samedi 11 mai 2013

Quand les Veilleurs nous réveillent

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Il n'aura pas échappé à ceux de mes lecteurs qui me font l'honneur de lire quotidiennement mes petits billets, qu'au fil des jours, ma réflexion s'est infléchie ; elle m'a permis (avec le concours admirable de Michel de CERTEAU, et de son Étranger ou l'union dans la différence) de formuler plus clairement une question qui intéresse tous les disciples de JÉSUS. La question, la voici : les chrétiens peuvent-ils se contenter de rabâcher des formules, de se crisper sur les institutions, et de confondre leurs mots avec la vérité qu'ils sont censés exprimer ?
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Il s'agit pour nous de rendre compte au monde d'une expérience personnelle de la foi, dans la fidélité à l'esprit de JÉSUS, et non point de défendre des forteresses de pouvoir, d'influences, de rayonnement humain. Voici pour commencer ce que dit mon cher Michel :
 
"Si nous ne sommes pas seulement des fournisseurs jugés sur la qualité des objets qu’ils présentent, et tenus d’offrir des vérités garanties qui éviteraient aux autres une question analogue à la nôtre ; si nous croyons à une vérité qui n’est pas seulement quelque chose de plus que le reste, mais le sens de tout langage et de tout échange, nous le trouverons d’abord dans l’expérience de cette résistance destinée à nous signifier que les autres existent et que, pourtant, nous sommes liés à eux pour exister nous-mêmes."
 
C'est en ce sens que l'expérience des Veilleurs, dans leur résistance à la loi TAUBIRA, est un véritable témoignage de disciples pour ce monde-ci. Si le monde ne nous a pas entendu pas c'est parce que nous sommes inaudibles ou que nous n'avons rien à dire. Nous sommes inaudibles parce que nous nous cramponnons à des mots, et non à du sens pour notre vie, et que nous avons été infidèles à l'Esprit de Jésus. Et si nous n'avons rien à dire, c'est que nous ne vivons pas de la foi. Bien de nos contemporains ne partagent pas nos vues ; ils ne risquent pas de les entendre si nous les considérons comme des adversaires ou comme des sauvages à évangéliser. Pour exister nous-mêmes, il nous faut accepter qu'ils existent.  Leur résistance à notre point de vue nous oblige à une plongée au plus profond de notre cœur profond : si je suis contre la loi TAUBIRA, est-ce parce que je m'arc-boute sur l'Institution  ou est-ce par fidélité à l'Esprit de Jésus qui me demande de bénir mes ennemis, de dire du bien de ceux qui me persécutent, et de vouloir pour eux le bonheur, sans le leur imposer ? Les Veilleurs, en priant silencieusement, en manifestant avec dignité leur opposition à ce qu'ils considèrent comme une offense faite à l'homme, obligent les témoins de leur prière à s'interroger eux-mêmes. Et nul ne peut savoir ce qui se passe dans le cœur du passant.
 
On ne m'en voudra pas si, par conséquent, à partir de maintenant, je place mon opposition aux innovations sociétales des actuels pouvoirs publics sur un terrain qui n'est pas le leur. Dans mes commentaires, j'ai souvent dit qu'il nous fallait vivre dans la sainteté, et corroborer par elle, la force de nos parole. C'est ce que font les Veilleurs. Merci aux Veilleurs ! Les Veilleurs nous réveillent ! Ils nous montrent le chemin : résistance dans la prière, force dans l'annonce, charité dans la dénonciation de l'iniquité, non-violence absolue. Cela ne nous interdit pas de manifester, certes non (et pensons donc au 26 mai), mais cela change l'esprit de notre résistance.
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J'ajoute enfin, et pour terminer, que je me désole chaque jour davantage de constater que, malgré une audience augmentée de ce Blog, aucun commentaire ne vient enrichir mes réflexions. Je désirerais qu'il s'établisse un dialogue avec mes lecteurs, et je n'entends que l'écho de ma voix qui crie dans le désert...

3 commentaires:

tippel a dit…

Cher Monsieur Poindron, on vous écoute, on vous lit, on attend avec impatience vos prochains billets mais, dans une France déchristianisée, vos billets sur Jésus n'intéressent probablement pas beaucoup nos contemporains absorbés par la politique. Et puis, parfois, que peut-on dire à nombre de vos billets puisque l'on est d'accord avec vous.
En outre, a-t-on envie de vous contrarier sur des choses qui ne sont pas l'essentiel, sachant que les églises catholiques, et plus encore les églises réformées, sont des nids de doux socialistes qui, au nom de Jésus, se révèlent être des Compères, Complices et Associés, des bolchevicks qui nous gouvernent depuis plus de 30 années.

tippel a dit…

"Il semble que nous tirerions davantage de bénéfice si nous nous efforcions d'être de bons patriotes et de bons enfants de Dieu"

Traîné dans la boue par les médias européens (et européistes)pour populisme, Viktor ORBAN, président hongrois, s'est exprimé devant le congrès juif mondial réuni à Budapest.

Philippe POINDRON a dit…

Cher Tippel,
merci pour cette précision. Nous ne gagnerons rien à vouloir être du monde. Nous sommes dans le monde, pour rendre témoignage à la Lumière. Rien d'autre. Ce qui ne nous empêche pas, bien au contraire, de dire notre avis, surtout quand il ne va pas dans le sens du poil médiatique. La difficulté est de le dire sans violence inutile et contre-productive ! Et dans un véritable témoignage existentiel, expérientiel, vital, je ne sais trop comment le dire. Mais enfin je pense qu'on peut me comprendre.