samedi 13 juin 2015

13 juin 2015. Avant de partir en voyage, éloge de la cuisine chinoise... et critique de Najat !

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LU Wenfu (陆 文 夫), écrivain chinois contemporain et gastronome réputé a produit un roman absolument ébouriffant d'humour et d'érudition, intitulé Vie et passion d'un gastronome chinois. Traduit brillamment du chinois par Annie CURIEN et FENG Chen, il a été publié aux éditions Philippe Picquier, Le mas de Vert/Arles, 1998, et fait partie de la série chinoise des oeuvres représentatives collationnées par l'UNESCO.

Je dois m'absenter jusqu'au mardi soir de ce mois, et reprendrai mes billets le mercredi 24 juin, mais je ne voudrais pas vous laisser ignorer ce Françoise SABBAN, auteur d'une très jolie préface, dit de la cuisine chinoise. 

"Le paysage alimentaire chinois, dans sa diversité infinie, est un univers dans lequel les produits de la terre chinoise, tendres pousses de bambou, canards gras, huile de sésame odorante, sauce de soja bien salée, gingembre frais... sont irremplaçables et où les modes de culture, de cueillette, d'abattage, de découpe, de préparation, de cuisson, l'instrumentation, la conception des opérations culinaires, les manières de table n'ont rien de comparables avec les nôtres. En faire l'inventaire nécessiterait plus de pages que le volume d'une préface, d'autant que chaque région, chaque ville, chaque village est un petit monde dont la cuisine est particulière. Une telle richesse ne s'est pas accumulée sans règles. Des lois implicites, communes à tous, ordonnent en effet les modes de consommation de la MANDCHOURIE à TAIWAN."

Mort en 2005, LU Wenfu a survécu à la Révolution culturelle, et l'on se demande même comment il a pu écrire ce roman, tant il est caustique et critique pour elle. Voici un exemple de cet humour ravageur (page 82).

"[...]. Je n'ai qu'une chose à te dire : par un phénomène physiologique bien étrange, il se trouve que le goût est exactement le même chez les bourgeois et chez les prolétaires. Les capitalistes prétendent que les crevettes sautées sont meilleures que la viande sautée aux choux, mais les prolétaires, pour peu qu'ils puissent y goûter, ne disent pas autre chose. Ils en demandent dès qu'ils ont de l'argent. Et toi, que fais-tu ? Tu les gaves de viande sautée aux choux. Tu peux t'estimer heureux de ne t'être pas pris plus de coups !"

Transposez, chers lecteurs, transposez ! Remplacer "crevettes sautées" par "grec et latin", et voyez dans quel mépris la belle et carnassière Najat tient le peuple... Il n'y a aucun doute là-dessus. Si on lui donnait le loisir d'accéder à Homère ou à Cicéron, il le préférerait aux Mangas et aux bandes dessinées... 

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