jeudi 28 novembre 2013

Nouvelles de la Résistance : soirée chantante près de la Mutualité ; récit de la soirée du 27 novembre 2013

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J'avais été prévenu par un ami de cette soirée. Ceux des Veilleurs qui aiment la musique chorale étaient conviés pour 19 h 30, Place Maubert pour chanter : va pensiero, le chant des marais et d'autres chants que nous avons l'habitude de chanter pendant les veillées. Antoine était libre. Nous y sommes donc allés tous les deux. Arrivés à 19 h 40 Place Maubert, nous voyons un attroupement bruyant de 100 à 150 manifestants, portant des drapeaux, tapant en cadence sur ce qui ressemble à des tams-tams ou des djembés, et criant de manière régulière un bref slogan. Ils sont totalement encerclés par un épais cordon de policiers et ne peuvent bouger. Il s'agit de sans-papiers et de soutiens à leur cause qui voulaient sans doute profiter de la réunion des martyrs  saints TAUBIRA, PEILLON et VALLS au Palais de la Mutualité, pour exiger, réclamer, exister. Force m'est de reconnaître que le cordon sanitaire des forces de l'ordre est plus important que celui qui nous entoure de sa vigilante affection pendant les veillées. Nous apercevons un grand nombre de véhicules de police. Je ne les ai pas comptés.
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Notre petite troupe s'est massée au bord du Boulevard Saint-Germain. Nous ne savons que faire car il est impossible de chanter dans le vacarme que font les manifestants. Certains d'entre nous essayons de traverser la Rue de la Montagne Sainte-Geneviève. La traversée nous est interdite par les policiers et la Rue Monge est elle-même interdite aux piétons.
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Nous traversons le Boulevard, prenons le trottoir en direction de l'Est. Antoine, lui, a miraculeusement réussi à traverser et à prendre la Rue Monge ; il a un peu couru, il faut le dire. J'ai choisi, vu l'état de mes articulations, la solution sage, celle du trottoir d'en face. Nous retraversons et prenons la rue de Pontoise, pour arriver devant Saint-Nicolas du Chardonnet, juste à côté du Palais de la Mutualité. Il y a nombre de policiers, de véhicules de polices, de photographes et cameramen. Une toute petite file d'attente s'est formée Rue Saint-Victor. Elle est formée de personnes qui désirent assister à la soirée organisée par nos trois martyrs pour combattre "l'extrême-droite, le racisme, le fascisme", auquel nos martyrs veulent assimiler les opposants à leur politique. Une cinquantaine de personnes (antifas ? supporters des sans-papiers) est présente et nous conspuent, certaines d'entre elles tendant le poing.
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Inexplicablement, nous avons pu disposer notre chorale sur les marches du perron qui donne accès au Palais de la Mutualité, à l'angle de ce vénérable bâtiment. Nous commençons à chanter. Il y a de l'agitation. De rares personnes, à leur fenêtre ou à leur balcon, rue Monge regardent la scène. Nous ne restons pas longtemps sur le perron. Des policiers, de manière assez rude nous enjoignent de quitter les lieux et nous repoussent brutalement (mais sans méchanceté, je tiens à le souligner) vers le parvis de Saint-Nicolas. CHARLES, imperturbablement continue de diriger. Il est en bas des marches et il résiste à la poussée, tandis que je suis moi-même empoigné par un policier qui me conduit jusqu'au parvis. Notre philosophe XAVIER tombe par terre. j'entends un policier dire qu'il s'est laissé tomber, ce que je conteste formellement. XAVIER a été bousculé et il a sans doute fait un malaise vagal.
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Bref nous voilà après une dizaine de minutes enfermés sur le parvis de l'Eglise, plus près du square que du porche. Un prêtre (ou deux ?) en soutane est sur le parvis ainsi que des fidèles qui manifestement sortent d'un office ou d'une messe. Nous continuons à chanter (freedom, notamment) et nous réalisons que nous sommes encerclés (j'ai entendu au moment où nous sommes arrivés devant le parvis un policier rappeler, le pauvre, à CHARLES la loi de "je ne sais quel jour de 1886" qui interdit tout rassemblement non notifié aux autorités, pour essayer de nous faire plier). Nous continuons de chanter, reprenant va pensiero, à la claire fontaine etc. Pas question de quitter les lieux si nous le voulions. La sortie nous est interdite. Finalement vers 20 h 45, nous rentrons tous dans l'église où un prêtre en soutane nous indique une sortie, par la sacristie. Elle donne sur le Square de la Mutualité. Nous trouvons à la porte quelques policiers et toujours des véhicules de police.
