dimanche 3 juillet 2016

03 juillet 2016. Nouvelles de la Résistance. Lettre ouverte à monsieur Alain Minc.

Monsieur,

            Ce n’est pas de la promotion Léon BLUM que vous auriez dû sortir de l’ENA, mais de la sinistre (du latin sinister : situé à gauche) promotion VOLTAIRE. Comme vous aujourd’hui, en effet, l’ancêtre calamiteux dont se réclament quelques grossiums méprisants et arrogants, osait dire  « le gros du genre humain a été et sera très longtemps insensé et imbécile » (Essai sur les mœurs) ou encore « Le peuple non pensant […] n’est que machine aveugle ». Ou encore dans l’article Cul de l’Encyclopédie : « Il n’y a de bas que les idées populaires et les idées du peuple grossier ». Ou encore : « Ce n’est pas le manœuvre qu’il faut instruire, c’est le bon bourgeois, c’est l’habitant des villes ».
            Jean-Jacques ROUSSEAU écrivait à DIDEROT, cette ordure ambulante : « Vous êtes plaisants, vous autres philosophes, quand vous regardez les habitants des villes, comme les seuls hommes auxquels vos devoirs vous lient ». Il avait bien vu le mépris que les philosophes des prétendues Lumières affichait pour les paysans, les artisans, les gens de « petite naissance » et sur ce point il avait bien raison, le promeneur solitaire.
            Je pourrai multiplier par cent les exemples de la morgue que les philosophes dits des Lumières affichaient, comme vous le faites – oh, de manière très subtile – pour les gens moins diplômés qu’eux, moins riches qu’eux, moins polis (dans tous les sens du terme) qu’eux. VOLTAIRE, du reste, disait tout « le plaisir noble de se sentir d’une autre nature que les sots ». Il me semble bien que vous parlez tout enduit de cette délectation d’être un tout autre !
            Vous avez osé dire que "Ce vote pour le Brexit, c'est la victoire de 'Downton Abbey' sur les bobos, les créateurs d'entreprises et surtout les jeunes. Mais les aristocrates et la classe ouvrière n'avaient pas vu la conséquence du Brexit, c'est-à-dire l'éclatement possible du Royaume-Uni."
            Et de manière plus éclairante et très mensongère : "Ce référendum n'est pas la victoire des peuples sur les élites, mais des gens peu formés sur les gens éduqués". Le glissement sémantique de peuples à gens peu formés est bien symptomatique de votre manière de faire. Ainsi, selon vous, seuls les gens éduqués auraient une vue juste, la vôtre, et feraient de bons choix politiques ? Autant aller jusqu’au bout et transformer en droit cet état de fait : Notre patrie est aux mains d’une oligarchie incapable, cruelle, méprisante. Disons-le dans la Constitution. N’auront voix désormais au chapitre que les énarques, les centraliens, les polytechniciens, les normaliens ; on conférera un strapontin à quelques chercheurs et universitaires. Les autres n’auront qu’un droit, celui d’être guidés par vos mains de fer, qui me semblent assez bien pourvues de griffes. Vous auriez dû, dans votre position, trouver des moyens de loger les sans-abris, de donner du travail aux chômeurs, du lustre à notre patrie. Par vos choix, et ceux de votre caste, vous illustrez à la perfection cette autre phrase immortelle de VOLTAIRE : « Tous les paysans ne seront pas riches ; et il ne faut pas qu’ils le soient. On a besoin d’hommes qui n’aient que leur bras et de la bonne volonté ». Le peuple britannique saura vous donner, monsieur, par sa constance, son courage et son patriotisme, le démenti le plus cinglant, et bientôt aussi, le Peuple français qui vous signifiera votre congé.


            Vous avez commis une mauvaise action, bien dans la ligne de la caste à laquelle vous vous vantez d’appartenir. C’est  pourquoi, monsieur, j’ai bien l’honneur de ne vous point saluer.

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