mercredi 2 octobre 2013

Vigoureuse mise au point de Reynald Secher sur les guerres de Vendée

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La salle des mariages de la mairie du 7e était trop petite pour accueillir la foule qui se pressait hier soir à la conférence donnée par Reynald SECHER sur les guerres de Vendée. Des gens étaient debout appuyés aux murs de la salle, d'autres avaient apporté des chaises de la salle voisine, d'autres encore étaient assis autour d'une grande table dans cette salle et enfin, grâce à une sonorisation très au point, certains auditeurs se tenaient dans le hall d'entrée. J'ai été extrêmement frappé par le très grand nombre de jeune gens présents, et aussi par la présence de concitoyens originaires de la Vendée militaire, dont une descendante de CATHELINEAU
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Reynald SECHER démonte brillamment la périodisation officielle des guerres de Vendée : victoire des vendéens, stabilisation de la situation militaire, défaite de ceux que l'on appelle les "brigands" et qui ont été traités exactement comme des animaux.  En vérité, il y a deux périodes : une de l'insurrection populaire des "Vendéens", une autre de l'extermination génocidaire des "brigands", décidée par la loi du 1er août 1793, complétée par celle du 1er octobre de la même année (d'où le choix très symbolique de la date de cette conférence). Les inspirateurs de ces lois sont ROBESPIERRE, BARERE (dont la ville de TARBES entend donner ou a donné le nom à une de ses rues), CARNOT (eh ! oui, celui à qui est l'éponyme de nombreux lycées, rues et boulevards et qui a parfaitement approuvé et planifié les massacres) et BILLAUD-VARENNES. Ces membres du comité de Salut public sont députés et font avaliser par leurs collègues, dans les acclamations enthousiastes, les mesures d'exterminations décidées ; et on a l'audace de célébrer publiquement la mémoire de ces monstres : Conception, Planification, Responsabilité partagée, Exécution, définition d'une population à exterminer pour des raisons politiques et religieuses : tels sont les critères d'un génocide ; telle est leur responsabilité devant l'histoire.
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Reynald SECHER détaille les méthodes d'extermination mises en œuvre : noyades (il n'y en a pas  eu qu'à NANTES et à ANGERS), décollation par la guillotine (certains esthètes de la méthode avaient même pensé à faire des guillotines à couperets multiples pour aller plus vite), sabrage à la baïonnette ou fusillade, et surtout incendie ou enfournement dans des fours à pain chauffés à blanc ; et la stratégie : celle de la masse armée, puis celle des colonnes mobiles, et enfin celle des colonnes mobiles établies dans des postes militaires à partir desquels elles opèrent. Grâce aux registres des défunts tenus par les prêtres réfractaires, les recteurs et curés des paroisses, nous savons dans de nombreux cas combien de ces pauvres gens (femmes, car porteuses de vie ; enfants car susceptibles de la donner ; vieillards) ont été massacrés (dans certains cantons on possède la quasi totalité des registres des défunts). Tout calcul fait, on arrive à un total de 117 000 morts (et non pas 182 000 comme j'avais cru le lire jadis) : le département du Maine-et-Loire a perdu 20 % de sa population, celui de la Vendée, 13 %. La Vendée militaire (le quadrilatère Paimboeuf-Angers-Thouars-Les Sables d'Olonnes) abritaient 815 000 personnes. Faites le compte de la décimation (14,5 % : à l'échelle de la population actuelle de la France, cela ferait près de 9 millions de morts).
