samedi 13 août 2016

13 août 2016. Nouvelles de la Résistance. A propos de guerres de Vendée, réponse à un jeune qui critique la notion de génocide.

-
Ce n'est pas l'ignorance qui nous empêche de devenir vrai, c'est la lâcheté !
-
-
1. LA CITATION DU JOUR.
-
"[Donc], toutes choses étant causées et causantes, aidées et aidantes, médiates et immédiates, et toutes s’entretenant par un lien naturel et insensible qui lie les plus éloignées et les plus différentes, je tiens impossible de connaître les partie sans connaître le tout, non plus que de connaître le tout sans connaître particulièrement les parties."
In
Blaise PASCAL.
Pensées.
-
2. COMMENTAIRES.
-
J’ai en ce moment, avec un jeune lecteur inconnu, un grand débat sur Facebook à propos des intrications entre la République, les guerres de Vendée, l’esclavage et les idées de CLEMENCEAU sur le bloc qu’est la Révolution. Le point de départ est une opinion de Luc FERRY. Voici le lien qui vous permettra d’y avoir accès. FERRY avance que les guerres de Vendée sont génocidaires et ont fait 500 000 morts : Je serai obligé de répondre en plusieurs billets. Je reviendrai dans la conclusion de ce premier billet sur les raisons qui m’ont poussé à citer PASCAL.


Commençons aujourd'hui par les guerres de Vendée

Paul conteste la notion de génocide, parle de répression, selon lui compréhensible, sinon justifiée, d’une rébellion. Je soutiens, moi, avec Luc FERRY ou Reynald SEYCHER, que c’est un génocide :

Voici la définition généralement admise d’un génocide (source Wikipédia) :

Un génocide est un crime extrême qui consiste en l'élimination physique intentionnelle, totale ou partielle, d'un groupe national, ethnique ou religieux, en tant que tel, ce qui veut dire que ses membres sont détruits (voire seulement rendus incapables de procréer) pour la raison de leur appartenance au groupe. Le génocide peut être perpétré par divers moyens, dont le meurtre collectif, direct ou indirect. Certains juristes et historiens précisent la définition, estimant notamment que le génocide est systématique et programmé.

Ortolang donne la définition suivante qui n’est pas sans intérêt pour le sujet qui nous intéresse aujourd’hui :

Génocide : Extermination systématique d'un groupe humain de même race, langue, nationalité ou religion par racisme ou par folie.

L’intérêt de cette deuxième définition est qu’elle inclut la folie comme motivation du génocide.

Pour savoir si les guerres de Vendée sont de nature purement répressive ou génocidaire, il convient de connaître les véritables motifs de ceux qui les ont commandées, et bien entendu de ceux qui les ont conduites.


Le 1er août 1793, à la Convention, un décret rapporté par Barère ordonne de détruire la Vendée. ["Détruisez la Vendée et la République sera sauvée." (Barère.) ; 
Il sera appliqué à partir de janvier 1794. La guerre civile devient terreur organisée depuis Paris dans l' intention de détruire, outre les rebelles, population, fermes, cultures et autres «berceaux de brigands». La guillotine ne suffit plus ; dès décembre 1793, Carrier a recouru aux noyades collectives. Les troupes républicaines, divisées en «colonnes infernales», ont mission de brûler sur leur chemin toute habitation et d'exterminer les populations. L'opération dure jusque en mai 1794. Barère déclare à la Convention: « Le Comité, d'après votre autorisation, a préparé des mesures qui tendent à exterminer cette race rebelle. L'humanité ne se plaindra pas, c'est faire son bien que d'extirper le mal » ; et Tureau, commandant en chef de l' Armée de l'Ouest: « Je vous donne l' ordre de livrer aux flammes tout ce qui est susceptible d' être brûlé et de passer au fil de l'épée tout ce que vous rencontrerez d' habitants ». Un camp d'extermination est créé à Noirmoutier, un atelier de tannage de peau humaine à Pont-de-Cé. Pierre Chaunu a observé « Si nous n'avons jamais eu d'ordre écrit de Hitler concernant le génocide juif, nous possédons ceux de Barère et de Carnot relatifs à la Vendée ». 

Le général Louis-Marie Turreau, un Normand de 37 ans, présente son plan d'extermination. Le 15 janvier 1794, il écrit aux représentants en mission : « Mon intention est de tout incendier et de ne préserver que les points nécessaires à établir nos cantonnements propres à l'anéantissement des rebelles, mais cette grande mesure doit être prescrite par vous. Je ne suis que l'agent du Corps législatif, que vous devez représenter en cette partie. Vous devez également décider sur le sort des femmes et des enfants que je rencontrerai en ce pays révolté. S'il faut les passer tous au fil de l'épée, je ne puis exécuter une pareille mesure sans un arrêté qui mette à couvert ma responsabilité ». (Source : https://www.herodote.net/19_janvier_1794-evenement-17940119.php)

Revenons donc à la définition de génocide : dans les guerres de Vendée, il y a bien une volonté délibérée d’exterminer une population vivant sur un territoire donné ; il y a bien actes de barbarie, torture, extermination sans nuance d’êtres humains au motif qu’ils sont simplement soupçonnés de s’être opposés à la République, et surtout qu’ils sont restés catholiques fervents.

L’INSEE donne les statistiques suivantes pour la population du département de la Vendée :
1801 : 243 426 habitants.
2013 : 655 500 habitants.
En faisant abstraction des morts du Choletais (car le sud de l’Anjou était également visé par les mesures des Conventionnels) et en affectant les 140 000 morts au seul département de la Vendée, on peut estimer qu’un tiers de la population de ce département a été anéanti par les Bleus. On peut aussi supposer que ces ordres barbares étaient donnés par des fous.

Revenons à PASCAL. Les débordements des Conventionnels étaient causés ? Par qui, par quoi ? Il suffit de se reporter à la conception que les philosophes des Lumières avaient de l’humanité pour constater (de la bouche même de BARERE) que l’humanité qui, ses yeux, comptait, devait se débarrasser ce qu’il considérait lui, comme une sous-humanité. C’est très exactement une conséquence de la philosophie des VOLTAIRE, DIDEROT et compagnie. Les débordements des Conventionnels étaient causants. Quelles conséquences ? Ces débats sans fin, des polémiques stériles, alors qu’il suffirait de reconnaître les faits, d’en faire repentance et de réconcilier enfin les Français avec eux-mêmes. Mais en cachant la poussière sanglante sous le tapis des grandes abstractions, on ignore la partie pour ne prendre en considération que le tout, et on ne considère en fait rien du tout : du vent, des mots, des postures…
Bien entendu, si j’omettais de mentionner que la Révolution avait été causée non seulement par les Lumières, mais par des abus criants d'une partie de la noblesse (la noblesse de cour), je manquerai de probité intellectuelle. Toutefois, il serait bon de relire l’analyse que TAINE fait des cahiers de doléances ; ceux-ci sont loin de laisser prévoir le cataclysme ; il y a donc manifestement d’autres causes.



Aucun commentaire: