mardi 25 juin 2013

Nouvelles de la Résistance ; Sylvain Mouillard vu par un Veilleur, premier billet du 25 juin 2013

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Sylvain MOUILLARD a très certainement de beaux jours devant lui, enfin au moins jusqu'aux prochaines élections présidentielles. Il a commis dans Libération un article sur les Veilleurs de VERSAILLES qui est un chef-d'oeuvre de nullité littéraire, d'approximations, de jugements, d'ironie lourdes et douteuses et de désinformation. Mon âge - je n'ai plus 20 ans, bien que je sois fort vaillant et en fort bonne santé - et la longue expérience que j'ai de la jeunesse, de par ma profession, me donne à penser qu'il doit être un de ces jeunes journalistes de gauche qui trempe dans un réservoir d'idées toute faites et trouve ses mots dans un dictionnaire complètement déconnecté de la réalité. Un bon conseil : fuyez comme la peste les articles signés Sylvain MOUILLARD. Je crains que vous ne fassiez une attaque, un raptus clastique, ou que, sous le coup de la colère, vous en fassiez une fausse route en prenant votre petit déjeuner. (Vous ne rêvez pas : il est bien 4 h 20 du matin au moment où je publie ce billet.)
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Ce n'est point par hasard que Sylvain MOUILLARD a choisi VERSAILLES comme lieu de "reportage". VERSAILLES, cette ville haïssable où des familles nombreuses, souvent catholiques, mais pas toujours, souvent aristocratiques, mais pas toujours non plus, vivent et pas forcément dans l'opulence. Voici donc ce "reportage" et en rouge mes remarques.
 
 
"REPORTAGE Depuis mi-avril, ce collectif réactionnaire défend pacifiquement «l’ordre naturel».
Par SYLVAIN MOUILLARD"
 
Notons d'emblée que Sylvain MOUILLARD plante la scène : il s'agir d'un collectif (curieux terme pour désigner un mouvement spontané, curieux terme en effet que l'on applique d'ordinaire à des actions syndicales ou associatives) REACTIONNAIRE (ah ! la honte), qui défend "l'ordre naturel". La connotation de jugement est indiqué par l'usage de l'adjectif réactionnaire, et l'opinion que l'auteur du poulet a de l'ordre naturel est marquée par la mise entre guillemets de l'expression. Dès lors, plus de débat possible. Les Veilleurs sont des versaillais réactionnaires qui défendent un ordre inexistant, issu de leur fantasme religieux, social ou politique. Que depuis des siècles, des philosophes d'immense pointure discutent entre eux ou pour eux-mêmes de l'ordre naturel, pour en affirmer l'existence ou la nier, monsieur MOUILLARD n'en a cure. Il sait lui que cet ordre n'existe pas, il le dit, il l'affirme, avec la tranquille assurance d'un imbécile (cf. BERNANOS). Il va donc lui falloir du talent pour administrer la preuve qu'il n'en est pas un ; cf. BERNANOS toujours).
 
