la social-démocratie, sauf des esprits véritablement libres. La doctrine est cependant souple, sujette à autant d'interprétations et modifications qu'on voudra ; mais il n'est jamais bon d'avoir derrière soi une doctrine, surtout quand elle renferme les dogmes du progrès, la confiance inébranlable dans l'histoire et dans les masses. MARX n'est pas un bon auteur pour former le jugement ; MACHIAVEL vaut infiniment mieux." (Extrait  des Écrits historiques et politiques. Collection Espoir, fondée par Albert CAMUS. Gallimard, Paris, 1979.)
-
Elle n'a pas vécu assez longtemps pour nous faire part de ses analyses politiques percutantes. Elle avait une intelligence exceptionnelle, et une exigence absolue de vérité. Si elle était de ce monde - je reconnais bien sûr qu'il est difficile de faire parler un mort -, elle aurait certainement des commentaires pleins de hauteurs de vue, mais d'une implacable lucidité sur les petits esprits qui sont à l'heure actuelle au pouvoir, pour le malheur de notre Patrie. Elle a tout dit quand elle affirme qu'il n'est jamais bon d'avoir derrière soi une doctrine, surtout quand c'est la doctrine du progrès et de la confiance inébranlable dans l'histoire. Elle n'a rien de mécanique, l'histoire, et l'esprit cher à papa HEGEL ne s'y révèle pas plus que l'horizon insurpassable de la délivrance, incarné selon SARTRE par le marxisme. Je reviendrai demain sur l'analyse drolatique et profonde que notre immense Simone fait du Progrès.
-
Bonne soirée. 

Aucun commentaire: