vendredi 22 février 2013

Un joli relais de Bernanos

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Pioché dans une de mes lectures, au retour d'un voyage dont je n'ai pas averti mes lecteurs habituels (il y en a ! si, si !), ce jugement à la précision chirurgicale, dû à Philippe BENETON (In Le Fléau du Bien, Robert Laffont, Paris, 1983). Il concerne les clercs, les "intellectuels" que BERNANOS appelle avec tant de drôlerie les imbéciles. Oh ! Certes, on pourrait me taxer d'imbécile aussi, sauf que je ne me prends pas pour un intellectuel au sens où l'entendent des Bernard-Henri LEVY, Alain MINC etc. et tous ceux qui font profession de dispenser à la face du vent la bonne parole médiatique du politiquement correct. J'ajoute aussi, qu'à leur différence, lors de ma jeunesse, j'ai fréquenté longuement, assidûment et avec un étonnement respectueux les hommes et les femmes que nos imbéciles arrogants disent être du peuple, qui souvent avaient des sympathies pour la gauche, mais avaient un jugement sûr. J'ai plus appris auprès d'eux que je n'en apprendrai en lisant Libération.
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"La famille, les institutions traditionnelles, le marché sont des obstacles aux prétentions des intellectuels. Le savoir qui y règle les comportements n'est pas le leur : il s'agit du bon sens, de l'acquis de l'expérience, du savoir véhiculé par la tradition, de celui incarné dans les institutions, d'un savoir enfin dispersé dans tous les membres de la société. Et les préférences qui s'y expriment ne sont pas les leurs. Un système libéral (fondé sur le marché et la famille [c'est votre serviteur qui met l'expression en gras]) donne le pouvoir à l'ordinary people. Or l'homme moyen n'a ni les mêmes jugements ni les mêmes goûts que l'intellectuel et surtout, ce qui est impardonnable, il a le plus souvent l'outrecuidance de se passer de lui.
Une société libérale ne donnera jamais aux intellectuels les gratifications que peut offrir un gouvernement autoritaire et surtout totalitaire. Devenir écrivain officiel, n'est-ce pas le rêve inconscient de nombre de clercs ?" (Ah, monsieur ORSENNA, ah! monsieur ATTALI !).
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Voilà pourquoi monsieur PEILLON veut "arracher" les enfants aux déterminismes familiaux, ethniques, raciaux, religieux. Arracher, oui ! C'est le mot utilisé par un ministre que je croyais moins avide de puissance et d'utopie, et qui me déçoit. Voilà pourquoi monsieur MONTEBOURG veut nationaliser, au prix de notre ruine, des entreprises moribondes (encore que sur FLORANGE, son attitude ait été plus cohérente que celle de monsieur AYRAULT ou de monsieur HOLLANDE), voilà pourquoi encore madame TAUBIRA pousse à la destruction de la famille par sa loi d'injustice sur le mariage pour tous. Voilà pourquoi, moyennant quelques avantages non négligeables, les journalistes dans leur quasi totalité servent (servilité et serf ont la même racine) les socialistes : ils assurent leur pitance, leur prééminence sociale et les enivrent de pouvoir, en les transformant en porte-plume et  porte-coton de leur maître. 
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Les historiens anglo-saxons de la Révolution française montrent que les plus acharnés des partisans de la Terreur furent les notables (le cas de TOULOUSE est exemplaire à cet égard), gens de justice ou de lettres, journalistes de basse plume, et que les plus opposés furent les paysans et les "petites" gens. Ils prouvent que la Révolution fut la victoire de PARIS, de ses vices et de ses crimes, sur la province, et spécialement sur la campagne.
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Et s'il y a un nombre croissant de Français qui approuvent les positions du Front National, ce qui n'est pas mon cas, je le souligne, c'est bien parce que les intellectuels, relayés par de nombreux journalistes comptent leurs souffrances et leurs difficultés pour écume négligeable dans l'océan de la conception qu'ils ont d'eux-mêmes, de leur mission, de leur responsabilité. Encore une fois, il ne faut pas généraliser. Tous ne sont pas comme cela, et il y en a d'honnêtes et de très compétents, voire de très remarquables. Je pense, notamment, à Yves CALVI qui dans le monde des journalistes se distinguent par son impartialité et sa probité intellectuelle, et à d'autres intellectuels qui pensent avant de parler. Sylviane AGACINSKY fait partie de ces intellectuels-là. Les vrais.
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C'est tout pour aujourd'hui.

1 commentaire:

tippel a dit…

Philippe Poindron a dit:
"Et s'il y a un nombre croissant de Français qui approuvent les positions du Front National, ce qui n'est pas mon cas, je le souligne, c'est bien parce que les intellectuels, relayés par de nombreux journalistes comptent leurs souffrances et leurs difficultés pour écume négligeable......"
Très cher Philippe, Si vous ne changez pas en vous-même, ne demandez pas que le monde change.