Ils ("Ils" ! vous vous rendez compte. "Ils" : quel contenu de mépris il y a derrière ce "Ils". Le pronom aurait pu être utilisé en reprise dans une phrase secondaire et pour ne pas avoir à répéter le même mot :  les "Veilleurs" ; on aurait compris cette délicatesse stylistique) arrivent par petites grappes (?), en silence. Prennent place derrière une banderole plaquée (pourquoi "plaquée" et non point "placée", "déployée, "posée" ? Réfléchissez : quelque chose de plaqué est quelque chose de surajouté, d'artificiel ; le choix de ce vocable est peut-être inconscient, mais il est signifiant)  au sol, bardée (même remarque : que signifie "bardée" ; d'ordinaire, on a la poitrine bardé de décorations, les murs d'un chalet sont bardés de tuiles en bois, que sais-je encore ? ; là encore le choix du mot est connotatif)  des mots «respect», «amour», «paix», «non-violence» (Et alors ; sont-ce là des mots qui vous brûlent la langue ; est-il honteux de préférer le respect à l'injure, l'amour à la haine, la paix à la guerre, la non violence, à la violence ; vous fait-on le procès d'utiliser les mots de solidarité, d'antiracisme, de fraternité, de liberté, d'égalité, toutes choses que je crois BONNES et auxquelles je souscris entièrement ?). Tous ont une bougie (d'où l'ironie légère comme une tonne de plomb qui dans le titre parle de "Veilleurs allumés"), qu’ils déposent soigneusement à leurs pieds. Jeudi, 21 h 30 sur la place du marché, à Versailles. Les "Veilleurs" (souffrez monsieur MOUILLARD que je vous décrive comme "journaliste" entre guillemets) des Yvelines se sont donné rendez-vous pour une nouvelle soirée de méditation (Non monsieur le "journaliste", les Veilleurs ne font pas de méditation ; ils cultivent le silence, certes, mais leur mouvement est fondamentalement culturel. Vous ne pouvez le nier. J'ai, moi entendu des textes de JAURES, de Jules FERRY, de SOLJENYTSINE, de Martin Luther KING, de KAFKA, pas à VERSAILLES, il est vrai, mais à PARIS). Ce comité - l’un des plus actifs (vous avez fait une enquête pour nous asséner que ce comité est l'un des plus actifs du pays, ce qui aurait pour effet d'accréditer l'idée imbécile que les Veilleurs ne sont jamais qu'un Collectif de réactionnaires inspiré par des Versaillais ; suivez mon regard et pensez à la répression de la Commune par les "Versaillais")  parmi les 150 du pays - organise sa sixième «veillée» contre la loi sur le mariage pour tous (Non, monsieur, pas seulement, et c'est cela que vous ne voulez pas voir ; nous revendiquons un renouveau de la vie démocratique, une culture qui soit une culture nourrie des œuvres de tous les créateurs, aussi bien anciens que contemporains, une culture vivante, grouillante, multiforme, populaire, ou savante, exotique même, mais VIVANTE) . Une foule de tous âges, blanche dans son immense majorité (et alors ? c'est grave docteur ? ; vous savez, parmi les blancs il n'y a pas que des caucasian  comme disent les américains ; il faut revoir vos catégories et puisque vous vous faites le champion de l'antiracisme, vous devriez avoir honte d'utiliser de tels arguments) s’assied tranquillement en tailleur. Les plus prévoyants ont des sacs plastique ou de vieux journaux pour s’isoler du sol humide. La plupart sont catholiques pratiquants (car bien évidemment, vous avez fait une enquête de sociologie religieuse, avec questionnaire validé). Mais ils insistent (pourquoi "insistent" et non pas "réaffirment" ; changez le mot, très chers et improbables lecteurs et voyez ce que donne le changement «Notre mouvement est apolitique et non confessionnel.» (Cela est parfaitement vraie ; demandez donc à KAMEL ou  à AQUILA qui revendiquent à la fois leur adhésion à l'islam et au mouvement des Veilleurs, mais qui n'ont JAMAIS demandé à rentrer A CE TITRE dans cette action. Ce mouvement est politique, si, mais pas comme l'entend cet imbécile bernanosien. Il est politique au sens de Simone WEIL qui a prôné la suppression générale de tous les partis politiques ; lisez son essai, et lisez le commentaire qu'en a fait ALAIN, à supposer que vous sachiez qui il est. Nous ne nous reconnaissons pas dans ces systèmes de division et de guerre civile dont votre prose, monsieur, est l'illustration la plus parfaite, dans ces systèmes de partis qui n'ont d'autre but que de répartir les bons postes entre ceux qui ont la responsabilité du pouvoir). 
 «Etre fragile». Depuis mi-avril, ils se réunissent au même endroit, tous les jeudis. Au programme : des chants scouts et militaires (mais dites-moi, monsieur MOUILLARD, ne célébrâtes-vous pas l'engagement de notre armée au MALI ? Là les chants militaires seraient-ils de rigueur, utiles, patriotiques, bienvenus ?), des lectures de textes de Ionesco, Saint-Exupéry… (pas que, aurait dit Francis BLANCHE comme dans les Tontons Flingueurs). L’ambiance est studieuse. Il ne faut pas rester debout, les ados qui parlent un peu trop fort sur les côtés se font ramener à l’ordre (normal, cher monsieur, normal). Les quelque 200 participants sont convaincus d’être l’avant-garde éclairée de la «résistance» (Mais ils le sont cher monsieur, ils le sont et vous aurez bientôt l'occasion de vous en rendre compte)«Souvenez-vous de Jean Paul II, notre bon pape (Il valait bien le clergé laïc dont monsieur PEILLON veut gratifier la France et son éducation nationale)  : n’ayons pas peur d’affirmer nos convictions», lance Pierre, un des organisateurs (Vous le faites bien, vous, Sylvain MOUILLARD, et nous n'aurions pas le droit d'en faire autant ?). Chaque intervention est saluée par l’assistance, qui agite les mains en l’air en signe d’approbation. Pendant deux heures, on entend sans discontinuer les mêmes récits (Ah ? Les quels ? . Ceux d’une «démocratie bafouée» et d’une attaque contre «les fondements de notre civilisation». Il s’agit de défendre «l’ordre naturel» (même remarque que plus haut)  ainsi que «l’enfant», cet «être fragile» (Avez-vous des enfants monsieur MOUILLARD ? Avez-vous vu un nouveau-né sortir du ventre de sa mère, si vous n'en avez pas ?). Régulièrement, un intervenant rappelle que le mariage, c’est «l’union entre un homme et une femme en vue de procréer» (Ceci est une sélection hâtive de ce que disent aussi bien les catholiques que d'autres confessions ou d'autres courants de pensée ; je vous renvoie à l'Utopie de Thomas MORE ; vous connaissez  saint Thomas MORE, je suppose. Il dit des choses sur le plaisir qui sont de très bon aloi pour les Gaulois que nous sommes). Surtout pas l’officialisation de l’amour de deux personnes de même sexe, «même si on n’a rien contre les homosexuels» (Faut-il donc être marié pour officialiser un amour ? Dans ce cas, fort peu de nos couples contemporains administrent à l'aveugle et sourd que vous semblez être, la preuve d'un amour authentique)«Il est inconcevable que des personnes stériles de fait puissent se marier et demander des enfants», résume Eric, grand gaillard de 56 ans. (C'est bien tout le problème ; ce désir d'enfant ne sera jamais totalement satisfait ; à dire vrai, je ne vois pas comment, en effet, il est possible de faire naître un enfant sans l'intervention d'un gamète mâle et d'un gamète femelle, c'est-à-dire sans PMA ni GPA ; tenez ! allez donc voir l'affaire de SAINT-BRIEUC et de la mère porteuse qui voulait garder l'enfant conçu en elle avec le sperme d'un  homme dont la femme était stérile et qui lui avait acheté la gestation.)
Je ne veux pas vous lasser et vous invite à faire la même analyse pour la suite du discours que je mets sur fond coloré. Discours connoté, sans objectivité ni impartialité, sans bienveillance, discours de haine recuite et d'idéologie mal digérée, de fragilité intellectuelle certaine. J'accepterai bien volontiers de débattre avec vous, cher monsieur MOUILLARD. Je vous promets si vous acceptez ce débat, de le faire le plus sereinement possible et sans adopter le ton polémique que je me suis borné ici à vous emprunter, pour montrer combien, consciemment ou non, vous offensez l'esprit de concitoyenneté. Chiche ?
 
