dimanche 17 août 2014

17 août 2014. Nouvelles de la Résistance : les pauvres et le bilan...

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Ce n'est pas l'ignorance, faudra-t-il que je le répète, qui nous empêche de devenir vrai, c'est la lâcheté !
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1. La citation du jour.
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"Le démocrate, et particulièrement l’intellectuel démocrate, me paraît l’espèce de bourgeois la plus haïssable. Même chez les démocrates sincères estimables, on retrouve cet inconscient cabotinage qui rend insupportable la personne de M. Marc SANGNIER : « Je vais au peuple, je brave sa vue, son odeur. Je l’écoute avec patience. Faut-il que je sois chrétien… Il est vrai que Notre-Seigneur m’a donné l’exemple. » Mais Notre-Seigneur ne vous a pas donné cet exemple ! s’il a fait sa société d’un grand nombre de pauvres gens — pas tous irréprochables — c’est parce qu’il préférait, je suppose, leur compagnie à celle des fonctionnaires. Libre aux personnes distinguées de s’en tenir à l’hypothèse, évidemment plus flatteuse, d’une volontaire mortification du Divin Maître. Pour moi, je souhaiterais m’asseoir tous les jours à la table de vieux moines ou de jeunes officiers amoureux de leur métier. La conversation d’un brave châtelain-paysan ne me déplaît pas non plus, parce que j’aime les chiens, la chasse, l’affût des bécasses au printemps. Quant aux potentats du haut commerce, discutant du dernier salon de l’automobile ou de la situation économique du monde, ils me font rigoler. Au large ! Au large ! Ce qu’on appelle aujourd’hui un homme distingué est précisément celui qui ne se distingue en rien. […]."
 In
Georges BERNANOS.
Les grands cimetières sous la lune. (Collection "Points". Série Témoignage. N°P91.)
Librairie Plon, Paris, 1995.
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2. Commentaires.
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Il faudrait tout citer de ce pamphlet bernanosien. C'est pourquoi assez régulièrement, je vous en distille l'essentiel. Dans le présent passage, il reprend ce qu'il dira plus tard dans un autre livre tout aussi incendiaire sur les imbéciles et que j'ai présenté déjà dans plusieurs billets .
La condescendance avec laquelle l'Etat traite les pauvres, l'absence totale de compassion vis-à-vis des laissés-pour-compte que les fonctionnaires des affaires sociales remplacent par des prestations humiliantes me font bondir. Bien évidemment, je m'interroge sur ma propre attitude. Mais j'ai toujours pensé que celle qu'a eu JESUS vis-à-vis des petits était celle d'un ami. La relation qu'il a entretenu avec les lépreux, les boiteux, les prostituées, les impurs, les paysans de Galilée était parfaitement symétrique ; ils étaient ses frères et ses soeurs. [CONFUCIUS avait eu cette intuition qui avait distingué il y a près de 2500 ans cinq types de relations sociales, toutes dissymétriques, toutes de domination (souverain/sujet ; mari/femme ; père/enfants ; frère aîné/frères cadets) sauf une (ami vis-à-vis d'un ami)]. Le seul qui a mis en pratique cette rencontre de l'autre sur un pied d'absolue égalité, c'est Lui, le Maître et Seigneur.
Tout le reste est de la littérature politique, caritative, ou sociologique, que sais-je encore. C'est bien l'autre dans son absolue singularité qui doit nous importer, dans sa dignité inaliénable. Est-ce que cela signifie que nous devons manquer de discernement et accepter les violences, les rapines, les mensonges des blessés de la vie ? Certes pas. Mais ce discernement il nous faut aussi l'avoir vis-à-vis de nous-mêmes, car les violences douces, les rapines souterraines, les approximations et les mensonges, nous les pratiquons nous aussi, et le plus souvent avec bonne conscience.
Aussi enfantin que va vous paraître ma suggestion, je vous la présente. Quand vous êtes dans le métro, le train, le bus, une boutique ou la rue, bénissez en silence ceux que vous croisez. Pour ce qui me, concerne voilà trois ou quatre mois que je pratique cet exercice de rencontre ; étant chrétien, ce dont je suis heureux et fier, je trace sur leur front une invisible croix. Et je vous jure que ça fait du bien autant à celui qui est béni qu'à celui qui bénit. Dans la mesure du possible, si je ne puis toujours honorer les quêteurs à guitare ou les accordéonistes du métro, j'essaye au moins d'échanger une parole avec eux, en pensant dans la crainte et le tremblement qu'il ne faut pas tomber dans le travers de la bonne conscience satisfaite que dénonce si crûment BERNANOS.
On est loin, très loin, des élucubrations ministérielles abstraites, des rapports de diverses commissions parlementaires, des recommandations de spécialistes des questions sociales. Ce travail n'est certes pas inutile, mais il ne vaut pas le regard de compréhension ou d'estime que nous pourrions porter sur les accablés de misère. On peut toujours commencer ainsi avant d'aller plus loin dans le partage.
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3. Informations.
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Une vidéo instructive sur le bilan désastreux de monsieur HOLLANDE.




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