vendredi 11 octobre 2013

Effet papillon

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Tout semblait perdu. La France était battue, occupée par les Allemands, à terre. Il s'est alors levé des hommes qui ont décidé de lutter contre l'oppression, le déshonneur, la tyrannie et le crime. Les uns l'ont fait dans l'ombre ; d'autres, plus ouvertement et au péril sinon de leur vie, du moins de leur liberté. Voici un cours extrait d'une contribution publiée en 1941 par un prêtre très connu, le père SERTILLANGES :
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"Ce que je fais dans le secret, moi être minime et perdu dans la masse, je me figure que la masse n’en est pas affectée ; que cela demeure entre moi et moi ; que je l’ensevelirai, si je veux, dans le silence d’un passé aboli. Mais non ! Il n’y a pas de passé inerte. Le passé est une vie qui se poursuit dans le présent. Le passé est une lame dont le présent est la pointe, et la pointe actionnée par l’élan de ce qui fut pénètre dans l’avenir pour y déterminer ce qui sera.
                     "Chaque être, à chaque instant, pose un acte qui le sauve ou qui le perd. Ainsi chaque être, à chaque instant, pose un acte qui sauve ou qui perd son milieu, sa famille, son groupe professionnel, sa cité, la civilisation qui l’entoure, dans une mesure que nul ne peut préciser et qui inquiète d’autant mieux une conscience droite.
                     "Si quelque chose est certain aujourd’hui, c’est l’universelle solidarité des faits et des êtres en tout domaine et sous tous les rapports."
 
(R.P. SERTILLANGES. Voix françaises, 24 janvier 1941.)
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C'était, avant la lettre, reconnaître ce qu'est l'effet papillon ; tout le monde ou presque a entendu parler de manière imagée de cet effet. Il nous est dit que le battement d'une aile de papillon, au Brésil par exemple, peut déclencher une tempête sur les côtes africaines. Il en va de même des comportements humains et c'est la raison pour laquelle, en ces moments politiques très incertains, nous devons faire très attention aux conséquences de nos paroles et de nos actes. Car l'interdépendance des hommes, la solidarité qui existent entre eux du fait qu'ils sont des animaux sociaux, fait que je puis me perdre ou me sauver et avec moi des proches, des amis, des inconnus. Il fallait avoir du courage, en 1941, pour rappeler que ce qui se dit et se fait dans le secret des âmes a des conséquences incalculables dans la sphère publique. C'est le motif essentiel de ma propre résistance et de celle de nombre de mes compatriotes à des lois qui dénaturent l'homme, offense sa dignité, le marchandise, et ne le considère pas plus qu'une combinaison de molécules et d'atomes. Nous ne devons point traiter nos princes comme ils le font de nous. Ils ne sont point des combinaisons d'atomes et de molécules, mais des êtres humains, ni plus ni moins dignes que chacun d'entre eux. Cette similarité de conditions, nous devons la leur rappeler, mais nous devons aussi nous la rappeler.
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Second billet dans la journée.
 

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