Suite non commentée de l'article.
 
"Au micro, Benoît mène la soirée. Il fustige le gouvernement, «ses mensonges» et «ses humiliations», avant de s’attarder sur les arrestations de dimanche soir aux Invalides, à l’issue du défilé de «la manif pour tous». «Il y a une suspicion que les débordements ont été provoqués par les forces de l’ordre», croit-il savoir. Le jeune homme fait un récit épique de la nuit qui a suivi. Il est question de manifestants, «les yeux rouges et remplis de larmes», assaillis par des «hordes de CRS», mais qui «se serrent très fort» et font face, «silencieux et paisibles». Tant et si bien qu’un CRS «hésite à les rejoindre et à allumer une bougie à son tour».
Points Godwin. Les Veilleurs ont aussi leurs martyrs. Comme cet officier de réserve, formé à Saint-Cyr, dont la lettre est lue pendant de longues minutes. Le militaire témoigne de son arrestation «arbitraire». La foule acquiesce, atterrée. En deux heures de cérémonie, les points Godwin s’enchaînent. «Ce qui se passe aujourd’hui est aussi grave que ce qui a été fait pendant la Seconde Guerre mondiale. Il n’est pas pire d’obliger quelqu’un à porter une étoile jaune que de priver un enfant d’un papa et d’une maman», lance Benoît, le maître de cérémonie. On parle d’un «carcan totalitaire», de «rafles policières», d’une théorie du genre «révisionniste».
«L’idéologie du genre», justement. Voilà le nouveau combat des Veilleurs, qui peaufinent leurs éléments de langage pour les semaines à venir. Contre ce «rouleau compresseur qui nie la différence des sexes»,il faut se mobiliser. Les «défenseurs de la civilisation» manifesteront lundi devant l’Assemblée nationale contre le projet de loi Peillon sur la refondation de l’école. «On sait que la situation est difficile, reconnaît pourtant Eric. Il ne nous reste plus que l’espérance.» Amen".
 
La conclusion "Amen" est vraiment un chef d'oeuvre  de bêtise, mais elle cadre bien avec la teneur générale du texte qui vise à discréditer un message en discréditant ses messagers. C'est une méthode très employée par GOEBBELS. Il faut revoir votre copie, cher Sylvain. Personne ne vous oblige à renoncer à vos convictions, mais nous sommes en droit d'exiger de vous plus d'objectivité, moins de hargne, moins d'insinuations. Vous avez du boulot sur la planche !

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