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Traversée du Boulevard et remontée vers la Place Maubert en groupe compact. Las ! Nous tombons dans un piège. 
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Le trottoir de la Rue de Maître Albert domine un passage bordé de restaurants. La tête de la troupe s'y est engouffrée. Ils sont fait comme des rats en cage, car une vingtaine de policiers, descendus en courant de la Rue Monge les encercle et encercle ceux d'entre nous qui sommes restés sur le trottoir en surplomb. AXEL nous avertit d'avoir à rester sur le trottoir pour ne pas nous voir infliger une amende (Encombrement de la voie publique). Nous nous serrons dans un espace vraiment réduit. Et là commence la soirée la plus folle ; nous continuons de chanter tandis que des policiers nous encerclent à 50 cm de nos petites personnes. Tout y passe, avec des chansons connus de tous depuis les émissions télévisées pour les enfants, Frères Jacques, Au clair de la Lune, va pensiero. Les policiers sont aimables et rigolent avec nous. L'un d'eux me dit : "je me demande ce que je fais là". Je discute avec un autre policier et lui demande la raison de cette encerclement. Il me répond : "Ils ont peur" (sic). Et d'expliquer que tout rassemblement dans PARIS est signalé et encadré. Nous sommes toujours bloqués et il est plus de 21 h. La troupe des policiers est manifestement sous les ordres d'une femme en civil, coiffée d'une sorte de foulard à motif blanc et noir nouée sur sa tête, à la manière d'un foulard de corsaire. Elle va et vient nerveusement. Nous continuons de chanter. Finalement, CHARLES et AXEL discutent avec elle, et notre troupe est divisée en deux groupes ; ceux qui veulent prendre le métro, et ceux qui ne le prennent pas. Antoine et moi le prenons. Et nous voilà partis, en file par deux, nous tenant la main comme des enfants de CP, par dérision, et encadré des deux côtés par des policiers et par la dame au foulard de corsaire. Quelques jeunes filles chantent "Trois pas en avant, deux pas en arrière", en mimant le mouvement. La dame au foulard de corsaire doit avoir les nerfs en pelote ! Il y a avec nous une vingtaine de policiers. Ils nous accompagnent sur le quai, y compris la dame et  ne le quitteront que quand nous aurons embarqué. Dans le métro nous faisons la connaissance de Nicolas qui chantait avec nous et écrit dans le Boulevard Voltaire. Je vais aller voir ! Je suis chez moi à 22 heures très exactement.
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Ils ont peur disait ce policier. Ils ont raison. Rien n'arrête la non violence et la vérité.
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A tout à l'heure pour le second billet du jour.
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Photos du Salon beige.

Les veilleurs contre les extrémistes de gauche. (Le titre ne rend pas la réalité de notre action. Nous ne sommes pas contre les extrémistes de gauche ; nous sommes pour la liberté, la non-violence et la réappropriation de l'espace public par les citoyens.) 

Alors que le PS tient une réunion au sein de la Mutualité à Paris, pour soit-disant dénoncer l'extrêmisme (mais pas celui d'extrême-gauche, qui tire dans Paris...), des manifestants sont rassemblés devant et chantent :



Ci-dessus, Antoine et ma petite personne sont parfaitement visibles sur cette photo. Nous commençons à être poussés vers l'Eglise Saint-Nicolas.


1 commentaire:

Laurence a dit…

Cher Philippe
Bonne vidéo sur Salon Beige où on vous voit chanter à tue tête !
Bravo pour votre détermination. J'espere que le mouvement des veilleurs subira les mêmes effets que la courbe du chômage !!! Vous étiez une cinquantaine hier, vous serez deux mille demain, nous le souhaitons de bon cœur.
Merci de nous faire vivre chaque veillée.