dimanche 9 juin 2013

Nouvelles de la Résistance, premier billet du 9 juin 2013

-
Je reprends ici un article pioché sur le site de France Info. En rouge, je mettrai mes remarques sur cette information, et je m'efforcerai de vous montrer comment il est possible de manipuler ses lecteurs.
-
"Le maire divers droite d'Arcangues, dans les Pyrénées-Atlantiques, et tous ses adjoints, ont informé le préfet qu'ils ne célébreraient aucun mariage homo dans la ville. Un refus qui peut coûter cher : jusqu'à cinq ans d'emprisonnement et 75.000 euros d'amende en cas de plainte ; une suspension, voire une révocation, en conseil des ministres. (Ouh ! Il est à droite ! Méfiance, méfiance !)
C'est peut-être la ville de Luis Mariano - icône homosexuelle s'il en est - mais Arcangues, dans les Pyrénées-Atlantiques, ne célébrera aucun mariage gay. Le maire du village, maire depuis 31 ans, en a informé la préfecture, précisant au passage qu'aucun de ses adjoints ne le ferait non plus. (En quoi cette mention des 31 ans est-elle vraiment informative? N'est-ce pas pour suggérer qu'il est temps pour ce maire de s'en aller ? C'est bien le cas, si j'en juge par les commentaires divers postés par plusieurs lecteurs qui réagissent à cet article).
 "J'ai en effet été saisi d'une demande", confirme Jean-Michel COLO, le maire. Une demande présentée fin mai par un couple d'hommes. "Chacun fait ce qu'il veut quand il ferme la porte de sa chambre, mais si on me demande en tant que maire de cautionner cela, alors là je suis très mal à l'aise".
 
 Jusqu'à cinq ans d'emprisonnement et 75.000 euros d'amende. (II s'agit d'un intertitre.)
 
 
 (Le but de cet intertitre est de faire peur à ceux des maires qui seraient tentés d'imiter monsieur COLO. Les Résistants les encouragent à prendre ce risque. Ils les soutiendront de leurs actions et de leurs moyens financiers. Et je doute que si 10 000 maires en font autant, il y ait 10 000 procès !)
Et Monsieur le maire de dénoncer le changement de position de François Hollande qui, en novembre dernier, avait évoqué une "clause de conscience" avant de se raviser. (L'usage de "monsieur le maire" est subtilement ironique et destiné à marquer la distance que le journaliste prend avec monsieur COLO ; faites l'exercice suivant : remplacez "monsieur le maire", par "le maire" ou par "monsieur COLO", et jugez vous-même de la différence de ton. Cette mention est ce que l'on appelle une "connotation du discours")

Il a écrit à la préfecture pour l'informer que sa mairie cesserait "tout acte d'état-civil". Une mesure rendue possible, selon lui, par le code des collectivités locales. Il ne s'agirait donc pas d'un refus d'appliquer la loi, mais d'une non-application de l'ensemble des compétences de l'exécutif municipal en matière d'état-civil. Nuance... (L'usage du "selon lui" suggère que le journaliste ne croit pas qu'il ait raison ; il veut nous faire comprendre que c'est une fausse interprétation de la loi. Remplacez "selon lui" par  "il avance" ou "il se fonde sur le code etc. Et voyez le résultat que ça donne pour le sens général. Le conditionnel "s'agirait" sert le même dessein. Quant à "nuance", il est aussi une marque d'ironie et surtout de scepticisme du journaliste. Il est évident qu'il est partisan du  droit positif, mais un partisan qui ne réfléchit guère aux implications de ce choix. La loi peut être injuste, inique et immorale. Et les droits de la conscience sont supérieurs aux exigences d'un état totalitaire, heureusement d'ailleurs, sinon HITLER aurait eu peu d'opposants à ses abominables décisions. Bien entendu, on ne peut comparer la loi TAUBIRA et les lois antisémites dans leurs implications  sociétales immédiates mais elles s'inspirent des mêmes principes juridiques, ceux du droit positif. Voir le billet consacré à un passage de Léo STRAUSS)
Dans un communiqué diffusé dans la soirée, la préfecture a mis les points sur les "i" : "le droit au mariage, inchangé depuis 1804, ne connaît aucune dérogation." Qui plus est,  en vertu du code pénal, un maire peut être condamné pour discrimination en cas de dépôt de plainte et risque "jusqu'à cinq ans d'emprisonnement et 75.000 euros d'amende". Le maire peut aussi être suspendu en Conseil des ministres, voire faire l'objet d'une "révocation"." (Le journaliste, sans le dire, en mentionnant la réponse préfectorale, partage entièrement le point de vue oppressif de la loi, et il renforce cette impression en indiquant au début du rappel préfectoral : "a mis les points sur les "i", et il réitère les menaces. C'est ce qu'on appelle de "l'information".)
-
L'article est une manipulation subtilement grossière de l'opinion. Des faits avérés, certes, sont avancés, mais ils sont toujours associés à des connotations ironiques, sceptiques, ou politiques. C'est ainsi que France-Info Solferino nous manipule depuis des années. J'ajoute qu'aucun des commentaires que j'ai pu faire aux divers articles publiés sur le site de cette radio n'a eu l'heur de plaire au modérateur et n'a été publié. Je me rattrape donc comme je peux, tout en reconnaissant que la loi du genre journalistique est celle de l'anecdotique et du piquant, et non point celle du recul, de l'empathie et de l'argumentation. En somme, et à son insu peut-être, ce journaliste est-il lui-même manipulé ou empoisonné par le "politiquement correct", ou s'accroche-t-il à sa pitance comme il peut pour ne point déplaire au Prince.

Je vous encourage aussi, et j'encourage notamment TIPPEL, à regarder la vidéo due au Dr Salim LAIBI, dont le lien vous est donné ci-dessous. Bien entendu, il y a des jugements sur les hommes qu'à partir d'aujourd'hui je m'interdis d'approuver. L'intérêt de cette vidéo vient de ce que l'intervention est celle d'un musulman cultivé et courageux.

http://www.youtube.com/watch?v=LXa4Fom8WuM
-
 
 

1 commentaire:

tippel a dit…

Cher monsieur Poindron, je vais vous décevoir encore une fois mais ce SALIN LAIBI n’est pas malgré ce discours flatteur sur le mariage homo de mes idées. Il est un fin militant dont je ne partage pas, mais pas du tout les idées qu’il développe dans de nombreux domaines.