vendredi 30 mai 2014

30 mai 2014. Nouvelles de la Résistance : les Français n'aimeraient-ils pas la liberté ?

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Faut-il encore le dire ? Ce n'est pas l'ignorance qui nous empêche de devenir vrai. C'est la lâcheté.
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1. Les citations du jour.
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(a) Sur l'abstraction et le mépris de la réalité de nos principes politiques.

"Quand on étudie l'histoire de notre Révolution, on voit qu'elle a été menée précisément dans le même esprit qui a fait écrire tant de livres abstraits sur le gouvernement. Même attrait pour les théories générales, les systèmes complets de législation et l'exacte symétrie dans les lois ; même mépris des faits existants ; même confiance dans la théorie ; même goût de l'original, de l'ingénieux et du nouveau dans les institutions ; même envie de refaire à la fois la constitution tout entière suivant les règles de la logique et d'après un plan unique, au lieu de chercher à l'amender dans ses parties. Effrayant spectacle ! car ce qui est qualité dans l'écrivain est parfois vice dans l'homme d'Etat, et les mêmes choses qui souvent ont fait faire de beaux livres peuvent mener à de grandes révolutions.
[...].
Ce qui est singulier, c'est que nous avons gardé les habitudes que nous avions prises à la littérature en perdant presque complètement notre ancien amour des lettres. Je me suis souvent étonné, dans le cours de ma vie publique, en voyant des gens qui ne lisaient guère les livres du XVIIIe, non plus que ceux d'aucun autre, et qui méprisaient fort les auteurs, retenir si fidèlement quelques uns des principaux défauts qu'avait fait voir, avant leur naissance, l'esprit littéraire."

(b) Sur les conséquences de cet état d'esprit pour nos libertés.

"Quand l'amour des Français pour la liberté politique se réveilla, ils avaient déjà conçu en matière de gouvernement un certain nombre de notions qui, non seulement ne s'accordaient pas facilement avec l'existence d'institutions libres mais y étaient presque contraires.
Ils avaient admis comme idéal d'une société un peuple sans autre aristocratie que celle des fonctionnaires publics, une administrations unique et tout-puissante, directrice de l'Etat, tutrice des particuliers. En voulant être libres, ils n'entendirent point se départir de cette notion première ; ils essayèrent seulement de la concilier avec celle de la liberté."

Alexis de TOCQUEVILLE.
L'ancien régime et la Révolution.
Folio histoire N°5.
Gallimard, Paris, 1967.
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2. Commentaires.
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On peut tout dire de TOCQUEVILLE sauf qu'il était l'ennemi de la démocratie. Il est l'auteur d'une proposition visant à faire élire le Président de la République au suffrage universel ; il s'opposa au coup d'Etat de BONAPARTE, et paya d'une privation momentanée de sa liberté cette opposition. Il écrivit l'ouvrage dont je viens de citer un extrait après avoir abandonné toute vie publique.
Pourquoi cette citation ?
Tout simplement parce qu'elle illustre à merveille les réactions du monde politique et des médias après les élections européennes. L'Europe à la sauce actuelle, est une Europe imaginée, réglée d'une pièce par des dispositions abstraites figurant dans un Traité dont on ne nous a pas demandé s'il nous plaisait ou pas ; c'eût été dangereux après le rejet du Traité constitutionnel lors du référendum organisé à cet effet par Jacques CHIRAC. Puisque l'idée est bonne, périssent les opposants qui ne lui trouvent pas toutes les vertus. TOCQUEVILLE, notez-le, ne dit pas qu'il ne faut rien changer au cours des choses, il dit qu'il faut amender les parties et non point tout refonder à partir de rien, dans l'air, sans substrat historique ou culturel.

La même erreur va sans doute être commise par monsieur VALLS. Saluons toutefois son initiative : diminuer le nombre de régions est certainement salutaire. Mais s'il décide d'en décréter d'en haut les contours, il risque de se heurter à de sérieuses opposition. Déjà les manoeuvres ont commencé : monsieur AUXIETTE, actuel Président de la région Pays-de-Loire a entrepris des négociations avec la région Poitou-Charentes aux fins de fusion. Il y a un hic, dont les "élites" politiques devraient tenir compte. Les bonnets rouges veulent que l'on rattache à la région Bretagne le département de Loire-Atlantique. Je doute que cette amputation soit du goût de monsieur AUXIETTE, mais les bonnets rouges sont formels : c'est ça ou ça va péter !
Le mieux ne serait-il pas de consulter les Français au lieu de décréter d'en haut ce qui est bon pour eux ? Il y a des regroupements qui, a priori, semblent parfaitement envisageables, ainsi de l'Aquitaine et de Midi Pyrénées (au prix, peut-être, de quelques rectifications de contours). Que les deux Normandies fusionnent est évidemment justifié. Auvergne et Limousin, idem. Mais je puis vous dire que l'idée de fusionner l'Alsace et la Lorraine est une mauvaise idées, tant les mentalités, les rivalités, et les cultures de ces deux régions sont différentes. Je prends les paris que, par commodité et pour tenir les délais, aucune consultation, ne serait-ce qu'auprès des Présidents de Conseils généraux et des Maires, ne sera lancée. Tout viendra de PARIS, encore une fois. Car, comme le dit TOCQUEVILLE, les Français disent qu'ils aiment la liberté mais nombre d'entre eux ont organisé leur propre servitude en adhérent aux folles idées incarnées dans les horreurs de la Révolution.
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3. Quelques menues infos.
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Monsieur HOLLANDE rend visite aux Bleus.
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Le chômage explose, le PS part en quenouilles, quelques milliers de jeunes font la une des journaux pour avoir manifesté contre le FN, méprisant ainsi l'opinion d'un quart des votants aux élections européennes. (La Manif Pour Tous n'a pas eu de tels honneurs et un tel traitement de la part des médias.) Monsieur HOLLANDE n'a rien de mieux à faire que d'aller rendre visite aux membres de l'équipe de France sélectionnés pour la coupe du monde de foot-ball.
Aveuglement ? Démagogie ? Envie de prendre l'air quand tout s'écroule autour de lui ("Ah ! qu'il est doux de ne rien faire quand tout s'affaire autour de vous" dit une chanson) ? Gros coup de communication (qui souligne en quelle réelle estime monsieur HOLLANDE tient ses compatriotes : imaginer qu'en prétendant aimer ce sport, en étalant complaisamment un amour de fraîche date pour le ballon rond, il va se réconcilier avec les Français est une offense qui est faite à leur intelligence et à leur bon sens). Grâce au ciel, un récent sondage indique qu'il n'y a plus que 3 % de nos concitoyens à souhaiter que monsieur HOLLANDE soit le prochain candidat du PS aux élections présidentielles. 
Le calcul qu'il a fait va se retourner contre lui : faire monter le PS pour qu'il coiffe l'UMP, lui dans les deux premiers, risque de ne pas se présenter exactement comme cela.
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Une vidéo : HOLLANDE , COPE, la France malade (via le salon beige).
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