mercredi 21 août 2013

Nouvelles de la Résistance : que le jugement repose sur une relation authentique avec le passé, premier billet du 21 août 2013

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Il y a quelques jours, j'ai fait allusion dans un billet au livre remarquable qu'Hannah ARENDT a consacré à la philosophie politique de KANT (Juger. Sur la philosophie politique de Kant). A dire vrai, KANT n'a jamais élaboré de philosophie politique, et tout le travail d'Hannah ARENDT consiste à déduire cette philosophie de ce que KANT a dit du jugement esthétique. Ronald BEINER consacre un essai à cet ouvrage. L'abord en est difficile. Néanmoins, il jette quelques lumières fulgurantes sur la faiblesse de la pensée politique de nos actuels gouvernants, monsieur PEILLON en tête.
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Rappelons d'abord ce que dit le ministre de "l'éducation nationale" que je préférerai appeler le ministre de "l'endoctrinement national". Pour lui l'histoire de France commence avec la Révolution et il est inutile, dangereux et politiquement improductif (pour son clan, cela va sans dire) de faire la moindre allusion à ce qui se vivait en France sous l'Ancien Régime. Cette manière de voir, partagée par ses collègues du gouvernement, une manière qui nous a valu la loi que nous combattons, prive les personnes du pouvoir de juger, c'est-à-dire d'attribuer une valeur à telle action, tel acte, telle initiative.
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Ronald BEINER explique lumineusement en quoi ce point de vue est gros de danger. "L'ascendant croissant du pouvoir de la volonté (analysé par HEIDEGGER) est cause du concept moderne de progrès historique, qui, à son tour, constitue une menace pour la faculté de juger : car le juger repose sur une relation authentique avec le passé. Dans la mesure où l'on épouse l'idée d'un progrès de l'humanité et où l'on subordonne, de ce fait, le particulier (l'événement) à l'universel (le cours de l'histoire), on renonce à la dignité qui provient de ce qu'on juge le particulier pour lui-même, indépendamment de sa relation à l'histoire universelle du genre humain." Et BEINER note que le travail d'Hannah ARENDT sur KANT se termine sur l'idée que croire au progrès veut dire "qu'il n'est pas de lieu où nous puissions nous arrêter pour poser sur le passé le regard rétrospectif de l'historien".
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Il est très important de souligner qu'Hannah ARENDT a énormément travaillé la question du totalitarisme. Sa conclusion éclaire tout à fait les raisons pour lesquels les "progressistes" font passer par profits et perte les horreurs révolutionnaires des guerres de Vendée ou du 10 août 1792 (où des émeutiers on cloué à coup de baïonnette sur le corps de son père assassiné un enfant de 10 ans) au regard de l'immense avancée que constitue selon eux la conquête de la liberté (!), de l'égalité (!!) et de la fraternité (!!!). La même myopie explique pourquoi l'on encense CHE GUEVARA qui fumait le cigare pendant qu'on fusillait sous ses yeux des dizaines d'opposants cubains à FIDEL CASTRO). La même considération progressiste fait ignorer à madame TAUBIRA les leçons du passé, sur la famille, la filiation, la paternité, la maternité. Or la culture, n'en déplaise aux adeptes de la "modernité", c'est bien l'ensemble des savoirs, des techniques, des pratiques artistiques, des conduites sociales, etc. que nous ont transmis nos ancêtres pour nous éviter d'avoir à refaire le même chemin qu'eux. En somme, nos gouvernants veulent nous empêcher de penser en nous empêchant de juger. Eh bien je ne marche pas dans la combine ! Et la pensée d'Hannah ARENDT me paraît autrement plus profonde et articulée que les fumeuses idées de nos ministres.
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