jeudi 18 juillet 2013

Nouvelles de la Résistance : même les Chinois...

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Le Shi jing fait partie des livres canoniques confucéens. Il s'agit d'un recueil de poésies et d'hymnes, d'où le nom qu'on lui donne aussi en français de Livre des Odes. J'ai trouvé ce poème prophétique (Partie III, Livre II, Ode 10) qui s'adresse à tous les tyrans, dictateurs, ou gouvernants autoritaires. On dirait qu'il a été écrit (il y'a plus de deux millénaires !) à l'intention de monsieur HOLLANDE à qui il pourrait être en effet dédié :
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"Le Ciel nous envoie des calamités,
Ne prenez pas un air de suffisance.
Quand le Ciel agit ainsi,
Ne restez pas dans l'indifférence !
du Ciel,

Si vos paroles étaient aimables et polies,
Le peuple aussi vivrait dans l'harmonie.
Si vos paroles étaient empreintes de respect,
Le peuple alors vivrait dans la paix !
Le Ciel nous oppresse,
Ne vous moquez pas de notre détresse !

Quand le Ciel manifeste sa colère,
Ne vous pavanez pas
Et ne vous vantez pas !...
Car le Ciel illumine le peuple,
Et la flute de bambou
Répond au pipeau de porcelaine
Comme les deux moitiés d'une houlette
Ne font qu'un seul et long bâton.

Révérez donc la colère du Ciel,
N'ayez pas l'audace d'en rire
Ou de vous en moquer.
Révérez les motions du Ciel,
N'essayez pas d'y échapper.
Le Grand Ciel voit tout
Et dans tous vos errements,
Le Grand Ciel est votre témoin."
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In Marcel HERTSENS. Sagesse éternelle de la Chine. Pensées et préceptes. Avec la collaboration de Marie Ina BERGERON. Collection Chemin de Lumière. Éditions du Centurion, sans mention de lieu, 1970.
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Jamais je n'ai lu de textes plus percutants et plus adaptés à la situation actuelle de notre patrie que ce poème initialement écrit pour condamner le comportement indigne d'un Fils du Ciel qui se prenait "pour une fin en soi". Le traducteur introduit le poème de la manière qui suit : "Les dépravations de ce Prince, ne remplissant son rôle de médiateur, provoqua immédiatement calamités et misères fondant sur le peuple."

Monsieur HOLLANDE ("Moi Président je") prend un air de suffisance. Il était content de sa performance lors de l'interview qu'il a accordée le 14 juillet. Ses paroles ne sont ni aimables ni polies ni empreinte de respect, bien qu'elles soient simplement réfractées par un entourage courtisan (ah ! monsieur BERGE !) qui ne fait que les rapporter. Le peuple ne vit pas dans la paix (attendons-nous à de gigantesques manifestations sociales eu début de septembre et à la poursuite d'une opposition résolue contre les innovations sociétales folles de ce Président et de son Gouvernement). Le ciel en effet illumine le peuple qui commence à comprendre qu'il a été floué par un menteur et qui voit pleuvoir sur lui des mesures coercitives ou financières insupportables : suppression des 10 % donnés aux retraités ayant élevé trois enfants ; augmentation de la TVA, modification (motivée du reste) du régime des retraites alors que le PS s'était opposé à celles qu'avait mise en place le Président SARKOZY, augmentation du prix des cigarettes, augmentation des droits de mutations (0,7 %, ce qui n'est pas rien), suppression du régime de faveur accordé aux heures supplémentaires, limitation à 120 km/h de la vitesse sur les autoroutes, suppression des 10 % d'abattement sur les pensions, obligation prochaine d'avoir une boîte noire sur les voitures, obligation de recevoir un enseignement sur la théorie du genre (monsieur CHATEL avait commencé il est vrai). Monsieur HOLLANDE se moque de ses opposants qu'il a refusé d'entendre, de recevoir, dont il n'a pas voulu prendre en considération les arguments, dont il a fait mettre au panier la pétition citoyenne parfaitement constitutionnelle. Il ne révère pas la colère du Ciel, il n'y croit simplement pas, et - petite différence d'avec la fin du poème - il ne tente pas d'y échapper. Mais le Grand Ciel est bien le témoin de ses errements. Lui seul est responsable ; lui seul aura des comptes à rendre.
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Car ce poème exprime bien la résistance de tout un peuple, le peuple chinois, aux iniquités d'un roi de la dynastie ZHOU, prototype des gouvernants incapables, tyranniques et déconnectés du réel. Mais par delà la situation de l'époque, il garde cette valeur éternelle de condamnation de l'iniquité. Notre résistance ne fait que commencer. Je vous invite à diffuser ce poème terrible. Et je vais l'envoyer aux Veilleurs.
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Voilà que dans la chaleur de l'été, la loi modifiant les conditions de recherche sur l'embryon humain a été votée. (Cette loi est parfaitement inutile ; j'ai déjà parlé des travaux de YAMANAKA sur les cellules pluripotentes induites qui permettent d'obtenir des cellules embryonnaires en modifiant l'expression des gènes de cellules adultes). Ainsi, il est condamnable d'utiliser des animaux, embryons compris, pour la recherche médicale et pharmacologique, mais il est licite de le faire pour des embryons humains. Voilà qui en dit long sur la conception que ces gens ont de l'homme. Le fond de notre résistance est là : non à la marchandisation du corps humain, non  ces folies. Non à ce matérialisme bassement marchand. Oui au partage, à la bienveillance, à la sobriété de la consommation. Non au tout fric ! Non au cul à tout va ! Non au commerce éhonté mondialisé qui pille les pauvres au profit de quelques nantis.


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