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Les archives nationales civiles et politiques ont été probablement épurées par les bourreaux, (mais il reste le Bulletin Officiel et les lois génocidaires), et il reste la totalité des archives militaires consultables à VINCENNES. De très nombreux documents originaux civils ont cependant été exhumés par R. SECHER et le Pr MEYER. On peut en voir la photographie dans un livre que vient de publier le premier.
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Nous devons au baron DUPIN, le premier préfet des Deux-Sèvres, un inventaire qu'il voulait exhaustif des destructions immobilières infligées par les Bleus aux populations civiles. DUPIN est statisticien, il a épousé la veuve de DANTON (et nous apprenons qu'elle a exigé de ce dernier un mariage religieux ce qui a probablement contribué à la perte du tribun) et son travail, bien qu'il ne soit pas complet, l'est pour certains départements (dont la Loire-Atlantique) : valeur du bien avant destruction, situation cadastrale, reconstruction éventuelle, valeur du bien en l'état. Il préparait ainsi une indemnisation.
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Ne parlons pas de BONCHAMP qui, sur le point de mourir et profondément chrétien, fait libérer, près de NANTES, 5 000 républicains qui s'empresseront de massacrer leurs libérateurs et desquels ROBESPIERRE exigera qu'ils disent avoir subi de mauvais traitements de la part des "brigands" et qu'ils se sont libérés eux-mêmes.
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Voilà les gens dont monsieur PEILLON se réclame, voilà les gens dont ils veut achever l'œuvre. Nous ne marcherons pas dans la combine. R. SECHER a parfaitement identifié les critères qui identifie les guerres de Vendée à un génocide (que Gracchus BABEUF appelait un populicide). Il y aurait encore bien des détails à vous révéler. Je n'en citerai que quelques-uns : celui des tanneries de peaux humaines établies à ANGERS (localisation qui n'est pas avérée ; je ne suis pas sûr d'avoir bien entendu), récupération des cheveux, des dentiers, fabrique de savons à partir de graisse humaine, nationalisation de tous les biens de la Vendée militaire, et pillage par dizaines de convois des biens qui pouvaient être transportés et qui ont enrichi nombre de représentants en mission et de conventionnels. Ces hommes étaient des monstres, et même, pour certains d'entre eux de véritables ordures (WESTERMANN était boucher et savait pratiquer la décollation à l'aide d'un sabre ou d'un couteau). Non ! non ! et non ! Nous ne pouvons pas accepter que la République ne reconnaisse pas ces crimes abominables et leur nature génocidaire : ils ont été la matrice des crimes nazis (lisez la liste que je viens de vous donner) et tant que nous ne séparerons pas officiellement ce que la Révolution a apporté de positif (l'égalité des droits civils) des horreurs qu'elle a commises au nom du "bien commun", l'inconscient collectif de notre patrie sera peuplé des corps suppliciés et des fantômes de ces enfants et femmes brûlés vifs, de ces enfançons baladés de baïonnette en baïonnette, de ces viols de fillettes et de jeunes filles préalables à leur massacre dans d'effroyables conditions. Un député aura-t-il le courage de déposer de nouveau une proposition de loi tendant à faire reconnaître le génocide ?
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 ANNEXES : Loi du 1er octobre 1793 et déclaration de la Convention prétendue nationale ; cette loi complète la loi du 1er août 1793, présentée ci-après.


