vendredi 18 septembre 2015

18 septembre 2015. Nouvelles de la Résistance. Mise au point importante à propos des imbéciles : premier billet du jour.

-
Je me suis fait vertement (mais amicalement) reprocher par un ami prêtre l'usage du mot "imbécile", dans les deux billets concernant l'article que madame Bernadette SAUVAGET a publié dans Libération. Quoique j'ai bien pris soin de préciser qu'il fallait prendre ce qualificatif au sens que BERNANOS lui donne, il est évident que l'ensemble de mes lecteurs en général et madame SAUVAGET en particulier ne sont pas obligés de connaître cette définition.

Je note simplement que BERNANOS, comme du reste Léon BLOY, qui ne sont pas suspects d'immoralité, d'amoralité ou d'absence totale de charité, utilisent abondamment ce mot (voir un récent billet où je les cite) et s'en expliquent chaque fois.

Donc, si ce qualificatif a pu être pris pour une injure, je prie ceux et celles auxquels je l'ai appliqué de ne m'en point tenir rigueur, de me pardonner et de lire ce qui suit. (Mais cela n'empêchera monsieur Guy BEDOS de traiter madame MORANO de "conne" puis de récidiver avec le qualificatif de "connasse", ce qui sonne tout de même un peu différemment qu' "imbécile", sans qu'aucune belle âme de gôôôche s'offusque du jugement qui innocente ce pitre du délit d'injure publique).

Voilà donc ce que dit très exactement BERNANOS.

"Ceux qui me font déjà fait l'honneur de me lire savent que je n'ai pas l'habitude de désigner sous le nom d'imbéciles les ignorants ou les simples. Bien au contraire. L'expérience m'a depuis longtemps démontré que l'imbécile n'est jamais simple, et très rarement ignorant. L'intellectuel devrait donc nous être par définition suspect ? Certainement. Je dis l'intellectuel, l'homme qui se donne lui-même ce titre, en raison des connaissances et des diplômes qu'il possède. Je ne parle évidemment pas du savant, de l'artiste ou de l'écrivain dont la vocation est de créer - pour lesquels l'intelligence n'est pas une profession mais une vocation. Oui, dussé-je, une fois de plus perdre tout le bénéfice de mon habituelle modération (sur la modération de BERNANOS, votre serviteur a des doutes !), j'irai jusqu'au bout de ma pensée. L'intellectuel est si souvent un imbécile que nous devrions toujours le tenir pour tel, jusqu'à ce qu'il nous ait prouvé le contraire."

"Le cerveau de l'imbécile n'est pas un cerveau vide. La malfaisance n'est pas dans les imbéciles, elle est dans le mystère qui les favorise et les exploite, qui ne les favorise que pour mieux les exploiter. Le cerveau de l'imbécile n'est pas un cerveau vide, c'est un cerveau encombré où les idées fermentent au lieu de s'assimiler, comme les résidus alimentaires dans un colon envahi par les toxines. Lorsqu'on pense aux moyens chaque fois plus puissants dont dispose le système, un esprit ne peut évidemment rester libre qu'au prix d'un effort considérable. Qui de nous peut se vanter de poursuivre cet effort jusqu'au bout ? Qui de nous est sûr, non seulement de résister à tous les slogans, mais aussi de à la tentation d'opposer un slogan à un autre ?
In
Georges BERNANOS.
La France contre les robots (je possède la 40e édition de cet ouvrage).
Robert Laffont, Paris, 1947.

Pour rassurer mes lecteurs, je me fais assez souvent ce reproche en me posant cette question. Et je n'ai pas raison sans doute d'être trop catégorique. Du moins m'efforcé-je d'argumenter, et non point d'asséner, et surtout, je m'efforce d'âtre factuel.


Aucun commentaire: