mercredi 18 novembre 2015

18 novembre 2015. Un poème d'Aragon, magnifique ! Amour de la France. Deuxième billet de ce jour

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Sur le site des Veilleurs ce poème d'Aragon.

"Je vous salue ma France, arrachée aux fantômes ! 
Ô rendue à la paix ! Vaisseau sauvé des eaux… 
Pays qui chante : Orléans, Beaugency, Vendôme ! 
Cloches, cloches, sonnez l’angélus des oiseaux ! 

Je vous salue, ma France aux yeux de tourterelle, 
Jamais trop mon tourment, mon amour jamais trop. 
Ma France, mon ancienne et nouvelle querelle, 
Sol semé de héros, ciel plein de passereaux… 

Je vous salue, ma France, où les vents se calmèrent ! 
Ma France de toujours, que la géographie 
Ouvre comme une paume aux souffles de la mer 
Pour que l’oiseau du large y vienne et se confie. 

Je vous salue, ma France, où l’oiseau de passage, 
De Lille à Roncevaux, de Brest au Montcenis, 
Pour la première fois a fait l’apprentissage 
De ce qu’il peut coûter d’abandonner un nid ! 

Patrie également à la colombe ou l’aigle, 
De l’audace et du chant doublement habitée ! 
Je vous salue, ma France, où les blés et les seigles 
Mûrissent au soleil de la diversité… 

Je vous salue, ma France, où le peuple est habile 
À ces travaux qui font les jours émerveillés 
Et que l’on vient de loin saluer dans sa ville 
Paris, mon cœur, trois ans vainement fusillé ! 

Heureuse et forte enfin qui portez pour écharpe 
Cet arc-en-ciel témoin qu’il ne tonnera plus, 
Liberté dont frémit le silence des harpes, 
Ma France d’au-delà le déluge, salut ! "

Louis Aragon, Le Musée Grévin, 1943

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