jeudi 6 juin 2013

Ma soirée avec les Veilleurs. Deuxième billet de ce jour

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Plutôt que de lancer dans une grande justification rationnelle des opposants à la loi dite Taubira, une justification qui servirait de réponse au commentaire d'Aerelon, ainsi que j'avais promis de le faire, je préfère témoigner de ce que j'ai vécu hier soir. Je vais m'inspirer des principes énoncés en début de veillée par un des animateurs de cette soirée, Axel. Au passage, je vous demande d'aller voir le premier billet de ce jour, intitulé Nouvelles de la Résistance.
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Le jour commence à baisser. Nous arrivons, Antoine, un ami, et moi, par la rue Mazarine sur le parvis de l'Institut de France où déjà sont sagement assises silencieuses plusieurs rangées de participants (20 à 25) s'étalant sur toute la largeur de l'escalier monumental donnant sur la coupole, et la débordant même assez largement. Ils attendent que commence la veillée. Il est 22 heures. Je ne puis décrire avec de pauvres mots ce que nous avons vécu hier soir. C'était d'une telle richesse, d'une telle densité qu'il n'est pas encore possible de saisir l'ampleur de la Révolution silencieuse, ignorée des médias, moquée par le pouvoir et les imbéciles (au sens de BERNANOS), en train de naître sous les yeux d'abord incrédules, puis enthousiastes des Veilleurs que nous sommes. Il y a là environ 500 personnes, en très grande majorité des jeunes, mais pas seulement. Un petit sondage express indiquera dans quelques minutes qu'un tiers des présents n'a jamais participé à une veillée. Les animateurs de la veillée ont environ 25 ans. Il n'y a pas de cars de police, mais seulement une voiture blanche banalisée qui pourrait bien y appartenir.
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Magnifique introduction d'Axel. Nous sommes ici pour créer de la paix, du lien social, et ce travail ne peut se faire sans un travail préliminaire sur soi-même ; j'en résumerai le but ainsi : trouver la paix intérieure, rejoindre son identité profonde, changer notre regard sur nous-mêmes et sur les autres, promouvoir la justice, le respect de l'homme, une vision réaliste (au sens philosophique) et non point désincarnée de ce dernier. Axel souligne que depuis DESCARTES et son cogito, le corps est ignoré, et même nié, de sorte qu'il devient possible d'en faire n'importe quoi.
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Des lectures, des chants (celui de l'hymne des Veilleurs : Même le plus noir nuage etc.). La soirée est consacrée au thème de la justice. Lecture d'une Fable de La Fontaine (le loup et l'agneau), bel exemple de la mauvaise fois du détenteur de la force, intervention d'un avocat qui indique (entre autre) qu'en France, aucune loi n'autorise la rétention et la garde à vue d'un manifestant, même si la manifestation n'est pas autorisée. A ceux qui ont été victime de l'arbitraire, il est possible de contacter le site liberte.pour.tous  (je donne l'adresse de mémoire, cf. Internet) ; intervention d'un juriste sur le thème du droit naturel, lecture par Elisabeth d'un texte de Leo STRAUSS (je le donnerai intégralement demain), d'un extrait du Procès de KAFKA (un texte terrible si l'on transpose à ce que l'on fait faire à la justice). Envolée dans le ciel de quatre petites montgolfières gonflés à l'air chaud, quelques citations dont celle-ci (sur laquelle je reviendrai) puisée chez ARISTOTE : "La politique est l'art de gouverner des hommes libres".
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Rappel aussi à la nécessité de la formation, de l'engagement, sans exclusive : syndicats, associations, paroisses ou groupes religieux (toutes les religions sont nommées), participation aux universités d'été des divers partis (ils sont nommés) en fonction de ses options politiques (et donc sans exclusive). Rappel de la nécessité absolue de traiter sur le même pied les gardés en vue qui sembleraient peu recommandables en regard de leurs activités délictuelles et les gardés à vue injustement retenus, car la justice ne se divise pas. Nécessité de créer un habeas corpus. Il est possible en France d'être retenu par la police sans que celle-ci soit tenue de justifier  la rétention par une inculpation.
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Vers 22 h 30, annonce des initiatives : le travail des Veilleurs est un travail de longue haleine. Au mois de juin, et sans doute de juillet, veillée hebdomadaire tous les mercredis soirs. Au mois d'août, grande marche à travers toute la France. Si vous avez envie de faire bénéficier les organisateurs de la marche de vos talents, faites-le leur savoir en envoyant un courriel à  veilleurs.benevoles@gmail.com. Reprise des veillées hebdomadaires en septembre. En hiver, réduction du rythme à une veillée mensuelle (en raison du climat).
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J'avais promis de n'être point agressif. Je crois avoir répondu de manière indirecte à Aerelon. Je complèterai demain par le texte de Léo STRAUSS, dont Madeleine m'a gentiment donné copie. Nous ne luttons pas contre une Loi, mais contre la conception désincarnée de l'homme qui l'inspire ; nous ne cesserons jamais de défendre une vision corporée, sexuée, réelle de ce qu'il est.

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