dimanche 13 janvier 2013

J'y suis allé

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Je suis allé manifester contre le projet de loi dit TAUBIRA. Au point où les choses en sont, je vais rassembler dans ce billet vespéral quelques observations que j'ai faites ces dernières 48 heures.
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Nous dînions hier soir en compagnie de deux amis, au Café du Commerce, rue du Commerce. Eux, comme moi, vont manifester. Nous échangeons sur l'importance du sujet. A la table à côté, deux quadragénaires, manifestement des étrangers, nous écoutent. A un moment, l'un d'eux se penche vers nous et nous dit : "Je suis journaliste et écrivain, et je viens de FINLANDE pour participer à la manifestation." Le Français de notre interlocuteur est absolument parfait, teinté d'un indéfinissable accent étranger. Nous apprenons qu'il a été élève à l'école Polytechnique, à Massy... Tout se comprend. L'autre convive est un mathématicien espagnol qui vit à Paris et qui parle notre langue merveilleusement bien avec cet accent délicieux qui vient d'outre-Pyrénées. Il ira manifester lui aussi. Il ne me semble être ni ringards, ni rétro(s), ni cathos !
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Vers 13 h 30, aujourd'hui, le cortège de Paris-Ouest arrive à la Porte de la Muette. Nous nous apprêtons à prendre la direction du Trocadéro. Une dame, venue de CAEN, vient de recevoir un coup de téléphone de son frère, lui aussi venu de CAEN en bus. Il est bloqué sur l'autoroute de l'Ouest, à hauteur de VERSAILLES. Des dizaines de bus remplis se manifestants potentiels se suivent à la file, et il faut que la police de la route canalise et organise le flot. Il semble bien que tout soit fait pour empêcher une partie de ces bus d'arriver à PARIS.
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Dans le cortège encore, une dame a demandé à un policier à combien de manifestants il estimait la foule : la réponse est nette, 900 000 (neuf cents mille). La préfecture nous dit 340 000 vers 16 heures. Un mensonge de plus. Je suis arrivé au Champ de Mars aux alentours de 15 heures, un peu avant. Nous apprenons que des manifestants sont encore Place Denfert-Rochereau, ou Place d'Italie alors que la tête de leur cortège est arrivée sur le Champ de Mars, et un manifestant me dit qu'il vient de recevoir un coup de téléphone ; un correspondant lui dit que la foule a dû aller jusqu'à la Place de l'Etoile, faute de place Porte Maillot, pour participer à la manifestation. Je suppose que seuls les trottoirs étaient envahis, car je ne pense pas que la manifestation ait eu le droit d'utiliser la chaussée de l'Avenue de la Grande Armée. Mais enfin il faudrait vérifier. Transi de froid, j'ai quitté le Champ de Mars vers 17 h 30 et la foule continuait d'arriver. Et ben voyons ! Nous étions 345 000 (sic) rectifie la préfecture vers 17 h 30. Cinq mille de plus ! Ma parole, il nous prend pour des crêpes, le (nouveau) Préfet.
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Peu avant d'arriver sur le Champ de Mars, une dame d'une soixantaine d'années, m'explique les raisons de sa présence. Elle était enseignante dans un Lycée parisien. Pour des raisons de confidentialité je ne puis en dire plus. Mais elle me disait que dans chacune de ses classes (25 élèves), il y avait tous les ans 4 ou 5 jeunes, ouvertement homosexuels et en très grande souffrance et que souvent il y avait dans leurs familles une absence de père.
Divers calicots de soutien à la manifestation ornent des balcons dont l'un que je trouve délicieux : une affiche ventant les qualités d'un film dont le titre a été relooké : "La Gloire de mon parent 1". Humour ravageur.
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Comme la presse ne sait pas où donner de la tête, tantôt, faisant chorus avec monsieur BARTOLONE qui traite de ringards une partie des manifestants (on attendait mieux de la part d'un Président de l'Assemblée Nationale), elle impute aux catholiques réactionnaires la responsabilité de l'opposition au projet TAUBIRA, tantôt, reprenant le jugement de monsieur Ludovic PAUCHANT de France Info qui avait jugeant hétéroclite la manifestation du 17 novembre, elle présente ce mouvement comme composite. Or il est fait de diverses sensibilités politiques, religieuses, sexuelles, qui, dépassant des clivages partisans ou religieux sont unies sur l'essentiel : une certaine vision de l'homme. Nous avons entendu plusieurs porte-paroles des mouvements organisateurs, dont les Poissons roses (socialistes), et des élus socialistes, ainsi que divers représentants d'associations homosexuelles farouchement opposées au projet. Nous avons aussi entendu le cri de l'aînée d'une famille de sept enfants, tous adoptés, qui disait le besoin des orphelins ou des enfants abandonnés d'avoir un père et une mère. Ce cri là était poignant.
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Pendant ce temps, François-Normal Ier fait diffuser un communiqué dans lequel il affirme qu'il ne changera rien au calendrier, et que ce projet de loi sera examiné à la date prévu malgré l'opposition qu'il suscite. Qu'il se souvienne de la dernière phrase des Essais de MONTAIGNE : "Si haut que soient les trônes, on n'y est jamais assis que sur son cul". Et ma foi, à quoi sert-il ce dernier si ce n'est à recevoir parfois des coups de pieds ?
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François-Normal Ier a été élu parce que moins de la moitié des électeurs ayant exprimé un suffrage validé ne voulait pas reconduire monsieur SARKOZY. Elle pensait, cette pauvre moitié, que François-Normal Ier donnerait à tous du travail. Et non point le mariage. Si mariage pour tous il veut, qu'il commence par donner l'exemple. En tout cas il aurait tort de négliger la voix du peuple. Car le peuple (dont de très nombreux jeunes, adolescent(e)s et jeunes gens-jeunes filles) est déterminé. Et s'il faut encore manifester, le peuple manifestera, ne serait-ce d'ailleurs que pour combattre la bassesse des propos d'un Pierre BERGE qui ne voit pas de différence entre le fait de louer son ventre pour porter l'enfant d'un autre, et le fait de louer à un employeur sa force travail... Que voulez-vous, les socialistes claniques et officiels (je ne parlent pas de ceux qui suivent la voix de leur conscience et qui sont venus dire leur opposition) ont les soutiens qu'ils méritent. Je n'ose dire où ils les recrutent, mais ça n'est pas loin du caniveau.
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4 commentaires:

claude bernard a dit…

Après la manif j'ai entendu des commentaires. Notamment l'argument selon lequel les enfants adoptés qui n'ont qu'un père ou qu'une mère adoptifs sont parfaitement heureux. Et cet argument ressort constamment pour promouvoir l'adoption par les couples homo. Moi je réponds: un enfant qui n'a pas un père et une mère qu'il peut désigner est discriminé par rapport aux autres. Et tous ces gens qui ne cessent d'invoquer la discrimination, l'égalité voire la stigmatisation pour justifier l'adoption par un couple homo feraient bien de savoir qu'il vont créer des discriminés de plus et j'espère qu'ils en prennent enfin conscience. On ne promeut pas ce qui s'oppose à sa propre idéologie!

Philippe POINDRON a dit…

Cher Claude Bernard, j'ai reçu un courriel d'amis très chers qui va dans ce sens. Je vais leur demander de donner leur témoignage dans un commentaire.

claude bernard a dit…

Le nombre de manifestants enregistré par la gendarmerie après 19h heure à laquelle arrivait encore la fin d'un cortège atteint 1,300,000...

Laurence a dit…

Cher Philippe,
Quelques sincères et jolis mots de notre petite fille adoptée : au slogan "papa, maman, on vous aime" elle nous a regardé - mon mari et moi - en disant d'une petite voix ferme : "ça c'est vrai !"