lundi 15 août 2016

15 août 2016. Nouvelles de la Résistance. A propos de Clémenceau, réponse à un jeune homme critique.

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Ce n’est pas l’ignorance qui nous empêche de devenir vrai, c’est la lâcheté !

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1. LA CITATION DU JOUR.

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墨子 MOZI.

卷七 – Livre 7

天志中 – La volonté du ciel III

故子墨子言曰:「是蕡我者,則豈有以異是蕡黑白甘苦之辯者哉!今有人於此,少而示之黑謂之黑,多示之黑謂白,必曰吾目亂,不知黑白之別。今有人於此,能少嘗之甘謂甘,多嘗謂苦,必曰吾口亂,不知其甘苦之味。今王公大人之政也或殺人其國家禁之此蚤越有能多殺其鄰國之人因以為文義此豈有異蕡白黑、甘苦之別者哉

Traduction anglaise du Chinese text project.
Mozi said: This is meant to confuse us. And is this at all different from confusion in the distinctions between black and white, and sweet and bitter? Suppose a man who upon being shown a little blackness says it is black, but upon being shown much blackness says it is white. He will have to admit that his sight is confused and that he cannot tell the difference between black and white. Suppose a man when served with a little bitter says it is bitter, but when served with much bitter says it is sweet. Then he will have to admit that his taste is impaired and that he cannot tell the difference between sweet and bitter. In the government of the present lords, the murderer of an individual is imprisoned by the state. This.... But the murderer of many men of the neighbouring states is upheld as righteous. How is this different from confusing the distinction between black and white and sweet and bitter?

Traduction française du texte traduit du chinois en anglais par YI-PAO MEI due à Patrick de LAUBIER.
MOZI a dit : Cela est fait pour nous tromper. Et est-ce en quoi que ce soit différent que de confondre le blanc et le noir, le doux et l’amer ? Supposons un homme qui, quand on lui montre un petit objet noir, dit qu’il est noir, mais quand on lui montre un grand objet noir dit qu’il est blanc. Il devrait avouer qu’il a la vue brouillée et qu’il ne peut pas faire la différence entre blanc et noir. Supposons un homme qui, quand on lui fait goûter quelque chose d’un peu amer, trouve cela amer, mais quand on lui fait[PP1]  goûter quelque chose de très amer, trouve cela doux. Il devrait alors avouer qu’il a le goût faussé et qu’il ne peut faire la différence entre doux et amer. Dans le gouvernement des seigneurs d’aujourd’hui, l’état met en prison le meurtrier d’un individu. Cela [… texte perdu]. Mais on proclame droit le meurtrier de nombreux hommes des états voisins. En quoi est-ce différent de confondre le blanc et le noir ou le doux et l’amer.
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2. COMMENTAIRES.

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J’ai déjà expliqué les raisons qui font que je vous donne le texte en trois langues.
Je poursuis et conclus ici la discussion que j’ai eu sur Facebook avec le jeune Paul, un fervent admirateur et défenseur de CLEMENCEAU.
Je résume ici le fond de nitre discussion. Vers la fin des années 1880-début de l’année 1881, Victorien SARDOU fait jouer une pièce à la Comédie française, appelée Thermidor, dans laquelle il fait apparaître ROBESPIERRE sous un jour négatif et DANTON sous un jour positif. Après deux représentations, cette pièce entraîne des manifestations bruyantes. Elle est alors interdite par le ministre de beaux-Aarts, monsieur BOURGEOIS. Joseph REINACH s’insurge contre cette mesure. Voici la réponse de Clémenceau


