samedi 16 août 2014

16 août 2014. Nouvelles de la Résistance : la démocratie dévoyée

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Non, vous dis-je, ce n'est pas l'ignorance qui nous empêche de devenir vrai, c'est la lâcheté.

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1. Les citations du jour.
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"Quoi que l’on fasse, le maintien en vie d’une nation par des palliatifs n’aura qu’un temps ; la gouvernance politique, prise dans ses contradictions, ses querelles stériles, ses échéances électorales, sondages et cotes de popularité, ne peut – ou ne veut – voir la réalité avec objectivité et lucidité. Elle se contente de dispositifs sociaux de substitution, comme d’une sorte d’aumône institutionnalisée – en attendant quoi ? À cela s’ajoute l’assistance apportée par les institutions caritatives, dont le rôle ne cesse de s’amplifier. Pour la France : Emmaüs, Restos du cœur, ATD Quart Monde, Secours catholique, protestant, populaire, Armée du Salut, etc. sans oublier les subventions aux agriculteurs et les myriades de petites associations intervenant pour corriger les défaillances collatérales. Ces élans du cœur suscitent bien entendu notre gratitude, notre admiration, mais contribuent malheureusement à dédouaner les États de leur responsabilité, en masquant les symptômes qui devraient permettre un diagnostic plus réaliste, qui inspirerait les décisions radicales et à la hauteur de l’enjeu qu’il est urgent de prendre. Devant le dénuement de beaucoup, les frustrations engendrées, l’indignation face à l’arrogance parfois ostentatoire des grands nantis, l’arbitraire politique, les vanités exacerbées, la crétinisation de masse et les manipulations de toute nature, comment ne pas pressentir un cyclone social de grande amplitude ? De même que les souffrances infligées par les humains à l’ensemble des créatures dont le seul tort est d’exister en même temps que nous, dans un espace qui nous est commun, semblent n’interpeller ni notre conscience ni notre cœur. […]."

"[…]. Aujourd’hui, par une perversion de la démocratie – qui n’offusque même plus l’opinion –, des dictateurs d’une nature particulière sont intronisés, adoubés par des parodies de suffrage universel. Et cela est encore et toujours admis parce qu’un réseau d’intérêts occultes et souterrains étouffe l’indignation dans l’œuf, et, face à toutes les turpitudes, on se contente de quelques protestations impuissantes. Cela nous dédouanera-t-il de notre responsabilité à l’égard de notre destin individuel et celui de la collectivité ? Destins dont le sens et la finalité échappent souvent à notre entendement… Ainsi, action et réaction constituent la chaîne et la trame de l’histoire. Peut-on, pour sortir de cette fatalité, imaginer une logique qui ne soit fondée ni sur la dynamique de l’antagonisme des oppositions et rivalités, avec leur cohorte de violences de toutes sortes, ni sur un consensus stérile fondé sur les compromissions qu’impose la suprématie de l’argent, cause des plus grands désastres sur la planète ? […] ." 
In
Pierre RABHI.
Vers la sobriété heureuse. ("Babel" N°1171.)
Actes Sud, Arles, 2010.
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2. Commentaires.
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Dans un billet déjà ancien, j'avais déjà cité Pierre RABHI et souligné l'exceptionnel parcours de cet homme, un homme libre, à l'histoire personnelle d'une grande richesse.
Il vaut la peine d'écouter ce que dit ce prophète ; il met en oeuvre dans sa propre vie ce qu'il prêche et promeut. Il vaut la peine de constater que son constat rejoint celui d'autres penseurs comme TOCQUEVILLE, THIBON ou BERNANOS sur ce que nous appelons la démocratie.
Le mouvement naturel et inéluctable d'un régime démocratique est le clientélisme et la corruption, la défense d'intérêts catégoriels, l'antagonisme des systèmes idéologiques et la guerre civile larvée, puisqu'il s'agit toujours, au nom d'une volonté générale abstraite et qui n'existe que dans le cerveau de Jean-Jacques ROUSSEAU, de prendre le pouvoir et de s'y maintenir par tous les moyens, en captant la majorité des voix des citoyens, fût-elle d'une voix.
Nous avons l'illusion que la démocratie est un régime de liberté ; mais il suffit de regarder la réalité en face pour constater que la démocratie moderne, la française tout spécialement, offre aux dirigeants la possibilité d'utiliser à leurs fins les instruments de la violence d'état, ce qui, au temps de l'Ancien régime était inconcevable, en raison de l'existence de nombreux corps intermédiaires, dotés d'autonomie de décisions, et soustraits à l'inquisition des agents de l'Etat
En vérité, il ne peut y avoir de démocratie vivante si ce qui l'anime n'est pas la probité aussi bien matérielle que morale de ses dirigeants.
Quand on regarde la manière de vivre des hommes politiques de tous bords, on s'interroge. Que ce soit les tripatouillages fiscaux de monsieur CAHUZAC, les démêlés de monsieur DESIR ou de monsieur CAMBADELIS ou de monsieur BALKANY avec la justice, la manière dont monsieur BARTOLONE en se faisant réintégrer dans le corps préfectoral peut bénéficier de la retraite de ces hauts fonctionnaires (j'ai vérifié l'information), les magouilles déjà anciennes de monsieur CARIGNON, les affaires KUCHEIDA, DALONGUEVILLE, les commissions occultes glanées par les partis de tous bords au profit de leur candidat aux élections, on n'en finirait pas de dresser la liste des coups tordus montés par des gens qui devraient donner l'exemple et ne se privent pas de nous faire la morale. Ce n'est pas ainsi que l'on fait vivre un pays.
Les lobbies (Loges maçonniques, amicales de l'ENA ou de polytechnique, groupes agro-alimentaires ou pharmaceutiques, LGBT, médias télévisés ou imprimés, etc.) font la loi. C'est insupportable. Pierre RABHI a raison.
Tout cela n'aura qu'un temps. Il faut prévoir un grand retournement.
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