samedi 10 novembre 2012

Une sage parole de Xunzi

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Plus j'avance dans la lecture des sages chinois, et plus je les admire. Voici, tiré du très pessimiste XUNZI (SIUN TSEU) un passage que tous nos hommes politiques, quel que soit le côté du marécage où ils barbotent ou sont en train de s'enfoncer, devraient lire et méditer.
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"D’où proviennent les rites ? La réponse est que les hommes naissent avec des désirs. Ces désirs étant insatisfaits, il ne peut pas ne pas y avoir d’exigences. Ces exigences étant sans retenue, sans mesure, sans partage et sans limites, il ne peut pas ne pas y avoir de conflits. Or les conflits engendrent le désordre et celui-ci, la misère. Les Anciens Rois, par aversion pour un tel désordre, créèrent les Rites et l’équité des devoirs rituels afin de procéder à des répartitions, de satisfaire aux désirs des humains, de répondre à leurs exigences. Faire en sorte que les désirs n’aillent point excéder les choses et que les choses ne viennent point manquer aux désirs, faire régner entre les deux un durable équilibre, c’est cela qui a présidé à la naissance des Rites."

(In Xunzi. Traduction française d’Ivan KAMENAROVIC. Éditions du Cerf, Paris, 1987 ; p 225.);
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Je trouve très remarquable la dernière partie : "Faire en sorte que les désirs n'aillent point excéder les choses et que les choses ne viennent point manquer aux désirs." Tempérance et satisfaction des désirs tempérés ! Tout est dit. On peut toujours promettre la lune, susciter chez nos congénères le désir de la posséder ; la lune viendra à leur manquer, et ils seront frustrés. Toute la question se résume donc à n'évoquer (au sens ou une électrode évoque un courant dans un neurone) que des désirs susceptibles d'être effectivement satisfaits, à éveiller le goût des choses de l'esprit plutôt que celui  des biens matériels et des personnes Et lutter effectivement contre la pauvreté ("procéder à des répartitions" dit le texte) en contrant des exigences "sans retenue, sans mesure, sans partage et sans limite". Sur ce point les élites de l'industrie et de la banque feraient bien de réfléchir avant qu'on ne les obligent par la force à la tempérance financière. S'il y en a parmi eux qui ont lu l'Evangile du jour, ils ont entendu cette parole forte de JÉSUS : nul ne peut servir deux maîtres à la fois, Dieu et l'argent. Quant au reste de nos concitoyens, moins avantagés par la fortune, il est criminel et vain de leur laisser croire qu'ils peuvent doubler, tripler, quadrupler leurs revenus, par la seule vertu d'une décision gouvernementale. Il me semble que dans la situation où nous sommes, tout le monde, moi le premier, je le confesse et je l'ai dit, doit faire des efforts, retrousser ses manches pour produire plus de richesses à distribuer, et donc travailler plus. Nous ne finissons pas de payer les erreurs commises par Martine AUBRY (à l'instigation de DSK, d'ailleurs).
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