vendredi 16 mai 2014

Nouvelles de la Résistance : à propos d'une Europe qui n'existe pas

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Non, certainement non, ce n'est pas l'ignorance qui nous empêche de devenir vrai, c'est la lâcheté.
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1. La citation du jour.
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"D’un côté, pour rendre sensible en termes psychologiques un phénomène de nature plus originaire, nous arrivons toujours après que les choses se sont décidées. Ainsi sommes-nous sans prise sur elles et sans autre choix que de nous plier à leur règle afin de nous y fondre et de nous y faire oublier. De l’autre côté, nous sommes jetés dans le monde comme des êtres-source pour lesquels il n’y a rien avant, et c’est en cela que nous sommes des êtres d’action qui ne peuvent pas ne pas se changer et changer ce qui les entoure, lors même qu’ils s’acharnent à le refuser, comme ce fut le cas sur la plus grande partie du parcours historique. Tout s’est passé à partir de cette duplication première, comme si l’espèce humaine avait successivement choisi de privilégier l’une ou l’autre de ces dispositions temporelles. Ou bien le parti pris de l’antériorité du monde et de la loi des choses ; ou bien le parti pris de l’antériorité des hommes et de leur activité créatrice. Ou bien la soumission à un ordre intégralement reçu, déterminé d’avant et du dehors de notre volonté ; ou bien la responsabilité d’un ordre reconnu procéder de la volonté d’individus réputés eux-mêmes préexister au lien qui les tient ensemble."

