jeudi 2 novembre 2017

02 novembre 2017. Note pas brève sur le sens de la loi de Séparation de 1905.

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"Article 28 de la Loi de Séparation des Eglises et de l’État.
Il est interdit, à l'avenir, d'élever ou d'apposer aucun signe ou emblème religieux sur les monuments publics ou en quelque emplacement public que ce soit, à l'exception des édifices servant au culte, des terrains de sépulture dans les cimetières, des monuments funéraires, ainsi que des musées ou expositions."

C’est en se fondant sur cet article assassin de la loi de 1905 que les deux crétins de la Libre Pensée ont pu saisir le Conseil d’État et obtenir (à moitié) satisfaction sur la suppression de la croix du monument dédié à Jean-Paul II.
On me dira que ce n’est guère charitable de traiter de crétins ces zélés serviteurs de la loi. Mais que voulez-vous, je n’y peux rien, c’est ainsi que je les perçois, ces grands défenseurs de toutes les libertés, sauf de celles qui ne correspondent aux définitions qu’ils en ont.

Reportons-nous en 1905. A cette époque, la France a un gouvernement ouvertement anticlérical (notez bien ce mot), antireligieux, et plus précisément anticatholique. Nombre de ses membres sont francs-maçons.

Il y a alors trois cultes reconnus : le culte catholique, le culte protestant, et le culte juif. Les trois ont encore en Alsace-Lorraine un statut officiel et la loi de Séparation, promulguée alors que l’Alsace était allemande, ne s’y applique pas, comme du reste de nombreuses autres lois. À cette époque, la France est majoritairement catholique, et le peuple catholique est constitué surtout de fidèles du petit peuple, à la foi saine, roborative et simple : processions, pardons bretons, croix de mission, manifestations diverses émaillent la vie des paroisses. Ni les protestants, beaucoup moins nombreux, ni les juifs n’ont de ces activités. En somme, l’espace public, en matière de vie religieuse est effectivement animé ou peuplé par les catholiques. C’est intolérable pour ces gens qui prétendent libérer le peuple de ses superstitions.

Voici par exemple un extrait du fameux discours de VIVIANI (ministre du Travail dans le cabinet Clémenceau ; membre du parti socialiste) daté du 8 novembre 1906, après la promulgation de la loi de Séparation, dont il fut d’ailleurs la cheville ouvrière :

"Nous sommes chargés de préserver de toute atteinte le patrimoine de la Révolution… Nous nous présentons ici portant en nos mains, en outre des traditions républicaines, ces traditions françaises attestées par des siècles de combat où, peu à peu, l’esprit laïque s’est dérobé aux étreintes de la société religieuse… Nous sommes face à face avec l’Église catholique… Au-dessus de ce combat d’un jour, n’est-il pas vrai que se rencontre une fois de plus ce conflit formidable où le pouvoir spirituel et le pouvoir temporel se disputent des prérogatives souveraines, essayant, en s’arrachant les consciences, de garder jusqu’au bout la direction de l’humanité. ? La vérité, c’est que se rencontrent ici… la société fondée sur la volonté de l’homme et la société fondée sur la volonté de Dieu. Les congrégations et l’Église ne nous menacent pas seulement par leurs agissements, mais par la propagation de la foi."

"Tous ensemble, par nos pères, par nos aînés, par nous-mêmes, nous nous sommes attachés dans le passé à une œuvre d’anticléricalisme, à une œuvre d’irréligion. Nous avons arraché les consciences humaines à la croyance. Lorsqu’un misérable fatigué du poids du jour, ployait les genoux, nous l’avons relevé, nous lui avons dit que derrière les nuages, il n’y avait que des chimères. Ensemble et dans un geste magnifique, nous avons éteint dans le ciel des lumières qu’on ne rallumera plus. Voilà notre œuvre, notre œuvre révolutionnaire. Est-ce que vous croyez que l’œuvre est terminée ? Elle commence au contraire."

Il est très important de souligner trois points dans ce discours. (a) Premièrement, la loi de séparation vise l’Église catholique. L’inclusion de l’Église protestante et de la religion juive dans la loi sert de prétexte, on pourrait même dire de cache-sexe, à la monstruosité qu’est la loi, modifiée du reste à de nombreuses reprises et jusqu’à un passé récent, par des décrets et des ordonnances. (2) Deuxièmement, ce que réclame VIVIANI, c’est bien un transfert de souveraineté, ce droit de régir les consciences, de la loi de Dieu à celle des hommes. Le système républicain, en s’attribuant cette souveraineté sur les consciences dispose du pouvoir (l’usage de la force) pour faire appliquer ses lois, y compris en violant les consciences. (3) Troisièmement, cette loi inaugure une lutte continuée contre l’Église catholique.

Mais, me direz-vous, comment se fait-il que les églises protestantes et les juifs n’ont pas lutté contre cette loi ? La raison est simple. Les protestants ont adhéré d’enthousiasme à la Révolution et plusieurs représentants de cette confession y ont joué un rôle éminent : tel Jeanbon Saint-André ou Rabaud saint-Étienne. Le premier avait des raisons d’en vouloir aux catholiques, plus exactement aux Jésuites ; le second a été guillotiné comme girondin. Notez que Rabaud disait : « Notre histoire n’est pas notre code ». Il s’agit là d’une phrase très importante puisque elle montre que son auteur dénie à l’histoire passée d’enseigner le présent : c'est le début du mythe de l'auto-construction. Quant aux juifs des années 1900-1905, ils étaient peu nombreux, étaient intellectuellement et financièrement très au-dessus de la moyenne, et ne voyaient aucun de leurs intérêts vitaux lésés par la loi.

La loi de Séparation conduisit à spolier les catholiques de leurs bâtiments, hôpitaux, biens immobiliers, écoles et établissements d’enseignement dont leur église était propriétaire, et à chasser les membres des congrégations. L'Etat par ailleurs devient propriétaire des lieux de culte, en particulier des églises dont les desservants ne sont qu'affectataires.

C’est bien dans ce contexte historique qu’il convient de situer l’initiative de la Libre Pensée. Elle perpétue la mémoire des arrogants, de ceux qui refusent de voir Dieu dans les choses visibles, et qui ne peuvent par conséquent pas le voir à l’œuvre dans les choses invisibles, et notamment dans les consciences.

Je ne servirai JAMAIS ces hommes, leurs pompes et leurs œuvres. JAMAIS. Je préfère obéir à Dieu qu'aux hommes. C'est clair, non ?

Pour ce qui est de l’Association, une lectrice me signale qu’elle a un peu changé de nom. Son président est Hervé de CHARRETTE, et l’adresse en est bien celle que j’ai donnée dans mon précédent billet :

14 rue du Cos Hazel.
56800 PLOËRMEL.

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