mardi 11 novembre 2014

11 novembre 2014. Nouvelles de la Résistance. L'amour de la servitude reste une énigme !

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Ce n'est pas l'ignorance qui nous empêche de devenir vrai, c'est la lâcheté !
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1. Les citations du jour.
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Dans la remarquable étude introductive qu'ils font au Discours de la servitude volontaire, Miguel ABENSOUR et Marcel GAUCHET dénoncent les annexions indues de cette oeuvre par les "démocrates", les révolutionnaires, les anarchistes ou les libertaires, ainsi que les lectures plus apaisées, en quête d'une solution qu'en font une Simone WEIL, par exemple, ou Pierre LEROUX que je ne connais pas. La question centrale est celle de l'existence d'une énigme qui n'a pas encore trouvé de solution réelle : comment se fait-il que les hommes acceptent d'être asservis à la violence d'Etat, et préfèrent vivre dans une société à la violence contenue par la force plutôt que de vivre dans une société d'amitié. ABENSOUR et  GAUCHET notent ceci :

(a) L'ambition de l'Etat moderne "n'est pas de contrôler du dessus et à distance la société pour en extraire le surplus économique, mais pénétrer littéralement la société, s'introduire dans ses articulations les plus fines, se rendre maître de ses rouages les plus intimes. Réglementer, codifier, redéfinir, changer, moderniser, "Civiliser", diront les grands commis éclairés et les serviteurs zélé. Briser donc cette base ou ce noyau le plus archaïque où se conservent d'antiques modes de pensée, des gestes millénaires, et surtout un gouvernement de la petite communauté continuant à conjurer au sein d'elle-même par la tradition la différence de ceux qui commandent et de ceux qui obéissent."

(b) ABENSOUR et GAUCHET constatent que l'Etat moderne "trouve ses assises stables dans l'Europe du XVIe siècle". [Je me permets de signaler que ce siècle est celui de la naissance de l'Humanisme dont on ne cesse de célébrer les charmes et de vanter les vertus - ce qui peut se concevoir d'une certaine manière - mais aussi celui où les pensées abstraites et totalitaires commencent à germer dans l'esprit des philosophes pour culminer avec le  nazisme, le communisme, le maoïsme et tous les régimes autoritaires et tyranniques.] Du reste nos auteurs insistent : "Plate incompréhension [...] des chantres de la modernisation faisant passer avec une larme de regret aux profits et pertes du juste cours cours de l'histoire ce sang inutilement versé pour une cause perdue. Quel visage la marche de la Raison n'aurait-elle pas pris décidément pour ses fanatiques avant d'en arriver à sa concrétisation terminale dans les chars soviétiques. Contre l'amour de l'ordre, contre la soif rétrospective de répression reste du moins à sauver la mémoire des insurrections paysannes. L'interrogation systématique, la réévaluation du sens de ce long refus de la paysannerie reste pour l'essentiel à entreprendre. [...] mais c'est sur la Vendée, par exemple qu'une recherche plus approfondie doit être poursuivie."

In Etienne de La BOETIE.
Le discours de la servitude volontaire. Texte établi par Pierre LEONARD et
La Boétie et la question du politique. Textes de Félicité de LAMENNAIS,  Pierre LEROUX, Auguste VERMOREL, Gustav VERMOREL, Simone WEIL, et de Miguel ABENSOUR, Marcel GAUCHET, Pierre CLASTRES et Claude LEFORT.
Petite Bibliothèque Payot, N°134, Paris, 2002.
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2. Commentaires.
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A bien des reprises dans mes billets, j'ai parlé du prurit législatif qui irritait les Conventionnels, au point qu'ils se grattaient tous les jours l'occiput pour trouver matière à faire une nouvelle loi (15 000 en 5 ans). Il s'agissait pour eux d'affirmer le pouvoir de l'Etat sur la société des hommes ; ils voulaient une société d'égalité là, où dans bien des endroits existaient une véritable société d'amitié.
Les décrets de nos actuels ministres, leurs arrêtés, leurs circulaires, les directives européennes, les indiscrètes interventions de l'Etat dans la sexualité des enfants par le biais de l'Education dite "nationale" ne sont que l'expression de cette tendance oppressive de l'Etat, une tendance insupportable pour un amoureux de la liberté. L'Etat veut tout régenter, tout contrôler, et s'il existait une machine à lire les pensées, les dépositaires du pouvoir d'Etat n'hésiteraient pas à y soumettre leurs opposants. (Du reste l'imagerie médicale pourrait bien un jour permettre cette intrusion criminelle dans notre intériorité).
Eh bien, il nous faut reconnaître que pour l'instant, nous aimons cette servitude, au point d'accepter une fiscalité folle, des réglementations absurdes et des dérogations accordées aux grands de ce monde (je vous en donnerai quelques exemples) au nom de leur droit à nous opprimer. Le jour où nous préférerons la liberté et l'amitié, - seuls fondement réels de la fraternité -, à l'étouffante gouvernance de ces incapables (et de ceux qui leur succéderont), je ne donne pas cher de la survie de ce régime qui se dit démocratique et qui n'est que la pâle copie des régimes les plus totalitaires qui n'aient jamais été, au sang versé près.
J'ajoute, en ce jour où nous célébrons l'armistice qui mit fin à la seconde guerre mondiale, qu'honorer la mémoire de généraux, de maréchaux ou de premiers ministres qui ont conduit un million trois cent mille jeune français à l'abattoir, me semble être une offense à la mémoire de ces derniers. Si ce sacrifice n'est pas l'illustration d'un asservissement par eux consenti à un clan politique restreint de vielles ganaches radicales-cassoulet, CLEMENCEAU en tête, alors, je ne comprends plus rien à l'histoire de mon pays. Bien entendu, j'admire le sacrifice des générations passées et même l'audace de certains chefs militaires. Mais quand je vois à quoi il a abouti, je me demande si ce sacrifice n'était pas vain.
Notez enfin l'allusion aux Guerres de Vendée, dont je ne me lasse pas de souligner l'horreur, tache de sang et de crime sur la tunique blanche de Marianne !
L'amour de la servitude, décidément, reste une énigme.
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3. Menues et réjouissantes infos.
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La Manif Pour Tous à COMPIEGNE (via le Salon beige).



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