In Marcel GAUCHET.
Le désenchantement du monde. Une histoire politique de la religion. (Collection Folio. Série Essais. No466.)
Gallimard, Paris, 2007 (date du dépôt légal de cette édition).
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2. Commentaires.
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Il me semble que ce constat de Marcel GAUCHET s'applique particulièrement à la situation qui prévaut à l'heure actuelle en matière de la conception de l'Europe que se font les hommes politiques. Les uns, que les médias qualifient d'extrême-droite et qui se présentent eux-mêmes comme des souverainistes, me semble arque boutés sur des positions figées qui voudraient que rien ne change ; les autres, que les médias qualifient de pro-européens et qui se présentent eux-mêmes comme des ardents défenseurs du progrès et de la paix, font table rase de ce qui est, des traditions nationales, des langues et n'ont en tête qu'une représentation abstraite d'une réalité inexistante qui se présenterait comme en partie construite et qu'il conviendrait de parfaire.
En réalité, il me semble que la bonne attitude consiste à se tenir dans un juste milieu. En tout premier lieu, il conviendrait de ne pas présenter ce qui pourrait advenir de l'Europe comme un progrès purement économique et matériel et un peu social. Cette vision heurte toutes les consciences, même celles qui pourraient nous paraître obscurcies par le matérialisme. Il faut présenter l'Europe comme un possible, mais un possible incarné, et non pas idéologique (monsieur Alain LAMASSOURE me semble être le représentant typique de cette tendance !). En second lieu, comme le disait la citation de BENDA, délivrée dans mon billet d'avant-hier, il y a une certaine fixité de la tradition, un certain socle bien réel, et c'est sur lui qu'il faut construire. Ce socle n'est pas fait d'un ensemble d'idées, mais de réalité très concrètes, géographiques, linguistiques, culturelles, historiques et il est vain et même criminel de nier ces réalités-là. Construire en chevauchant le vent de l'utopie, c'est détruire définitivement un projet qui ne peut mûrir que sur le long terme.
Si ces messieurs ne veulent pas détruire une belle espérance, il leur faut changer de discours. Pour ce qui me concerne, je voterai aux élections prochaines en fonction de ces critères.
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3. Infos et articles divers.
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De Guillaume de PREMARE sur le site de Liberté Politique, cet excellent article.
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A quoi sert la construction européenne ? La déclaration Schuman du 9 mai 1950 avançait la paix comme justification principale. Nous l’avons eue. Mais cette paix — ou plutôt cette absence de guerre — a été obtenue par l’équilibre de la terreur nucléaire, laquelle n’a rien à voir avec la construction européenne. Quant à la paix entre la France et l’Allemagne, elle était faite en 1950. Ce n’est pas la construction européenne qui a permis cette paix, c’est cette paix qui a rendu possible la construction européenne, laquelle l’a renforcée bien sûr.
En réalité, les motivations de la construction européenne sont fondamentalement économiques.
Dans le préambule du Traité de Rome, les Etats membres assignent« pour but essentiel à leurs efforts l'amélioration constante des conditions de vie et d'emploi de leurs peuple ». L’article 2 de la version consolidée du traité fixe les grands objectifs : 
« Un développement harmonieux et équilibré des activités économiques […], une croissance durable et non inflationniste respectant l’environnement, un haut degré de convergence des performances économiques, un niveau d’emploi et de protection sociale élevé, le relèvement du niveau de la qualité de vie, la cohésion économique et sociale et la solidarité entre les Etats membres. »
Un échec économique
J’invite chacun à apprécier les résultats par rapport aux objectifs. Où sont les emplois de nos enfants ? Cette seule question suffirait à caractériser le bilan. Sauf à considérer que la maîtrise de l’inflation soit principale et l’emploi accessoire, la construction européenne a échoué dans ses missions essentielles : « Les performances économiques de la zone euro sont dramatiques en termes de chômage et de croissance », souligne Jean-Claude Guillebaud dans son bloc-notes de l’hebdomadaire La Vie.
L’union économique et monétaire devait pourtant nous donner la taille critique pour "peser" dans l’économie mondiale, pour "gagner la compétition" : « On est plus fort à plusieurs ; chacun de nos pays est trop petit pour exister dans la mondialisation ; on ne peut vivre isolé, » etc. Ceux qui ont contesté ce discours ont été maintenus à l’écart de la crédibilité publique. Parlant des "dissidents" de l’Europe, Guillebaud écrit : « On traitait alors volontiers ces impertinents d’oiseaux de mauvais augure ou d’ignorants. Ce n’est plus possible. 
Revenir aux faits
Ce n’est plus possible, en effet, d’écarter les faits. Ce n’est plus possible de faire croire que nous n’aurions le choix qu’entre toujours plus d’intégration européenne et l’isolationnisme, le repli sur soi ; qu’entre l’euro et la banqueroute. Les faits : l’Union européenne est seule en son genre ; et les pays qui ne disposent pas d’un tel modèle ne vivent pas isolés en autarcie économique.
Un autre fait : il y a, dans le vaste monde, et même en Europe, des pays qui n’appartiennent pas à une union économique et monétaire, qui pèsent d’un poids marginal dans l’économie mondiale, et qui vivent cependant une relative prospérité et fournissent des emplois à leurs enfants.
Bonne conscience
Ce n’est plus possible, non plus, de se réfugier dans la justification morale et les bons sentiments, fussent-ils chrétiens, avec d’un côté la générosité communautaire et de l’autre l’égoïsme national. Coralie Delaume souligne dans le blog de La Croix consacré au débat européen « l’étonnante capacité de l’idée européenne à fournir à qui les lui demande les moyens d’une bonne conscience à peu de frais ».
Dire « L’Europe c’est la paix, la solidarité et la fraternité contre les égoïsmes qui mènent à la guerre », c’est très court, en effet. C’était le discours de Schuman. Et sa vision était la construction par étapes d’une fédération européenne, dont la Communauté européenne du charbon et de l’acier était la première étape. Cette vision est aujourd’hui en échec. 
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Via mon ami Dominique et le site des Nouvelles de France, ces questions qui dérangent. Le nom du questionneur ne m'est pas parvenu.
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Mardi matin, François Hollande, le Président de la République, répondait aux questions de Jean-Jacques BOURDIN, après deux ans de mandats à la tête de l’État. La veille, je m’étais inscrit sur BFM TV car j’avais vu que l’on pouvait réagir sur ce qui nous préoccupait. Ma question dépassait les rebondissements économiques que la majorité des commentateurs donnaient. La voici :
"M. le Président, pendant deux ans, j’ai observé votre attitude concernant les relations entre l’État et les religions et en particulier la religion catholique. Trois choses m’ont profondément indigné. La première est l’inégalité de traitement qu’elles subissent. Ainsi, les religions juives et musulmanes sont pratiquement adulées par les médias et la classe politique au nom de la diversité mais la religion catholique est détestée. Par exemple, les profanations des lieux de cultes des premières sont médiatisées et les hommes politiques prononcent des discours dénonçant ces actes mais les profanations des lieux de cultes catholiques sont passées sous silence. De même, on peut se moquer des catholiques mais on ne peut pas se moquer des juifs et des musulmans.
La deuxième chose qui m’a choqué est la stigmatisation des catholiques. À chaque fois que nous nous prononçons sur un sujet de société, nous sommes accusés de faire régner le mal dans notre pays alors que nous exerçons nos droits et devoirs de citoyens. Par exemple, lors du « débat » sur le « mariage » et l’adoption par les homosexuels, Manuel Valls, alors ministre de l’Intérieur, le 22 janvier 2014, a dénoncé, écrit le journal Le Monde, « une première menace (qui) vient, selon lui, ‘des intégristes de l’ultra-droite catholique, rejoints par une partie de la droite’ lors des débats sur l’avortement ou sur le mariage homosexuel. Les socialistes ont, selon lui, ‘réagi’ sans hésiter pour les stopper.
La troisième chose qui m’a choqué est la légitimation de ce climat antichrétien par des ex-ministres et ministres actuels :
- Michèle Delaunay, ex-ministre des Personnes handicapées : « Si les catholiques étaient cohérents, ils condamneraient la sainte famille » (sur Twitter).
- Vincent Peillon, ex-ministre de l’Éducation nationale : « On ne peut pas faire un pays pacifié avec le catholicisme » (La Révolution française n’est pas terminée).
- Bernard Cazeneuve, aujourd’hui ministre de l’Intérieur : « Évoquer les valeurs chrétiennes de la France, c’est avoir une vision faussée de l’histoire » (Le Nouvel Observateur, en avril 2012, à propos du discours à Latran de Nicolas Sarkozy).
M. le Président, je suis très inquiet pour la liberté religieuse. Ma question est double : est-ce que vous allez rétablir l’égalité de traitement entre les religions ? Est-ce que vous allez considérer les catholiques comme des citoyens à part entière ? »

Visiblement, cette question n’a pas plu à BFM TV car quelques minutes plus tard, elle a été supprimée. Croire que François Hollande se moque de la liberté religieuse est parfaitement possible…








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