samedi 9 novembre 2013

Avec les Veilleurs dans la nuit du 8 au 9 novembre, second billet du 9 novembre 2013, première partie

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Antoine et moi sommes arrivés en retard à la veillée d'hier soir. Ni lui ni moi ne pouvions nous libérer pour 20 heures. C'est donc vers 21 h que nous sommes arrivés au Carrousel du Louvre, aux pieds du mur de Charles V. En sortant du métro, place du Palais Royal, nous avons été étonnés de ne voir aucune fourgonnette, aucun car de police ou de gendarmerie. Étonnement de courte durée ; arrivé au guichet, situé juste avant l'entrée qui donne accès aux entrailles du Carrousel, nous voyons, garés sur le côté droit de la Rue de Rivoli, côté Concorde, une dizaine de véhicules bleus de la gendarmerie mobile, et, à l'entrée même du Carrousel, des gendarmes à la mine peu avenante, il faut en convenir.
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N'ayant point l'ouïe très fine, et comme l'acoustique du lieu est réverbérante, j'ai assez mal compris les interventions de divers orateurs, jusqu'à ce que l'on installe des baffles et que l'on donne des micros à ceux des intervenants qui ont la voix trop faible pour s'en passer. Je retiendrai ici cinq interventions majeures : deux de VINCENT, un professeur d'histoire à la voix et au discours clair ; celle d'un philosophe qui, pour quelqu'un qui dit ne pas avoir eu le temps de préparer son intervention a été remarquable, celle d'un organisateur de Noël en Syrie, manifestation organisée pour venir en aide aux chrétiens syriens persécutés par les islamistes prétendument présentés comme des combattants de la liberté, enfin et surtout, l'extraordinaire intervention d'AXEL, qui, selon moi, marque un tournant essentiel dans l'initiative des Veilleurs.
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Commençons donc par VINCENT.
Vincent, disais-je est professeur d'histoire. Dans sa première intervention, il montre comment il est possible de manipuler l'opinion des collégiens en leur présentant de manière tronquée, biaisée et manipulatrice des documents, en apparence sourcés, mais présentés de manière tendancieuse. Il nous indique que le Moyen-Âge est présenté à nos collégiens comme une époque de ténèbres et n'est en fait que le reflet d'une position romantique et romancée, post-révolutionnaire dont le chantre est le "romancier" Jules MICHELET. Et il nous le prouve à l'aide d'un exemple époustouflant. Dans le livre d'histoire que l'on distribue abondamment à nos jeunes, il est présenté une illustration des affres de l'enfer (et seulement de cela) mise en mosaïque au baptistère Saint-Jean de Florence. Il s'agit d'une étude de document qui se compose de questions dont au moins les deux suivantes :
(a) Que représente cette mosaïque ? (On attend comme réponse "les supplices de l'enfer").
(b) Pourquoi cette mosaïque figure-t-elle dans une église ? (Ce qui déjà en soi un mensonge puisqu'il s'agit d'un baptistère ; on attend comme réponse "pour faire peur aux fidèles et les faire obéir aux injonctions des clercs".)
Or, quand on se réfère aux photos qui détaillent les mosaïques décorant le dôme du baptistère, on voit que ce dôme est divisé en un certains nombre de secteurs, qu'il en est un qui, effectivement, porte, en son registre inférieur et sur une surface qui représente au plus le 1/8 de tout le secteur. L'auteur du manuel veut donc manipuler l'opinion des jeunes et leur faire croire que l'Eglise gouverne en suscitant une immense peur chez ses fidèles.
Voici (trouvé sur internet) le découpage des 8 secteurs en registres :


Voici une partie de l'image présentée aux jeunes : le malin mange les âmes. Cette partie de la mosaïque est inscrite dans le 6e registre.


En fait, cette représentation de l'enfer ne constitue qu'une infime partie de la mosaïque du secteur, dont le reste est occupé par une représentation des délices du paradis. 
Voici une photo des mosaïques de la coupole. La scène de l'enfer figure à droite de la photo. au-dessus on voit la réception des élus au paradis. Concluez !


Vincent nous explique dans une deuxième intervention comment le mur de BERLIN est tombé. Il est tombé parce que des dissidents soviétiques que le pouvoir a tenté de déconsidérer, ou a fait traîner dans la boue, ont décidé d'unifier leur vie intérieure avec leur vie de relation (amis, famille, proche) et leur vie dans l'espace publique. Ils ont refusé de mentir, de se mentir et de mentir aux autres. Ils ont aussi utilisé les incohérences de la loi. La constitution soviétique reconnaît le droit de manifestation ; les dissidents se sont réunis pour réciter des poèmes sur la place rouge. Il s'est trouvé des juges pour les condamner, au motif que la loi interdit les manifestations... Une telle incohérence interne a suffi pour faire exploser le système.
Je ne puis m'empêcher de constater que nous vivons la même situation avec les Veilleurs : la Constitution reconnaît le droit de manifester, de se mouvoir librement dans l'espace public et d'avoir de libres opinions. Cela n'empêche pas monsieur VALLS de nous encercler pratiquement à chaque veillée, de nous parquer, de nous faire embarquer, alors que nous ne troublons aucunement l'ordre public. On a grand tort de porter monsieur VALLS aux nues. Il est sans doute l'un des ministres les plus dangereux ; les scrupules ne semblent pas l'étouffer, ni les ordres illégaux.
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Poursuivons par notre philosophe.
Divers textes nous son lus, dont un d'Hannah ARENDT, puis un philosophe dont je n'ai pas retenu ou entendu le nom nous parle de la nécessaire mémoire, dont AUGUSTIN d'HIPPONE parle si merveilleusement bien dans le Livre X de ses Confessions. Très clairement, si nous n'avions pas de mémoire, nous n'aurions pas d'identité. Or nous nous réveillons tous les matins, en sachant qui nous sommes. Voilà qui nous permet de nous adresser à nous-même, de nous recevoir de nous-même. Le dictateur de la pensée qu'est monsieur PEILLON prétend qu'il n'y a rien  à retenir de ce qui s'est passé avant la Révolution ; il ne semble pas être très embarrassé par les fusillades, les noyades, les décapitations des Vendéens, ni par le martyr qu'on subi certains d'entre eux, jeté vifs dans des fours à pain chauffés à blanc. Non, tout cela n'est rien, et pas davantage ces adolescents de 16 ans, les fils des gardes-suisses, que l'on a jeté des fenêtres des tuileries sur des piques que tenait dressées la populace et sur lesquels ils se sont embrochés, ni cet enfant de 10 ans que l'on a cloué d'un coup de baïonnette sur le cadavre de son père, lors du massacre des gardes- suisses. Il s'en contrefout ! Pas nous ! Dommage pour lui.
Monsieur PEILLON est amputé d'un hémisphère cérébral, celui de la compassion. On se demande s'il n'a pas subi une commisurectomie, cette opération qui a pour résultat, notamment, de déconnecter les perceptions des affects qu'elles peuvent susciter. Monsieur PEILLON est de la même eau que ces révolutionnaires dont il se réclame haut et fort. Monsieur PEILLON a une mémoire sélective ; c'est désastreux pour un philosophe.
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Pour ne pas alourdir ce billet je ferai une suite dans une seconde partie. 


1 commentaire:

tippel a dit…

Excellent billet, et enfin quel parcourt sur le chemin de la lumiere sur les hommes politiques de notre époque.