dimanche 9 juin 2013

La sainte avait raison... , deuxième billet du 9 juin 2013

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Qui ne se souvient de la blague que nous racontaient nos professeurs de littérature ? Ils nous parlaient de l'art de la critique littéraire, et parfois nous citait SAINTE-BEUVE. Pour détendre l'atmosphère, ils évoquaient  la dissertation d'un cancre sur une opinion du critique, un cancre qui avait conclu son poulet squelettique par cette mention laconique, en quoi tenait tout son discours :  "Conclusion, la sainte avait raison".
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Voilà un petit passage qui doit faire réfléchir et que l'on doit à celui que PROUST a condamné sans appel, à cet homme que des étudiants ont contraint à la démission de sa chaire du Collège de France au motif qu'il s'était rallié à l'Empire. (L'intrusion de la gauche politique dans la vie de l'esprit a de lointaines racines... )
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"DESCARTES a tué la philosophie de l'école, mais il a établi la philosophie de cabinet, non celle de la vie... L'homme qu'il décrit est l'homme de cabinet, celui qu'on trouve et qu'on se forme (fingere) en réfléchissant tout un hiver enfermé dans un poêle (je suppose que SAINTE-BEUVE fait ici référence à un passage des Essais dans lequel MONTAIGNE dit en effet "Un jour, alors que je cogitais en mon poêle", c'est à dire "dans ma chambre") et qu'aussi les moderne néo-cartésiens ont cru trouver plus ou moins du fond de leur fauteuil psychologique. Dans l'étude de l'anatomie, quand on en est aux fibres déliées du cerveau, il faut prendre garde de créer avec l'instrument de dissection l'apparence de l'organe qu'on donne ensuite comme réelle et comme trouvée. Ainsi, dans l'anatomie psychologique, on crée souvent avec la pointe de l'esprit, la division qu'on s'imagine au même moment observer. L'esprit humain, a-t-on dit, a la merveilleuse faculté de tourner sa lunette partout où il lui plaît, et de s'y créer des mondes. Mais que cela est plus facile quand la lunette se tourne uniquement du dedans."
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Je dois dire que ce passage est particulièrement pertinent pour le biologiste que j'ai été dans une vie passée. C'est précisément en refusant de considérer que le motoneurone avait une existence isolée, déconnectée de sa cible, le muscle, que nous avons démontré, dans le laboratoire que j'ai eu l'honneur de diriger, l'origine musculaire de l'amyotrophie spinale infantile. Voilà qui nous a valu bien des railleries lorsque nous avons avancé cette conclusion, publiée en 1996 dans le prestigieux journal Lancet, mais elle est aujourd'hui universellement admise et confirmée par des voies expérimentales différentes de celles que nous avions utilisées. On peut toujours avancer que l'homme peut choisir son genre, s'auto-construire, échapper à ses déterminations, voire être arraché à elles par les vertus incantatoires et quelque peu totalitaires de ce bon monsieur PEILLON. C'est tout simplement faux. Et tout ce qui est faux dans l'ordre de l'esprit déconnecté du réel est condamné à périr. L'homme a un père, une mère, une langue, habite un pays donné ; il ne peut en être séparé sauf à être réduit à une idée de cabinet... La perspective idéaliste des socialistes les conduit à ne pas comprendre l'homme ; en revanche, elle leur permet de s'emparer du pouvoir avec facilité. Le réel, en effet, est ce qui nous résiste. L'imaginé, l'idéalisé ne nous résiste guère, et même, il nous enchante.
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Je conclus donc : la sainte a vraiment raison.

1 commentaire:

claude bernard a dit…

Oui la sainte et les saints ont raison. Il faut le dire le proclamer l'expliquer. Cela on ne cessera pas de le faire. Ce sera notre manifestation , la proclamation de la vérité. On ne cherchera pas à l'imposer à personne. on veut qu'en toute liberté un par un on parvienne à les convaincre c'est à dire à les convertir à une position que nous savons bonne pour le monde. Agir pour ce qui est bon pour le monde n'est-ce-pas cela, LA POLITIQUE, la RES PUBLICA ?
Claude Bernard