Texte de la loi.

La Convention nationale, après avoir entendu le rapport du comité de salut public, décrète:

·         Article 1er. Le département de la Loire-Inférieure demeure distrait de l'armée des côtes de Brest, et est réuni à celle des côtes de la Rochelle, laquelle portera désormais le nom d'armée de l'Ouest.

·         Article 2. La Convention nationale approuve la nomination du citoyen Léchelle, général en chef nommé par le conseil exécutif pour commander cette armée.

·         Article 3. La Convention nationale compte sur le courage de l'armée de l'Ouest et des généraux qui la commandent pour terminer d'ici au 20 octobre l'exécrable guerre de la Vendée.

·         Article 4. La reconnaissance nationale attend l'époque du premier novembre prochain pour décerner des honneurs et des récompenses aux armées et aux généraux qui dans cette campagne auront exterminé les brigands de l'intérieur, et chassé sans retour les hordes étrangères des tyrans de l'Europe.

 

Proclamation de la Convention.

« Soldats de la liberté: Il faut que les brigands de la Vendée soient exterminés avant la fin du mois d'octobre; le salut de la patrie l'exige, l'impatience du peuple français le commande, son courage doit l'accomplir. La reconnaissance nationale attend, à cette époque, tous ceux dont la valeur et le patriotisme auront affermi, sans retour, la liberté & la République. »

Loi du premier août 1793.


·         Article 1er. Le ministre de la guerre donnera sur-le-champ les ordres nécessaires pour que la garnison de Mayence soit transportée en poste dans la Vendée. Il sera mis à cet effet à la disposition du ministre de la guerre, trois millions pour l'exécution de cette mesure.

·         Article 2. Il sera procédé à l'épurement de l'état-major et des commissaires des guerres de l'armée des Côtes de la Rochelle, pour leur substituer des officiers généraux et des commissaires d'un patriotisme prononcé.

·         Article 3. Les généraux de l'armée des Côtes de la Rochelle tiendront la main à l'exécution rigoureuse des lois rendues contre les déserteurs, les fuyards, les traîtres et ceux qui jettent les armes et vendent leurs habits.

·         Article 4. L'organisation des compagnies des pionniers et des ouvriers sera accélérée; ils seront choisis dans les communes les plus patriotes.

·         Article 5. Les généraux feront un choix pour former des corps de tirailleurs et de chasseurs intrépides.

·         Article 6. Il sera envoyé par le ministre de la guerre des matières combustibles de toute espèce pour incendier les bois, les taillis et les genêts.

·         Article 7. Les forêts seront abattues; les repaires des rebelles seront détruits; les récoltes seront coupées par les compagnies d'ouvriers, pour être portées sur les derrières de l'armée, et les bestiaux seront saisis.

·         Article 8. Les femmes, les enfans et les vieillards seront conduits dans l'intérieur. Il sera pourvu à leur subsistance et à leur sûreté, avec tous les égards dus à l'humanité.

·         Article 9. Il sera pris des mesures par le ministre de la guerre, pour préparer tous les approvisionnemens d'armes et de munitions de guerre et de bouche de l'armée qui, à une époque prochaine, fera un mouvement général sur les rebelles.

·         Article 10. Aussitôt que les approvisionnemens seront faits, que l'armée sera réorganisée, et qu'elle sera prête à marcher sur la Vendée, les représentans du peuple concerteront avec les administrations des départemens circonvoisins qui se sont maintenus dans les bons principes, pour faire sonner le tocsin dans toutes les municipalités environnantes, et faire marcher sur les rebelles les citoyens depuis l'âge de seize ans jusqu'à celui de soixante.

·         Article 11. La loi qui expulse les femmes de l'armée, sera rigoureusement exécutée : les généraux en demeurent responsables.

·         Article 12. Les représentant du peuple, les généraux veilleront à ce que les voitures d'équipage à la suite de l'armée soient réduites au moindre nombre possible, et ne soient employées qu'au transport des effets et des matières strictement nécessaires.

·         Article 13. Les généraux n'emploieront désormais pour mot d'ordre que des expressions patriotiques et que les noms des anciens républicains ou des martyrs de la liberté, et dans aucun cas le nom d'aucune personne vivante.

·         Article 14. Les biens des rebelles de la Vendée sont déclarés appartenir à la république; il en sera distrait une portion pour indemniser les citoyens qui sont demeurés fidèles à la patrie, des pertes qu'ils auroient souffertes.

·         Article 15. Le présent décret sera envoyé sur-le-champ au conseil exécutif, au ministre de la guerre et aux représentans du peuple près l'armée des Côtes de la Rochelle.
 
On note que cette loi prévoit la déportation des femmes, des enfants et des vieillards et fait référence à un traitement humanitaire. On sait ce qu'il en adviendra par la suite (voir plus haut).
 
 

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