M. Clémenceau y paraît.
Nous n'avons à voter ni pour ou contre Danton ou Robespierre. Thermidor est dirigé contre la Révolution. Il est temps d'écarter toutes les tartufferies auxquelles on a recours pour dissimuler la réalité. On n'a pas osé faire l'apologie de la monarchie et on s'est caché derrière Danton. La pièce est tout entière dirigée contre la Révolution française. Voyez plutôt qui l'applaudit, et dites-moi qui pourrait s'y tromper. Mais voici venir M. Joseph Reinach qui monte à cette tribune entreprendre le grand oeuvre d'éplucher à sa façon, la Révolution française. Il épluche en conscience et, sa besogne faite, nous dit sérieusement : J'accepte ceci, et je rejette cela !
(Vifs applaudissements à gauche).
M. Joseph Reinach. Mais vous-même, vous n'acceptez pas Thermidor !
M. Clémenceau. J'admire tant d'ingénuité. Que nous le voulions ou non, la Révolution française est un bloc ...
(Exclamations à droite - Nouveaux applaudissements à gauche).
M. Montaut. Indivisible !
M. Clémenceau. Un bloc dont on ne peut rien distraire.
(Réclamations à droite - Applaudissements prolongés à gauche), parce que la vérité historique ne le permet pas.
Ah ! Vous n'êtes pas pour le tribunal révolutionnaire, monsieur Reinach ! Mais vous avez la mémoire courte. Il n'y a pas si longtemps, nous en avons fait un ensemble, un tribunal révolutionnaire ...
(Applaudissements répétés à gauche et sur divers bancs à droite), et le pire de tous. Nous avons livré des hommes politiques à des hommes politiques, leurs ennemis, et la condamnation était
assurée d'avance.
M. Dubost. Nous n'avons pas plus besoin d'excuse que les hommes de 1792.
M. Clémenceau. Vous avez bien raison, mais laissez-moi donc parler !
Souvenez-vous, messieurs, de ce passé récent ; souvenez-vous qu'en ce jour où les dangers, assurément, n'étaient en rien comparables à ceux de l'époque révolutionnaire, nous avons entendu dans cette enceinte une voix partir de ces bancs, qui s'est écriée : "En politique il n'y a pas de justice." 
(Mouvements divers.) Ah ! Vous ne voulez pas du tribunal révolutionnaire ? Vous savez cependant dans quelles circonstances il a été fait. Est-ce que vous ne savez pas où étaient les ancêtres de ces messieurs de la droite ? 
(Double salve d'applaudissements à gauche et sur plusieurs bancs au centre - Protestations à droite).
Un membre à droite. Ils ont fait la nuit du 4 août !
M. le comte de Bernis. Je comprends que leur place ne vous fasse pas envie.
M. Cunéo d'Ornano. Ils étaient à la frontière pour combattre les ennemis de la France. Mon grand-père commandait une demi-brigade de l'armée républicaine.
M. Clémenceau. Vous entendez ce qu'on me dit. On me dit : ils étaient à la frontière. Oui, mais du mauvais côté de la frontière.
(Vifs applaudissements à gauche).Ils étaient avec les Prussiens, avec les Autrichiens et ils marchaient contre la France.
(Nouveaux applaudissements sur les mêmes bancs - Vives protestations à droite).
M. le comte de Bernis Vous vous ménagez là des succès facile.
M. Clémenceau. Ils marchaient contre la patrie, la main dans la main de l'ennemi et ceux qui n'étaient pas dans les armées étrangères, ceux qui n'étaient pas avec Brunswick, où étaient-ils ? Ils étaient dans l'insurrection vendéenne ...
(Interruption à droite).
M. le comte de Maillé. C'est leur gloire ! Ils se battaient contre des assassins
M. Clémenceau... et, suivant le mot de Michelet, "à l'heure où la France était aux frontières faisant face à l'ennemi, ils lui plantaient un poignard dans le dos."
(Vifs applaudissements à l'extrême-gauche)
Monsieur Reinach, c'est une besogne facile que de venir dire aujourd'hui à ces hommes qui ont fait la patrie, qui l'ont défendue, sauvée, agrandie : "Sur tel point, à telle heure, vous avez été trop loin !" Oui ! Il y a eu des victimes, des victimes innocentes de la Révolution, et je les pleure avec vous !
(Rires ironiques à droite)
M. Camille Pelletan. C'était le centre d'alors qui votait leur mort. C'était là, la majorité de Robespierre.

Le site d’où j’ai tiré ce texte précise que le père de CLÉMENCEAU avait acheté des biens nationaux.

CLEMENCEAU, il faut être juste, reconnaît qu’il y eut des victimes innocentes pendant la Révolution et il prétend les pleurer. Soit. Il n’empêche que pour lui la Révolution est un bloc, dont il est impossible de rien retrancher. Il nous faut donc admettre qu’il le pleure à titre individuel, mais non à titre politique. On peut aussi objecter que l’armée utilisée pour anéantir les « brigands » de Vendée eut été plus utiles sur les frontières de l’Est qu’en Bas-Poitou. L’argument de CLEMENCEAU est donc un sophisme. Il est évident qu’il s’agissait de conforter la soi-disant République, et non point de défendre la patrie.

E. DRUMONT a mis sur les lèvres de CEMENCEAU des mots qu’il n’a jamais eus, et que j’ai, à tort, rapportés dans un billet déjà ancien. En vérité, dans ce passage DRUMONT ne fait que détailler les horreurs qu’au niveau politique CLEMENCEAU refuse de condamner. Il me semble avoir été objectif et honnête en vous rapportant cet épisode.

Quant à attribuer à CLEMENCEAU le bénéfice de la victoire de 1914-1918, comme le fait le jeune Paul, je considère que c’est une insulte à la mémoire des 1 300 000 jeune Français qui ont perdu la vie sur les champs de bataille. Paul avance que je ne serais pas français s’il n’y avait pas eu le TIGRE. Pour moi, cette affirmation fait partie des slogans historiques mensongers. Que le TIGRE, par sa constance et sa détermination, ait effectivement contribué à la victoire, c’est indiscutable. De là à lui en attribuer la paternité, c’est un scandale.

CLEMENCEAU, quand il fait allusion au Tribunal révolutionnaire où il aurait siégé avec Joseph REINACH, fait allusion à un Tribunal instauré après la Commune. Je vais vérifier ce point.

Vous comprenez maintenant pourquoi j'ai cité MOZI. Un homme condamne à mort des communards, parce qu'il considère que c'est noir.
Il absout ROBESPIERR, et il it que c'est blanc.








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